02 avril 2005

Témoignage et vie

"La simple prédication du message du salut par la parole selon la mission reçue n'atteint aucune crédibilité quand le prédicateur ne transforme pas son existence en un témoignage dramatique."(1)

C'est bien la limite de l'écriture. Elle n'a de sens que lorsquelle convertit et l'auteur et le lecteur. Encore du chemin.. Il y a, au delà du dire, un saut dans l'agir qui s'impose. C'est probablement ce qui pour nous intellectuel est l'enjeu principal. Nous aimons le jeu des idées, la griserie des mots, des concepts. Nous nous emballons dans le dire, mais notre dit est bien pauvre. Et pourtant, dans l'aujourd'hui de nos vies, quelques visages interpellent notre existence. La réponse est d'ordre personnelle, adaptée, an-archique. Elle est de l'ordre du destin. Et c'est dans ce faire que nous serons jugés.

(1) Urs von Balthasar, ibid p. 19



(1) Balthasar, ibid p. 19

01 avril 2005

Donner le temps au temps...

Souvent nous voulons maîtriser le temps, l'organiser. Est-ce que ce n'est pas une façon de s'ériger en Dieu, et donc de tomber au coeur même de la chute que décrit Genèse 3. L'arbre de la connaissance et de la maîtrise.
C'est pourtant le chemin inverse sur lequel nous conduit la méditation de l'Ecriture. Après le massacre des prêtres, Elie est conduit par Dieu au désert (1 Rois 19). Pendant 40 jours, il va marcher dans le désert. Pourquoi ? Comme pour l'Exode et ses 40 années de pérégrinations vers la terre promise, il s'agit d'apprendre à mettrede la distance entre sa toute-puissance et le temps de Dieu. Trouver le temps de Dieu, passe par une dé-maîtrise, un dé-centrement.
C'est aussi le lieu d'une chasteté. Non pas au sens où on l'entend souvent : celle d'une pure continence sexuelle, mais bien celle qui laisse l'autre être, sans que l'on lui prenne son temps, sans lui faire violence. La chasteté, c'est la marche au désert où je quitte ma volonté de puissance pour trouver le souffle fragile d'un autrement.
Elie au bout du chemin parvient sur la montagne. Mais Dieu n'est pas dans le tonnerre ou le feu. Il est dans le "bruit d'un fin silence". Le souffle ténu d'une liberté qui nos laisse libre mais qui ne se manifeste que lorsque l'on a abandonné la maîtrise du temps, quand on a rejeté le désir de maîtriser l'autre et nous même. Ce n'est plus alors la violence mais l'épiphanie d'une présence.
Le fruit de la chasteté, c'est peut-être rejoindre cette tempérance qu'évoquait déjà Aristote dans l'Ethique à Nicomaque. Loin de nos passions frivoles, loin de l'urgence, le temps de Dieu, le temps qui nous échappe mais qui prend alors toute sa mesure.

31 mars 2005

Approches...

Il y avait chemins...
Je découvre approches...
Une route pour les chercheurs de Dieu... ?

En attendant, une image de
mon dernier bébé... :-)


30 mars 2005

Fraction du pain

Quelle pédagogie que ce cheminement avec les disciples d'Emmaüs, où le Christ n'impose pas une vérité, mais accompagne dans le questionnement intérieur, jusqu'à se révéler dans l'ultime partage du pain, premier symbole d'une eucharistie à perpétuer...

29 mars 2005

Résurrection

Mystère de la résurrection...
C'est pour moi encore un univers à découvrir et à traduire dans l'aujourd'hui d'une espérance. Quand on se focalise trop sur le souvenir douloureux, on passe à côté de la gloire du ressucité et de l'ampleur du message qu'il annonce.
Le signe élévé sur le bois de la croix n'est pas que la souffrance d'un jusqu'au bout. C'est aussi une victoire que l'on peut clamer et qui donne espérance, quand le quotidien nous enferme dans nos désespérances.

16 mars 2005

Esclaves de nos désirs..

Et si j'étais esclave d'un blogue, d'une communication...
Une petite pause s'impose.
Histoire de décanter...
Pendant le carème, ce n'est pas un mal...
Au lundi de Pâques donc...

13 mars 2005

Peur, suite... - III

Que Jésus ai connu la peur ou pas, reste un mystère.
Mais l'exclure semble pour moi réduire son humanité.
L'intérêt n'est pas la peur, mais ce que l'on en fait, ce qu'elle transforme en nous.
Dans le texte de la femme adultère, il s'agit pour moi d'une démarche kénotique.
En habitant notre condition humaine, jusque dans la souffrance et la peur, Dieu nous rejoint.
En la traversant, la transcendant par une parole qui donne vie, un geste qui sauve, il nous conduit au delà de nos peurs et nous fait avancer.
C'est pour cela qu'il est signe élévé sur le bois de la Croix en réponse au serpent que Moïse avait dressé.
Il a dépassé la peur, peut-être même le désir (qui n'aurait pas été troublé dans son corps par une femme baisant ses pieds).
Mais il a été au delà et nous permet d'avancer au lieu de rester inhibé.

12 mars 2005

Rôle - I

Au sein du "théatre du monde" illustré par Calderon, qu'elle est notre place. Quel est le rôle d'un homme au sein de cette imensité, cette marée humaine.
On se sent petit et bien fragile, même si le désir et l'hubris emplie notre coeur de projet et d'ambition.
Et pourtant, Dieu a besoin de nos mains, disait Etty Hillesum.

NB : Au fil de la lecture de Urs von Bathalsar, Dramatique divine, Prolégomène - I

11 mars 2005

Anthropocentrisme

Toujours selon Metz, la "forme de pensée" thomiste est anthropocentrique à la différence de la vision grecque. Dans une interprétation de l'homme-Jésus, cela conduit à voir le Christ non comme le logos immuable mais bien comme un homme vrai, capable de subjectivité et de mouvement intérieur... Et peut-être aussi de peur, pour continuer dans la discussion déjà entamée avec Phil. L

Metz, ibid p. 49

10 mars 2005

L'autre en moi...

En pénétrant dans mon propre horizon de compréhension, la pensée de l'autre m'aide à me comprendre moi-même et c'est peut-être la première étape d'un décentrement qui s'opère, non pas pour quitter mon système intérieur, mais pour laisser l'autre, transformer de l'intérieur mon propre référentiel et permettre ainsi progressivement une conversion.

Au fil de la lecture de L'anthropocentrique chrétienne, J.B. Metz, Mame 1968, traduction de M. Louis, p. 37-38
Lire aussi "L'Esprit dans le Monde, K. Rahner 226-228 a propos de la reditio completa

09 mars 2005

L'humanité de Jésus

Un commentaire de Phi.L. sur un billet du 14 janvier m'interpelle. On a tendance souvent à réduire l'humanité de Jésus à celle d'un sur-homme en mélangeant son humanité et sa divinité. Or il y a pour moi, si je comprends bien le Symbole des Apôtres, véritable humanité en tout excepté le pêché.
En cela, la peur de Jésus peut-être conçue comme signe d'une humanité véritable. Parce qu'elle traverse notre vie comme bien d'autres émotions, la peur est lieu d'humanité. Or le Christ a choisi d'assumer cette humanité jusqu'au bout... Il me semble que l'affirmation de Lytta Basset dans Moi je ne juges personne, d'une peur de Jésus dans l'épisode de la femme adultère est cohérente avec celle qu'il a du traverser avec Géthsémani et qui s'exprime dans "le Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne." Luc 22,42
Que cette peur soit déposée au pied du Père et qu'il recoive en échange le don "théologal" de l'espérance est signe de cette double kénose où le Christ vient habiter toute notre chair (au sens le plus large du mot hébreu basar) et nous permet de déposer à notre tour nos peurs pour "Avancer en eau profonde".
L'incarnation passe par la faim, le doute et la peur mais la dépasse, la transcende par ce décentrement du Fils qui par la prière laisse le Père habiter ces émotions humaines et en cela les transcendent...

PS : Pour intervenir sur ce blogue, voir les commentaires techniques du 28 février...

08 mars 2005

Béthesda...

Comme pour l'aveugle né, le Christ demande d'agir. Va, plonge toi... Va te laver à la fontaine de Siloé.
Pour la fête des tentes, on allait aussi remplir les vases à la fontaine de Siloé, située en contre-bas de l'esplanade du temple, pratiquement au point le plus bas de Jérusalem.
Il s'agit donc d'une descente intérieure, au fond de soi-même, à la recherche de la source vive. Remplir les vases, comme à Cana, pour que le Seigneur les transforme en vin.
Voir, guérir semble encore une affaire de décentrement.

07 mars 2005

Traces...

Suite à une discussion avec un ami...
J'aime bien le mot trace, parce qu'il évoque pour moi les pas de Dieu, quand je me tourne en arrière, que j'interroge le passé et que ce chemin discret de Dieu dans ma vie où celle des autres me fait percevoir la tendresse de sa présence discrète et respectueuse.
Saint Bonnaventure* l'évoque, il me semble en écho à Saint Augustin, lorsqu'il parle des trois types de manifestation de Dieu : la trace dans la fleur, la nature, l'image dans l'homme et la ressemblance du Christ...

* cf. Balthasar, la Gloire et la Croix, Styles.

03 mars 2005

Le bon et le meilleur...

Il y a deux sortes de regard que l'on peut porter sur l'homme.
1) Voir le bon et le mal, mais en ce faisant on génère un jugement, une comparaison et, tel Caïn qui compare et juge, notre comportement engendre la violence.
2) Un autre comportement est de voir en tout homme le bon et le meilleur, c'est à dire d'introduire dans sa vision de l'autre l'hyperbole qui pourra conduire au bon.
Cette vision optimiste mais que certains peuvent qualifier d'utopiste permet de quitter le conflit de tour à tour qui constitue tout comportement, pour voir en soi et en l'autre, ce qui est perfectible. Cela suppose un croisement d'humilité, mais surtout un regard aimant, comme celui que pose le Christ sur le pêcheur : va et ne pêche plus, va, appelle ton mari, je veux demeurer chez toi...

01 mars 2005

Les cymbales..

Je pourrais écrire de belles phrases, parler avec des beaux concepts, s'il me manque l'amour, je ne suis rien.

"Je pourrais transmettre des messages reçus de Dieu, posséder toute la connaissance et comprendre tous les mystères, s'il me manque l'amour, je ne suis rien."
1 Cor 13, 2