14 mai 2005

Jean Paul II - En voie de béatification

Je pense que Benoît XVI a été bien inspiré d'accélerer le processus de béatification de Jean Paul II alors qu'il reste bien présent dans nos mémoires.
Cela donnera peut-être à beaucoup la joie de découvrir la profondeur de son message à la fois philosophique, théologique et pastorale.

Quelques liens :

- Sur PMC, quelques ouvrages choisis.
- Regarder en Vidéo la messe des obsèques de Jean Paul II

13 mai 2005

Solitude

La solitude serait-elle commune à tout homme et ce jusqu'à la mort. Solitude foncière de l'homme qui malgré la course au relationnel traduit un manque de sens, de direction ?

La solitude serait-elle la faille dans le coeur de l'homme qui ouvre à la transcendance ?

Ou est-elle, comme le suggère Abel, une fuite du réel, un refus de s'engager dans la vie, une peur de l'autre...

12 mai 2005

Vide intérieur ?

Dans un monde qui est de plus en plus marqué par une recherche de l'instantané, on peut s'interroger sur une apparente absence de drame intérieur et sur l'existence de personnes qui en apparence ont perdu tout sens à leur vie. Cela appelle deux considérations.

1) Cette apparence de vide est probablement provisoire. Il peut être réel quand rien ne stimule l'homme à une réflexion intérieure, mais c'est ignorer que l'homme est par essence porteur d'un germe de l'Esprit et qu'il suffit d'une faille pour mettre à jour la vie intérieure qui sommeille.

2) Face à ce vide, on peut s'interroger sur l'intérêt de ré-introduire l'hyperbole.

Seul le langage hyperbolique peut en effet, à mon avis ouvrir une faille dans le coeur de l'homme en interpellant la personne dans un coeur à coeur. Cet appel à l'hyperbole doit se faire dans la limite du risque paradoxal d'introduire une idéologie ou un rêve ? Mais une chose est certaine. Quand il n'y a plus en apparence que le néant, seul l'hyperbole vient dépasser le marécage du quotidien. Est-ce un idéal ? Non. L'hyperbole est une direction vers quoi se tourner. Ce n'est ni une idéologie, ni une utopie mais plutôt une victoire, celle qui permet d'introduire l'espérance.

Quand on interroge Jésus sur un conflit d'héritage, il répond à côté. Mais il fait suivre sa réponse d'une parabole sur l'homme riche qui engrange son blé et va mourir le soir même. Le langage de Jésus est hyperbole...

Luc 12 : "Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m'a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » (...) Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. 17 Il se demandait : 'Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.' Puis il se dit : 'Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence.' Mais Dieu lui dit : 'Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ?' Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu. »

11 mai 2005

Témoignage

"Un témoignage, plus il est contradictoire, plus il est vrai !" Si l'on croit Urs von Balthasar (*), pour Ionesco, ce qui est original est vrai. "Ce qui est déjà pensé, déjà dit, n'est pas vrai..." Notre témoignage n'a de fait un sens que lorsqu'il n'est pas pensé mais implicite, non conditionné par une routine, un projet pédagogique. A tel point que pour moi le témoignage ne peut être cadré, prévu, inclus dans un programme pédagogique. La véritable pédagogie, en particulier pour des adultes sera plus de nature inductive, c'est-à-dire quand chacun apportant le meilleur de soi-même, partage, sans arrière pensée ce qui le touche au coeur.


* Urs von Balthasar, ibid page 279-80

10 mai 2005

Eucharistie - II

Cela ne nie pas que devenir temple du Christ n'est pas une valeur fondamentalement essentielle dans la vie d'un chrétien. Mais, si j'en crois ma modeste personne : ces instants d'intenses communions sont rares.

On peut répondre, et on aura raison que le travail de la grâce dépasse largement tout nos efforts d'humanisation.

Maintenir l'eucharistie régulière a du sens dans ce sens. Il permet de laisser à la grâce le temps de faire son chemin au coeur de nos individus enlisés dans nos contradictions.

Mais, parfois, je persiste à croire que casser le rythme permet de lui donner un sens. Autant la routine a l'avantage de maintenir l'homme dans une interpellation régulière, lui permet d'être porté par la présence, alors qu'il n'est pas présent, autant je pense qu'une rupture peut venir remettre en question la somnolence.

Cela aurait aussi un sens, le jour où l'Eglise lit le texte de la femme adultère. Je pense que ce jour là, si le prêtre peut inviter les fidèles à s'abstenir de l'eucharistie, en communion avec nos frères qui sont en situation de remariage, cela permettrait de faire prendre conscience à ceux qui communient sans souci, qu'il ne s'agit pas d'un droit mais de bien plus, que l'enjeu d'un faire mémoire de la passion douloureuse du Christ se situe ailleurs.

A méditer (et commenter...)

09 mai 2005

Eucharistie, morne plaine ?

La puissance signifiante de l'Eucharistie n'est-elle pas étouffée sous l'obligation dominicale, à tel point que de temps en temps nos dimanches ne sont qu'un rassemblement docile et sans lumière. Que faire ?
Je m'interroge. Ne serait-il pas opportun de réintroduire de temps en temps des jeûnes eucharistiques pour transformer le panurgisme dominical en un lieu de recherche de sens, d'intelligence de la foi. L'ardeur évangélique est-elle le lot des fidèles. Quand j'entends certaines histoires, je m'interroge. Où est la foi ? Quel sens ont nos messes ? Casser le rite pour en retrouver le sens profond, pour faire renaître le désir en lieu et place d'un conformisme social ?
Seul un homme vraiment libre peut être source de la lumière divine. Tout ce qui est réalisé par obligation, conformisme n'est que vide.
Si l'on construit trop vite une représentation dramatique à partir de l'esthétique on fige en icône la figure du Christ. Or le drame eucharistique n'est pas qu'une simple représentation qui fait mémoire. Pour qu'elle devienne lieu de présence, il faut lui permettre d'être la conjonction d'une démarche de foi, d'une démarche communautaire, mais aussi et surtout, le lieu d'un décentrement véritable qui se fait accueil de l'Esprit, sans lequel le sacrement ne peut être.

Inutile ?

Trouver un langage commun ?
Quand l'autre n'a rien à dire, quand on est face à une absence de points communs, on peut être effectivement interpellé par notre place, notre rôle. Difficile de mettre au point un discours, au point que peut réapparaître le sentiment d'être inutile...

Peut-être que de fait, le décentrement devient alors plus évident. Si je ne peux t'être utile, en apparence, laisse moi Seigneur être seulement signe de ta présence...

Hôtel Rwanda

En deux jours, la vision de cet excellent film sur le génocide africain et un documentaire, le 18 avril sur le génocide au Cambodge sont autant de coups de massue qui font prendre conscience de la fragilité d'un modèle, d'une idéologie. Comment l'homme moderne peut arriver à ce stade de haine et de violence ?
Cela serait un phénomène isolé, on pourrait trouver des excuses. Mais que le XXème siècle soit autant traversé par ces monstrueuses exterminations interpelle. D'autant que nos sociétés civilisées sont loin d'avoir les mains blanches.
Cela fait remonter en moi, cette autre émission vue sur Arte il y a moins de 15 jours, où l'on notait une correspondance troublante entre la lutte contre les insectes parasites et le nazisme. Le fait que le surnom des tutsis ait été les "cafards" n'est pas une coïncidence. Cela dénote les phénomènes inconscients qui contribuent à la montée d'une haine sourde et dangereuse. Est parasite tout ce qui vient troubler la quiétude de mon univers, envahit le confort de mon pays, ma culture.
Il ne faut pas être devin pour voir ce qu'une simple projection de ce sentiment sur la situation française pourrait générer dans un contexte de paupérisation de la France. Où va nous mener la délocalisation ? Probablement à une haine farouche, progressive envers cet étranger qui foule mon sol et vient prendre ce qui m'était dû, de par ma naissance. La dynamique morbide de l'avantage acquis est loin d'une volonté de partage, d'acceptation de l'autre dans sa différence. Et je ne parle pas de cette charité véritable, celle, bien difficile, qui peut considérer que seul un plus que partage équitable des richesses peut freiner la montée de la violence. L'amour ne cherche pas son intérêt... (1 Co 13)...
Tout cela reste bien complexe et je me garderais d'en tirer des conclusions hâtives. Il faut au moins, à défaut d'agir, ouvrir les yeux et quitter cet aveuglement stérile du français chauvin qui ne voit pas plus loin que son ventre... Quand je pense que l'on peut s'afficher chrétien et voter pour le FN... Belle prise de distance...

08 mai 2005

Conjonction

Comment ne pas souligner dans le travail réflexif d'une vie intérieure, ces conjonctions heureuses entre lectures, rencontres, pensées qui permettent d'avancer à petits pas dans le mystère, l'habiter et le faire sien.
J'y vois une trace discrète de la main de Dieu.
Gloire à Lui...

07 mai 2005

Unique ou quelconque ?

"Extérieurement chacun est remplaçable. Intérieurement chacun est unique" Ionesco (*). Cela interpelle et finalement rejoint une double problématique un peu paradoxale. On peut être inutile en soi, et le savoir permet de ne pas se croire responsable du bien que l'on fait. Mais cela ne concerne que moi. Quant à l'autre, le considérer comme inutile serait lui refuser son droit à être tout aimé de Dieu (ce qui est aussi valable pour nous)...


* cité par Urs von Balthasar, ibid page 277

06 mai 2005

Trinité - II

Dans sa description du metteur en scène, Urs von Balthasar reprend les propos de Ionesco qui souligne qu'il doit se laisser faire. "Il ne doit pas vouloir quelque chose de la pièce. Il doit s'annuler, il doit être un parfait réceptacle". Cela complète pour moi la métaphore possible de la place de l'Esprit-Saint, dans le théâtre de la Cité de Dieu, évoqué dans mon billet précédent (tout en maintenant les réserves déjà exprimées). L'Esprit Saint serait donc ce sourcier, ce médiateur qui régule les tensions pendant la répétition et lutte pour l'unité finale.

à propos de Urs von Balthasar, ibid p. 249

04 mai 2005

Décentrement - II

Le métier et l'existence du comédien nous offrent dans leur désintéressement, leur intime "caritatis" dont on parle en théologie avec en transparence la mission et l'existence du Christ qui est par essence existence eucharistique pour les autres, humble et transparente représentation du divin qui va au delà de la Vanité dans une soumission et un dévouement au rôle jusqu'à ne plus se jouer lui-même mais se soumettre au rôle. N'est-ce pas là le chemin d'un décentrement véritable déjà largement évoqué.


d'après Urs von Balthasar, ibid p. 244

03 mai 2005

Petit rôle - II (Humilité et exhibitionnisme)

Urs von Balthasar'1) reprends une phrase de L.Jouvet qui m'interpelle.

Il souligne la situation fragile de l'acteur, à mi-chemin entre exhibitionnisme et humilité "ne te prends pas pour le centre mais pour l'accident, le moyen, le filtre, le fil de communication"...

Cela souligne le petit rôle, déjà évoqué précédemment... Petit fil ténu mais pourtant unique.

(1) ibid p. 244

02 mai 2005

Masquer la lumière

C'est bien l'enjeu de toute représentation.
Soit l'on devient transparent de la lumière d'un autre et elle est lumière pour l'humanité, soit notre jeu notre parole en obscurcit la clarté et ce que nous réfléchissons masque justement cette clarté qui pourrait éclairer l'autre.

C'est peut-être la différence entre le pharisien et le publicain.
L'un croit être lumière et masque la source véritable.
L'autre sait ne pas l'être mais interpelle par son décentrement, par sa quête.

La difficulté est de ne pas sombrer entre l'écueil du pharisaisme et l'obscur pâleur de celui qui ne reflète plus rien...

01 mai 2005

Pharisien - III

Il y a souvent en nous cette tentation d'entrer dans "la routine d'un jeu [pharisien] qui reste vide comme les concepts sans intuition" (1). Ce que j'appelle la tentation permanente du fils aîné (cf. le Fils prodigue, Luc 15,25), celui qui se complait dans la routine d'une pratique, sans se laisser interpeller constamment par la Parole. Nous tombons sans cesse dans ce travers, au point de masquer par nos vies ternes et sans joies la lumière du ressuscité...


(1) d'après Urs von Balthasar, ibid p. 239