07 septembre 2005

Egalité des sexes.

Pour Balthasar la primauté de l'homme se transforme en égalité. Quand la femme acquiert à son tour le pouvoir de tirer de sa chair un petit homme. L'homme à son tour naît de la femme (1 Co 11, 8-12) si bien qu'aucun d'entre eux n'a droit sur son propre corps mais sur celui de l'autre.
Si j'adhère à la première partie de l'affirmation, je souhaite apporter des bémols sur la seconde. Le droit sur l'autre et encore plus sur son corps est bien évidemment, d'abord et avant toute chose un don de Dieu et par extension le fruit du don réciproque que l'un et l'autre peuvent se donner à travers l'échange sacramentel. Mais est-ce un droit ? Je dirais qu'il s'agit plutôt d'une attitude, d'une exhortation à l'ouverture et à cet échange symphonique qui caractérise la rencontre conjugale des corps et des coeurs...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 324

06 septembre 2005

Co-créateurs

En faisant de l'être fini un participant à sa création, Dieu entame cet abaissement qui va jusqu'à la kénose. Il se place dans la dépendance d'un événement que les créatures peuvent déclencher à leur gré. On touche là au "profond mystère où l'homme n'est plus la chose du père mais est considéré comme personne dans sa relation immédiate à Dieu...." (1) Et le cri d'Eve qui dit "J'ai acquis un homme de Yahvé" saisit tout de suite la double filiation qui est en jeu. La naissance n'est pas seulement un don de la nature mais elle aussi cadeau de Dieu.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 325

05 septembre 2005

Une compagne en Esprit...

Si Adam ne trouve pas dans la nature un être capable de satisfaire ses aspirations, c'est qu'il "veut un vis-à-vis qui lui offre spirituellement du charnel et charnellement du spirituel" (1). Comment comprendre ce mot de Balthasar si ce n'est en élargissant la notion même de sexualité à sa dimension de communion des coeurs. Si la communion de la chair n'est pas une communion des coeurs, si la chair et l'esprit ne trouve pas dans la rencontre des corps un lieu de dilatation et de symphonie alors l'homme est dépourvu de cette complémentarité même qui fait de lui une "petite" image de la communion trinitaire.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique divine, l'homme en Dieu, p. 323

04 septembre 2005

Incarnation

Il faut que l'esprit pour être vraiment au dessus, descende vraiment en bas, dans la chair, c'est ainsi seulement qu'il peut élever celle-ci en le spiritualisant véritablement mais pour cela il faut un modèle qui vive les deux mouvements vers le bas et vers le haut. (1)
Je pense que l'on ne peut comprendre l'intérêt de l'incarnation du Christ sans cette prise de conscience de son humanité pleine et véritable. Toute tentative de faire du Christ un sur-homme qui bénéficierait de l'aide divine où de sa divinité pour échapper à la condition humaine conduirait à lui retirer le sens même de cette descente, de cette kénose et enlèverait à l'homme la possibilité d'accéder au salut. Le danger cependant d'un tel discours serait d'introduire une vision où l'homme peut se sauver seul. Dans le mystère de l'incarnation repose aussi pour moi cette qualité d'ouverture et de décentrement qui fait que Jésus pleinement homme n'agit pas pour lui mais pour le Père, devenant ainsi réceptacle de la grâce qu'il reçoit alors sans compter.
On perçoit alors l'incarnation comme un véritable mouvement trinitaire où les personnes divines accèdent à une communion, une symphonie...
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 317-318

03 septembre 2005

Acteur

L'homme peut-il devenir acteur de lui-même ? Entre une opposition entre les actes et la grâce je verrais plutôt une notion relative où la grâce est perçue comme infinie face aux actes finis de l'homme. Pour que cette infinitude trouve en l'homme un écho, il faut que par des actes finis, l'homme se rende participant, et se faisant devienne tremplin et temple de la grâce.

Nature et Liberté

Selon Martin Deutinger (1) cité par Balthasar (2) ; "Dans l'homme, la nature et la liberté sont des pôles contraires et cette antithèse ne saurait être surmontée que par la révélation d'une volonté divine supérieure. C'est en rejoignant cette volonté que l'homme saisit à la fois le fondement de l'être et celui de la liberté. Au contraire, l'homme qui refuse la vérité divine en même temps qu'il nie la liberté nie aussi le fondement de l'être (...) l'être est la liberté et la liberté est l'être."
On retrouve cette notion de refus qui déjà dans saint Paul marque la rupture définitive du mal. Dieu propose et si l'homme refuse en toute conscience, il se sépare d'une participation à l'être. La question demeure. Est-ce que le refus de l'homme est fait en toute conscience. Dieu n'est pas visible au point de forcer la liberté, mais il n'est pas invisible non plus. Et ce choix intérieur, que l'on ne peut juger de l'extérieur reste le secret de chaque conscience. Notre seule tâche, aider à cette révélation et à l'intelligence de cette révélation.
"L'homme est plus que ce que l'on peut dire..." (3)
(1) Grundlingen der Positiven Philosophie III, Die Denklehre 1844
(2) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 292
(3) ibid p. 301

24 août 2005

Théologie et pastorale - III

L'intelligence de la foi est pour moi la clé centrale de la nouvelle évangélisation (non pas au sens prosélyte que lui donne parfois certains essais modernes de notre Eglise), mais dans le sens de tout ce qui va permettre à ceux qui sont loins de la foi d'accéder à une compréhension du mystère et une adhésion/participation à la lueur intérieure qui réside déjà en tout homme et qui ne cherche qu'à être déployée.

La difficulté principale qui se pose à notre temps et de rendre accessible cette "fission nucléaire du coeur" que vient d'évoquer Benoît XVI dans son homélie à Marienfeld...
Dans des explosions subjectives que peuvent être les JMJ cette présence réelle et efficace de Dieu est sensible et témoigne d'elle-même... Mais peut-on voir le Christ avant Sydney 2008 ?

Oui, si chacun de nous actualise et révèle par l'amour présent en actes et en vérité, cette lumière intérieure, cette radiation du coeur qui ne vient pas de nous mais qui est grâce... Un long chemin qui se nourrit de mutiples manières (dont la théologie, comme la pastorale...)

16 août 2005

Théologie et Pastorale - II

La difficulté de toute approche théologique tient surtout au langage, qui s'est élaboré suite à une longue tradition deux fois millénaire et à l'interpénétration de courants phylosophiques et théologiques différents qui en se compénétrant voire s'opposant ont conduit à préciser les concepts, les figer.

Cette tradition est incontournable mais s'éloigne de fait des préoccupations pastorales plus accès sur l'intelligence de la foi.

Il y a donc des passerelles permanentes à construire, qui ne soit pas de la pure démagogie mais des couches successives, des marches d'escalier qui permettent à ceux qui entrent dans la foi, à prendre conscience de l'essentiel sans se perdre dans les méandres de discussions parfois difficiles.

C'est l'enjeu de la pastorale.

05 août 2005

Théologie et pastorale

Le danger d'une recherche théologique poussée est de construire une montagne loin d'une réalité simple et accessible. Mais cette recherche est aussi une aide possible à la compréhension même des enjeux et des difficultés d'une pastorale de proximité qui en simplifiant à l'extrême risque d'aboutir à des impasses.
Il doit donc y avoir une tension permanente entre une nécessaire accéssibilité (qui n'est pas la caractérisque principale de ce blog) et le souci d'une rigueur scientifique...
Pour une recherche pastorale plus accessible mais encore balbutiante, cliquer ici

01 août 2005

Une intériorité qui devient élan.

Balthasar note chez saint Augustin : "la voie de l'intériorité" comme moyen le plus important pour chercher Dieu dans l'âme spirituelle, pour l'y contempler comme en un miroir non pas pour se complaire en soi-même mais pour s'élancer vers Dieu". (1)
Il relève aussi chez Staudenmaier "l'Idée éternelle qui dessine d'avance toute l'histoire de l'incarnation du Fils et celle de son Eglise" et "contient aussi des idées particulières de chaque personnalité qualitativement unique" et cette pensée est une idée particulière de Dieu. Chaque individu doit tenter de l'atteindre selon l'inspiration de l'Esprit-Saint. Pour Balthasar on rejoint la thèse de Grégoire de Nysse, qui comme Staudenamaier, note la ressemblance (par opposition à l'image) qui est entendue comme une conformation active de l'homme à cette image par la grâce de l'Esprit Saint. L'effort moral de l'homme est une donnée dynamique appartenant à l'image. Pour Martin Deutinger (Grundlingen der Positiven Philosophie III, Die Denklehre 1844) ; "Dans l'homme, la nature et la liberté sont des pôles contraires et cette antithèse ne saurait être surmontée que par la révélation d'une volonté divine supérieure. C'est en rejoignant cette volonté que l'homme saisit à la fois le fondement de l'être et celui de la liberté. Au contraire, l'homme qui refuse la vérité divine en même temps qu'il nie la liberté nie aussi le fondement de l'être (...) l'être est la liberté et la liberté est l'être. (3)
Que conclure sinon que l'homme peut devenir acteur de lui-même. Mais cet invitation à l'agir n'est pas pour autant une opposition entre les actes et la grâce. Je verrais plutôt une notion relative où la grâce est perçu comme infinie face aux actes finis de l'homme. Pour que cette infinitude trouve en l'homme un écho, il faut que par des actes finis, l'homme se rende participant, et se faisant, devienne tremplin et temple de la grâce.
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 286
(2) ibid p. 288
(3) ibid p.290

29 juillet 2005

Chemins de dialogue

Une bonne lecture pour découvrir le meilleur de nos religions dans le respect des uns et des autres et l'humilité des dérives passées.

Le Roi, le sage et le bouffon, de Shafique Keshavjee,
ISBN 202039910.5

Une réalisation en partenariat de la plateforme interreligieuse de Genève...

28 juillet 2005

Participant du Verbe

En renonçant à notre humanité, nous devenons admis à la procession du Fils, par et à travers l'Esprit Saint pour devenir enfants de Dieu. Ainsi, pour Irénée, le Verbe divin se fait porter par l'homme et l'homme offre une place au Verbe.
L'âme devient comme une femme enceinte qui a reçu la semence du Verbe. "Etre en grâce", cela se produit à partir du moment où l'autopossession de soi déploie ses dimensions à la fois vers l'origine et la fin jusqu'à reconnaître le don de Dieu et entrer dans la transcendance qui ouvre le fini à l'infini.
Cette grâce est l'amour divin offert et l'être de Dieu donné. La convergence recherché entre le don total de la créature à la volonté divine jusqu'à l'acte de se laisser engendrer par le Père avec le verbe Fils qui va jusqu'à dire "qu'il m'advienne selon ta Parole", c'est se laisser nouer la ceinture et en cela accueillir l'Esprit comme le don absolu de Dieu et dans cette rencontre devenir fécond.
De fait, étant infini par nature, la liberté divine ne peut pas ne pas être là où il y a une liberté finie mais sa présence est "secrète et latente" ce qui permet à la liberté de se réaliser, radicalement comme décision authentique pour ou contre son abandon à Dieu. L'immanence de Dieu comme grâce ne peut être une réalité étrangère ni autre chose. C'est donc d'une altérité intérieure qui est en cause.(1) On rejoint là ce soi-même comme un autre de Ricoeur, où la liberté finie est travaillée dans l'histoire et dans le temps à la recherche d'un appel transcendant véritable.
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 264 à 273

Petite pause

La vie familiale étant prioritaire...
Vous n'aurez que quelques billets clairesemés jusqu'au 16 août...
Bon été.

26 juillet 2005

Exercices spirituels ignatiens...

"Quand l'individu s'est dépouillé de soi, il s'est fait différent pour se tourner uniquement vers la volonté divine, loin de sombrer dans l'abîme "sans mode" de la divinité, il se voit revêtu par la volonté infinie du Père, de la forme de son Fils et il obtient par là un mode bien défini qui est "l'être dans le Christ" ou l'être du Christ en lui. Accueillir ce mode est précisèment toute la pratique des exercices spirituels d'Ignace de Loyola." (1)
On rejoint là pour moi tout ce qui a été introduit en matière de décentrement, en soi, pour se laisser interpeler par le Christ, habiter en lui et se faisant renoncer à tout ce qui en nous n'est pas de lui. D'où cette belle prière ignatienne : "Fais que mes pensées, mes actes et mes paroles soient au service de ta divine majesté".

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 264-5

25 juillet 2005

Prière inutile ?

A cette question lancinante, Balthasar insiste sur l'exhortation du Fils à la prière et notamment au Notre Père. Il évoque aussi ce qu'il appelle la "circumincession trinitaire" (1) c'est-à-dire la demande en communion avec une unanimité écclésiale et dans l'esprit qui est seule capable d'infléchir la volonté de Dieu le Père. On peut résumer cela dans le sens de cette symphonie des libertés finies en Dieu, où l'on verrait une hypostase faire une demande à une autre hypostase dans la cadre d'une alliance instituée par le Christ.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 261