13 septembre 2005

Rapports intimes

Il y a en nous cette aptitude à une certaine "perméabilité" qui nous permet d'être participant et écoutant à la présence intime et respectueuse de l'homme-Dieu. Dans sa kénose, il nous invite à participer et porter la parole du monde et entrer sans savoir comment, de manière mystérieuse et parfois joyeuse dans la parole miséricordieuse du Père.
"La descente kénose va jusqu'à la mort mais va encore plus loin jusqu'au partage du corps en chacun de nous" (1) Alors nous voyons, au travers même de ce coté ouvert, jusqu'où Dieu se fait présent et aimant, jusqu'ou se poursuit la kénose...
Ainsi s'accomplit alors "une "divinisation" de la chair pénétrée par le pneuma divin" (2)
Pour reprendre le récit de la création avec son sens nouveau, "l'enlèvement de la cote de l'Eglise n'est plus dans le sommeil adamique mais dans le flan ouvert du Christ qui se partage dans l'eucharistie". La fécondité sexuelle est ainsi "dépassée pour être une agape plus large signe de la mort par amour et forme définitive de l'incarnation du Verbe de Dieu en un corps spirituel" (3).

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 359
(2) ibid p. 361
(3) ibid p. 362

11 septembre 2005

Sexualité et Communion

Pour Balthasar, "il existe une sphère dans laquelle nos corps communique bien au delà de la sexualité non pas pour former une unité biologique mais un organisme pneumatique fondé sur la résurrection du Seigneur et sa présence eucharistique". On retrouve ce que je décrivais plus haut sur la danse trinitaire. Si nous avons reçu en nous l'Esprit et qu'à travers un acte de décentrement nous le laissons libre d'agir en nous, nous parvenons à cette fission nucléaire qu'évoquait Benoît XVI dans son homélie de Marienfeld (JMJ 2005), celle d'un coeur qui entre dans la communion véritable, la symphonie de Dieu en trois personnes, à laquelle nous devenons, par notre vocation des humbles participants.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 359

10 septembre 2005

La liberté de Dieu

"L'unique substance dont la créature puisse se déclarer issue est la volonté, c'est-à-dire la liberté de Dieu. ". Quelque chose de totalement nouveau apparaît lorsque, dans la Parole de Dieu qui l'interpelle, l'homme aperçoit le dessein de la vérité divine sur la création. Il comprend qu'en communiquant l'être à l'origine et en suscitant des existants finis libres et doués de conscience, il avait l'intention, en un second acte de liberté de les initier aux mystères intimes de sa vie et par là d'exécuter toute la promesse qu'il avait inscrite dans l'acte infini de la réalité d'être. (1)
Il y a donc une double dynamique, celle d'un Dieu qui donne et se donne* et celle d'une espérance que l'homme créée libre entre dans cette vision de Dieu sur le monde et cette réalisation n'est pas hybris pour l'homme mais abandon, parfois souffrance au projet de Dieu plus grand que lui...

* c'est le christ qui trace cette voie du don et de l'accomplissement de la promesse. On rejoint le texte paulinien sur la justification...
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 350

09 septembre 2005

Don et promesse

"Dieu don et promesse qui ouvre à l'infini". (1)
J'aime l'accolade de ces trois notions qui pourraient être indépendantes mais qui sont réunis et caractérisent en quelque sorte l'amour de Dieu. Un amour qui ne se contente pas de donner mais promet de donner encore, ouvrant l'acte de choix "pour Dieu" dans une dimension qui dépasse la finitude, puisque ce pour Dieu nous fait participer à son infinitude. En prenant conscience des dons de Dieu, nous entrons dans son "jeu", nous devenons des libres participants d'une symphonie d'amour. Mais cette participation, à la limite n'est pas de notre fait. Elle est elle-même trinitaire, car qui sinon le pneuma (l'esprit) qui souffle en nous aspire à entre dans cette danse. En disant oui à Dieu nous dansons avec lui et l'Esprit qu'il a déposé en nos coeurs vibre d'une même espérance.
"Dieu don et promesse qui ouvre à l'infini". (1)
On comprend dans ce sens que Balthasar puisse ajouter alors que "la destination à participer à la nature divine doit aussi nécessairement être interpellation et vocation que l'on puisse saisir par l'intelligence" c'est en effet pour lui l'acte le plus libre qui soit. En prenant conscience de cette appel et de cette vocation, nous découvrons " la magnificence d'une liberté absolue (...) de plus en plus intensément à mesure qu'elles sont initiées à la nature divine par la Parole de Dieu". (2)
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 348
(2) ibid page 349

08 septembre 2005

Autexousion

L'autexousion (le surgissement originaire de la conscience dans la liberté) est d'abord est avant tout l'accueil d'un don. En toute pensée, dans ce que Descartes conçoit dans son "cogito ergo sum", Dieu est, pour les thélogiens, implicitement posé. De fait il nous faut rendre grâce de ce cogito qui me permet d'être. Le surgissement de la pensée consciente est le lieu de notre liberté fondamentale. Elle repose sur la naissance de la conscience intérieure qui est pour saint Thomas d'Aquin, au plus profond de tout homme.
L'acte de la pensée, puis du discernement ou de la raison au sens kantien est le chemin d'une véritable humanisation.

07 septembre 2005

Egalité des sexes.

Pour Balthasar la primauté de l'homme se transforme en égalité. Quand la femme acquiert à son tour le pouvoir de tirer de sa chair un petit homme. L'homme à son tour naît de la femme (1 Co 11, 8-12) si bien qu'aucun d'entre eux n'a droit sur son propre corps mais sur celui de l'autre.
Si j'adhère à la première partie de l'affirmation, je souhaite apporter des bémols sur la seconde. Le droit sur l'autre et encore plus sur son corps est bien évidemment, d'abord et avant toute chose un don de Dieu et par extension le fruit du don réciproque que l'un et l'autre peuvent se donner à travers l'échange sacramentel. Mais est-ce un droit ? Je dirais qu'il s'agit plutôt d'une attitude, d'une exhortation à l'ouverture et à cet échange symphonique qui caractérise la rencontre conjugale des corps et des coeurs...

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 324

06 septembre 2005

Co-créateurs

En faisant de l'être fini un participant à sa création, Dieu entame cet abaissement qui va jusqu'à la kénose. Il se place dans la dépendance d'un événement que les créatures peuvent déclencher à leur gré. On touche là au "profond mystère où l'homme n'est plus la chose du père mais est considéré comme personne dans sa relation immédiate à Dieu...." (1) Et le cri d'Eve qui dit "J'ai acquis un homme de Yahvé" saisit tout de suite la double filiation qui est en jeu. La naissance n'est pas seulement un don de la nature mais elle aussi cadeau de Dieu.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 325

05 septembre 2005

Une compagne en Esprit...

Si Adam ne trouve pas dans la nature un être capable de satisfaire ses aspirations, c'est qu'il "veut un vis-à-vis qui lui offre spirituellement du charnel et charnellement du spirituel" (1). Comment comprendre ce mot de Balthasar si ce n'est en élargissant la notion même de sexualité à sa dimension de communion des coeurs. Si la communion de la chair n'est pas une communion des coeurs, si la chair et l'esprit ne trouve pas dans la rencontre des corps un lieu de dilatation et de symphonie alors l'homme est dépourvu de cette complémentarité même qui fait de lui une "petite" image de la communion trinitaire.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique divine, l'homme en Dieu, p. 323

04 septembre 2005

Incarnation

Il faut que l'esprit pour être vraiment au dessus, descende vraiment en bas, dans la chair, c'est ainsi seulement qu'il peut élever celle-ci en le spiritualisant véritablement mais pour cela il faut un modèle qui vive les deux mouvements vers le bas et vers le haut. (1)
Je pense que l'on ne peut comprendre l'intérêt de l'incarnation du Christ sans cette prise de conscience de son humanité pleine et véritable. Toute tentative de faire du Christ un sur-homme qui bénéficierait de l'aide divine où de sa divinité pour échapper à la condition humaine conduirait à lui retirer le sens même de cette descente, de cette kénose et enlèverait à l'homme la possibilité d'accéder au salut. Le danger cependant d'un tel discours serait d'introduire une vision où l'homme peut se sauver seul. Dans le mystère de l'incarnation repose aussi pour moi cette qualité d'ouverture et de décentrement qui fait que Jésus pleinement homme n'agit pas pour lui mais pour le Père, devenant ainsi réceptacle de la grâce qu'il reçoit alors sans compter.
On perçoit alors l'incarnation comme un véritable mouvement trinitaire où les personnes divines accèdent à une communion, une symphonie...
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 317-318

03 septembre 2005

Acteur

L'homme peut-il devenir acteur de lui-même ? Entre une opposition entre les actes et la grâce je verrais plutôt une notion relative où la grâce est perçue comme infinie face aux actes finis de l'homme. Pour que cette infinitude trouve en l'homme un écho, il faut que par des actes finis, l'homme se rende participant, et se faisant devienne tremplin et temple de la grâce.

Nature et Liberté

Selon Martin Deutinger (1) cité par Balthasar (2) ; "Dans l'homme, la nature et la liberté sont des pôles contraires et cette antithèse ne saurait être surmontée que par la révélation d'une volonté divine supérieure. C'est en rejoignant cette volonté que l'homme saisit à la fois le fondement de l'être et celui de la liberté. Au contraire, l'homme qui refuse la vérité divine en même temps qu'il nie la liberté nie aussi le fondement de l'être (...) l'être est la liberté et la liberté est l'être."
On retrouve cette notion de refus qui déjà dans saint Paul marque la rupture définitive du mal. Dieu propose et si l'homme refuse en toute conscience, il se sépare d'une participation à l'être. La question demeure. Est-ce que le refus de l'homme est fait en toute conscience. Dieu n'est pas visible au point de forcer la liberté, mais il n'est pas invisible non plus. Et ce choix intérieur, que l'on ne peut juger de l'extérieur reste le secret de chaque conscience. Notre seule tâche, aider à cette révélation et à l'intelligence de cette révélation.
"L'homme est plus que ce que l'on peut dire..." (3)
(1) Grundlingen der Positiven Philosophie III, Die Denklehre 1844
(2) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 292
(3) ibid p. 301

24 août 2005

Théologie et pastorale - III

L'intelligence de la foi est pour moi la clé centrale de la nouvelle évangélisation (non pas au sens prosélyte que lui donne parfois certains essais modernes de notre Eglise), mais dans le sens de tout ce qui va permettre à ceux qui sont loins de la foi d'accéder à une compréhension du mystère et une adhésion/participation à la lueur intérieure qui réside déjà en tout homme et qui ne cherche qu'à être déployée.

La difficulté principale qui se pose à notre temps et de rendre accessible cette "fission nucléaire du coeur" que vient d'évoquer Benoît XVI dans son homélie à Marienfeld...
Dans des explosions subjectives que peuvent être les JMJ cette présence réelle et efficace de Dieu est sensible et témoigne d'elle-même... Mais peut-on voir le Christ avant Sydney 2008 ?

Oui, si chacun de nous actualise et révèle par l'amour présent en actes et en vérité, cette lumière intérieure, cette radiation du coeur qui ne vient pas de nous mais qui est grâce... Un long chemin qui se nourrit de mutiples manières (dont la théologie, comme la pastorale...)

16 août 2005

Théologie et Pastorale - II

La difficulté de toute approche théologique tient surtout au langage, qui s'est élaboré suite à une longue tradition deux fois millénaire et à l'interpénétration de courants phylosophiques et théologiques différents qui en se compénétrant voire s'opposant ont conduit à préciser les concepts, les figer.

Cette tradition est incontournable mais s'éloigne de fait des préoccupations pastorales plus accès sur l'intelligence de la foi.

Il y a donc des passerelles permanentes à construire, qui ne soit pas de la pure démagogie mais des couches successives, des marches d'escalier qui permettent à ceux qui entrent dans la foi, à prendre conscience de l'essentiel sans se perdre dans les méandres de discussions parfois difficiles.

C'est l'enjeu de la pastorale.

05 août 2005

Théologie et pastorale

Le danger d'une recherche théologique poussée est de construire une montagne loin d'une réalité simple et accessible. Mais cette recherche est aussi une aide possible à la compréhension même des enjeux et des difficultés d'une pastorale de proximité qui en simplifiant à l'extrême risque d'aboutir à des impasses.
Il doit donc y avoir une tension permanente entre une nécessaire accéssibilité (qui n'est pas la caractérisque principale de ce blog) et le souci d'une rigueur scientifique...
Pour une recherche pastorale plus accessible mais encore balbutiante, cliquer ici

01 août 2005

Une intériorité qui devient élan.

Balthasar note chez saint Augustin : "la voie de l'intériorité" comme moyen le plus important pour chercher Dieu dans l'âme spirituelle, pour l'y contempler comme en un miroir non pas pour se complaire en soi-même mais pour s'élancer vers Dieu". (1)
Il relève aussi chez Staudenmaier "l'Idée éternelle qui dessine d'avance toute l'histoire de l'incarnation du Fils et celle de son Eglise" et "contient aussi des idées particulières de chaque personnalité qualitativement unique" et cette pensée est une idée particulière de Dieu. Chaque individu doit tenter de l'atteindre selon l'inspiration de l'Esprit-Saint. Pour Balthasar on rejoint la thèse de Grégoire de Nysse, qui comme Staudenamaier, note la ressemblance (par opposition à l'image) qui est entendue comme une conformation active de l'homme à cette image par la grâce de l'Esprit Saint. L'effort moral de l'homme est une donnée dynamique appartenant à l'image. Pour Martin Deutinger (Grundlingen der Positiven Philosophie III, Die Denklehre 1844) ; "Dans l'homme, la nature et la liberté sont des pôles contraires et cette antithèse ne saurait être surmontée que par la révélation d'une volonté divine supérieure. C'est en rejoignant cette volonté que l'homme saisit à la fois le fondement de l'être et celui de la liberté. Au contraire, l'homme qui refuse la vérité divine en même temps qu'il nie la liberté nie aussi le fondement de l'être (...) l'être est la liberté et la liberté est l'être. (3)
Que conclure sinon que l'homme peut devenir acteur de lui-même. Mais cet invitation à l'agir n'est pas pour autant une opposition entre les actes et la grâce. Je verrais plutôt une notion relative où la grâce est perçu comme infinie face aux actes finis de l'homme. Pour que cette infinitude trouve en l'homme un écho, il faut que par des actes finis, l'homme se rende participant, et se faisant, devienne tremplin et temple de la grâce.
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, ibid p. 286
(2) ibid p. 288
(3) ibid p.290