19 novembre 2005

Liberté- V - Sartre et Dieu...

Sartre nie Dieu au nom de la liberté mais il s'agit de savoir si l'homme reçoit la réalité comme un pur matériau ou s'il l'accueille comme un sens qui s'offre à lui : s'il doit inventer les valeurs ou les découvrir. Il s'agit de deux libertés très différentes, deux orientations fondamentales de la vie.(1)
Notre liberté est-elle réduite par la présence de Dieu, où n'est-il pas au contraire le lieu d'accomplissement de notre propre liberté. N'est-ce pas en lui que l'on peut trouver la joie. Sa présence n'est-elle pas ce qui nous libère de l'esclavage de nos manques d'amour, de nos pulsions, de ce qui en nous nie notre capacité à être vraiment homme.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 77

18 novembre 2005

Musique...

Dans son testament spirituel, Teilhard de Chardin évoque cette "musique des choses" qui révèle la musique de Dieu. Je crois qu'on touche là au coeur de la contemplation. Il ne s'agit pas d'un sourire béat sur le monde, mais d'une sensibilité qui nous fait percevoir l'indicible dans les traces subtiles et fragiles où Dieu se révèle, par fragments, afin de ne pas imposer sa présence mais pour nous attirer vers l'essentiel....

17 novembre 2005

On frappe à la porte...

Notre intérieur douillet est bien chahuté... Alors que la violence, la différence, la jalousie éclate à notre porte. Le surgissement d'une relation avec Dieu semble bien différent d'une théorie. Il s'agit de laisser entrer dans cet intérieur douillet une présence véritable, un espace de différence, l'autre. Présence et en même temps distance, infini de possible, liberté infinie qui excite ma propre liberté, la fait grandir, la vivifie et peut-être un jour fera de moi un être contagieux... La contagion de l'amour ? Une pandémie qui serait un autre risque pour l'homme que la grippe aviaire... Un risque de tout perdre ?

Est-ce une utopie ?

16 novembre 2005

Un Dieu lointain ?

Un des premiers malentendus de notre temps est celui qui fait de Dieu, un "Dieu théorique qui en fin de compte ne change rien au cours du monde et de notre vie.". (1)
Or cette mise à distance de Dieu est caractéristique de notre temps. Dieu devient le Dieu kleenex, celui que l'on ignore pas mais celui à qui on laisse finalement là même fonction qu'une roue de secours (et en ce qui concerne la mienne, j'ai vérifié au bout de dix ans, qu'elle était encore là sous ma voiture...). Cela interpelle quant à l'opposé on est soit même à la merci de l'esclavage des éléments du monde, de ces modes fuyantes et finalement anesthésiantes... Le changement qui se produit par l'entrée de Dieu dans le contexte d'une vie, atteint jusqu'au plus personnel et jusqu'au plus intime des rapports humains (cf 1 Thes 4,3 ss). Nous laissons déranger, décentrer...
A méditer...
(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 71

15 novembre 2005

La Conversion

Si le terme grec de Metanoia est souvent considéré comme un don de Dieu, il ne cesse pas pour autant d'être une exigence et un devoir. Le discernement serait ainsi la tâche la plus exigeante et la plus essentielle du chrétien. On rejoint là les accents déjà évoqués dans Veritatis Splendor qui appelle le chrétien à une conscience éclairée, c'est-à-dire à la fois au cheminement intérieur pour trouver la voix inscrite au fond de son coeur, mais aussi pour vérifier à l'aune de l'Ecriture, de la tradition et de l'enseignement des tiers comme de la vie communautaire, un sain éclairage à son cheminement personnel. Cet enjeu est pas neutre dans nos sociétés souvent malmenées et cherchant un sens profond à travers des interrogations et méthodes qui manquent souvent de recul et donc de discernement. Le souffle de l'Esprit est essentiel, mais si les volets de la maison restent fermés, il soufflera en vain...

A propos de Jean XXIII, Joseph Ratzinger écrivait il y a 20 ans qu'"une petite voie, la spiritualité moyenne d'une prêtre italien, un peu étroite et pourtant ouverte sur l'essentiel (...) cette voie à mûri jusqu'à l'ultime simplicité spirituelle qui ouvre le regard et qui a embelli ce vieil homme petit et gras par un rayonnement venant de l'intérieur. Là tout est don et pourtant, tout est conversion" (1)

Cela fait raisonner cette phrase entendue lors des 50 ans des CPM ce Week-end : "La grâce et l'effort sont les deux ailes d'un même oiseau".

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 70

10 novembre 2005

Progression

Pour saint Bonnaventure : "Charitas opera non deficiunt sed proficiunt". La charité est une oeuvre croissante, elle ne dépérit pas. On pense à la "messe sur le toit du monde" de Theillard de Chardin et cette vision grandiose d'une lente tapisserie en construction, qui rapelle également cette vision de Saint Augustin. S'il y a effectivement progression dans la révélation et dans la perception d'un amour qui oeuvre au sein des hommes de bonne volonté, cela ne se fait pas sans, a contrario, la montée des forces négatives, du mal, de l'indifférence. L'ignorer serait se fermer les yeux. En prendre conscience, y compris dans un combat intérieur, me semble essentiel.
Notre chemin est peut-être dans cette capacité à continuer de dire oui. Oui à l'appel de Dieu et ce faisant de se maintenir non sans mal dans une constante disponibilité au changement.
"être enfant (de Dieu) cela signifie être petit, avoir besoin d'aide et s'y montrer disposé" (1). On retrouve là encore les accents de ce décentrement déjà longuement évoqué dans ces pages.

(1) d'après J. Ratzinger, ibid p. 69

09 novembre 2005

Parler du péché...

Le péché, un concept du passé ? Il y a pour moi deux façons d'aborder le sujet. La manière culpabilisante, qui cherchait à le trouver chez tout le monde sans toujours voir ses propres fragilités, et le chemin personnel de tout homme, qui est appelé à discerner ce qui en lui est esclavage, fuite, refus, faiblesse. Si l'on a été trop dans un sens, peut-être devons nous cependant réfléchir sur l'importance de ce travail intérieur ou communautaire, qui aide par un éclairage miséricordieux à détecter en soi et dans ses comportements, les traces e ce qui nous éloigne de Dieu.
A ce sujet, J. Ratzinger note (1) le danger de l'esprit, de l'intériorité de l'homme. "Le salut ne vient pas de la seule intériorité, puisque cette intériorité même peut justement être crispée, dominatrice, égoïste, mauvaise : "ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme" (Mc 7,20). Ce n'est pas le retour à soi qui sauve, mais bien plutôt le retour par lequel nous nous quittons pour aller au Dieu qui nous appelle".
Notre travail de discernement ne peut se contenter d'une introspection, mais doit s'ouvir à un Dieu qui rentre en l'homme de l'extérieur, à un "Tu qui entre en lui par effraction et par là-même le délivre". C'est pourquoi la métanoia (conversion, renouveau) appartient à l'ensemble des réalités de l'alliance. En elle l'homme est appelé à se transformer "jusqu'à la plus ultime profondeur de son être".
Or souligne J. Ratzinger, nous nous arrêtons souvent à une métanoia relative, qui ne va pas jusqu'à l'amour des ennemis. L'homme chrétien "revendique comme allant de soi, le droit d'être considérés dans le monde, et ne veulent pas passer pour un "fou du Christ". Ce relativisme fait qu'en définitive nous ne sommes pas prêts "à la rupture totale avec le monde et ses critères". Pour lui, en cel anous restons dans un "particularisme éthique" et non proprement chrétien...
Le courage de rompre avec cette tendance est la seule et véritable métanoia. Il nous faut suivre l'exhortation de saint Paul qui regrette que ceux qui "on goûté à la lumière et au don de Dieu (...) puissent revenir à leur ancienne vie" (Heb 6,4ss)
A méditer...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid, p. 63ss

PS : Je m'excuse pour les abonnés à la version mail de ce blog des derniers ratés liés à une défaillance technique de l'hébergeur qui n'enregistrait que le titre du message. Si dans l'avenir vous ne recevez qu'un titre, je vous invite à consulter quelques heures plus tard la version "on line" pour obtenir le post complet.

07 novembre 2005

Blogger.com de nouveau en panne, désolé pour ces billets où les textes sont coupés...

Notre Père...

Un lecteur me demande d'expliquer le Notre-Père...
Quelques pistes, mais vous pouvez commenter...
-----------
La première chose est peut-être de saisir Dieu comme un Dieu d'amour
et parce qu'il est aimant comme un père on s'adresse à lui comme un père...
Il est au cieux, c'est à dire qu'il est à la fois proche par sa paternité mais infini par son amour.
On appelle cela le paradoxe de la distance et de la proximité.
Il nous aime comme un père mais un père qui est infini d'amour... et c'est ce que signifie "les cieux".
"Que ton nom soit sanctifié" est la reconnaissance de cette présence sainte, mais aussi de son histoire, puisque ce Dieu n'est pas impalpable, indéfini, mais révélé. Il est intervenu dans notre histoire. Il a un nom donné à Moïse et révélé ensuite aux prophètes jusque dans son Fils...
"Que ton règne vienne" est la reconnaissance de notre petitesse et que seul nous ne pouvons être l'amour.
Il faut que l'Amour avec un grand A soit victorieux pour que nous puissions trouver la joie véritable....
"Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel" est l'acceptation de son amour et de ce qu'il nous en dit dans l'Ecriture... C'est notre foi de fils qui nous permet d'adhérer à sa volonté...
Donne nous aujourd'hui notre lot d'amour, de pain et de vie quotidienne.
Pardonne nous ce que nous ne faisons pas dans l'amour
Comme nous pardonons à ceux qui nous ont fait du mal
Mais ne nous soumet pas à la tentation, à ce qui nous détourne de l'amour...
En espérant avoir été clair...

05 novembre 2005

Indivualisme et communion

Quand chacun veut devenir Dieu, toute communion avec les autres apparaît comme une contradiction en soi
L'homme ne peut-être identifié à Dieu mais Dieu s'est identifié à l'homme. "Tel est le contenu de la communion qui nous est offerte dans l'Eucharistie et toute communion qui reste en deçà ne peut donner que bien trop peu" (...) "L'Eglise est communion ; elle est la réalisation de la communion de Dieu avec les hommes dans le Christ, et par là des hommes entre eux, et donc sacrement et instrument de salut. L'Eglise est célébration de l'Eucharistie, l'Eucharistie est l'Eglise ! Ce ne sont pas des notions juxtaposées mais une même et unique chose, et c'est de là que tout le reste rayonne. Certes l'Eglise très hétérogène. Elle ne peut devenir "peuple" que par celui qui l'unit par le haut et par le dedans, par la communion avec le Christ. (1)
On retrouve la notion évoquée plus haut et en même temps cette notion déjà évoquée de médiateur unique. L'Eglise est sacrement parce qu'elle est communauté de personnes, qui habitées par le Christ, reçoivent en communion à son corps une parcelle de Dieu. Et quand cette réception se fait par une mort à soi-même, un décentrement véritable qui nous laisse habité par le Christ, nous devenons temple.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid, p. 56ss

04 novembre 2005

Eglise sacrement

"Cum vero Ecclesia sit in Christo signum et instrumentum seu veluti sacramentum intimae totius generis humani unitatis eiusque in Deum unionis..." ce qui se traduit par "L'Eglise est dans le Christ comme le sacrement c'est-à-dire le signe et l'instrument de l'unité profonde de tout le genre humain et de son union à Dieu." (1)
Cette dimension sacramentelle de l'Eglise est une ouverture particulière qui élargit le sens même de la vie du chrétien. Pour reprendre une analyse donnée plus haut sous le titre "Verticalité", le danger de notre culture de la personne, de l'individu tout puissant, nouvelle tour de Babel de notre humanité, est de vivre et construire pour soi, sans intégrer la dimension de communauté. L'Eglise est à l'inverse une école de la communauté. La cité de Dieu est la direction de cette église parfois malade et fragile, mais toujours en marche vers sa dimension sacramentelle. Comme l'amour du prophète Osée pour sa prostituée, le Christ nous aime malgré nos faiblesses et c'est à travers celle-ci que ce construit la révélation. Le souffle qui habite l'Eglise vient travailler son essence, vient l'habiter et c'est ce souffle intérieur qui est signe et instrument en nous de l'invisible. L'Eglise est "l'infrangible sacrement de l'unité" disait saint Cyprien.
"Pour que le signe (visible) puisse réaliser dans les faits une pareille médiation de l'extérieur vers l'intérieur cela implique qu'à l'intérieur il faut qu'il en ait reçu le pouvoir et cela est signifié par l'expression institué". (2)
J. Ratzinger rappelle d'ailleurs que cette notion d'Eglise sacrement a été introduite par Henri de Lubac dans "Catholicisme, les aspects du dogme'' dans sa critique d'une foi personnelle, de l'individualisme d'une recherche d'un Dieu pour soi seul.

Je crois que c'est le travers le plus fréquent de notre temps. Une volonté de maîtrise qui n'est finalement qu'orgueil et démesure, à l'image parfois de ces mots que j'aligne tous les jours et qui sont si souvent suivi de peu de chose, de peu d'amour. L'Eglise est autre chose que des mots, que ce blog. L'Eglise est dans la communauté d'amour que nous formons et qui transpire de l'amour de Dieu...
(1) LG, cité par Joseph Ratzinger, ibid, p. 46
(2) d'après Joseph Ratzinger, ibid, p. 51ss

03 novembre 2005

Mourir pour vivre

Dans le baptême, la mort (les eaux, la mer) et la vie (source) sont étroitement mêlée. Le baptême est le plongeon dans la mort et dans la source de la vie. Seul le renoncement à soi-même conduit au pays de la vie. Cette double symbolique est très forte.
Mais ce renoncement n'est "sacramentel" que lorsque la foi est un don fait par l'intermédiaire de la communauté, qu'elle même reçoit en don. La foi ecclésiale conduit à penser que le baptême, c'est le sacrement de la foi ! Et c'est bien ce que signifait cette affirmation du credo pendant le rite du baptême.

02 novembre 2005

Baptême

Par le sacrement du baptême, le nouveau baptisé entre en "communauté de nom avec le Père, le Fils et l'Esprit". Il entre dans une nouvelle unité pour appartenir au milieu d'existence délimité par ce nouveau nom, comme les nouveaux époux qui ne font qu'une seule chair, le baptisé est appelé à cette communion de nom. Il est "en Christ".
Etre baptisé, c'est ainsi "participer au rapport de Jésus avec Dieu (...) et recevoir pour sien le nom du Christ" (1) Cela implique donc en soi une mort à soi-même. J. Ratzinger souligne à ce sujet que dans la tradition, le baptême était précédé d'un "Crois tu en Dieu". La confession de foi était alors suivie d'un acte concret de conversion. On est loin,, rajoute-t-il de la forme administrative (et j'aujouterais presque superstitieuse) que peut prendre certains baptêmes. En un sens, c'est le risque et la conséquence d'un baptême systhématique des enfants.
Faut-il pour autant promouvoir ce baptême, au risque de ne plus baptiser personne. Oui si, comme le suggère J. Ratzinger le baptême est accompagné d'une démarche post-catéchuménale, comme elle l'est précédé pour les adultes.
A ce sujet, il fait deux remarques. Il rappelle que le Credo n'est pas une formule publicitaire : "Il ne peut-être exprimé que s'il l'on réalise en même temps l'acte de conversion au Fils de Dieu crucifié et si l'on assume par là aussi bien la passion que les promesses de la Vérité."
Enfin il souligne que le catéchuménat doit être autre chose qu'un cours de religion : "il est une partie du sacrement : non pas un enseignement préalable mais une partie intégrante de celui-ci. D'un autre côté, le sacrement n'est pas un simple rite liturgique, mais un processus, un long cheminement qui mobilise toutes les forces de l'homme, son intelligence, sa volonté, son sentiment." (2)

(1) Joseph Ratzinger, ibid, p. 32 et ss
(2) ibid p. 35 et 36

01 novembre 2005

Blogue catholique, une petite chaîne amicale

Je vous informe que je viens d'ouvrir une petite chaîne destinées à des blogues catholiques fidèles au magistère et désireux d'avancer ensembles sur les chemins de la foi, et de l'entraide spirituelle. Renseignement et inscription en ligne, en bas de chaque billet de ce blogue.

PS : Hébergement sur Ringsurf...

Sacrement, sens et médiation

"Il n'y a pas de sacrement sans parole" (1). La foi ne vient pas à l'homme comme à un Moi isolé, mais celui-ci la reçoit de la communauté, de ceux qui ont cru avant lui et lui apportent Dieu comme une réalité de leur histoire. La communauté a donc un rôle essentiel de médiation, d'accompagnement, mais cet accompagnement est-il un rouleau compresseur ou un chemin d'Emmaüs, une explication de texte qui laisse à l'autre le cheminement intérieur, jusqu'à ce qu'il soit prêt à apercevoir dans la fraction du pain, le signe efficace d'un amour qui respecte sa propre liberté de marcher...
"La parole introduit dans notre relation à Dieu le facteur temps. (...) Nous voudrions avoir trouvé Dieu par nous même, nous mettons une contradiction entre tradition et raison, entre tradition et vérité qui s'avère en fin de compte mortelle. L'homme sans tradition, sans lien avec une histoire vivante est sans racine et s'efforce à une autonomie qui est en contradiction avec sa nature."
Il y a un parcours à refaire, comme ces quarantes passés au désert par le peuple d'Israël, et cette exode, nous avons chacun à la vivre, intérieurement, accompagné par l'éclairage avisé de nos pasteurs.

(1) Joseph Ratzinger, ibid, p. 29
(2) ibid p. 30