16 janvier 2006

Communauté - II

Le concept de communauté luthérienne a donné lieu dans l'Eglise à un concept de communauté comme le lieu ou l'Eucharistie est présidée. Mais souligne J. Ratzinger, "Le Seigneur ne surgit pas de ce que la communauté a de personnel, il ne peut venir que de l'extérieur, comme celui qui se donne. Et ce Seigneur n'est jamais qu'un seul, non divisé. Le recevoir cela signifie déjà par conséquent entrer en unité avec les autres et là où cela n'a pas lieu, c'est à lui qu'on ferme la porte. Cela signifie que l'unité avec toutes les autres communautés n'est pas quelque chose qui viendrait ultérieurement à l'Eucharistie, où même n'y viendrait pas, mais elle est au contraire un élément constitutif intrinsèque de la célébration eucharistique. L'unité avec les autres est le fondement intrinsèque de l'Eucharistie." Célébrer l'Eucharistie, cela signifie donc entrer dans l'unité de l'Eglise universelle."(1)
Ce texte chatouille notre tendance à répéter que si deux ou trois sont réunis en son nom, il est au milieu d'eux, mais à tête reposée je pense que cette mise au point est sage et constructrice d'une plus grande unité au delà des chapelles et de l'individualisme qui habite souvent notre conception occidentale de la catholicité.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 328

15 janvier 2006

Communauté

Lumen Gentium au nº 26 souligne que l'Eglise est "présente en tous les légitimes groupements locaux de fidèles qui unis à leur pasteurs, reçoivent dans le Nouveau Testament, eux aussi le nom d'Eglises.... Chaque fois que la communauté de l'autel se réalise en dépendance du ministère sacré de l'évêque, se manifeste le symbole de cette charité et de cette unité du corps mystique sans laquelle le salut n'est possible".
Cette affirmation repose cependant sur le lien avec l'évêque. Même si ce dernier ne doit pas être de l'ordre d'une obéissance aveugle, il convient de souligner que notre Eglise n'aura son sens d'universelle, c'est-à-dire de catholique que lorsque l'unité et la réalité d'un lien seront maintenues. A défaut, nous construisons des chapelles qui n'ont pas d'avenir.

Certes l'Esprit souffle où il veut.
Certes quand deux ou trois sont réunis au nom du Christ, il est présent.

Mais ne sortons pas ces affirmations de leur contexte. On aboutirait à une guerre de chapelle et finalement, on peut se demander alors, si nous serions véritablement en Christ... Il vaut bien une douloureuse fidélité à une insouciante liberté. Le sujet est délicat, mais il mérite réflexion...

Balises : Communauté Evêque Lumen_Gentium Vatican

14 janvier 2006

Prêtre médiateur

Il est médiateur mais comme serviteur du Christ. Ainsi J. Ratzinger invite-t-il à "ne pas construire un être à coté de lui, mais seulement en lui" (1) Evoquant le conflit entre Augustin et l'évêque donatiste Parménien, Augustin rappelle que ce n'est pas l'évêque qui est médiateur, c'est le Christ. Il faut ainsi "relativiser l'importance du ministre et manifester sa dignité secondaire en face du primat absolu du Christ" (2) Dénoncer par là ces exigences de sainteté dont saint Augustin souligne le caractère pharisaïque : "dans le même temple ont prié pharisien et publicain". En cela ajoute Ratzinger, il faut se méfier des inventions personnelles où l'on se surestime et se donne une importance que l'on n'a pas. "Si je vais à l'Eglise c'est pour rencontrer non pas ce que moi, ou celui-ci ou celui-là nous avons inventé, mais ce qui nous est donné comme la foi de l'Eglise présente à travers les siècles et qui peut nous soutenir tous. Exprimer cette foi, cela donne au prédicateur, fût-il minable, le poids des siècles (...) le prêtre manquera toujours sa mission s'il veut cesser d'être un serviteur, un envoyé qui sait qu'il ne s'agit pas de lui mais de ce que lui même peut recevoir" (3)

Outre une réflexion et un message pour les prêtres, cette analyse nous renvoie à notre propre regard. Celui que l'on porte au ministre du sacrement, pendant la consécration. Comme je l'évoquais précédemment, cela nous permet de voir en l'homme le Christ qui n'est pas seulement présent dans l'Eucharistie mais en l'homme par une tradition apostolique et pneumatique, c'est-à-dire que nous ne sommes en réalité pas seulement en train de faire mémoire de la Cène, mais de l'actualiser dans l'aujourd'hui de nos vies. Le rendre présent en toutes choses, habiter en Lui. Etre en Christ... Tout un programme...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 315
(2) et (3), ibid pages 316 et 317

13 janvier 2006

Prêtre, quel héritage..

"Comme le Père, moi aussi je vous envoie". Pour J. Ratzinger, "la médiation repose ici sur l'abnégation de l'envoyé qui se tient entièrement derrière le message et derrière celui qui l'a envoyé, et qui transmet non pas lui-même mais l'autre. La médiation implique ici chez un homme la désappropriation de soi pour laisser passage à un autre."(1)
J'ai découvert ainsi que symboliquement, ce n'était plus l'évêque qui célébrait l'eucharistie, mais que par le geste où il se décoiffe, il manifeste ainsi, qu'à travers lui, c'est le Christ qui devient présent. Cette image rejoint mes recherches sur le décentrement. Comme le prêtre doit s'inscrire dans cette ressemblance, cela implique aussi pour nous laïcs une "imitation", dans tout ce qui peut faire de nous, non pas une icône du Christ, mais une invitation à celui dont nous ne sommes pas à dignes de dénouer les sandales.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 307

Un an déjà...

Un petit bilan...
En reprenant dans ce fil, des citations d'un tiers, je me laisse conduire sur un chemin, au delà de là des lieux où je serais allé tout seul. C'est peut-être là le travail d'un décentrement qui s'amorce. Non que j'adhère systhématiquement de tout mon être à ce que dit un autre, mais parce que la vérité est parfois ailleurs que là où je pensais aller. C'est ce cheminement qu'il me semble intéressant de partager... Cette parole d'un tiers qui nous introduit à l'écoute du Tiers. Que ces tiers qui m'ont accompagné sur le chemin de ce blog depuis un an se nourissent eux-mêmes d'une tradition vivante, qu'ils soient habités par fois par la kénose discrète de l'Esprit dans leurs vies, comme je le sens parfois effleurer mes propres pas, c'est ce qui m'engage à poursuivre le chemin. En espérant qu'il soit aussi lumière pour d'autres...

Quelques stats :
- 320 billets sur chemins de lecture,
près de 500 billets au total en comprenant les autres blogs...
- 1200 pages vues en décembre
Peu de commentaires...
Mais ce ne sont pas des sujets d'actualité
et j'avoue ne pas faire d'effort pour être toujours limpide...
Si vous appréciez, merci cependant de me le faire savoir...
Peut-être en laissant un mot anonyme sur ce billet...
Ou à mon mail public chdcpm CHEZ yahoo.com

12 janvier 2006

Médiateur - III

La médiation est exclusive car inclusive. Elle est l'unique médiation réelle entre l'être humain et Dieu, en sorte que toutes les médiations à côté d'elle ne méritent plus ce nom. Jésus exclut toute autre médiation vers Dieu parce qu'il est capable d'inclure tout en lui, parce que sa médiation est valable pour tous les lieux et pour tous les temps (1)
Peut-être qu'une manière de comprendre est d'affirmer que Dieu est amour, et que de fait, c'est dans l'amour infini du Fils, qui révèle celui du Père que tous nos amours finis trouvent une médiation. Nier cela serait se prendre pour Dieu, prétendre dépasser l'amour du Fils et donc nier sa médiation.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 304

11 janvier 2006

Médiateur - II

"L'ensemble de l'ordonnance cultuelle de l'Ancien Testament restait dans le domaine de la sarx (chair), c'est à dire de la réalité intérieure au monde, elle n'atteignait pas le domaine proprement divin, le domaine du pneuma. Elle restait donc dans l'ordre des images (Hb 10,1) et n'arrivant pas jusqu'à la réalité même. Le culte tout entier n'arrivait pas à transpercer pour ainsi dire le mur des images : il représentait mais ne réalisait pas. Seul le Christ qui se donne sur la Croix fait éclater les images en mourrant de la mort d'un supplicié. Il ne traverse pas un voile symbolique, mais il transperce le voile réel, le voile de la chair, mur de séparation de notre existence terrestre et entre par elle dans l'autre monde, en présence de la majesté céleste du Dieu vivant. (1) On dépasse là les quelques réflexions sur le voile de la chair déjà esquissée plus haut. Je me demande même s'il ne faudrait pas paraphraser ce texte sur la place du sacrement de mariage dans la médiation du Christ ? Que fait-on de notre sacrement ? Reste-t-on dans le domaine de la chair où introduit-on un lien vers le Christ et sa médiation. A argumenter...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 303

10 janvier 2006

Médiateur - I

Le mot n'apparaît que six fois dans le nouveau Testament. C'est donc un concept périphérique et théologique. Et pourtant,...
Nous allons y revenir...

09 janvier 2006

Cathédrales

Une cathédrale, simple bâtiment n'est rien. "Elle ne devient cathédrale que par les hommes qui construisent l'espace de l'âme, qui des pierres fait une cathédrale et par là maintiennent ouvert l'appel infini aux hommes, appel sans lequel étouffe l'humanité de l'homme. "L'humanité n'a pas besoin de prêtres qui se battent pour leurs droits et pour leur émancipation (...) elle a besoin de "serviteurs de la cathédrale" dont la vie désintéressée et pure rende Dieu crédible et qui par là rendent l'homme à nouveau crédible. Telle est la voie étroite..." (1)

Pour un humble constructeur d'une cathédrale sur le net, c'est un symbole intéressant...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 298

08 janvier 2006

Accueil et kénose...

L'essentiel du kérygme est non seulement dans la kénose mais aussi dans l'accueil de l'homme, lequel, "dans l'homme-Dieu devient capable de répondre, précisément en tant qu'homme, et peut dans le Christ devenir à son tour sacrifice. (1)
Dieu s'anéantit et l'homme se sacrifie, double sacrifice en un sacrifice unique.
Cette double kénose qui rejoint celle de l'Esprit dans l'écriture, si j'utilise l'analyse de Soloviev par Hans Urs von Balthasar, traduit cette infinie tendresse de Dieu qui ne veut en rien froisser notre liberté et se met à genou devant l'homme, jusqu'à ce geste incomparable du lavement des pieds... En ce jour de l'épiphanie, il y a de quoi nous laisser fléchir le genou, comme le faisait Etty Hillesum, comme poussé par une force intérieure...

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 293

Balises : Balthasar / Hillesum / Soloviev

07 janvier 2006

Relativiser la Cité de Dieu

Augustin a introduit le concept de la Cité de Dieu dans un contexte très particulier où dans chaque ville un autel se dressait contre un autre autel et l'Eglise était tiraillée entre donatistes et catholiques. Dans ce contexte "la véritable Eglise consisterait donc pour lui en ceux qui se rassembleront définitivement à l'appel de Dieu, ceux qui sont du nombre des élus". Par rapport à ce contexte Joseph Ratzinger affirme que "si l'état actuel de telle ou telle assemblée ne correspond pas à la communauté de la fin des temps, pourtant la communion ecclésiale est un degré préalable indispensable de la communauté à venir : l'appartenance définitive à l'Eglise célébrant l'Eucharistie est le signe de l'élection" (1)

Cette affirmation est à méditer à l'aune des billets précédents. Et elle interpelle le coeur même de nos cheminements propres, de chaque pas que nous faisons en route vers cette cité eschatologique...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 288

06 janvier 2006

Communion... ?

L'Eglise est communio. Il ne peut y avoir d'Eucharistie sans lien ecclésial. Ce n'est pas un groupe d'amis mais une Eglise. Et c'est vrai est que nous avons souvent la tentation de dire qu'il est présent, parce que deux ou trois sont réunis en son nom. Même s'il s'agit d'une parole d'Evangile, le prendre au pied de la lettre, c'est justifier ce qui pourrait être n'importe quoi. Sa présence n'est pas de notre fait, elle dépend d'une fidélité à l'ensemble du texte, dans sa version polyphonique, dans l'héritage d'une tradition, mais aussi de réalité de nos coeurs et de notre ouverture réelle à sa présence. Dieu n'est pas ce que nous voulons qu'il soit, il est quand nous quittons nos vouloirs finis pour accueillir l'infini de sa présence.... "L'individualisation de la messe, son éloignement par rapport à l'unité du mémorial, et par là le caractère privé qu'elle a revêtu ont été un amalgame entre la messe et les honoraires,(...) la messe devient une unité privée de gens pieux (et aussi de gens qui ne le sont pas) qui y traitent avec Dieu de leurs péchés privés" (1) Ainsi l' existence chrétienne privée se retire du côté du rite, tandis que l'Eglise se maintient dans l'ordre légal. Où est alors la communio ? Même si Joseph Ratzinger décrit la situation au Moyen Age, on pourrait en tirer des parallèles sur la situation actuelle et méditer sur l'unité qui nous anime dans la fidélité à la communion apostolique.

(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 286

05 janvier 2006

La place du Magistère

Pour J. Ratzinger, le Magistère revendique le droit d'initiative "A la confusion d'une Eglise sans consensus, il a à dire la parole qui a le droit d'exiger le consentement de tous". (1).
Et je pense que cette affirmation est cruciale, même si elle est douloureuse pour de nombreuses personnes. Si l'unité n'était plus, si nous allions vers un populisme chrétien, nous perdrions ce qui est contre vents et marées notre force principale : la fidélité et l'unité d'une difficile succession apostolique, que l'on ne doit pas afficher comme titre de gloire, mais comme trace de ce qui est vie en nous, en dépit de tout ce que nous faisons contre elle, en dépit de nos faiblesses. Sur la Pierre d'un triple reniement, le Christ a fondé son Eglise...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 263

03 janvier 2006

Eglise et totalité

"Le caractère pleinement concret de l'Eglise ne signifie pas que tout le reste ne puisse être non-église." Le signe "d'égalité n'est pas mathématique". L'Esprit saint ne peut être ramené de force à un signe mathématique même là où il s'attache et se donne concrètement. (1)

Je ne pense pas que l'on aille plus loin sur la piste rahnérienne des "chrétien anonymes" mais cette phrase fait raisonner en moi des éléments lus chez Lévinas, dans "Difficile Liberté"... Il était question de cette facheuse prétention des chrétiens à vouloir détenir le monopole de la liberté. Je pense que lorsque l'on évoque l'unité des chrétiens, il est important de garder cette ouverture à ce que l'autre peut nous apporter. Non que nous puissions renier ainsi notre foi, mais parce que cette ouverture est pour moi évangélique... Elle rappelle la parabole des petits chiens qui se nourissent des miettes et qui parfois dépassent notre propre entendement...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 259

02 janvier 2006

Unité - III

Dans l'étude fondamentale que Vinzenz Pfnür a publié en 1975 : "Annerkennug des Confession Augustana durch die catholische Kirche ? Zu einer aktuellen Frage des katolisch-lutherischen Dialogs, on peut se demander si la Confession d'Augsbourg peut être un chemin possible pour une unité ? Non pas pour opposer Luther ou Mélanchton mais pour dépasser les controverses...
Cependant cette approche est délicate, ne serait-ce parce qu'un texte de confession n'a pas de valeur de fait, ni un caractère obligatoire d'enseignement. "La sola scriptura de Luther tend à ce résultat qu'un enseignement ecclésial n'a pas d'autres qualifications théologique que celle d'une interprétation exacte de l'Ecriture et reste de ce fait toujours révisable en fonction d'une meilleure interprétation de l'Ecriture". (...) "Avant de reconnaître la confession d'Augsbourg par l'église catholique il faudrait une reconnaissance de cette dernière par les protestants ce qui renvoie à là place de "l'Eglise dans la foi"... (1). Et cette reconnaissance protestante serait un évènement créateur d'une réalité oecuménique" (2), un espace ecclésial à construire.
En conclusion, il s'agit pour J. Ratzinger d'un sujet erroné. On ne peut reconnaître la confession d'Augsbourg mais l'on est appelé plutôt à favoriser "un dialogue sur la structure théologique et ecclésiale des confessions luthériennes et leur compatibilité avec l'enseignement de l'Eglise" (3)

Je crois que l'enjeu est peut-être interne à la confession protestante, qui en se dispersant n'a pas forcèment l'unité, si fragile mais lieu de conversion intérieure qui caractérise le catholiscisme...
(1) d'après Joseph Ratzinger, ibid p. 250
(2) ibid p. 251
(3) ibid p. 256