09 octobre 2006

Le chemin de nos pères

Je ne cesse de mesurer à la fois la grandeur et la misère de ceux qui nous précédé dans la foi. Et si pour Balthasar "Israël s'est infatué de sa propre beauté, qui lui avait pourtant été donné que par Dieu et pour Dieu.", s'il est devenu un "rassasié" ce n'est peut-être que parce qu'il était pré-destiné à tracer devant nous les conséquences de nos propres actes. L'histoire du peuple de Dieu est comme un livre ouvert sur notre propre chemin. Et si "c'est de cet oubli coupable que jailli son idolatrie" (1) ce n'est peut-être pour nous qu'un rappel évident de nos propres idoles.


(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.154

08 octobre 2006

Les Tours - IV

La symbolique des tours que j'utilise depuis 1996 dans Bonheur dans le couple pour caractériser le non dialogue de deux personnes, trouve chez Balthasar un renfort inattendu.
Pour lui en effet, tout pécheur s'édifie une sorte de bastion contre la vérité authentique et il se retranche dans cette illusion "toujours inquiet de voir la vérité qu'il retient injustement (...) se lancer à l'assaut de ses défenses". ("ceux que la vérité rendait captive" Rm 1, 18). Cette allégorie vient en fait de saint Paul qui l'exploite longuement quand il dit que "ses armes à lui ont, pour la cause de Dieu, le pouvoir de renverser les forteresses. Nous détruisons les raisonnements prétentieux et la toute puissance hautaine qui se dresse contre la connaissance de Dieu" (2 Co 10, 4-5)
L'idée n'était pas de moi, mais je ne savais pas qu'elle remontait si loin.... Il est vrai qu'en 1990, j'écrivais un long essai resté inédit qui décrivait l'homme et la femme dans le jardin d'Eden comme deux arbres solitaires. Mais à l'époque, je n'avais pas pleinement compris que le second Adam n'était pas un "troisième arbre dans le jardin", mais plutôt le renversement de cette prétention. A l'opposé des tours de Babel, se tient la croix du serviteur, signe élevé d'une kénose. Le nouvel Adam n'est pas la toute puissance d'un Dieu, mais la toute faiblesse de celui qui refuse le "rang qui l'égalait à Dieu" pour se faire tout amour.

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.147

03 octobre 2006

La réponse...

A la tentation de dépasser seul la finitude, Dieu répond par un appel, une invitation discrète. Et pour cela, il se met parfois à genou, à nos pieds, prenant la place du serviteur pour implorer notre conversion.
Pour Balthasar, "il faut qu'à la liberté finie soit offert quelque chose de plus, nommèment la vocation effective adressée par la liberté divine ou l'appel à s'ouvrir en retour à l'ouverture que Dieu fait de lui-même" Interpellation qui va profondèment à l'essentiel.
Comment allons nous nous laisser interpeller ? Quelle place laisserons nous à notre table... ?
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.146

Tentation

Nous ne sommes pas dépourvus de réflexion et notre intelligence nous conduit souvent à biaiser avec la vérité. Balthasar évoque à ce sujet l'enchevêtrement inextricable du mensonge originel et l'édification d'une hiérarchie de valeurs qui alimente notre désir spirituel d'être comme Dieu. C'est peut-être cela le péché d'orgueil à laquelle nous ne cessons de succomber
La tentation serait ce désir perpétuel de tout faire tout seul, de penser tout seul, d'être maître de la vérité. C'est le danger du chercheur.
A la différence, le bon chemin resterait celui de l'écoute, de la tempérance et plus intrinsèquement du décentrement...
(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, 3 L'action, ibid p.145
Balises ; Balthasar, décentrement

01 octobre 2006

Chemin de pauvreté

Je viens de perdre un vieil oncle, mort il y a 8 jours en Guinée après 30 ans de mission... Voici un extrait de son testament spirituel qui me touche particulièrement : J'ai voulu vivre assez pauvre pour être un peu plus près des pauvres, non pas seulement pour le paraître mais pour en subir les conséquences. Je pars vers le Seigneur que j'ai si mal servi? qu'il me montre sa miséricorde.

Je confie à votre prière, tous les germes de vie qu'il a semé sur les terres d'Afrique...

30 septembre 2006

Connaissance du bien et du mal


Une volonté qui viserait la connaissance du bien et mal, n'est-ce pas d'une certaine manière se croire comme des dieux ?
N'est-ce pas être en contradiction secrète avec la liberté ?

En se posant en autonomie absolue, comme un moi qui décide seul je risque de rentrer dans ce travers.

Cela peut aller parfois par le biais d'une vision trop poussée de l'auto-communication, lorsque sous prétexte d'une conscience reçue, l'on se décrète un "Moi qui ai reçu la connaissance" (soit disant de Dieu). Car ce faisant, l'on se défait du lien véritable avec Dieu et l' Eglise (1).

Je crois que l'on n'a jamais fini de s'interroger et de s'interpeller sur le sens de la conscience éclairée. Quand la conscience est-elle vraiment éclairée ? A qu'elle moment je quitte la perversion du sens, le totalitarisme du moi pour atteindre le décentrement véritable ?

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, l'action, ibid p.144

26 septembre 2006

Comme des Dieux

Vouloir être comme Dieu c'est supprimer la différence (1).
Mais n'est-ce pas la tentation fréquente, lorsque nous oublions que notre toute-puissance reste limitée et n'est finalement qu'illusion et éphèmère.

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, l'action, ibid p.143

21 septembre 2006

Maîtrise technique

Notre siècle passe par la maîtrise technique, par cette volonté de tout régler par la science, les machines et d'une certaine manière sans Dieu. Cette volonté de puissance n'intègre plus la bonté ou l'abandon comme des valeurs utiles ou souhaitables. (1)
Pour Balthasar, une philosophie de puissance doit être complétée par une "philosophie de la prière, un acte fondamental qui ne redeviendra un acte de réflexion qu'avec Blondel et Ulrich" (1)
Et de fait, à l'heure où tout est réglé et régi par l'homme et la science, comment accepter l'inacceptable, comment se préparer à ce qui n'est pas maîtrisable, sinon en trouvant un chemin vers le décentrement et l'acceptation de l'Autre...

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, l'action, ibid p.137

15 septembre 2006

Lectio Divina

Nouveau, sur le site chemins, un petit résumé de ce qui a été ma principale lecture de l'été : Prier la Parole, d'Enzo Bianchi, l'introduction à la "Lectio divina".
Je vous en reparlerai...

12 septembre 2006

Toute puissance de l'homme...

L'expérience montre que tout individu puissant incline à l'abus du pouvoir et ne s'arrête que s'il se heurte à quelques barrières. Seule une puissance contraire arrêtera la puissance"

d'après Montesquieu Esprit des lois, 1748 XI,4

07 septembre 2006

Abandon et liberté...

Oter à Dieu sa liberté c'est oter sa toute-puissance au profit d'une bonté pure. D'un certain côté, cela met en lumière la tragédie de Dieu...

Quant à la liberté créée, elle ne s'éclaire vraiment qu'en partant du lien qui la rattache à son origine, "laquelle, en vertu de son essence est identique de liberté et de puissance absolue" (1)

"L'essentiel et le pénible c'est de bien faire ce qu'on fait, c'est-à-dire en esprit de soumission et de détachement, de le faire parce qu'on y sent l'ordre d'une volonté à laquelle on se doit de subordonner la notre" (2)

Il y a dans les propos de Blondel, un mot qui ne passe plus aujourd'hui, celui de soumission. Mais est-on loin des propos même du Christ : "Que ta volonté soit faite"... Il a de quoi méditer largement pour la journée.


(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, l'action, ibid p.132
(2) Blondel L'action 1893, p 376

06 septembre 2006

Soi face à Dieu

Toute manière par laquelle le soi veut renier son enracinement en Dieu et reposer par lui-même est une tentative pour renforcer sa liberté et mettre la main sur sa puissance.

Cette puissance est heureusement confrontée à la mort, qui vient limiter cette tentation de l'absolu. Pour Balthasar, cependant, d'une certaine manière, si l'on fait apparaître Dieu comme toute puissance, alors le soi croit trouver une excuse, et même puisqu'il est "image de Dieu" un encouragement à se poser comme puissance en face de Dieu.

Pour dépasser ce stade, il faut atteindre, soi un second degré de réflexion, mais aussi probablement une révélation : celle de la générosité aimante de Dieu qui permet de dépasser une vision de liberté comme puissance pour accéder à la vraie notion de liberté comme don de soi. (1)

Ce passage reste difficile à passer. C'est le chemin d'une véritable maturité et de fait d'une libération.

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, l'action, ibid p.129ss

05 septembre 2006

Un équilibre à construire

Balancé par le vent de nos désirs, par les pressions collectives, les névroses médiatiques, les on dit et les courants de pensée, notre coeur est balloté.

Il nous faut prendre une distance, se recentrer sur une parole, devenir écoutant d'une autre manière...

L'homme doit "se reconnaître comme le lieu d'une synthèse qu'il ne peut réaliser seul, comme un balancier dont le mouvement ne trouve sa stabilité qu'en Dieu dans la révélation" (1)

Entre le subjectif et l'objectif, la contrainte externe et l'émotion ressentie, nous devons chercher l'équilibre qui nous libère de ce que Luther appelait le "serf-arbitre"... (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, l'action, ibid p.129

04 septembre 2006

Soi et liberté


Le rapport de soi à soi-même est, en raison de son caractère spirituel une liberté "Le Soi est libre"(*) Cependant, le soi reconnaît dans sa conscience libre, qu'il ne pose pas lui-même la totalité du rapport à soi ; un autre le détermine, en qui seul il peut acquérir " équilibre et repos ". C'est un soi infini, c'est-à-dire Dieu (1)

Toute la question demeure. Comment avoir suffisament de liberté intérieure, pour reconnaître en soi la présence d'un autre que soi, qui nous décentre vers une vraie liberté.

(*) Kierkegaard La maladie mortelle, ou le concept du désespoir 1849 p. 25

02 septembre 2006

Conçu pour le dialogue...

La fuite peut être aussi la fuite en soi...

L'homme, image du Verbe a été "conçu dès l'origine en vue du dialogue ; donc toute recherche de sens qui le replie sur lui-même et ne peut que le détruire" (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, III, l'action, ibid p.127