31 juillet 2007

Anthropomorphisme



« On a le choix. Ou l’on n’a pas d’anthropomorphisme ou un anthropomorphisme sans restriction, qui est alors une réduction humaine, générale et totale de Dieu (…) s’il a voulu être humain, qui pourrait objecter quoi que ce soit ? S’il descend lui-même de cette hauteur et fait cause commune avec la créature, pourquoi devrais-je moi, le retenir de force, sur cette hauteur ? Comment serait-ce moi qui l’abaisserais par la représentation de son humanité s’il s’abaisse de lui-même ? » (1) Pour moi cette kénose est un dialogue de sourds sans un décentrement de l’écoutant qui ne peut à défaut atteindre « une attitude d’écoute purement réceptive » (2)
Il y a donc un cheminement intérieur pour quitter ce qui peut être exaltant dans une vision de Dieu sur-homme et inaccessible, projection de tous nos phantasmes et le passage au réel, l'invitation à l'amour du prochain, l'action...

(1) Schelling, F.W. Brief an Eschermayer, 1812 dans Werke I,8 167-168 cité par Hans Urs von Balthasar, La Th. II, p. 74
(2), Hans Urs von Balthasar, ibid p. 75

30 juillet 2007

Suivre le Christ

Le Christ n’est pas un surhomme. "C’est justement ce côté inimitable qui doit être imité par ceux qui en connaissent le sens". (1)
A nous d'en décrypter le chemin par la manducation de la Parole, par la contemplation de la vie, mais aussi en réveillant en nous ce qui nous conduit vers lui.

(1) Balthasar, ibid p. 73

28 juillet 2007

Dévoilement - IV (le mystère)

"Le mystère n’est pas une sorte d’au-delà de la vérité mais il en est la propriété permanente" (1)
C'est pour compléter le billet précédent, parce qu'il demeure un mystère dans la vérité révélée que subsiste notre désir, que nous sommes en chemin vers ce qui reste "la joie des bienheureux".

(1) Ibid p.71

27 juillet 2007

Dévoilement - III


Pour Saint Irénée : « le dévoilement n’est pas une totale mise en évidence » (1). A ce jour où nous contemplons ce merveilleux texte sur la rencontre de Moïse avec Dieu, on perçoit la subtilité de la révélation, progressive jusqu'à celle de l'homme-Dieu. Mais là encore, le Christ en croix n'est pas la Lumière infini de Dieu. Il est la pierre angulaire, l'unique médiateur de la lumière divine, tout en laissant l'homme libre du saut de la foi. En cela il reste pour moi chemin...

(1) Cité par Balthasar, ibid p. 70

26 juillet 2007

Dilection diffère de condilection

« il y a condilection à proprement parler lorsque deux amis en aiment un troisième dans une concorde de la dilection, dans une communauté de l’amour et que les affections des deux premiers s’unifient dans l’incendie de ce troisième amour » (1)
Pour Hans Urs von Balthasar, c’est seulement de cette manière que Richard dépasse la forme de l’amour déjà connue dans l’Antiquité et qu’il atteint celle du total oubli de soi, qui est la charité chrétienne, dont la perfection se trouve en Dieu. Dans cet amour, il voit aussi la plénitude de la Gloire.

(1) Richard de Saint Victor, De Trin. III, 19 cité par Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40
cf. ibid II, 4 Hans Urs von Balthasar, Th II, p.40

25 juillet 2007

Pesée relative

"Une once d'action vaut mieux qu'une tonne de théories...".(1) Cela renvoie à Pascal, qui après avoir publié ses pensées s'est retiré du monde pour vivre la charité auprès des plus pauvres. Ce blogue ne vaut rien s'il ne suscite en moi (ou en vous) de passer à l'action...

(1) Friedrich Engels

24 juillet 2007

Fécondité


La fécondité n’est pas seulement la loi propre de la vie organique mais également – idée reprise par Scheeben – celle de la vie spirituelle. Elle peut être, pour lui, engendrement dans le beau et par là même production d’un fruit (1).

On retrouve ce débordement de l'Esprit que je commentais dans la structure économique trinitaire. Je ne peux concevoir que le don du Père dans le Fils ne donne pas lieu à un débordement plus grand, qui reste intra-trinitaire. Il est fécond par essence, et nous en percevons les fruits, miettes d'un pain partagé, goutte d'un fleuve jaillisant, étincelle d'une lumière qui nous enveloppe...

(1) Cité par Hans Urs von Balthasar, ThII, p.63

23 juillet 2007

Pastorale

« Le devoir absolu de ceux qui sont parvenus à la plénitude de la foi est d’aider les autres à poursuivre la route » (1)

La grande difficulté est de trouver le moyen d'être passeur de Dieu, pour reprendre l'expression de Théobald. C'est l'une de mes préoccupations principales, celles qui a motivé la publication de "Chemins d'Humanité, chemins vers Dieu". Parce que l'on exporte pas ses convictions. On peut juste transparaître d'une lumière qui nous dépasse, mais qui est avant tout reçue et donc intransmissible sauf si celui qui en est à l'origine, trouve chez l'autre une porte d'entrée, qui sera peut-être différente de celle qui nous a donné accès à la lumière. Nous sommes des amateurs...

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique II, p. 32

22 juillet 2007

Aimer


« le mot ultime qui lie Dieu et l’homme est en même temps le mot décisif entre l’homme et l’homme : il s’agit d’aimer (agapân) »(1)

Sans commentaires...

(1) W. Grundman, Das Evangelium nach Markus, dans Theologisches Hand Kommentar zum Neuen Testament II, Berlin, 1965, 252

21 juillet 2007

Charité

Il ne peut y avoir de charité (caritas) entre moins de deux personnes, car on ne peut dire de personne qu’on éprouve de la charité pour soi-même ; bien plus, l’amour (dilectio) tend vers l’autre afin d’être charité (caritas). (1)

(1) d'après Grégoire le Grand, In Evang. 17,1 (PL 76, 1139) cité par Hans Urs von Balthasar, Th. II, p. 39

19 juillet 2007

Les entrailles de Dieu

L’Ancienne, comme la Nouvelle Alliance (Lc 1,78) parlent des « splanchna », de l’intérieur, des entrailles de la miséricorde de Dieu et le mot est employé aussi pour désigner la pitié de Jésus envers les pécheurs et les malades. Ainsi pour Balthasar, « le portrait de Dieu est le parfait contre-pied de l’intouchable du néo-platonisme qu’elle que soit la forme dont il rayonne dans son isolement » Avec le Ps 145,9 ajoute Hans Urs von Balthasar, on chante : « sa miséricorde règne sur toutes ses œuvres » Ps 145,9. (...) Le cœur de Dieu devient transparent pour nous dans les paraboles du bon Samaritain, du Fils prodigue ou de la recherche de la brebis perdue.

Ibid p.156

18 juillet 2007

La vérité unique

« La vérité unique - explicitation du Père par le Fils - elle-même explicitée par l’Esprit est finalement vérité trinitaire, mais en tant que a-lêtheia (dévoilement), révélée dans le monde et pour le monde ». (1)

Balthasar souligne ainsi à la suite de Jn 1,14 que la grâce-charité (Charis) et (la vérité dévoilée) l’alêtheia ont atteint leur plénitude (plêrês) dans le Fils incarné du Père.(2)

Le théologien ajoute non sans raison que cette vérité devient plénitude « seulement lorsque le Père se dévoile intégralement dans le Fils devenu pleinement homme pour en être l’interprète et lorsque cette plénitude est susceptible d’être « reçue » par l’homme grâce à l’Esprit Saint ».

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique II, ibid p. 13ss

(2) Je note d’ailleurs que la traduction de ce verset par la nouvelle Bible de Bayard parle tendresse et de fidélité. Il me semble que traduire grâce-charité en tendresse est intéressant mais que par contre le transfert qui va de vérité à fidélité est peut-être un raccourci pastoral intéressant mais qui en limite le sens. La Tob, quant à elle se contente de parler de grâce et de vérité.

17 juillet 2007

Esprit – source de vie

« En plus de l’eau et du sang qui coulent de la plaie du côté, l’Esprit rend témoignage, parce que l’Esprit est vérité (1 Jn 5,6) » (1). On peut ajouter que l’eau et le sang ne sont de fait que le signe visible du don de l’Esprit. Ils préfigurent la fécondité de Dieu sous toutes ses formes trinitaires, procédant de l’amour du Père dans le Fils et procédant de l’amour du Fils au-delà de sa mort et dans sa résurrection.

Pour Hans Urs von Balthasar, l’Esprit s’est « ex-spiré à la mort de Jésus » (2) comme l’indiquerai Jn 19, 30 (« il rendit le souffle ») ou Lc 23,46 (Je remets ton souffle entre tes mains).

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique II, p. 12
(2) ibid p. 17

16 juillet 2007

"Je suis la vérité"

Nous arrivons presque à l’issue de notre lecture de la trilogie balthasarienne avec l’avant dernier tome de la troisième partie : La Théologique, II (1). Hans Urs von Balthasar commence (2) par une question fondamentale. De qu’elle droit, Jésus-Christ ose-t-il dire : « je suis la vérité » (Jn 14,6) ? Pour le théologien, cela doit « s’enraciner d’en haut, suivant le mouvement de quelqu’un qui est venu là pour devenir, sur terre, cette vérité est pour en témoigner ».

Il me semble que cette affirmation interpelle dès le départ notre foi. Nous ne pouvons entrer dans cette dynamique que par un acte de fiance, de foi…

(1) La Théologique, II – Vérité de Dieu, Culture et Vérité, Traduction Béatrice Déchelotte et Camille Dumont, s.j., Namur février 1995, titre original Théologik II – Warheit Gottes, Johannes Verlag, 1985. Nous citerons plus loin cet ouvrage sous la référence « Théologique II ».

(2) Ibid p. 9

15 juillet 2007

Beauté

Qui peut dire la signification d’une symphonie de Mozart ? Et pourtant chaque note est pleine de sens nous rappelle Hans Urs von Balthasar. Plus l’œuvre est parfaite, plus aussi son contenu à interpréter est inépuisable.

Il conçoit alors la beauté comme le « rayonnement inexpliqué du foyer de l’être sur le plan extérieur de l’image ». Un rayonnement qui s’imprime sur l’image elle-même et « lui confère une unité, une plénitude et une profondeur représentant bien plus que ce que l’image en elle-même contient. Elle est généralement ce qui donne à la vérité le caractère permanent d’une grâce ». (1)

Cela fait résonner en moi ce que je me plais à affirmer sur le « je te reçois et je me donne à toi ». On reçoit infiniment plus que ce que l’on ne pourra jamais donner, parce que le don de l’autre n’est que la face visible du don de Dieu. L’autre est image d’un mystère plus grand, plus infini qui l’habite et le transcende.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Théologique, I – Vérité du monde, ibid, p.149-150