24 février 2008

Accueillir le beau

Celui qui accueille la beauté sous tous ses modes (...) à la capacité de lire les figures comme totalités en raison de l’unité de son aperception. Il ne glane pas quelques impressions isolées mais «saisit dans un jugement intuitif, qui ne classifie pas mais unifie, des totalités dans leurs apparitions sorties de la profondeur ». Ce respect et cette reconnaissance sont « le signe d’une réalité profonde inaccessible ». (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Epilogue, ibid, p. 42

14 février 2008

Dialogue

Dans le dialogue « la parole de l’interlocuteur est, de toute évidence, l’extériorisation de l’autre : ce dernier veut que soit compris non les sons qui sortent de sa bouche mais lui-même ». (1)

L’intérêt dans ce cadre d’une démarche conjugale est par la relation de permettre de prendre conscience qu’au-delà de soi-même l’autre existe, est irréductiblement autre et par mon désir m’appelle à être moi-même et pour l’autre. En ce sens, le désir est fondement de mon décentrement.

On retrouve d’ailleurs plus loin chez Hans Urs von Balthasar, une idée qui vient élargir ce concept : « Les amants, du fait qu’entre eux règne l’être englobant, ne se ferment jamais l’un pour l’autre mais dans leur fécondité (quel qu’en soit le résultat) s’ouvrent au mystère fondamental de l’être. La fécondité liée à la seule nature (la procréation d’un enfant par exemple) demeure un symbole, important il est vrai, mais tout de même limité de cette fécondité de l’amour. Il reste qu’à celui-ci doit correspondre à l’intérieur de l’identité divine quelque chose qui demeure inexprimable au niveau de l’archétype. » (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, Epilogue, ibid, p. 37

(2) ibid. p. 40

12 février 2008

Engagement

Atteindre non pas une indifférence mais « une disponibilité pour s’engager, en pleine connaissance de cause, dans les circonstances diverses que Dieu dispose. Cette attitude seule est conforme à la condition de créature et trouve son modèle dans le Christ » (1) N’est-ce pas cela le décentrement, non un dépouillement, mais une passivité plus que passive, une passivité active où l’on se perd non pour atteindre l’extase mais pour devenir passeur, la passivité active du passeur de Dieu, du sarment qui laisse transparaître la lumière, sans y rajouter et sans lui faire ombrage, mais en étant, devenant actif dans la passivité.

Cela implique de ne pas être imperméable et impassible au malheur, mais bien à y entrer jusqu’à en éprouver l’angoisse, l’aversion et le dégoût. Ici il devient humainement presque impossible pour le chrétien d’imiter le Christ (...) mais l’injustice supportée volontairement fait entrer dans le mystère de la puissance salvifique de la croix. « Qui vient me suivre, qu’il prenne sa croix avec lui chaque jour ». (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Epilogue, ibid, p. 27

06 février 2008

Souffrance

La souffrance et la mort étaient le plus souvent considérées comme ce dont la religion devait libérer l’homme (...). Dans la vision chrétienne, en revanche, la souffrance et la mort sont la preuve suprême que Dieu est amour : le Christ en croix, révélant en sa personne l’amour de Dieu prend sur lui le péché du monde et l’enfouit dans sa mort. (1)


(1) Hans Urs von Balthasar, Epilogue, ibid, p. 26

31 janvier 2008

Décentrement - limites

Nous terminons cette lecture partagée de la trilogie de Balthasar par son Epilogue...

Pour lui, le dépouillement est passage en Dieu. Il est commun à toutes les religions orientales. Elles ont leur fondement dans l’insaisabilité : comment à côté de Dieu peut-elle posséder une valeur définitive et une dignité ultime ? Une telle incertitude est surmontée dans le christianisme par son affirmation centrale : Dieu, pour recevoir le nom d’amour veut être lui-même don de soi et fécondité et ainsi, à l’intérieur de son unité ménager un espace à l’autre ; cet autre « est la clé » pour Hans Urs von Balthasar. (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Epilogue, traduction par Camille Dumont, s.j., Culture et Vérité, 1997, v° allemande, Epilog, 1987, p. 25

20 janvier 2008

Le bruit d'un fin silence


A l'occasion du troisième anniversaire de ce blogue, je vous signale la publication d'un 8ème livre fruit de mes premiers travaux en exégèse. Cet essai constitue une "deuxième contemplation" du mystère de la révélation de Dieu. Après Retire tes sandales !, et porté par les nombreux encouragements de mes premiers lecteurs, il m'a semblé intéressant de méditer sur les différentes théophanies de Dieu dans l'Ancien Testament. Cette première version s'attache à relier ces rencontres entre l'homme et Dieu, ce qu'elles trahissent de l'invisible et en quoi elles préparent celle du Christ en croix.
La publication chez Lulu publishing permet une grande souplesse dans l'édition. C'est donc un premier essai qui se nourrira de vos remarques et réactions.
Je vous propose donc de découvrir "Le bruit d'un fin silence" et reste dans l'attente de vos remarques constructives.

Trinité - contemplation

Reste inimitable le fait que le Père divin est plus que "Faveur", "Fidélité", "Miséricorde" à savoir amour substantiel en lui-même. C’est pourquoi, en lui-même, il a besoin de l’aimé qu’il a engendré dans le libre don de soi. Et pour prouver le parfait renoncement à soi de leur union, il a besoin du troisième qui est le fruit et l’attestation de l’unité qui existe entre l’amour qui engendre et l’amour qui se reçoit gracieusement. Chrétiennement la source originelle n’est pas accessible autrement autant que dans cette unité transnumérique. (1)

Cette méditation de la Trinité n'a cessé de m'habiter et justifié la publication de Retire tes sandales !.
(1) d’après Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p.429

18 janvier 2008

17 janvier 2008

Le témoignage

Le témoignage est d’abord « la réalisation de l’amour des frères à l’intérieur de l’Église »(1)
Nous avons encore du chemin à parcourir...

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 402

13 janvier 2008

Ecoute - II

« Mais ce n’est pas notre parole qui est première – elle est simple réponse – mais à l’origine », ajoute Hans Urs von Balthasar, « il y a le fait que l’Esprit qui sonde les profondeurs de la divinité (...) nous fait connaître les dons gracieux de Dieu. » (1 Co 2, 10-12, 16). (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 363

08 janvier 2008

Ecouter

« S’écouter soi-même ensemble avec le Verbe qui sort du Père est l’origine de toute "écoute biblique" (contemplation, méditation). Pour Hans Urs von Balthasar, il ne peut y avoir de prière chrétienne qui ne soit pas dans l’Esprit du Christ une réponse à la Parole que le Père nous adresse dans le Christ par l’Esprit, en qui il se révèle et s’offre à nous. Cependant, l’Esprit met sur notre langue non pas sa propre parole, mais celle du verbe divin, Jésus. Il est celui qui suscite et médiatise le dialogue, sans qu’il prenne lui-même la parole. Il est sans parole (alalêtos : Rm 8,20) mais il sait la Parole juste et il peut la produire là où elle n’est pas sue suffisamment » (1)

J'aime bien cette approche, ce commerce au sens des Pères de l'Eglise entre ce qui est au coeur de nous-mêmes et ce qui nous dépasse, participation à la louange trinitaire ?

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 362

04 janvier 2008

A genoux

Pour Hans Urs von Balthasar, nous ne pouvons que tomber à genoux devant la lumière divine : « la théologie est quelque chose qui ne marche pas en l’absence de la prière » a dit Markus Barth dans sa leçon d’adieu. Le contenu « ne se dégrade jamais en chose déjà sue et possédée : l’Esprit ne médiatise pas seulement la vérité mais dévoile la vérité à nouveau » (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 350

02 janvier 2008

Pastorale

L’efficacité d’un style de vie chrétien qui se passe de paroles (1 P3,1) et qu’en effet, le mode de vie du prédicateur à une influence décisive sur l’efficacité de sa parole. Comme le disait F. Mauriac « un bon prêtre n’a rien à dire. Je le regarde et cela me suffit ». (1)

(1) F. Mauriac, cité par P. Duployé o.p. Rhétorique et Parole de Dieu, Cerf, p. 85 cité par Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 323

Avec tous mes voeux pour cette année 2008...

31 décembre 2007

Esprit libre

« Dans le mystère de l’Église ou est conservé tout ce qui contribue au salut, le magister interior ne s’adresse jamais à l’individu seulement "à titre privé", mais en vue de sa mission chrétienne, qui est toujours liée à l’Église d’aujourd’hui et de tous les temps ». (1) Pour Balthasar il peut certes s’agir d’une proclamation objective de la parole, mais elle doit être éclairée « par la force qui vient d’en Haut » (Lc 24,9)

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique III, L’Esprit de Vérité, p. 320-1

28 décembre 2007

Kénose de l'Ecriture

L'un des plus beaux apports de ma lecture de Balthasar réside probablement dans cette découverte de la kénose de l'Ecriture. Je retrouve dans ce beau texte de Beauchamp, quelques éléments de cette même contemplation largement commentée dans "Retire tes sandales !".
Pour Beauchamp, "le concept d'intimité pourra peut-être nous aider à comprendre pourquoi l'on dit souvent que les écritures sont inspirées du Saint Esprit. (…) L'esprit Saint évoque précisément l'intériorité, la profondeur et par conséquent la douceur de l'action divine sur les auteurs de l'écriture : une action aussi douce non seulement respecte mais consacre les libertés.

Dans Dei Verbum, souligne-t-il, le concile Vatican II nous dit cela en disant « Dieu dans la sainte écriture a parlé par les hommes à la manière des hommes » Saint-Augustin continue par cette petite phrase « car c'est en parlant ainsi que Dieu allait à notre recherche ». Dei Verbum continue en ajoutant que « compte tenu de la vérité et de la sainteté divine, l'écriture sainte manifeste l'admirable descente jusqu'à nous de la sagesse éternelle pour que nous apprenions l'indicible volonté de Dieu et jusqu'où il a adapté sa parole dans sa sollicitude et providence pour l'être humain, les mots de Dieu exprimé dans les langues humaines se sont faits semblables aux paroles de l'homme tout comme le Verbe du Père éternel ayant revêtu la chair de la faiblesse humaine s'est rendu semblable aux hommes » Dei Verbum 3,13

Nous voici parvenus, ajoute Beauchamp, au point qui est peut-être le plus important de l'enseignement conciliaire sur l'écriture. Pour le commenter il faut sans doute repartir d’un peu plus haut et reprendre au besoin certains éléments de ce que nous avons déjà dit. L'enseignement du concile insiste sur la faiblesse de l'homme et de ses paroles puisqu'il parle de « descente jusqu'avec » « d'adaptation ».

Cela n'est possible, ajoute-t-il que si l'Ecriture reste vraiment "des paroles, à condition qu'on trouve le point où elle puisse entrer jusqu'au coeur de notre parole". (1)


(1) Paul Beauchamp, Parler d'Ecritures Saintes, Editions du Seuil, Paris, 1987, p20-22