25 juin 2010

Symphonie trinitaire


Suite aux remarques des premiers lecteurs sur la Mélodie trinitaire, publié en début d'année, je viens de mettre en ligne une nouvelle édition, rebaptisée "Symphonie trinitaire". Elle reprend et résume les trois contemplations : Le dernier Pont, Dieu de Faiblesse, Danse trinitaire. Mais ce travail n'est pas qu'un résumé. Il constitue un essai de reprise des grands axes définis dans ces trois contemplations pour les rendre plus accessibles.
Cette méditation, qui est une résonance sur mes dernières lectures, notamment la théologie de Joseph Moingt, essaye également de suivre et développer les intuitions cumulées de Jürgen Moltmann, Wolfgang Pannenberg, Hans Urs von Balthasar tout en restant compréhensible pour tous, ce qui n'est pas une mince affaire.
Ce travail cherche aussi à répondre à la quête spirituelle des lecteurs de mon roman le plus théologique, les enfants de l'Avre, où les dialogues qui le terminent (entre Marthe et le moine Timothée) tracent un chemin de rédécouverte de la foi.
Comment répondre à ce désir de mieux connaître Dieu, au delà des certitudes fragiles du "Dieu trop bien connu" dont la toute-puissance masque le vrai Dieu, celui que révèle Jésus-Christ ?

Si l'on suit l'intuition de Pannenberg, il faut partir de la croix et de la résurrection, pour faire le chemin des premiers chrétiens. Ils ont commencé par douter, lorsque celui qu'il suivait est mort de façon ignominieuse. Ce temps d'incertitude et de vide, ce samedi saint spéculatif où ne demeure que le cri du souffrant et l'incompréhension de ceux qui l'entourent, n'est il pas le chemin de tout homme face à la violence et au mal. Dieu n'habite pas ce vide, bien au contraire, face à ce mal qui se dévoile, il apparaît caché. Ce temps d'attente, de vide, est proche de celui rencontré par le peuple au désert. C'est le temps de la maturation du désir.
Puis viens le tombeau vide. Alors des signes fragiles révèlent quelque chose d'impensable. Une rumeur jaillit et se répand.

Ce chemin est celui des chercheurs de Dieu. Il ira jusqu'à revisiter le sens de la Croix, comprendre la tension qui se dévoile au sein de la symphonie trinitaire, dans le creuset d'une quadriphonie : 4 évangiles... 4 manière de dire l'inconcevable et l'indicible...

Vous le sentez peut-être, la Symphonie trinitaire est au coeur d'une compréhension du plan de Dieu sur l'homme. On y perçoit les mouvements et la tendresse des trois personnes divines. Contemplation à découvrir...
Bonne lecture.

10 juin 2010

Les amants de l'Avre


Les amants de l'Avre est un petit roman consacré à la vie conjugale. Sur l'intuition de mon épouse, il m'a semblé intéressant de travailler sur l'histoire au long cours d'une vie de couple. Voici donc l'histoire d'Alice et Charles. Ils se sont rencontrés dans la petite enfance, dans une vallée perdue (celle qui occupe mes dimanches...). Ce qui n'était alors qu'une amitié de jeunesse a conduit à autres chose. Séparés par la vie, dans ce qu'elle recèle souvent de brutalité, ils ont pris des chemins différents mais ce sont recroisés.
Quel est l'enjeu de ce nouveau roman ? Il cherche à répondre à une question qui touche à l'impossible : comment construire un amour sur 50 ans ? Quels en sont les failles, les pièges et les joies ? Mais, à travers ce récit à deux voix, Les amants de l'Avre propose un peu plus qu'un roman. C'est une manière d'interpeller notre propre idée du mariage, des joies et des peines de la vie à deux, dans un chemin qui peut nous conduire jusqu'au grand départ.
Au sein de cette histoire, la Parole de Dieu n'est pas absente. Elle habite le discernement de l'un et de l'autre, conduit à des choix et des interpellations. On y retrouve notamment le Cantique des cantiques, qui sert de trame...En cela, ce livre est un peu plus qu'un roman... Une autre manière d'envisager la vie conjugale...
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07 juin 2010

Cette Eglise que je cherche à aimer


A l'heure où notre Eglise est fortement critiquée, trainée dans la boue pour des actes commis par ses membres, il peut être bon de s'interroger sur ce qui la rend aimable. A partir d'une réflexion éclairante de Joseph Moingt (in Dieu qui vient à l'homme, tome 3), l'auteur fait le point sur ses propres arguments en faveur de l'Eglise. Ce constat en demi teinte ne fait pas d'impasse sur les problèmes actuels de l'Eglise. Il insiste sur ce qui déjà est "sacrement du Christ" et trace quelques sentiers pour qu'ensemble nous puissions faire grandir l'Eglise...
L'une des principales propositions, déjà partiellement entendue, c'est d'arrêter de présenter l'Eglise comme la Cité de Dieu sur terre, mais de reconnaître, à l'image des hommes qui la compose, qu'elle reste traversée par le mal... Alors peut-être, cette Eglise de pécheurs pardonnés pourra être témoin du travail difficile mais actif de la grâce en elle...
Un texte engagé... A découvrir...
Comme tous mes ouvrages, "Cette Eglise que je cherche à aimer" est disponible sur http://stores.lulu.com/cheriard

05 juin 2010

La Danse de l'espionne


Quand on commence à laisser ses doigts danser sur le clavier, la magie des mots qui nous arrivent du plus profond du coeur traduit souvent des impressions mêlées. Depuis des années j'explore le monde de la théologie à la recherche d'un dire sur Dieu. Intellectuel... tel à été le verdict amical d'un ami avec qui j'ai souvent la joie de déjeuner. Certes le monde des idées m'habite, envahit mes réflexions solitaires et génère l'envie pour moi de partager avec d'autres ces contemplations multiples.
Mais le monde du réel est souvent loin de celui des idées. Depuis Le cheval d'écume et Les enfants de l'Avre, mes deux premiers romans, cette confrontation entre le récit et la pensée théologique m'a conduit sur d'autres chemins. Et comme l'un de mes lieux de détente était le monde de l'espionnage (rien à voir avec la théologie, me direz vous), je me suis mis à écrire aussi dans ce sens. Comme ces textes étaient à mille lieux des écrits précédents, j'ai commencé à écrire cette nouvelle série sous un pseudonyme. Mais la théologie m'a reprise... Même le monde violent des armes et du suspense ne peut échapper à l'interpellation de Dieu. C'est pourquoi, après presque neuf mois d'absence, je vous propose de découvrir La danse de l'espionne. Ce roman de plus de 500 pages est en fait un recueil de 4 nouvelles. A partir d'une trame de guerre nucléaire, c'est devenu le roman d'une femme confrontée à ses propres contradictions. Touchée par l'amour, elle n'échappe pas à la grâce. Comme dans Les enfants de l'Avre, c'est la rencontre d'hommes d'exception et notamment de l'aumônier d'une grande école d'ingénieurs qui va la conduire à se laisser habiter par le souffle invisible de Dieu... A découvrir...

07 mai 2010

Le cercle - Aimer Dieu et son prochain

Je trouve que le texte suivant est une autre manière de traduire l'invitation à la danse
"Plus on est uni au prochain, plus on est uni à Dieu. Pour que vous compreniez le sens de cette parole, je vais vous donner une image tirée des Pères : Supposez un cercle tracé sur la terre, c'est-à-dire une ligne tirée en rond avec un compas, et un centre. On appelle précisément centre le milieu du cercle. Appliquez votre esprit à ce que je vous dis. Imaginez que ce cercle c'est le monde, le centre Dieu, et les rayons les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l'intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s'approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s'approchent de Dieu. Et vous comprenez qu'il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l'extérieur : il est évident alors que, plus on s'éloigne de Dieu, plus on s'éloigne les uns
des autres, et que plus on s'éloigne les uns des autres, plus on s'éloigne aussi de Dieu. Telle est la nature de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l'extérieur et que nous n'aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l'éloignement à l'égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous communions à la charité du prochain ; et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu.
"

Source : "Dorothée de Gaza (v. 500-?), moine en Palestine, Instructions, VI, 76-78 (trad. SC 92, p. 281-287)" cité par Evangile au Quotidien...

12 février 2010

Le don de lui-même

De même, le Seigneur a formé de la boue avec sa salive et l'a étendue sur les yeux de l'aveugle-né (Jn 9,6) pour nous faire comprendre que quelque chose lui manquait, comme au sourd-muet. Une
imperfection innée de notre pâte humaine a été supprimée grâce au levain qui vient de son corps parfait... Pour combler ce qui manquait à ces corps humains, il a donné quelque chose de lui-même, tout comme il se donne à manger [dans l'eucharistie]. C'est par ce moyen qu'il fait disparaître les
défauts et ressuscite les morts, pour que nous puissions reconnaître que, grâce à son corps « où habite la plénitude de la divinité » (Col 2,9), les défauts de notre humanité sont comblés et que la vraie vie est donnée aux mortels par ce corps où habite la vraie vie.

Saint Ephrem (v. 306-373), diacre en Syrie, docteur de l'Église
Sermon « Sur notre Seigneur », 10-11

Source : L'Evangile au Quotidien, 4 Quai KOCH - 67000 STRASBOURG - FRANCE

16 janvier 2010

La danse trinitaire


La danse c'est l'art de conjuguer ensemble la distance et la proximité, "l'aller vers" et le "retour en", le geste et la musique... Il y a donc une poétique et une esthétique. Pourquoi ne pas essayer de conjuguer ce terme avec une certaine manière de parler de Dieu. Non pour réduire sa manifestation à un jeu codifié mais pour ouvrir une introduction au "pas de Dieu" vers l'homme à une poétique et au mystère, donner un sens métaphorique à ce qui reste de l'indicible.

La danse trinitaire, ma septième contemplation, maintenant disponible... Elle effleure en quelques phrases la théologie de J. Moingt, mon dernier maître à penser...

09 janvier 2010

La Danse

Je viens de retrouver une vieille image trouvée chez P. Ricoeur. Il y parle de "l'antique rêve de (...) l'innocence et de l'action gracieuse ; l'aisance de la danse (...) comme une percée tout de suite évanouissante en direction d'un stade final de liberté où vouloir et pouvoir seraient sans hiatus, où nul effort viendrait rider de sa disgrâce le cours docile du mouvoir..."(1)

Il me semble que ce concept de danse pour être utilisé dans une description pastorale de ces mouvements de Dieu au sein de la Trinité économique...
Je suis en train de préparer un cours essai sur ce thème qui s'intitulerait "La danse Trinitaire"...
(1er jet à paraître bientôt, je vous en reparlerai...). Il chercherait à centrer l'analyse sur la première partie de l'axiome de Rahner : "La trinité économique est égale à la trinité immanente et inversement". Comment contempler la Trinité économique ? Est-ce que le terme de "danse" apporte un plus dans cette compréhension... Il s'agit bien sûr d'une danse tragique, dont la plus belle image est celle déjà développée dans Le dernier pont...

Est-ce que je pousse trop loin l'anthropocentrisme ?

Paul Ricoeur, Philosophie de la Volonté, I - Le volontaire et l'involontaire, Aubier, 1950, 2° éd.1988, p. 292

05 décembre 2009

Le Dernier Pont


Voici le fruit d'une longue méditation sur la Passion chez Jean. "Le Dernier Pont" est celui tracé par l'Evangéliste entre le lavement des pieds et la croix, une invitation à l'homme qui révèle, au delà de l'élévation, l'amour infini de Dieu pour l'homme. Ce livre, qui reprend les méthodes de lecture narrative de l'exégèse moderne, intègre aussi notre dernière méditation "Dieu de Faiblesse" et en annexe l'intégralité du blog de Lectio Divina - Selon Saint Jean avec la plupart de ses commentaires. Ce blog, créé avec quelques amis de 2006 à 2007 avait pour objet de méditer l'Evangile, au jour le jour.

Le dernier pont est un livre à offrir à ceux qui veulent partir sur les pas de l'évangéliste et méditer sur la mélodie de l'auteur au sein de la symphonie pastorale des 4 évangiles.

Publié au profit d'une oeuvre d'évangélisation, Le Dernier Pont est la 6ème contemplation publiée par Claude Hériard.

11 novembre 2009

Dieu de faiblesse



Je l'ai présenté entre les lignes dans les posts précédents...
Dieu de faiblesse est la cinquième contemplation de l'amphore et le Fleuve.
A la différence des quatre premières et dans la lignée de cette réflexion sur la réception, elle est disponible gratuitement en téléchargement au lecteur. Comment oser d'ailleurs vous demander de payer ce que j'ai reçu d'ailleurs. Si mes autres publications étaient au profit des associations que je soutiens, ces quelques pages sont un cadeau aux chercheurs fidèles qui soutiennent cet essai de lecture. Issu de la contemplation de Varone (Ce Dieu que je cherche à comprendre), Jürgen Moltmann (Le Dieu crucifié, Théologie de l'Espérance) et Joseph Moingt (L'homme qui venait de Dieu, Dieu qui vient à l'homme), Dieu de faiblesse est un petit résumé de ce qui semble être l'axe le plus novateur de la théologie moderne, la contemplation que le "bien connu' de Dieu est mort (un Dieu tout puissant et immuable, fruit de nos projections et de nos philosophies) et que seul un Dieu faible sauvera l'humanité, parce qu'à genoux devant Judas pour lui laver les pieds (cf. Jn 13 et post précédent), Dieu répète encore le cri de l'"où es tu "lancé dans le jardin... (Gn 3).

Comme tous ces travaux de recherche publié chez Lulu, c'est aussi une invitation au dialogue. N'hésitez pas après lecture à partager vos impressions, soit sous ce post, soit dans la page commentaire de http://www.lulu.com/content/7669266, idéalement dans les deux...

Lavement des pieds... quatrième relecture

Une première lecture d'un des sommets de la théologie johannique passe par la double contemplation qui résulte de la structure même du récit en narrativité. La première partie du texte, au sein même du dialogue entre Jésus et Pierre (Jn 13, 6-10) nous invite à nous laisser purifier par le Christ et donc à recevoir le pardon de Dieu, avec une pointe donnée dans le verset 8 : "Si je ne te lave pas les pieds, tu n'auras point part avec moi" (*). La deuxième, donnée par la deuxième partie (12-20) est une invitation à l'amour communautaire et réciproque. Mais au sein même de l'ensemble de l'attitude de Jésus, nous entrons également en résonance avec le propre chemin de Dieu vers l'homme, cet abaissement de Dieu qui depuis la Shékinah (Gloire du Verbe) qui cherche l'homme dans le jardin (Targum de Gn 3) ne va cesser d'exprimer le "j'ai soif" crié par Dieu à l'humanité... Ce cri trinitaire ne cesse de se conjuguer dans l'Ecriture. On le trouvera dans l'entre-deux de la visite à Mambré, entre-les lignes de l'échange entre Moïse et Dieu en Ex 33, dans la voix d'un fin silence où la tendresse de Dieu vient chercher l'homme juste et lui fait entendre le chant des autres chercheurs de Dieu, le coeur des 7000 (cf. 1 R 19). Dans l'Evangile de Jean, nous l'avons déjà entendu dans le "donne moi à boire" prononcé à la Samaritaine (Jn 4), il sera interprété dans la danse du Fils, au pied de la femme adultère et résonnera dans le cri final prononcé sur la Croix. Au j'ai soif de ton humanité, viendra répondre, comme en écho, la symphonie du don trinitaire, jaillissement infini du fleuve d'amour, face auquel notre amphore reste bien petite...

Plus je médite ce texte plus sa portée, ce sommet théologique, ressemble à cette échelle de médiation présentée en Jn 1,51 où le Christ apparaît à la fois comme l'échelle et le nouveau Jacob (**)... L'échelle est accrochée au sommet du ciel. Ce Dieu de faiblesse révélée dans la kénose du Fils, résonnera chez Paul dans l'affirmation "Dieu lui a donné le nom" (Ph 2)... Jésus est le Christ... (***)


* cf. Y-M Blanchard, Saint Jean, Edit° de l'Atelier, p. 27
** cf. Targum néofiti de Gn 28
*** cf. W. Kasper, Jésus le Christ, Edit° du Cerf...

04 novembre 2009

La nudité

Le père de François voulait le faire comparaître devant l'évêque pour
qu'il renonce à tous ses droits d'héritier et lui restitue tout ce qu'il
possédait encore. François, en véritable amant de la pauvreté, se prête
volontiers à la cérémonie, se présente au tribunal de l'évêque et, sans
attendre un moment ni hésiter en quoi que ce soit, sans attendre un ordre
ni demander une explication, enlève aussitôt tous ses habits et les rend à
son père... Rempli de ferveur, emporté par l'ivresse spirituelle, il quitte
jusqu'à ses chausses et, complètement nu devant toute l'assistance, déclare
à son père : « Jusqu'ici je t'ai appelé père sur la terre ; désormais, je
puis dire avec assurance : ' Notre Père qui es aux cieux ', puisque c'est à
lui que j'ai confié mon trésor et donné ma foi. »
L'évêque, un homme saint et très digne, pleurait d'admiration à
voir les excès où le portait son amour de Dieu ; il s'est levé, a attiré le
jeune homme dans ses bras, l'a couvert de son manteau et a fait apporter de
quoi l'habiller. On lui a donné le pauvre manteau de bure d'un fermier au
service de l'évêque. François l'a reçu avec reconnaissance et, ramassant
ensuite sur le chemin un morceau de gypse, y a tracé une croix ; ce
vêtement signifiait bien cet homme crucifié, ce pauvre à moitie nu. C'est
ainsi que le serviteur du Grand Roi a été laissé nu pour marcher à la suite
de son Seigneur attaché nu à la croix.

Source : lEvangileauquotidien.org

17 octobre 2009

Le ver est dans le fruit

Au terme de ce chemin, vient l'ultime révélation, celle du péché d'orgueil. C'est le plus pernicieux, celui que l'on ne veut pas voir.
C'est le problème de Nicodème, qui reste dans la nuit. Bien que proche du Seigneur, il ne veut pas voir. C'est la poutre et la paille, c'est peut-être aussi l'ultime combat du Christ.
Non pas ma volonté de puissance mais Ta gloire.

Entre la nuit de Nicodème et la 6ème heure de la Samaritaine, se tient l'ultime clé, celle du passage sur l'autre rive.
Lui est dans la nuit, elle s'expose, nue à la lumière de midi.
Nicodème refuse de voir, il reste dans la nuit.
La Samaritaine reconnait son sauveur. Il lui demande à boire, en dépit de son péché.
En elle, malgré ce qui l'a conduit au péché, il y un chemin de vie.
Chez le pharisien, la nuit demeure.

Ce problème, ce vers dans le fruit. Je n'y échappe pas.
Et j'en demande pardon.

Peut-être que toutes ces pages ne valaient rien, sauf à découvrir ma propre tour d'orgueil, peut-être plus immense que je ne l'imaginais.

Il me reste plus qu'à passer sur l'autre rive.
Ce pas est le plus dur.

Jésus reste à genou devant Judas, ultime geste du Dieu de faiblesse devant celui qui va partir pour sa dernière nuit. Laissons nous laver les pieds sans résister à l'appel.

13 octobre 2009

Pastorale du Seuil


Que tous soient sauvés...
La foi ne doit pas être réservée à une élite, mais elle est la joie de Dieu pour tout homme.
Pourquoi le Christ est-il prêt à abandonner son troupeau pour la brebis perdue ? Pourquoi préfère-t-il manger avec les publicains et les pécheurs plutôt qu'avec les pharisiens. Au nom de quoi s'agenouille-t-il devant la femme adultère et demande-t-il à boire à la Samaritaine ?

Vous le savez, depuis des années tous mes efforts portent sur la question de la "pastorale du seuil"... Comment réduire l'écart entre l'Eglise et le monde, développer cette mission particulière auprès de ceux qui n'osent pas passer le seuil de nos Eglises.
Je vous signale donc qu'une nouvelle éditions de mon livre "Chemins d'humanité, Chemins vers Dieu" est disponible. Publié sous le titre de Pastorale du Seuil, cet essai reprend certaines réflexions issues de L'amphore et le Fleuve. Cette nouvelle version est plus large que le premier essai plus axé sur la préparation au mariage des "gens du seuil". Cet élargissement me semble important du fait de l'ampleur des problèmes pastoraux que traversent et va traverser notre Eglise...

06 octobre 2009

Marthe et Marie

Ecoutons Saint Augustin : "Vous comprenez, je crois, que ces deux femmes, toutes deux chères au
Seigneur, toutes deux dignes de son amour, et toutes deux ses disciples...,
ces deux femmes donc, sont l'image de deux formes de vie : la vie de ce
monde et la vie du monde à venir, la vie de travail et la vie de repos, la
vie dans les soucis et la vie dans la béatitude, la vie dans le temps et la
vie éternelle.

Deux vies : méditons sur elles plus longuement. Considérez de quoi
est faite cette vie-ci : je ne dis pas une vie répréhensible..., une vie de
débauches, d'impiétés ; non, je parle d'une vie de travail, chargée
d'épreuves, d'angoisses, de tentations, de cette vie qui n'a rien de
coupable, de cette vie qui était bien celle de Marthe... Le mal était
absent de cette maison, avec Marthe comme avec Marie ; s'il y avait été,
l'arrivée du Seigneur l'aurait dissipé. Deux femmes, donc, y ont vécu, les
deux ont reçu le Seigneur, deux vies estimables, toutes deux droites, l'une
faite de travail, l'autre de repos... L'une de travail, mais exempte de
compromissions, écueil d'une vie donnée à l'action ; l'autre exempte
d'oisiveté, écueil d'une vie de loisir. Il y avait là deux vies, et la
source même de la vie...

La vie de Marthe, c'est notre monde ; la vie de Marie, le monde que
nous attendons. Vivons celle-ci avec rectitude, pour obtenir l'autre en
plénitude. Que possédons-nous déjà de cette vie-là ?... En ce moment,
justement, nous menons un peu cette vie-là : loin des affaires, à l'écart
des soucis familiaux, vous vous êtes rassemblés, vous êtes là à écouter.
Vous comportant ainsi, vous ressemblez à Marie. Et cela vous est plus
facile qu'à moi, qui dois prendre la parole. Ce que je dis, cependant,
c'est du Christ que je le tiens, et cette nourriture est celle du Christ.
Car il est le pain commun à tous, et c'est pour cela que je vis en
communion avec vous. (*)"

Il me semble que cette tension est à retenir. Il ne s'agit pas d'une opposition mais d'une tension. Et c'est dans cette direction qu'il me semble utile de se positionner.
La fuite du réel n'est pas la solution. La résignation au réel non plus.
Dans sa "théologie de l'espérance", J. Moltmann (p. 16ss) nous invite à aller plus loin que le consentement. Il me semble qu'il rejoint là la tension ouverte par Augustin...

(*) Saint Augustin (354-430), évêque d'Hippone (Afrique du Nord) et docteur de l'Église
Sermon 104 ; PL 38, 616 (trad. Luc commenté, DDB 1987, p. 92 rev.)


Source : http://www.lEvangileauquotidien.org