14 avril 2013

Dieu dans la ville

"La foi nous enseigne que Dieu est présent dans la ville (...). Les ombres (...) ne peuvent nous empêcher de chercher et de contempler le Dieu de la vie jusque dans les milieux urbains." (1). A propos de ce texte, notre nouveau pape François,  nous invite, "pour voir la réalité (...) à avoir un regard de foi, un regard de croyant (...) à élargir l'espérance commune que nous partageons avec tous les habitants de notre ville, et (...) susciter une action commune conduite par la charité":. (2)

Il rappelle à ce sujet la marche de l'Exode. Dans un étude exégètique d'Ex. 33, je soulignais que la tente de la rencontre n'était pas dans le campement, mais à l'écart. (3). Il y a là une invitation à une tension entre proximité de la ville et transcendance, qui pour moi ne contredit pas la citation mais la complète. Nous avons à rester écartelé entre proximité et vie spirituelle. Ne pas se contenter d'être une ONG humanitaire, mais nous dit encore le pape dans sa première  homélie,  "confesser Jésus-Christ". (4)

(1) Aparecida, n○ 514, conférence des évêques latino-américains
(2) Jorge Maria Bergoglio, Seul l'amour nous sauvera, Rome / Paris, librairie Vaticane, Parole et silence,  2013, p. 23 à 27
(3) l'amphore et le fleuve
(4) J-M Bergoglio, ibid p. 14

15 mars 2013

Habemus papam jesuitam : le pape François

On ne peut que se réjouir, dans ce blog, des premiers gestes de notre pape François, de son humilité (je parlerais même de sa kénose). Les lecteurs de ce blog ont en effet souvent noté mon insistance sur l'abaissement, sur ce geste du Christ qui ne se met pas en avant, mais se penche vers l'homme, s'agenouille devant lui et devant le père. Ce pape penché à la fenêtre, devant Dieu et son peuple de Rome, est le signe que j'attendais d'un pape. Il va dans le sens d'une pastorale du seuil. C'est cette église que j'ai envie d'aimer.

25 décembre 2012

La barque de Solwenn - Pourquoi j'ai mal ? - II

En septembre 2012, je lançais un avis de recherche sur la pastorale des souffrants. Ce travail de mémoire d'année de licence me conduit à un certain nombre de déplacements. La question du "pourquoi j'ai mal ?" me semble au coeur de l'actualité d'un monde souffrant, à la recherche d'un Dieu qui puisse aborder une réponse au scandale du mal être. Dans cette quête, et conformément à une habitude que j'ai développé depuis 2008, mon travail se nourrit d'une activité romanesque parallèle. C'est dans ce cadre qu'est paru, fin décembre, la barque de Solwenn tome 1. Un petit roman breton, situé à la fin du XIX° siècle qui explore le monde de la souffrance, dans une situation particulière : un petit village de pêcheur confronté à une vie rude, à une mer sans merci. Cette analyse d'une vie familiale simple, d'une fratrie qui se serre les coudes face à l'adversité, vient compléter mes autres recherches romanesques sur la souffrance comme Simon le vieux, les enfants de l'Avre et le Collier de Blanche. Issu il ne s'agit plus du terroir mais de la mer, dans ce qu'elle a de beau et de tragique. Une contemplation où l'amour et la mort se croise et se conjugue en un roman. Ce travail est suivi de deux tomes : - Maria la rousse - La souffrance d'Elena Le tout réuni dans un texte intégral qui gardera le titre original de la Barque de Solwenn. Mais nous en reparlerons.

20 octobre 2012

Je viens de finir la lecture des "deux pieds dans un bénitier" d'Anne Soupa et C. Pedotti... On ne peut plus l'éviter maintenant que Christine Pedotti a fait son coming out... et que Pietro de Paoli perd un peu de sa masculinité légendaire. Au fil de la lecture, si je retiens avec intérêt leur leitmotiv : "ni se taire, ni partir", je préfère, à la suite de mon propre chemin de relecture (cf. lien) qui m'a conduit chez Congar et Lubac, une version plus positive... Un "je veux hurler parfois, mais je cherche à aimer"... Certes notre église est pécheresse pardonnée... Certes elle faute parfois... Pourtant, les propos du livre manquent parfois de retenue. Je ne suis pas femme et donc la souffrance du mépris m'échappe peut-être. Il y a des analyses qui provoquent un déplacement. Il reste des choses que je n'aurais pas écrites et d'autres sur lequel je signe... Leur chemin ne laisse, en tout cas, pas indifférent...

14 septembre 2012

Pourquoi j'ai mal ? - Avis de recherche

Depuis la nuit des temps, la question de la souffrance interpelle l'homme ? Cette question, il la pose aussi à Dieu, dès qu'il en perçoit la présence. La Bible nous fait état, à plusieurs reprises de cette question et les psaumes retentissent, souvent de ce cri. A la suite de l'exil, cette question de la souffrance et en particulier de la souffrance des justes, se cristallise dans le texte de Job. Il rebondit ensuite, plus tardivement, dans la question posée par la mort des martyrs d’Israël. Jésus se fait écho de cette question dans l'épisode de la tour de Siloë. Et l'explication qu'il donne, reste alors sous forme d'une aporie. Peut-être, parce qu'une seule réponse nous est offerte, celle de la Croix..., signe élevé pour le monde. Cette question fondamentale pour l'homme affleure dans toutes les rencontres avec les gens du seuil. Un des exemples les plus criants, m'a été rapporté par un jeune, l'année dernière, dans cette phrase : « Quand je vais bien, je regarde le ciel et je lui demande, qu'est-ce que tu vas m'envoyer encore, comme malheur ?»... Face à ce lien entre la peine et Dieu, nous sommes souvent démunis. Et pourtant, l’Église n'a cessé de tenter d'apporter une réponse à cette question. Elle y est parvenue avec plus ou moins de conviction et a peut-être manqué en tout cas de clarté dans sa réponse. Nous chercherons, chez des théologiens comme Moltmann et Balthasar, des clés d'interprétation. Peut-être que ce chemin nous conduira ailleurs, notamment sur la question de la déréliction, mise en avant par A. von Speyr. Une certitude : au delà des concepts, la traduction pastorale ne cessera d'être notre préoccupation... Parce que les mots de l’Église, ses références, ne parlent plus aux hommes d'aujourd'hui. Cet argumentaire trace en quelques mots, mes préoccupations de cette année à venir, puisque je vais y consacrer l'année, dans le cadre de ma dissertation de licence de théologie. Les suggestions de lecture sont les bienvenues...

14 juin 2012

L'ineffable

Plus je cherche à dire Dieu, plus je trouve du sens à la position juive de l'imprononçable... YHWH... Le nom même ne devrait pas être prononcé. La lecture récente de Symbole et Sacrement (1) de Louis-Marie Chauvet m'incite notamment à cette distance sur l'être et l'ontologie.

On y retrouve la difficulté de dire autre chose que ce qui se révèle en Jésus-Christ. Je comprends ce que dit mon ami Philippe Lestang sur "Le fait Jésus" (2), même si je reste un tout petit peu sur ma faim dans son livre (je ne dois pas être le public visé :-).

Au fond du fond, la contemplation des rencontres du Christ dit plus sur Dieu que tous les manuels et, comme à Emmaüs, au moment où l'on pense le reconnaître, il s'échappe encore... Ineffable donc, impossible à décrire, à cadrer où enfermer, y compris dans un Tabernacle, sa présence est plus large que dans la seule eucharistie (cf Sacrosanctum Concilium § 7) et comme le disait Pierre Teilhard de Chardin (3), lorsque l'on communie, il nous échappe déjà, en dépit de tous nos désirs de le maintenir au sein même de notre "Temple" personnel. Peut-être parce qu'il n'est pas en l'homme mais "en" l'Eglise et pas "en" l'Eglise seulement, mais dans la danse d'un amour qui dépasse toutes les limites humaines... Peut-être aussi parce que son mode de manifestation, folie pour les sages, est plus dans l'humilité et la faiblesse...

(1) Symbole et sacrement Une relecture sacramentelle de l'existence chrétienne Par Louis-Marie Chauvet, Février 1987 [2008, 2011]
(2) Philippe Lestang, le fait Jésus, Actes Sud, 2012
(3) Pierre Teilhard de Chardin, La custode...

28 avril 2012

Eglise et sacrements - I

Depuis le concile de Latran IV et la définition du septénaire, l'Eglise s'attache, non sans raisons à son auto-limitation à sept sacrements. Ce choix qui se fonde en partie sur la tradition, n'exclue pas l'existence de ce que l'on appelle les sacramentaux, que peuvent être tout signe expressif au sein ou non d'une liturgie appropriée (prise de voeux, consécration, prière, lavement des pieds). Pour le lavement des pieds, les Pères de l'Eglise s'étaient même interrogés sur le fait que cela puisse être un autre sacrement avant de conclure que c'était de fait, toute l'Eglise qui devait vivre dans cette symbolique... Tout cela nous interpelle sur la place et le centre de ces sacrements dans nos vies. Louis-Marie Chauvet, note dans Symboles et sacrements, combien ces sacrements peuvent aussi constituer un goulet d'étranglement, hors de lequel toute vie ecclésiale semble limitée. Cette trop grande focalisation interpelle, aujourd'hui, ceux qui se sont exclus de certains sacrements et cette exclusion décidée par le Magistère est pour nous tous une question posée. Sommes-nous capables d'apprécier à leur juste mesure ce qui se joue ? Avons-nous pleinement conscience de l'enjeu des sacrements, de ce qu'ils disent des dons de Dieu ? La miséricorde divine se limite-t-elle à cela ? Sont-ils des lieux "liturgiques" où l'Eglise se rassemble et exprime, par ce biais, son désir de participer au corps du Christ ? Ceux qui sont exclus de certains sacrements sont-ils exclus du corps de l'Eglise ? Bref, y a-t-il une vie possible hors des sacrements ? Ces questions, je me les pose depuis quelques semaines, dans le cadre de ma formation à l'ICP. Cela fait naître en moi quelques travaux de recherche, dont le plus original est probablement celui-ci, que je vous laisse découvrir... Nous en reparlerons...

16 février 2012

Marions-nous ! Un sacré chemin

Après une longue collaboration avec les Editions de l'atelier, E. Grieu, des équipes CPM, de la JOC et des prêtres de la Mission de France, j'ai la joie de vous annoncer la parution de Marions-nous ! un sacré chemin. Un guide pour ceux qui s'interrogent sur l'éventualité d'un mariage à l'Eglise... Ce guide de 96 pages est l'aboutissement d'un travail sur la pastorale du seuil, déjà longuement commenté dans ce blog.
Pour en savoir plus...

25 janvier 2012

Où est l'Eglise ?

En cette semaine de l'unité, on peut encore se poser la question de la réalité de ce que l'on appelle l'Église ...
Notre point de vue catholique attache une (trop ?) grande importance à la tradition apostolique, c'est-à-dire à cette transmission depuis les apôtres de l'héritage par l'onction. L'argumentation se tient. Pourtant, l'affirmation fondamentale de Jean 3 : "le vent/l'Esprit souffle où il veut" vient toujours mettre en question toute tentative de récupération de l'icône du Christ. De fait, si l'on suit Moltmann, la sainteté de l'Église est eschatologique, ce qui sous entend qu'elle est déjà là mais surtout pas encore totalement visible. C'est dans cette direction qu'une vision plus large de l'unité dans la diversité reste possible et que personne, moi en premier, ne peut revendiquer être l'Église. Par contre, une communauté, rassemblée à la double table de l'écoute de la Parole et dans une charité humble et vivante, peut y tendre. Cf. également sur ce point, ma version remise à jour de "Cette Eglise que je cherche à aimer"...

06 janvier 2012

A genoux devant l'homme - l'humilité de Dieu...

J'arrive au bout de mes travaux annoncés plus bas : " A partir d'une méditation cursive sur l'Évangile selon saint Jean, et tout particulièrement les gestes de Jésus devant l'homme, jusqu'au lavement des pieds, ouvrir une tension entre cet agenouillement devant l'homme, ce ""j'ai soif" de toi" et la réalisation que le message que l'on porte nous dépasse, nous porte et rayonne au delà de cet agenouillement. Voir que dans ces attitudes se révèle que l'humilité de Dieu est le coeur du mystère. Une première version du livre, "A genoux devant l'homme" est en ligne. Cela a été pour moi l'occasion de redécouvrir le texte de F. Varillon, L'humilité de Dieu qui gagne à être connu (il faut passer les premières pages un peu difficiles)... J'ai aussi intégré une découverte, "La tradition kénotique dans la théologie britannique", de David Brown, qui retrace l'histoire de la kénose depuis les kénoticiens allemands et Godet jusqu'aux apports écossais, irlandais et anglicans. Un travail majeur. On y rejoint aussi Boulgakof et une valeur sure : Hans Urs von Balthasar, que les lecteurs assidus de ce blog doivent connaître, depuis ma publication de "Retire tes sandales".
Le résultat de ce travail est un livre que je trouve maintenant construit, volontairement facile d'accès. Une approche innovante sur l'humilité de Dieu qui allie une recherche exgétique, ecclésiologique, théologique et bien sûr pastorale... Ce livre inclut plusieurs de mes travaux précédents (oui je n'arrête pas de chercher dans cette direction...), qui sont revus et allégés :

10 décembre 2011

La souffrance de Dieu - 1

Sous ce titre, on trouve un cours essai de Varillon sur un thème difficile et décrié qui donne pour certains une vision trop humaine et donc réductrice de Dieu. Cela mérite pourtant un détour. Qu'en dit Varillon ? : "Le paradoxe d'un Dieu humble est apparu violent à plus d'un. Voici que celui d'un Dieu qui souffre l'est davantage encore. Est-il vrai que la souffrance, comme l'humilité, est au coeur de la Gloire ? (...) si Dieu souffre, ce ne peut être d'une émotion vague, en quelque sorte marginale, ou qui effleure sans étreindre. Rien n'est accidentel en Dieu. Si Dieu souffre, sa souffrance a la même dimension que son être et que sa joie. Dimension sans dimension. Sans limite. Infinie. (...). Comment croire que Dieu est Amour, s'il faut penser que notre souffrance ne l'atteint pas dans son être éternel ? Quand je pleure ou me dégrade, est-il "marbre absolu "? Si les gens savaient... que Dieu "souffre" avec nous et beaucoup plus que nous de tout le mal qui ravage la terre, bien des choses changeraient sans doute, et bien des âmes seraient libérées" * * Source : LA SOUFFRANCE DE DIEU, François VARILLON, Le Centurion Octobre 1975

29 octobre 2011

A genou devant l'homme

Je travaille actuellement sur l'humilité... Un sujet aussi vaste que difficile...
La pointe de mon texte pourrait être cela : A partir d'une méditation cursive sur l'Évangile selon saint Jean, et tout particulièrement les gestes de Jésus devant l'homme, jusqu'au lavement des pieds, ouvrir une tension entre cet agenouillement devant l'homme, ce ""j'ai soif" de toi" (cf. "le dernier pont") et la réalisation que le message que l'on porte nous dépasse, nous porte et rayonne au delà de cet agenouillement. Ce serait peut-être ce que je cherche à tracer depuis longtemps, au travers de mes réflexions sur la "Pastorale du Seuil" et mes contemplations dans l'"Amphore et le fleuve"... Une difficulté demeure... Comment écrire et conserver un soupçon d'humilité... Un écueil qui guette chacun et auquel je n'échappe pas...

24 octobre 2011

Doctrine sociale de l'Eglise

Le Ceras vient de compléter la mise en ligne de la "Doctrine sociale de l'Église ". Plus qu'un simple recueil de tous les textes publiés par le magistère, on y trouve commentaires, contextualisations et annotations. On appréciera aussi son index thématique et les multiples liens dynamiques qui améliore la lecture. Une source complète sur le discours de l'Église catholique sur la société. A ne pas manquer.

Passion pour l'Avre

Les lecteurs fidèles de mes romans noteront la création d'un petit site en complément de ces livres : Passion en vallée d'Avre Il recense quelques images, vidéos, bonus qui complètent mes essais en écriture. J'en profite pour vous signaler la mise en ligne de "Simon le vieux" qui vient compléter "Les enfants de l'Avre". Les deux romans historiques qui couvrent la période de 1350 à 1450 sont réunis aussi dans un même recueil : "Le collier de blanche - Drames en vallée d'Avre". Simon le vieux retrace la vie d'un jeune homme en 1350. Confronté à une période dramatique (Peste, Guerre de cent ans, divisions sur une terre frontière avec la Normandie), le héros voit sa foi basculer. Quels sont ses écueils, ses cris ? Ce n'est qu'à travers la rencontre d'une femme, puis de moines, que sa confiance en Dieu va reprendre vie. Cette théodicée nous replonge dans l'histoire. On y croise notamment l'histoire du Bec Hellouin, qui après la période de gloire d'Herluin, de Lanfranc et d'Anselme, subie aussi les affres de la guerre. A partir de ma passion pour la vallée d'Avre, un nouvel essai romanesque.