27 mars 2016

Il est vraiment ressuscité

Avec saint Augustin,  contemplons la lumière du ressuscité :  "Comme nos yeux éblouis contemplent ces flambeaux brillants, ainsi notre esprit éclairé nous fait voir combien cette nuit est lumineuse –- cette sainte nuit où le Seigneur a commencé en sa propre chair la vie qui ne connaît ni sommeil ni mort !" (1)

(1) saint Augustin,  2ème homélie pour la Nuit Sainte ; PLS 2, 549-552 ; Sermon Morin Guelferbytanus 5 (trad. coll. Icthus 10, p. 197s)

26 mars 2016

Résurrection

Avec saint Augustin,  contemplons la lumière du ressuscité :  "Comme nos yeux éblouis contemplent ces flambeaux brillants, ainsi notre esprit éclairé nous fait voir combien cette nuit est lumineuse –- cette sainte nuit où le Seigneur a commencé en sa propre chair la vie qui ne connaît ni sommeil ni mort !" (1)

(1) saint Augustin,  2ème homélie pour la Nuit Sainte ; PLS 2, 549-552 ; Sermon Morin Guelferbytanus 5 (trad. coll. Icthus 10, p. 197s)

25 mars 2016

Le voile du temple

"Le voile du temple déchiré, le saint des saints devenu béant, la figure a fait place à la réalité, la prophétie à son accomplissement, la Loi à l'Évangile. Tu as tout attiré à toi, Seigneur, puisque la piété de toutes les nations célèbre partout, au vu et au su de tous, le mystère qui jusqu'alors était voilé sous des symboles dans un temple unique de Judée. Ta croix, ô Christ, est la source de toutes les bénédictions, la cause de toute grâce. Par elle, les croyants tirent de leur faiblesse la force, du mépris reçu la gloire, et de la mort la vie. Désormais, l'unique offrande de ton corps et de ton sang donne leur achèvement à tous les sacrifices, car tu es, ô Christ, le véritable Agneau de Dieu, toi qui enlèves le péché du monde. L'ensemble des mystères trouve en toi seul son sens plénier : au lieu d'une multitude de victimes, il n'y a plus qu'un unique sacrifice".

Saint Léon le grand,  Sermon sur la Passion,  Source AELF

Chemin de croix

Voir ma dernière publication sur Prier Dieu
Une méditation à la lumière des événements récents. Nous sommes tous petits face à l'amour.

24 mars 2016

La part féminine...

" Quand l'image de la femme disparaît de la réalité théologique, c'est une conceptualité et une technique abstraites masculines et sans image, qui l'emportent. Mais alors la foi se voit chassée du monde et rejetée dans le domaine du paradoxe et de l'absurde" (1).

Dans la même trajectoire,  on pourra lire Eros, un chemin vers Christ-Sophia, de Christophe Gripon, qui vient de paraître chez Mediaspaul... une excellente étude sur la part féminine, à partir de Proverbes : 
http://mediaspaul.fr/catalogue/eros-un-chemin-vers-christ--sophia-l-8742

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, tome 1, Apparition, p. 357

23 mars 2016

Désert 2

Plus loin Balthasar précise sa pensée :"l'orant a le droit d'avoir confiance, même quand il souffre de la sécheresse et n'éprouve rien, et il doit apprendre à dégager sa foi toujours plus purement de la subjectivité provisoire de ses dispositions. Et cependant cette purification des dispositions subjectives est en même temps la voie sur laquelle le sujet humain doit rencontrer le plus sûrement, avec tout don être d'homme, le vrai Seigneur et Dieu" (1)

 Là où toute liberté est laissée à Dieu, Dieu peut s'introduire 
 
(1) Balthasar, op . Cit,   GC1, p.354

Désert et démesure

Quand on est dans le désert, que Dieu nous semble bien loin, silencieux alors que nos cris montent vers lui, il est rassurant d'entendre que ce n'est pas sa nature. Sommes nous, comme le fils aîné de Luc 15, incapables de sentir que "tout ce qui est à Lui est à nous". Ne voyons nous pas les dons de Dieu ? Que nous faut-il encore ? Le voir face à face ?

"S'il est vrai que l'Église, pas plus que le chrétien, ne doit jamais désirer de grâces mystiques comme si la figure de la révélation placée devant le monde ne suffisait pas, il est pourtant tout aussi vrai que Dieu ne s'en tient jamais, d'une manière minimiste, à ce qui est strictement suffisant. Car la beauté éternelle se dépense et rayonne toujours merveilleusement au-delà de toute attente." (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Apparition, tome 1, GC1 p. 353

22 mars 2016

Le balancier 2 - Ignace de Loyola

"L'expérience chrétienne vivante de foi inclut, d'après Ignace de Loyola , par exemple, une certaine expérience de la proximité et de l'éloignement de Dieu, de la consolation et de la désolation (...) toutes choses qui ne doivent pas nécessairement être appelées déjà "mystiques" au sens fort du terme". (1) 
On pourrait ajouter, à la suite des travaux de Jean-Luc Marion sur l'idole et la distance, que ce que Balthasar dit là est le lot commun ‎de tout chercheur de Dieu. 
Il rime pour moi avec cette‎ idée de balancier, qui est aussi leçon d'humilité pour l'homme. Comme Pierre sur le mont Thabor, une trop grande proximité serait source de chute. 

(1) Hans Urs von Balthasar, op. Cit., Gc1, p. 349

Le balancier - mystique et charismatique

Les prophéties et autres expériences charismatiques‎ ont-elles encore une place dans l'Église pendant la troisième dimension trinitaire ? Elles ne peuvent l'être que comme réelle "participation au Saint-Esprit de l'Église (...) comprise dans sa profondeur comme plénitude du Christ"(1). Elle doit donc lui être subordonnée. Balthasar l'explique en faisant référence aux deux chapitres 12 et 13 de 1 Cor. Mais, précise-t-il, il demeure le risque d'une mystique purement personnelle. Et c'est là où ses propos deviennent particulièrement pertinents. En évoquant la crise montaniste, il souligne, depuis Saint Augustin, la vigilance de l'Église sur ce point(2). On ne peut, pour autant rejeter toute expérience mystique et rejeter avec toute expérience sensible. Cela rejoint pour moi cette notion de balancier déjà évoqué. Il y a un sain équilibre, une saine tension, à trouver entre rationnel et mystique, foi et raison, idéalisme et réel. L'Église n'a cessé d'osciller entre l'Église d'Antioche et celle d'Alexandrie, entre Jean Chrysostome et néo-platonisme. L'Ecole française insiste à juste titre entre la contemplation (préambule) et l'action (finale) comme sain aller retour qui met Jésus au centre (dans mes yeux, dans mon coeur, dans mains).
 Il faut s'en souvenir et mettre en place, comme le fait par exemple "Le Chemin Neuf" des structures de discernement et de vigilance qui évite tout débordements.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Apparition, GC1, p. 347
(2) Ibid. p. 348ss

21 mars 2016

La troisième dimension trinitaire - Urs von Balthasar

Je n'avais pas remarqué dans ma première lecture de la Trilogie cette expression de troisième dimension trinitaire qui a pourtant son sens. Je suppose qu'il appelle la première dimension, le temps de préparation et de pré-révélation du Verbe. La deuxième dimension étant l'incarnation. La troisième est pour lui "l'explicitation et l'intériorisation de la révélation du Logos par le Saint-Esprit. Mais celui-ci, capable d'expliciter la révélation en mode infiniment variés, est libre de se servir aussi des expériences archétypiques bibliques, pour manifester dans L'Église de tous les siècles, l'existence durable de la révélation - non comme passée, mais comme présente."
(1)

Je suppose que la troisième dimension commence sur le chemin d'Emmaüs, et que notre rôle de chrétien engagé est d'être instrument de cette dimension. Vivons donc la 3d ! A la lumière de la 1d et de la 2d.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, tome 1, Apparition, GC1, p. 344

18 mars 2016

Présence - Paul Claudel

Dieu nous appelle chacun dans l'être par un nom spécial et l'âme entend alors "ce nom essentiel que l'Amant divin imperceptiblement ne cesse à la fois de lui suggérer et de lui réclamer(1)". Qu'est-ce ? Probablement un "Je suis" mêlé d'un "Je t'aime", comme ce Samuel répété trois fois dans le Temple qui ne dis rien d'autre qu'un "Tu as du prix à mes yeux".

Qu'arrive t-il quand on perçoit l'appel ? Balthasar suggère l'arrivée "d'une bienheureuse‎ humiliation de n'être pas Dieu", de cette lumière qui inonde la créature"et de cette nourriture (...) à laquelle les créatures, comme un troupeau dans le brouillard, tendent d'instinct" (2). Mais il nous conduit plus loin, jusqu'à contempler cette nourriture même "qui a pour but d'accoutumer  notre être à vivre en Dieu par la descente du Verbe dans les sens (...) et même la substance" (3). "Notre chair a cessé d'être un obstacle, elle devient un moyen et un véhicule, elle a cessé d'être un voile, elle devient une appréhension" (4).
J'ajouterai, sur la pointe des pieds, elle devient danse, car cette incarnation du Verbe nous enseigne, à petits pas, la danse éternelle des anges.


(1) Paul Claudel, Présence et prophétie, 1942, p. 15-16
(2) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 339
(3) ibid p. 340.
(4) Paul Claudel, op. Cit  p. 55

Epiphanies de la vie quotidienne -Romano Guardini

Qu'est il resté du caractère épiphanique après que le Seigneur soit remonté se demande Romano Guardini ? Il ne répond qu'avec quelques exemples. Le visage d'Étienne, visage d'ange, la force de l'Esprit,...
Celui qui m'interpelle le plus est cette liturgie "dont le Christ attend que nous reconnaissons sa présence dans ses signes : le pain et le vin, l'eau du baptême". (2)

C'est peut être là que nos sens sont les plus mis en branle. Car quoi de plus incarné que l'eau, le pain, le vin. C'est là pourtant, au coeur de nos existences, dans ce qu'elle a de plus concrète que ce joue l'épiphanie la plus dérangeante. Car à la présence physique du pain que nous mangeons se joint cette réalité concrètement indiscutable du faire mémoire d'un don plus grand, tout aussi incarné d'un corps, sur le bois de la Croix, qui en se donnant à nous par le pain devient présence réelle. Ce que mon corps ressent dans la manducation du pain, rejoint ce que mon âme à manduqué à la table de la Parole et la circulation pneumatique des deux consommation induit en nous le désir et le manque d'une communion réelle et future avec Celui qui se donne, sur les deux tables.

(1) Romano Guardini, Les sens‎ et la connaissance de Dieu, Paris, Cerf, 1954, p. 90
(2) ibid. Cité in GC1 p. 333

Voir aussi une médiation sur le chemin de Croix en union de prière avec les victimes des attentats en Belgique : http://prierdieu.blogspot.fr

Archétypes et exemples - Karl Barth

La suite logique de la pensée Barthienne est que les personnages de la Bible n'y sont pas considérés comme des archétypes éthérés, mais comme des exemples. Cela peut être des pécheurs aveugles, qui ont "des yeux pour ne pas voir" ou d'autres qui au contraire perçoivent Dieu et ses témoignages. Ce sont des hommes "tous entiers qui perçoivent et qui pensent".  En ce sens, ils peuvent devenir "l'espace  ouvert dans lequel Dieu se rend présent dans ses témoignages et vient habiter. Alors la perception de l'homme, parvenue à son terme, est-elle même une pensée. Son corps se met au service de son âme (...) devient une vision et une audition accomplies"(1).
L'enjeu n'est donc pas de l'ordre de la pensée, mais de l'ordre du désir et de l'amour. Tout, étant foncièrement incarné se passe réellement "entre Lui et l'homme. Voilà pourquoi la Bible parle si anthropologiquement de la parole et de l'action, de sa venue et de son départ, de son"‎ agir, comme si tout cela "venait d'une créature semblable à l'homme" (2). "Dans cette perception et ce désir sensibles, l'homme s'élève au-dessus de lui-même et devient libre pour Dieu et par Dieu (3)".

En cheminant à côté d'eux se glissent aussi en nous le Verbe lui-même. En vivant, goûtant à leurs côtés à cette révélation possible d'un Dieu qui s'incarne et se fait anthropologiquement proche, nous sommes, nous aussi touchés dans nos désirs et dans nos manques, dans le réel de nos vies. Alors le Dieu de nos pères devient notre Dieu, alors nos images et nos projections se confortent au réel, Dieu se fait présent et nous pouvons accueillir, au bout de la route d'Emmaüs la fraction du pain d'un Christ qui a rejoint notre route, c'est fait explication et désir, et qui en disparaissant devient présence et manque, révélation et mystère, réel et futur.

(1) Karl Barth, op. Cit p. 485ss
(2) p. 487-499
(3) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 329

Être et sentir - Karl Barth

A la tentation mystique ou orientale de quitter le réel, Barth semble opposer une objection majeure :" je ne suis pas sans être en même temps mon corps"‎(1). A ce sujet, Balthasar considère la pensée de Barth comme "radicalement antiplatonicienne" (2) : "l'âme sans corps n'est pas l'âme, mais la simple possibilité d'une âme" (3).
Que tirer de cette affirmation qui rejoint d'ailleurs l'idée même de l'incarnation ?
Notre vie, not‎re agir ne pourront jamais être l'occasion de fuir le réel. Ce dernier est notre aujourd'hui et  le demeure. Nous avons à le vivre pleinement, jusque dans les méandres de notre chair, même si, d'une manière ou d'une autre, il faudra renoncer, un jour, non au réel, mais à notre maîtrise de lui, jusqu'à se laisser saisir par Dieu, être agis en lui. 

(1) Dogmatique de l'Église, III, 2, p. 450-452, tr. Fr. Ibid. p. 54
(2) GC1, p. 327
(3) Barth, ibid. p. 453

17 mars 2016

Savoir et sentir - Ignace de Loyola

On a souvent une quête de connaissance, y compris sur Dieu, qui nous pousse à creuser les choses de Dieu. Un précepte devrait néanmoins inspirer notre quête : "ce n'est pas l'abondance du savoir qui rassasie l'âme et la satisfait, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement" (1). 
Le chemin tracé par Ignace nous conduit à sentir un Christ incarné, jusqu'à voir "comment il parle et prêche, va et s'arrête (...) inscrire dans son coeur son attitude et ses actions"‎ (2).
Quel est l'enjeu sinon cette mimetai (imitation) dont nous parle Paul.

(1) Ignace de Loyola, exercice 2, cité in GC1, p. 317
(2) Ludolphe le Saxon, Vita Jesu Christian, n•11-12, Paris, Rigollot, 1870, p. 9