17 août 2016

Le bon pasteur

Plus que l'idée de l'ouvrier de la dernière heure qui nous font rêver dans nos élans de liberté, c'est la figure du Père qui pouvoit des pasteurs et des ouvriers pour sa vigne que nous sommes appelé à contempler aujourd'hui. 
Donnes nous Seigneur des hommes qui ne servent pas leurs intérêts mais le royaume....

" Tous ceux qui, à une foi droite, ont joint les bonnes œuvres ont été les ouvriers de cette vigne." (1)

Donne nous d'avancer sur tes chemins d'humilité.

(1) Saint Grégoire le Grand,  Homélies sur l'Évangile, n°19 (trad. Le Barroux).

06 août 2016

Ode à l'agir pour l'amour

La tentation serait de se contenter de reposer en Dieu de se remettre à son agir seul. Notre agir ne doit pas pour autant viser une utilité première, mais plutôt l'amour. Notre agir doit viser la véritable gratuité : celle qui perçoit que nous ne sommes que les "mains de Dieu".
"Le Christ a vécu sa vie non en vue d'une récompense, mais par amour" (1)

(1) Anonyme de Francfort, cité par Hans Urs von Balthasar GC7 p. 134

05 août 2016

Pierre


A contempler à l'aune des grands discours sur l'Eglise.
Un chemin d'humilité et de miséricorde...

"Il a fallu que Pierre, lui à qui l'Église devait être confiée, la colonne des Églises (Ga 2,9), le port de la foi, celui qui allait enseigner le monde entier, se montre faible et pécheur. Oui, vraiment, c'était pour qu'il puisse trouver dans sa faiblesse une raison d'exercer sa bonté envers les autres." (1)

(1) Saint Jean Chrysostome, ‎Homélie sur saint Pierre et saint Élie, 1 ; PG 50, 727 ‎

04 août 2016

Humilité de Dieu - Angèle de Foligno

A contempler :

L'éternelle "humilité de Dieu" rayonne avec une irrécusable clarté dans "l'humilité du Christ", dans sa pauvreté (...) sa douleur infinie "multiple, inexprimable et cachée" sur la Croix (...) douleur intolérable et continuelle" (...) " sans adoucissement"(1)

Angèle de Foligno, cité par Hans Urs von Balthasar, Gc7 p. 146‎-7

03 août 2016

Se laisser manger...

Dure condition humaine que de sentir Dieu nous échapper alors qu'on croit le saisir. Le chemin du désert, c'est aussi connaître Son silence qui creuse en nous le désir.

"Entrer dans le travail intérieur (1) qui consiste à laisser agir Dieu, ce travail qui, par-delà l'action et la passion, les embrasse toutes deux. Cette oeuvre correspond à la vie eucharistique de Jésus : manger Dieu et être mangé par Dieu, avoir comme nourriture la volonté divine et être soi même une nourriture pour Dieu (2)".

Plus encore, il nous faut aussi renoncer à l'idée d'imiter la souffrance du Christ, prendre conscience de la distance qui nous sépare de lui et nous placer en "un grand cercle" avec le Crucifié au centre, sans prétendre atteindre celui qui révèle l'amour le plus fort et le plus caché, dans une "insondable et mystérieuse nuit" jusqu'à sentir que la sagesse divine " se révèle parfaitement "dans la folie et la faiblesse de la Croix" et dans les "mystères de l'abandon souffrant et sacrifié"  (3).

Notre désert n'est en effet qu'un avant goût de la déréliction...


(1) Jean Tauler, Predigten 54 II 49
(2) 60c II 98-99, cité par Balthasar, GC7, p. 129
(3) GC7, p. 130, citant Henri Suso.


Un roman pour l'été - D'une perle à l'autre

Vient de paraître, la nouvelle version intégrale de ma saga à fort contenu théologique "D'une perle à l'autre". Un roman qui part de la vallée d'Avre en 1944 et explore la question de l'amour, du pardon, de l'Eglise, du respect de la personne et de la souffrance...

D'une perle à l'autre reprend en un tome les romans et nouvelles parues sous les titres de :
- Le pont des planches,
- Le cheval d'écume
- La perle
- Le vieil homme et la perle
- Le désir brisé
- La caresse de l'ange
- La danse des anges
- In Utero
et donne en bonus, "Le fruit du silence"...
Près de 700 pages pour occuper votre été...

Si vous préférez en petit morceau, chaque titre est sous Kindle...

02 août 2016

Dieu dans nos mains

"C'est dans notre activité que Dieu agit"(1). C'est dans notre silence que Dieu fait entendre son appel et nous invite à replonger dans notre origine. (..) quand l'homme se met en quête de Dieu, il y a bien longtemps que Dieu est en quête de lui. (2)

En lisant ces extraits de Jean Tauler, je repense à l'homélie entendue dimanche. Le jeune prêtre qui s'exprimait nous parlait d'un Dieu sans changement. Quel est le fondement scripturaire de son affirmation ? On y sent plutôt l'influence d'une doctrine grecque, probablement aristotélicienne ou néo thomiste. Elle a ses mérites mais conduit pour moi à un désert pastoral, car elle annonce un Dieu froid et juge, loin de la kénose intratrininitaire, de la circumincession des personnes divines et surtout de ce qui est probablement à ses yeux un anthropomorphisme : un‎ père qui se penche vers l'homme, un Christ serviteur, un esprit qui s'enfouit dans l'humanité pour le rejoindre et l'habiter.
Que Dieu soit éternel, fidèle et bon et son amour infini oui. Mais que l'amour divin soit sans changement, sans compassion ou sans miséricorde, j'ai du mal...

(1) Jean Tauler, Predigten n. 43 I 191
(2) n. 53 II 43, cité par Hans Urs von Balthasar, GC7 p. 127

01 août 2016

La surprise divine - 2


Écoutons à la suite de Spadaro,  saint Ignace sur ce thème.  Il nous faut considérer "Dieu présent dans toutes les créatures.  Il est dans les éléments (...) les plantes (...) les animaux (...), dans les hommes (...) Il est en moi-même de ces différentes manières,  me donnant tout à la fois l'être,  la vie, le sentiment et l'intelligence.  Il a fait plus : il a fait de moi son temple ; et dans cette vue, il m'a créé à la ressemblance et à l'image de sa divine Majesté" (Exercice spirituel,  235).
Chercher Dieu en toutes choses, completerai-je ne consiste pas temps à le croire en moi, qu'à le percevoir dans ce frère que je n'arrive pas à aimer. Alors, sa présence chez lui, comme reçue sacramentellement en moi, me fait tendre à l'inoui de Dieu,  cette irruption surprenante du bien en moi et en lui qui dépasse nos différences pour tracer un chemin d'unité. 

C'est là une vision dynamique,  en mouvement(2),  qui "parie sur la fertilité de la semence,  en triomphant de la tentation de hâter" (3) et nous appelle à protéger le bon grain en laissant aux anges la moisson de l'ivraie" (4).

(1) cité par Spadaro,  op. Cit p. 113
(2) p. 114
(3) p. 115
(4) Jorge Maria Bergoglio,  Disciplina e passione. Le sfide di oggi per chi deve educare, Milan, Bompiani, 2013, p. 42

31 juillet 2016

Dieu, l'éternelle surprise

Trouver Dieu dans l'aujourd'hui demande une attitude contemplative. Car trouver Dieu en toutes choses n'est pas "un eurêka empirique" (1), mais contempler Dieu comme premier, toujours premier,  "Un Dieu qui nous précède" (2), un Dieu qui se rencontre en marchant, non dans un relativisme indistinct, mais "comme une surprise.  On ne sais jamais où ni comment on le trouve, on ne peut pas fixer le temps ou les lieux où on Le rencontre (3).

Dieu est dans chaque homme. Il n'est pas dans une doctrine ou une contrainte, mais se révèle dans l'irruption du bien. "Même si la vie d'une personne est un terrain plein d'épines et de mauvaises herbes, c'est toujours un espace dans lequel la bonne graine peut pousser" (4). Tel est notre espérance,  celle d'un Dieu qui se révèle par surprise dans "Le bruit d'un fin silence" (1 R 19) dont nous avons montré qu'il pouvait être le cri de l'homme comme le chant des anges (5).

(1) Le pape François,  L'Église que j'espère,  entretien avec A. Spadaro, p. 107
(2) ibid. p. 108
(3) et (4) p. 109
(5) Cf. Humilité et miséricorde,  tome 1 p.109ss

30 juillet 2016

Un amour qui élargit


Comme le souligne bien Ronald D.  Whitherup (1),  l'appel de Paul à l'imiter peut paraître surprenant voir orgueilleux si ce dernier n'était ampli d'humilité et si surtout sa vie visait l'imitation du Christ (cf. notamment Ph. 3). Et en même temps, la contemplation de ses lettres poussent à entrer dans un amour plus large.

Saint Jean Chrysostome nous le fait remarquer avec justesse dans son commentaire de 2 Corinthiens : "Notre cœur s'est dilaté.De même que la chaleur produit un épanouissement, la charité a pour effet de dilater, car c'est une vertu chaude et ardente. C'est elle qui ouvrait la bouche de Paul et dilatait son cœur. « Je ne vous aime pas seulement en paroles », veut-il dire. « Mon cœur s'accorde avec ma bouche : je m'exprime donc en pleine liberté (...) » Il n'y avait rien de plus largement ouvert que le cœur de Paul. Il aimait ardemment tous les fidèles, comme si chacun était son préféré, sans laisser son affection se diviser ou s'affaiblir, mais en la faisant reposer tout entière sur chacun. Et qu'y a-t-il d'étonnant à ce qu'il ait eu un tel amour pour tous les fidèles, lui dont le cœur embrassait jusqu'aux infidèles de la terre entière ? C'est pourquoi il ne dit pas : « Je vous aime », mais ce qui est beaucoup plus éloquent: Notre bouche s'est ouverte, notre cœur s'est dilaté ; nous vous tenons tous au-dedans de nous, non pas d'une façon quelconque, mais de la façon la plus généreuse. Car celui qui est aimé se trouve parfaitement à l'aise dans le cœur de celui qui l'aime. C'est pourquoi saint Paul ajoute : Vous n'êtes pas à l'étroit chez nous, c'est dans vos cœurs que vous êtes à l'étroit. Vous voyez que son reproche est plein de délicatesse, comme il convient à ceux qui aiment vivement. Il ne dit pas : « Vous ne nous aimez pas », mais « Vous ne nous aimez pas dans la même mesure. » Car il ne veut pas les reprendre trop fortement. (...) On peut parfaitement voir combien son amour pour les fidèles est ardent, si l'on recueille ses propos dans chacune de ses lettres. Il dit aux Romains : J'ai un très vif désir de vous voir; j'ai souvent projeté de me rendre chez vous; il demande continuellement d'avoir enfin l'occasion de se rendre chez vous. Il dit aux Galates : Mes petits enfants que, dans les douleurs, j'enfante à nouveau. Aux Éphésiens : Je tombe à genoux en priant pour vous. Aux Philippiens : Quelle est notre espérance, notre joie, notre orgueil, sinon vous ? Et il disait que, dans sa captivité, il les portait dans son cœur. Aux Colossiens : Je veux que vous sachiez quel rude combat je mène pour vous et pour tant d'autres qui ne m'ont jamais vu personnellement, afin que vos cœurs soient encouragés. Aux Thessaloniciens :Comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons, ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l'Évangile, mais tout ce que nous sommes. (...)
Vous n'êtes pas à l'étroit chez nous, dit-il ici aux Corinthiens. Il ne dit pas seulement qu'il les aime, mais aussi qu'il est aimé d'eux, afin de les attirer davantage. Et il l'atteste lorsqu'il dit : Tite est venu nous faire part de votre vif désir, de vos larmes, de votre zèle." (2)

(1) cf. 101 questions,  op Cit.
(2) Saint Jean Chrysostome,  Homélie sur la deuxième lettre aux Corinthiens, source AELF



29 juillet 2016

La tentation raisonnante

"Celui qui veut éprouver Dieu doit éprouver tout dans l'Un et ne s'opposer à aucune souffrance, mais cela c'est le Christ", disait déjà Denys (1)‎. Cette phrase introduit un long développement de Balthasar sur l'évolution de la pensée rationnelle au delà de Jean Tauler et de ses pairs. Il y décrit la tentation de tout ramener à la raison au point de sortir Dieu pour y substituer "la transcendance impersonnelle de notre esprit".

On sent bien à ce stade le risque qui pointe de ne plus vouloir accepter l'inconnu de Dieu. Ce qui est inconcevable par l'homme ne peut être. Mais la tentation de tout raisonner laisse-t-elle une place au souffle divin ?

Nous entrons là dans l'ère moderne. Notre chemin n'est-il pas d'entendre cet ultime défi de l'orgueil humain qui veut refuser ce qu'il considère comme étant la faiblesse de la foi. Notre tâche est immense car l'écart entre Dieu et l'homme n'a cessé depuis de s'étendre. Pour. Le rejoindre  "Il faut une Église qui n'ai pas peur d'entrer dans leur nuit. Il faut une Église capable de les rencontrer sur leur chemin. Il faut une Église en mesure de se mêler à leurs conversations. Il faut une Église qui sache dialoguer avec ces disciples, qui quittent Jérusalem, errent sans but, seuls avec leur désenchantement, avec la désillusion d'un christianisme considéré comme un terrain stérile, infécond, incapable de générer du sens." (2)

(1) GC7 p. 124
(2) Pape François, discours à l'épiscopat brésilien à Rio le 27/7/2013, cité par Spadaro op. Cit p. 98



28 juillet 2016

Les limites de l'apathie

Nous continuons notre lecture du tome 7 de la Gloire et la Croix (GC7). Au delà de F. Suarez et Maître Eckhart, l'apathie chrétienne semble s'être affrontée au réel, à la souffrance, dans son irréductible réalité. Doit-on pour cela nier l'intérêt du chemin intérieur qui relativisait notre importance et nous rendait disponible à Dieu ?
L'erreur d'Eckhart semble être pour Balthasar dans l'excès. L'apathie peut conduire à l'indifférence à l'autre, à l'individualisme mystique. A l'autre bout du spectre, la souffrance peut aussi nous envahir au point de rejeter Dieu...

Le chemin est dans  l'entre- deux, et probablement dans un retour au centre qui ne rejette ni la souffrance ni la kénose.




27 juillet 2016

Au service de l'homme

Toujours à la recherche de pépites je ne peux que reproduire cette citation qui fait écho à cette belle image longuement commenté de Bonaventure, qui voit l'homme tenant une misérable amphore au milieu du fleuve de l'amour divin(1). Ici Jean de Ruysbroeck va plus loin :‎ "Dieu s'est mis humblement au service de l'homme, si courtoisement et fidèlement que le chrétien se sent toujours loin derrière Dieu pour la vénération et le service" (2). 

On s'approche là de la danse kénotique de Dieu vers l'homme, dont on retrouve des accents chez J. Moingt.

L'accent trinitaire est aussi présent puisque l'auteur évoque au delà du Christ offert "cette lumière éclatante et incompréhensible : auguste Trinité" qui investit de tout son éclat et aveugle tout oeil humain, tellement elle est insondable"  (...) tout "revigorant l'homme" (3) de sa présence. 
Élan mystique ? Consolation ? Je pencherai pour une simple contemplation de la grâce divine, qui survient quand on ne l'attend pas et donne à l'homme la force d'agir.

(1) cf GC2 et mon livre éponyme.
(2) Jean de Ruysbroeck, L'ornement des oeuvres spirituelles, I, 12, cité par Hans Urs von Balthasar, GC7 p. 139
(3) ibid.


Semences et miséricorde

La liturgie nous donne à contempler le beau texte du semeur. Sous la plume de saint Jean Chrysostome on y voit la mesure débordante et miséricordieuse de Dieu : "On aurait raison de faire des reproches à un cultivateur qui semait si largement... Mais quand il s'agit des choses de l'âme, la pierre peut être changée en une terre fertile, le chemin peut n'être pas foulé par tous les passants et devenir un champ fécond, les épines peuvent être arrachées et permettre aux grains de pousser en toute tranquillité. Si ce n'était pas possible, il n'aurait pas répandu son grain. Et si la transformation n'a pas lieu, ce n'est pas la faute du semeur, mais de ceux qui n'ont pas voulu se laisser changer. Le semeur a fait son travail. Si son grain a été gaspillé, l'auteur d'un si grand bienfait n'en est pas responsable."‎ (1)

(1) ‎Saint Jean Chrysostome, ‎Homélies sur Mt, 44 (trad. Véricel, L'Evangile commenté p. 138s) ‎

Face à la haine

On ne peut que penser à la clairvoyance du regretté René Girard, dans cette surenchère mimétique qui s'amplifie et montre jusqu'où la folie humaine peut conduire.  Plus que jamais le silence de la Croix semble être la meilleure réponse à la surenchère et au bruit.
Seul le souffrant, élevé sur le bois de la Croix, apparaît comme la solution à cette haine.