13 février 2017

Entre dans ta chambre

Intéressante mise en perspective de François Cassingena-Trévédy entre Mat 6 et Isaïe 26. "Entre dans ta chambre" est à voir comme une invitation à laisser entrer la circumincession divine, un Passage, "non plus une théophanie écrasant l'homme" (1), mais la douceur particulière de Jésus : "s'il passe sur moi, je ne Le vois pas et il glisse imperceptible" (Job 9. 11), "bruit d'un fin silence" dira Emmanuel Lévinas.


(1) François Cassingena-Trévédy, Pour toi quand tu pries, Vie monastique, n. 37, abbaye de Bellefontaine. P. 43

10 février 2017

Tradition ou traditions

Après un long développement sur la question des bibles en langues vernaculaires je note une intéressante distinction soulevée par O'Malley(1) au sujet de Trente entre la perception des traditions issues des premiers chrétiens et ce que l'on appèlerait à tort "La Tradition", un ensemble figé, une source sclérosée que l'on ne pourrait continuer à interpréter sous peine d'hérésie. Trente prone le pluriel... et ce pluriel des "traditions apostoliques" laissent à l'Esprit un champ de multiplication tout en donnant à penser.

Il n'est pas étonnant que dans la foulée il rejette le terme "sources" pour défendre celui de "canaux de communication"(2), car un canal n'arrête pas de déverser le dire de Dieu sans se figer dans le dit... pour reprendre la distinction que j'apprécie chez Lévinas(3)

(1) John W. O'Malley, Le concile de Trente, ce qui s'est vraiment passé, op. Cit. p. 124
(2) ibid. p. 123
(3) sans mentionner la sourate de la Caverne...

08 février 2017

Les mistrals gagnants - Anne-Dauphine Juilland

Un petit coin de ciel bleu dans l'univers médiatique que ce film tout en finesse qui nous emporte dans l'univers enchanté et en même temps grave voire douloureux de ces cinq enfants atteints de pathologies insupportables. On en sort plein d'espérance.  La vie est belle,  la vie est danse, et l'amour est plus fort que la mort.
Ces enfants ont en eux une vérité toute simple.
Dans la lignée de mes commentaires déjà postée sur les deux livres d'Anne-Dauphine Julliand, je vous invite à ce détour.
A voir, sans modération. En ce moment dans quelques salles parisiennes.

05 février 2017

Celui que Jésus aimait

Pourquoi Jean n'est-il pas nommé ?
Une place à prendre ? demande Claude Flipo (1). Ce n'est pas pour s'ajouter à la figure de l'évangile, explique-t-il, mais parce que le livre reste ouvert. "il faut continuer d'écrire, avec l'Esprit du Dieu vivant et sur des coeurs de chair, toutes ces choses que Jésus a faites..."

(1) p. 247

04 février 2017

Marie Madeleine et Gn2

Belle image que celle de Claude Flipo qui voit la rencontre de Jésus avec Marie Madeleine comme celle du premier jour du Paradis(1). Alors qu'en Gn 3 c'est Dieu qui cherche l'humain dans un "où es-tu ?" resté sans vrai réponse, c'est cette fois la femme qui cherche son Dieu. Plus qu'une allusion au Cantique des Cantiques, il y a là comme une conclusion et un chemin de contemplation. "Maintenant Seigneur tu peux laisser ton serviteur s'en aller en Paix, car mais yeux ont vu le salut..."

(1) cf. Op. Cit. p. 234

03 février 2017

La grâce à bon marché - Dietrich Bonhoeffer

Je dois être un grand naïf avec ma conception miséricordieuse d'un Dieu à genoux devant l'homme. Naïveté de croire que l'homme peut se laisser toucher par l'infinie bonté de Dieu, que la bouchée donnée à Judas va le faire changer d'avis...
Dietrich Bonhoeffer nous interpelle contre cette grâce à bon marché dans des termes qui m'interpellent : "la grâce à bon marché, c'est la grâce comme marchandise à brader, le pardon au rabais" (1). Claude Flipo renchérit "la grâce à bon marché, c'est la grâce sans l'obéissance, c'est la grâce sans la croix(2)". Bonhoeffer précise "la grâce coûte cher d'abord parce qu'elle a coûté cher à Dieu, parce que Dieu n'a pas trouvé que son Fils fut trop cher pour notre vie, mais qu'il l'a donné pour nous(3)".

À contempler peut-être pas comme une opposition mais comme une tension entre Croix et miséricorde, don et réception, morale et pastorale, Baptiste et le joueur de flûte ?

(1) Dietrich Bonhoeffer, Le prix de la grâce, Paris, Delachaux et Niestlé, 1962, cité par Flipo, ibid.
(2) Claude Flipo, ibid p. 211
(3) Dietrich Bonhoeffer, ibid.

02 février 2017

Le mal chez Hannah Arendt

La phrase citée dans La Croix du 1/2/17 ne cesse de faire écho en moi. " Le mal est un phénomène de surface. Nous résistons au mal en refusant de nous laisser submerger par la surface des choses. En nous arrêtant et en réfléchissant, c'est-à-dire en dépassant l'horizon du quotidien. Plus une personne est superficielle, plus elle est susceptible de céder au mal. C'est la banalité du mal."
Après le film et le reportage diffusé sur Arte sur Hannah Arendt le même jour (à voir en replay), on ne peut que s'interroger sur toutes ces petites superficialités qui nous empêchent d'aller au dela, de retrouver notre conscience intérieure perdue. À méditer.

01 février 2017

La pastorale des deux aveugles chez Marc

Entre la guérison difficile, en deux temps, d'un aveugle en Mc 8, 22 et celle de Bartimée en Mc 10, 46 il y à l'annonce de la Passion. Ce chemin difficile est celui de tout homme. C'est notre chemin. Il doit intégrer un temps de désert avant de monter vers Jérusalem à la suite de Jésus et doit passer, entre temps par la mort de nos désirs pour entre dans le plan de Dieu.
Pour vivre cet entre-deux et comprendre l'exigence que cela comporte, il faut du temps, un chemin de désert(1), "l'expérience de la fragilité humaine", le renoncement et "faire confiance à Jésus en cheminant à sa suite (2)".

(1) cf. mon travail éponyme
(2) Flipo, ibid p. 173

30 janvier 2017

Surin - la troisième voie

Entre un activisme où on se perd(1), une quête spirituelle authentique, il existe pour Surin une troisième voie, celle de ceux qui "ont rendu leur coeur libre par le dégagement de toutes choses, par l'amendement de leur vie, ayant déraciné tout orgueil, avarice et prétention humaine, ils rencontrent toutes choses et ne font rien que pour lui plaire" laissant le Seigneur libre d'agir en eux, puisqu'en tout leur intention et leur amour ne recherchent rien, que Dieu même (2).

(1) voir à ce sujet le dernier numéro de Projet
(2) Surin cité par Flipo, ibid. p. 166

28 janvier 2017

La barque de Solwenn - réédition

Vient de paraître sur Fnac.com / Kobo
une nouvelle édition numérique de ma trilogie "Le chant du large", un roman sur l'amour, la souffrance et l'espérance :
1) La barque de Solwenn (en téléchargement gratuit)
2) Maria et Elena
3) Le sourire de Nolwenn
Un roman qui se nourrit de mes recherches pastorales.

Le chant du large (texte intégral) est aussi disponible en version papier sur Amazon.fr, sous ce lien.

27 janvier 2017

Mère Térésa et l'Église

Je ne peux m'empêcher de citer cette anecdote reprise par Flipo (1): "un journaliste demanda un jour à mère Térésa : "que faudrait-il changer dans l'Église pour la réformer ?" Après in silence, elle le regarda et lui dit : "vous et moi !". Heureux, conclut Flipo celui qui, comme Simon-Pierre reconnaît sa propre faiblesse et renonce à sa suffisance".

Heureux celui qui reconnaît sa "docte ignorance", disait hier mon curé...

Bienheureuse humilité...
Chemin inaccessible à l'homme, mais grâce donnée par Dieu ?

(1) Claude Flipo, ibid. p. 117-8

25 janvier 2017

Jaïre, croire au delà de la mort

C'est probablement le plus grand acte de foi du NT nous dit Flipo que celui de se père ébranlé par la mort de sa fille de 12 ans. Et pourtant Jésus l'entraîne à sa suite. "Aie seulement la foi". Pourrons nous croire comme cet homme au coeur de l'adversité et de la souffrance. Le parallèle avec Thérèse de Lisieux fait par Flipo en page suivante est édifiant. Jusqu'ou Seigneur ?

(1) Claude Flipo, Hommes et Femmes du Nouveau Testament, cinquante portraits bibliques, ibid. p. 78.

24 janvier 2017

Centre et décentrement

Écouter est au coeur de notre vocation première. Elle est le préalable. "Ce qui définit l'homme (...) est qu'il est capable de comprendre que son Créateur et Seigneur s'adresse à lui (...) mais l'homme dès qu'il a pris conscience de sa liberté a préféré écouter une autre voix, celle de l'Adversaire, et se faire centre, plutôt que d'entrer en relation de louange et de service(1)", et se faisant de ce décentrer.

(1) Claude Flipo, ibid. p. 107

23 janvier 2017

La foi qui touche

Flipo(1) nous partage une phrase d'Augustin à propos de l'hémoroisse qui appelle un commentaire. Elle a touché Jésus par le coeur. Et nous, comment le touchons-nous. Je trouve qu'il devrait y avoir une méditation sur le fait de prendre Jésus dans sa main, pour accompagner le geste de réception, l'amplifier.

Mais peut-être que je donne trop la communion en paroisse et que ces bouches ouvertes manquent de charme... :)

(1) Claude Flipo Ibid p. 174

22 janvier 2017

Va chercher ton mari - Jn 4

Dans mon interprétation de ce dialogue avec la Samaritaine je m'attachais à la symbolique des 5 maris et du compagnon de cette femme y voyant le signe d'un manque affectif que l'arrivée de Jésus transformait et convertissait. Claude Flipo à une interprétation plus contextuelle et voit dans les cinq une allusion aux dieux de ce peuple d'immigrés voisins d'Israël (1). Une chose nous rapproche : "Le va chercher ton mari est un appel à une autre quête, celle du vrai Dieu. Il se base sur Osée 2 où le "ton Baal" devient "Ton Mari". Épousailles d'un autre niveau.

(1) Claude Flipo, ibid. p. 66