04 mai 2017

Voyage of Time -Terence Malik

Quand un film devient prière...
Malik a transformé l'essai...
À la différence de ses films précédents,  il entre dans le bruit d'un fin silence.
Dès les premières images,  on est subjugué...

A voir et revoir sans modération.
Voir la bande annonce : https://youtu.be/YlWe_YcBWDY

L'épée de l'infini - Kierkegaard

Elle crée en nous une faille béante qui entrouvre en notre coeur l'appel incessant de Dieu et nous dispose à le recevoir. Écoutons encore Cheng nous citer Kierkegaard :"pour qui l'homme est cet être dont la chair finie est transpercé par l'épée de l'infini. (...) la vraie vie est dans l'humble abandon à quelque chose de plus grand, de plus élevé, de plus infini que soi"(1), un abandon qui conduit à la vraie joie "indescriptible" au delà de tout bonheur futile.

(1) François Cheng, De l'âme, op cit. p. 79.

03 mai 2017

Le flair du peuple de Dieu - Pape François

Le peuple de Dieu a du "flair" nous rappelle Alphonse Borras, citant le pape Francois (1). Une expression qui traduit ce souci du pastoral qui prime sur l'idée, du réalisme plus grand que l'idéologie.
Le sens de la foi du peuple de Dieu est "éveillé et soutenu par l'Esprit de Vérité" (LG 12a), précise-t-il (2).

Bien sûr le peuple peut se tromper et c'est dans l'articulation et la respiration entre Parole, traditions et flair que souffle probablement l'Esprit...

Mais il y a là comme un contrepoids à une lecture trop figée de la Parole et des traditions, qui permet au souffle d'agir, de déplacer, de réveiller ce qui pourrait se statufier. C'est peut-être cela la dynamique à venir : voir dans le flair pastoral des baptisés une porte de sortie à un cléricalisme qui se meurt de son auto-référence. Il faut relire la lettre du pape au cardinal Ouellet qui insiste pour dire qu'avant d'être prêtre tout le monde est baptisé : "Personne n’a été baptisé prêtre ni évêque. Ils nous ont baptisés laïcs et c’est le signe indélébile que personne ne pourra jamais effacer. Cela nous fait du bien de nous rappeler que l’Église n’est pas une élite de prêtres, de personnes consacrées, d’évêques, mais que nous formons tous le saint peuple fidèle de Dieu(3)". Il nous faut  percevoir le souffle d'une communauté qui s'éveille et bouge dans le sens du bien.

En disant cela je ne critique en rien les efforts des ministres. Je défends plutôt une vision synodale qui sans nier la primauté voit dans le flair d'une communauté plus que les perceptions individuelles (4)

(1) Pape François, discours du 17 octobre 2015 : "le sensus fidei empêche une séparation rigide entre Ecclesia docens et Ecclesia discens, puisque le Troupeau possède aussi don propre flair pour discerner les nouvelles routes que le Seigneur ouvre à l'Église".
(2) Alphonse Borras, Quand les prêtres viennent à manquer, repères théologiques et canoniques en temps de précarité, Paris, Médiaspaul, 2017, p. 16
(3) Lettre du pape François au Cardinale Marc Ouellet du 19 mars 2016
(4) cf. sur ce thème mes développements dans Cette Eglise que je cherche à aimer.

02 mai 2017

L'incarnation du Verbe - Athanase

"Le Verbe s'est rendu présent en s'abaissant à cause de son amour pour nous, et il s'est manifesté à nous. 

Il a eu pitié de notre race, Il a eu compassion de notre faiblesse ; il a condescendu à notre corruption ; il n'a pas accepté que la mort domine sur nous ; il n'a pas voulu voir périr ce qui avait commencé, ni échouer ce que son Père avait accompli en créant les hommes. Il a donc pris un corps, et un corps qui n'est pas différent du nôtre. Car il ne voulait pas seulement être dans un corps, ou seulement se manifester. S'il avait voulu seulement se manifester, il aurait pu réaliser cette théophanie avec plus de puissance. Mais non : c'est notre corps qu'il a pris. ~

Dans le sein de la Vierge, il construisit pour lui-même le temple de son corps ; il en fit son instrument adapté, pour se faire connaître et pour y demeurer. Après avoir pris parmi nos corps un corps de même espèce, comme nous sommes tous soumis à la corruption de la mort, il le livra à la mort pour nous tous, et l'offrit à son père. Il a fait cela par amour pour les hommes." (1)

Sans commentaire

(1) Saint Athanase,  discours sur l'incarnation du Verbe,  source AELF

01 mai 2017

Lectures pastorales


Pour avis, mes "Lectures pastorales" sont devenues une longue saga qui compte maintenant une quinzaine de tomes, la plupart vendues à prix coûtant et publiés en "créative commons*" (parce que ces commentaires ne m'appartiennent pas et me dépassent)  :



1- A genoux devant l'homme, (Jean) 2012
2- Chemins de miséricorde, (Luc) 2013
3 - Chemins d'Eglise (Actes des apôtres)

4 - Serviteur de l'homme, kénose et diaconie (n°3 + lettres de Paul) 2014
5 - Sur les pas de Marc, 2015
6 - Sur les pas de Jean, 2015
7 - Chemins croisés (Matthieu), 2015
8 - Chemins d’Évangile (Recueil rassemblant les n° 2, 5, 6 et 7), 2015
9 - Le chemin du désert (de Gn et Ex à Mat 4 et Jn 21)
10 Nouveau testament commenté, tome 3 (autres lettres)

Elle intègre dans la même collection la trilogie "Humilité et miséricorde", 2016
11. L'humilité de Dieu, tome 1
12. Décentrement et communion, tome 2
13. Miséricorde, un chemin en Église, tome 3

Puis elles viennent d'être complétées par :
14 - Lire l'Ancien Testament, tome 1 - une lecture pastorale des livres d'Osée et de la Genèse, 2016
15 - Dieu n'est pas violent,  lire l'Ancien Testament, tome 2 (à partir des travaux publiés en 10,11 et 19)
16 - Chemins de prière, nouvelle édition - lire l'Ancien Testament, tome 3 (les psaumes)

Reste en préparation :
17 - Lectures pastorales (une version synthétique des tomes 14, 15 et une relecture du n°5).
18 - Une lecture pastorale des prophètes ?


* Libres de droits, ils sont reproductibles avec mentions de la source.
Les premiers tomes sont aussi disponibles en epub gratuits.

Discours du Pape François au Caire

Dans la suite des posts précédents il nous faut citer le discours de vendredi au Caire : "Dans le domaine du dialogue, spécialement interreligieux, nous sommes toujours appelés à marcher ensemble, convaincus que l'avenir de tous dépend aussi de la rencontre entre les religions et les cultures.
(...) Trois orientations fondamentales, si elles sont bien conjuguées, peuvent aider le dialogue : le devoir de l'identité, le courage de l'altérité et la sincérité des intentions. (...)
Dieu, qui aime la vie, ne se lasse d'aimer l'homme et c'est pourquoi il l'exhorte à s'opposer à la voie de la violence, comme présupposé fondamental de toute alliance sur la terre."
Refusant tout syncrétisme facile, le pape nous invite à progresser dans "
l'effort qui tend à instaurer une fraternité universelle".

À méditer

PS : lire bien sur l'intégrale sur Vatican.va
http://m.vatican.va/content/francescomobile/fr/speeches/2017/april/documents/papa-francesco_20170428_egitto-conferenza-pace.html

La vie partagée

Ce qui compte n'est pas de savoir, de pouvoir, de valoir, mais de partager la vie avec d'autres vies et de rester dans la faim et la soif du mystère de l'autre et de Dieu. ˆLe désir d'une vie ouverte en communion avec d'autres vies, dans une commune Présence où tout fait signe, où tout prend sens' (1)

(1) Cheng, op. Cit. p. 77

30 avril 2017

La danse de l'âme

Encore une citation ! "Le corps est le chantier de l'âme où l'esprit vient faire ses gammes"(1). Quelle vienne du XIIeme siècle ne réduit pas sa pertinence. Elle me fait penser à ce que j'écrivais il y a dix ans sur la danse trinitaire(2). Notre invitation est d'entrer tout entier dans cette danse de Dieu, qui a voulu, par l'incarnation du Fils nous conduire à percevoir l'enjeu de cette trinité intérieure image de la symbiose divine.

(1) Hildegarde de Bingen, citée par Cheng p. 50

29 avril 2017

Une âme ?

Bien sûr mon message précédent sur l'âme est caricatural comme l'est l'affirmation inverse qui à pourtant fait des dégâts : les femmes ont elles une âme ? Le risque de cette simplification est de réduire l'âme à la sensibilité alors que ce qui en fait le coeur est justement le lien entre l'âme et le divin...
L'âme est "une basse continue qui résonne en chacun de nous" disait Jacques de Bourbon Busset(1). Elle est reliée au "Souffle originel" précise Cheng.
La encore, je résonne avec le "bruit d'un fin silence" qui a marqué ma recherche. Quand l'esprit s'enferme dans sa raison, le souffle est ailleurs, il n'est pas dans le tonnerre ou le vent, mais dans ce souffle imprévisible qui nous conduit ailleurs.

(1) Cheng, ibid. p. 42

28 avril 2017

La tentation irénique du dialogue interreligieux

Il serait faut de croire que le dialogue est facile et que beaucoup de chose nous rapproche. S'il est possible de trouver des rayons de Vérité (Nostra Aetate 2) chez l'autre, il serait dangereux de croire que nous partageons le même socle commun que le Isha des musulmans est le même que le Jésus que nous venérons. Le dialogue demande autant humilité et écoute que compréhension de nos différences. Espérons que les impasses réciproques de nos fondamentalismes nous conduisent à trouver des lieux pour progresser vers l'Amour.
Il est temps d'aborder les choses de "manière moins naïve"(1), de "se regarder sans se compromettre"(2) et en même temps il faut faire un pas vers l'autre.

(1) Mgr Pontier, Lourdes 2007, cité par François Jourdain, Islam et Christianisme, comprendre les différences de fond, Vézelay, L'artilleur, 2015, p. 200
(2) Jean XXIII ibid. p. 201

Y a-t-il une âme masculine ?

La lecture de Cheng continue de m'inspirer... dans une simplification qu'il qualifie lui-même de "percutante"(1), il distingue "l'esprit yang masculin" de "l'âme ying féminin". Cela évoque pour moi cette phrase de Jean Paul II qui qualifiait les femmes de sentinelles de l'invisible. Il est possible que ce centre intérieur de l'émotion et des sens soit plus féminin. Bien sûr, en tant que masculin, je ne peux penser que je suis dépourvu d'âme. Mais c'est peut-être ce qu'il y a de plus sensible en moi qui me rapproche du féminin et me fait entrer en résonance avec cet univers pourtant inaccessible...

On pourra aussi relire sur ce point les propos de mon ami Christophe Gripon sur la sagesse (2)

(1) François Cheng, De l'âme, p. 41
(2) cf. Tag de 2016.

27 avril 2017

L'ombre mystérieuse - Le Clézio

Continuons dans les citations. Dans l'extase matérielle, Le Clézio parle de l'âme comme d'une "présence cachée, ombre mystérieuse qui est coulée dans le corps (...) signe de Dieu dans chaque corps". (1)

C'est là peut-être où la dynamique sacramentelle entre en jeu, en se connectant avec la grâce qui nous habite et la faire entrer en résonance avec nos "pensées, nos paroles et nos actes" (2) pour devenir signe efficace de la grâce que Dieu a coulé en nous par le baptême (3)

(1) Cité par François Cheng p. 45
(2) pour reprendre la prière d'Ignace de Loyola
(3) cf.tag sur Diadoque de Photicé

Face à la mort

Je poursuis la lecture de Cheng. Dans une confrontation avec un serpent mortel, il a pris conscience, dans sa jeunesse que la mort était là dans son champ de possible. Ce qui devient intéressant c'est que loin d'en tirer un pessimisme morbide, il y voit la possibilité d'une ouverture, "un désir de tendre vers l'au-delà, vers un Ouvert" qui rejoint "le Désir initial qui du Rien a fait advenir le Tout"(1)
A méditer à l'aune du pessimisme ambiant. Qu'est-ce que cet Ouvert ?

(1) op cit p. 35

25 avril 2017

Une nécessaire interprétation

"Il n'y a pas de transmission réelle de la foi sans interprétation" (1). C'est aussi la thèse dans "Dialogue avec Yasmina(2). La limite de l'islam est de bloquer l'interprétation et se tenir au par coeur. Or l'interprétation est le lieu même de l'appropriation par le lecteur du texte. "Comment traduire le langage chrétien pour qu'il soit porteur de révélation au sens fort, c'est-à-dire d'une parole intérieure qui coïncide avec une nouvelle possibilité d'existence ? La bonne traduction, ce n'est pas la transposition littérale du même contenu"(3), c'est pour moi la lecture spirituelle qui entre en résonance avec l'âme de l'écoutant et le conduit plus loin...

(1) Claude Geffré op. Cit. p. 53
(2) à paraître
(3) Geffré p. 54

De l'âme - François Cheng

Qu'il est beau de plonger un instant dans la quête de ce grand poète de l'intérieur(1) qui nous conduit, plus loin que "le dialogue de Tienyi" dans une quête visant à refaire émerger ce souffle intérieur que l'on oublie trop souvent, ce tressaillement de l'âme en nous qui nous appelle à plus d'être.
"Cette simplicité de l'âme, nous consacrons notre vie à l'acquérir, ou à la retrouver si nous l'avons connue, car c'est un don de l'enfance qui le plus souvent ne survit pas à l'enfance. Il faut très longtemps souffrir pour y rentrer, comme tout au bout de la nuit on retrouve une autre aurore..."(2)

(1) François Cheng, De l'âme, Albin Michel, 2016
(2) Bernanos, Blanche de la Force dans le dialogue des Carmélites cité par Cheng p. 28