Quelques milliers de notes et réflexions interactives sur la vie et la foi, à partir de lectures souvent théologiques et à la lumière d'un Autre... Petit "blog" catholique d'un apprenti théologien (Bac canonique), perdu dans l'immensité de la toile... (ordonné diacre en septembre 2018)...
05 février 2018
Une théologie à genoux - Veritatis Gaudium
L'expression « théologien à genoux » a été utilisée à ma connaissance par Ratzinger (Benoît XVI) lors de son Homélie à l'occasion des obsèques de Hans Urs von Balthasar. Elle ne me surprend pas dans la bouche du pape. Elle résonne avec ce que j'ai cherché à exprimer dans « à genoux devant l'homme ». Une théologie qui suit la théologie de Jn 13...
On la retouve chez Bonaventure « pour que nous parvenions à ce fruit et à ce terme directement en progressant par la route étroite des Écritures, il faut commencer par le commencement, c’est à dire accéder à une foi pure au Père des lumières en fléchissant les genoux de notre coeur afin que par son Fils, dans son Esprit-Saint, il nous donne la vraie la vraie connaissance de Jésus-Christ et, avec sa connnaissance son amour » (2).
(1) Pape François, Veritatis Gaudium n.3
(2) Bonaventure, Breviloqium, source Aelf, LDH, tome 4 p. 532
03 février 2018
Le conflit des interprétations
Je regrette que l'on ne prenne pas le sujet à bras le corps en pastorale. Mon livre « Dieu n'est pas violent » esquisse une réponse bien maladroite.
Le conflit des interprétations (sans allusion à ce qu'en dit Ricoeur) est prégnant. Peut-on avoir une lecture spirituelle de ce texte ? Est-ce la peste qui implique une lecture de Dieu ou Dieu qui envoie la peste ? Dieu est-il violent ?
J'ai aussi esquissé cette question dans "le mendiant et la brise"...
En attendant j'adhère à ce qu'en dit Christoph Théobald : Être à l'écoute de « l'imprévisible nouveauté de l'évangile et de ses destinataires infiniment diversifiés, et le courage de l'interprétation qui en découle ici et maintenant, en relation confiante avec les interprètes autorisés de l'Église » (1)
Tout un programme.
(1) Christoph Théobald, Donner un avenir à la théologie, Paris, Bayard, 2017 p. 60
Donner un avenir à la théologie - Christoph Théobald
(1) Christoph Théobald, Donner un avenir à la théologie, Paris, Bayard, 2017
01 février 2018
Le mendiant et la brise - Essai de dialogue islamo-chrétien
Et cette mise en situation nécessite une attention particulière puisqu'on est au cœur d'un dialogue islamo-chrétien. Sujet complexe dans le contexte actuel, mais qui ne peut être évacué d'un trait de plume.
C'est ce que j'essaye de développer dans ce nouveau petit opus, distribué gratuitement sur fnac.com ou publié en livre papier à petit prix sur Amazon.com (avec en bonus, le premier tome de la saga : "Le pont des planches").
La saga compte maintenant plus de 800 pages publiées en deux tomes ou 8 petites nouvelles séparées.
L’humilité chez Augustin
À méditer. Un chemin long et difficile...
(1) Saint Augustin, Traité sur l'Évangile de saint Jean 25, fin 15.16 (tr. alt. Tournay)
31 janvier 2018
Veritatis Gaudium - La joie de la Vérité - Pape François
«1. La joie de la vérité (Veritatis gaudium) exprime le désir poignant qui rend le cœur de tout homme inquiet tant qu'il ne trouve, n'habite et ne partage avec tous la Lumière de Dieu. La vérité, en effet, n'est pas une idée abstraite, mais c'est Jésus, le Verbe de Dieu en qui se trouve la Vie qui est la Lumière des hommes (cf. Jn 1, 4), le Fils de Dieu qui est en même temps Fils de l'Homme. Lui seul « dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation » (1)
Amusante coïncidence, je commence la lecture de « Donner un avenir à la théologie » de Christoph Théobald, acheté dimanche au Bec Hellouin. Je tenterai de vous partager les correspondantves entre ces deux auteurs jésuites :-)
30 janvier 2018
Madeleine Delbrêl - En chemin vers la sainteté
Les vases communiquants - Eclats d’Evangile, Marion Muller-Collard
A trop vouloir prendre la place, nous n'en laissons plus à Dieu et inversement s'il se fait petit et fragile, c'est pour que nous trouvions en nous la force de l'imiter. C'est bien une tension théologique qui est en jeu ici. A nous de contempler la tripe kénose trinitaire pour percevoir l'abaissement et l'enfouissement de Dieu en nous qui nous introduit dans sa danse.
(1) Marion Muller-Collard, Éclats d'Evangile, Paris, Bayard, 2017 p.22
21 janvier 2018
Dieu flagellé et fragile
"Jésus, à cette heure de la journée tu as été flagellé pour moi, couronné d'épines, abreuvé pitoyablement de souffrances. Tu es mon vrai roi, hors de toi je ne connais personne. Tu t'es fait l'opprobre des hommes, abject et repoussant comme un lépreux (Is 53,3) jusqu'à ce que la Judée refuse de te reconnaître comme son roi (Jn 19,14-15). Par ta grâce, que moi au moins je te reconnaisse comme mon roi ! Mon Dieu, donne-moi cet innocent, si tendrement aimé, mon Jésus" (1)
La contemplation d’un Dieu fragile n’a d’autre finalité que de percevoir l’immensité de son amour, notre liberté et le chemin qui s’ouvre à nous, loin de toute quête de pouvoir ou d’orgueuil.
(1) Sainte Gertrude d'Helfta (1256-1301), moniale bénédictine
15 janvier 2018
Faire de notre vie une danse spirituelle
(1) Clément d'Alexandrie, cité par Claude Ollivier Le Pélerin, 4/4/1982
La maternité comme vocation
Le plus intéressant dans son analyse est de souligner que la maternité est souvent une élection et donc la réponse à une vocation qui dépasse et élève la femme au rang de co-créatrice. Cette particularité donne à la femme une place privilégiée dans l'économie du salut. Certes la maternité n'est pas donnée à toutes et la paternité n'est pas exclue de ce mouvement, mais reconnaître l'appel, c'est entendre là une dimension spéciale et essentielle devant laquelle, nous, les hommes devons être à genoux.
Au delà de cette particularité, il nous reste à changer notre regard, faire amende honorable et tout faire pour que le rejet de la femme dans l'Église laisse place à une saine harmonie ou nos complémentarités font grandir la sainteté et l'unité du peuple des baptisés, prêtres, prophètes et rois.
En donnant une vraie place à la femme, l'Église sera signe de sa pleine humanité.
(1) Lucetta Scarafia, Contre le génie féminin, Etudes n. 4238, mai 2017, p. 75sq
11 janvier 2018
Dieu fragile et caresse divine - Saint Jean de la Croix
« Ô touche délicate, Verbe Fils de Dieu, tu pénètres subtilement notre âme par la délicatesse de ton être divin ; tu la touches si délicatement que tu l'absorbes toute entière en toi, d'une manière si divine et si douce « qu'on n'en a jamais entendu parler en Canaan, qu'on ne l'a jamais vu au pays de Témân » (Ba 3,22). Ô touche délicate du Verbe, d'autant plus délicate à mon égard qu'ayant renversé les montagnes et brisé les rochers de la montagne de l'Horeb par l'ombre de ta puissance qui allait devant toi, tu t'es fait sentir si doucement, si fortement au prophète Élie « dans le délicat murmure de l'air » (1R 19,12). Comment es-tu brise légère et subtile ? Dis-moi comment tu touches si légèrement et si délicatement, ô Verbe, Fils de Dieu, toi qui es si puissant et si terrible ? Heureuse, mille fois heureuse l'âme que tu touches si délicatement ! ... « Tu les caches dans le secret de la face, c'est-à-dire ton Verbe, ton Fils, à l'abri du trouble des hommes. » (Ps 30,21) » (1)
(1) Saint Jean de la Croix (1542-1591), La Vive Flamme d'amour, strophe 2 (trad. Grégoire de Saint Joseph, Seuil 1947,1995, rev Tournay) source Évangile au quotidien
07 janvier 2018
Le signe d'un Dieu fragile
A la suite du post précédent je découvre cet hymne de l'épiphanie dans la prière des laudes :
Plus de signe dans la nuit,
L’étoile est morte.
Mais Dieu, là, dans son Enfant
Donné au monde.
Jésus Christ est révélé
Au cœur de l’homme.
Plus de voix venue du ciel
Quand Jean baptise.
Mais Jésus, Dieu reconnu
Dans sa Parole,
Quand lui-même la redit
Au cœur de l’homme.
Plus de jarres où réveiller
La joie des noces.
Mais du vin changé en sang.
Nouveau prodige !
Dieu, notre hôte en Jésus Christ
Au cœur de l’homme.(1)
La révélation d'un Dieu fragile ?
(1) Source AELF
Une épiphanie de lumière
L'étoile des mages est le signe dressé pour nous conduire à la lumineuse révélation d'un Dieu fragile. "Cette étoile nous invite toujours à suivre cet exemple d'obéissance et à nous soumettre, autant que nous le pouvons, à cette grâce qui attire tous les hommes vers le Christ.(...)Dans cette recherche, mes bien-aimés, vous devez tous vous entraider afin de parvenir au royaume de Dieu par la foi droite et les bonnes actions, et d'y resplendir comme des fils de lumière" (1)
A contempler
(1) Saint Léon le grand, Sermon sur l'épiphanie
06 janvier 2018
Fragilité et tressaillement -Jean louis Chrétien
On y découvre que le concept de fragilité est méconnu alors qu'il est plus positif que celui de faiblesse.
Aurais-je dû appeler mon livre éponyme «Un Dieu fragile » au lieu d'un « Dieu de faiblesse » ?
Écoutons Elodie Maurot sur ce thème : « saint Ambroise, [souligne] que « le Seigneur et créateur a assumé la fragilité de notre corps ». « Dans cette lumière neuve, la fragilité, sans être abolie, ce qu'elle ne sera qu'à la résurrection, peut être, non seulement fortifiée, mais véritablement transfigurée », analyse Jean-Louis Chrétien.
Chez Augustin, la fragilité ouvre au dynamisme : « Ayez à l'esprit, mes frères, la fragilité humaine : courez tant que vous vivez, afin de vivre ; courez tant que vous vivez, afin de ne pas mourir vraiment », écrit l'évêque d'Hippone.
Tout l'intérêt de l'ouvrage de Jean-Louis Chrétien est de montrer la richesse de ce thème intemporel, (...) . La fragilité apparaît même plus intéressante que l'idée de faiblesse, terme « négatif »,désignant « un manque, une absence, une privation » (de force). La fragilité a, elle, un « caractère positif ». Porteuse d'une ligne de faille ou de rupture, elle constitue potentiellement une ouverture. » (1)
Chemin d'espérance ? Elle rejoint en tout cas ce que je viens de publier sur le tressaillement dans « Le mendiant et la brise »
(1) La Croix du jeudi 4 janvier 2018 p.14