13 février 2019

Au fil de Marc 7,14-23 - pureté intérieure

« Rien de ce qui est extérieur à l'homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui rend l'homme impur. (...)
Car c'est du dedans, du cœur de l'homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.
Tout ce mal vient du dedans, et rend l'homme impur. » Marc. 7, 15 sq, Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Au cœur de nos vies, de notre agir, ou de nos paresses, nous devons bien reconnaître quelques un de ces désordres et ces débordements qui nous dépassent. Comment lutter face à ces adhérences au mal, à nos tentations de pouvoir sur autrui, d'avoir ou de valoir... pour reprendre la trilogie johannique (1 Jean 2, 16) des désordres du cœur ?

Il nous faut passer par le silence pour prendre conscience de tout cela, méditer sur nous-mêmes et se laisser 'pousser au désert' (cf. Osée 2)

« Dieu, crée pour moi un cœur pur » (Ps 50,12)
« Où est-ce que notre fragilité peut trouver repos, sécurité [et guérison intérieure] sinon dans les plaies du Sauveur ? J'y demeure avec d'autant plus de confiance que sa force pour me sauver est plus grande. Le monde chancelle, le corps pèse de tout son poids, le diable tend ses pièges : je ne tombe pas car je suis établi sur un roc solide... Ce qui me manque par ma faute, je le prends avec confiance dans les entrailles miséricordieuses du Seigneur, parce que son corps est percé d'assez d'ouvertures pour que tout son amour se répande.
Ils ont percé ses mains et ses pieds et, d'un coup de lance, son côté (Jn 19,34). Par ces trous béants, je peux goûter le miel de ce roc (Ps 80,17) et l'huile qui coule de la pierre très dure, c'est à dire voir et goûter la douceur du Seigneur (Ps 33,9). Il formait des pensées de paix et je ne le savais pas (cf Jr 29,11)... Mais le clou qui pénètre en lui est devenu pour moi une clef qui m'ouvre le mystère de ses desseins. Comment ne pas voir à travers ces ouvertures ? Les clous et les plaies crient que vraiment, en la personne du Christ, Dieu se réconcilie le monde (2Co 5,19). Le fer a transpercé son être et touché son cœur, afin qu'il sache compatir à ma nature vulnérable. Le secret de son cœur paraît à nu dans les plaies de son corps : on voit à découvert ce mystère de bonté infinie, cette « tendresse du cœur de notre Dieu par laquelle le Soleil est venu nous visiter d'en haut » (Lc 1,78). Comment ce cœur ne serait-il pas manifesté par ces plaies ? Comment montrer plus clairement que par tes plaies que toi, Seigneur, tu es doux et compatissant et d'une grande miséricorde ? Car il n'y a pas de plus grande compassion que de donner sa vie pour ceux qui sont voués à la mort (cf Jn 15,13).(1)

(1) Saint Bernard, Sermons sur le Cantique des Cantiques, n°61, 3 (trad. Œuvres mystiques, Seuil 1953, p. 630 rev.), source : l'Évangile au Quotidien

Au fil de Marc 6, 53sq - Jésus guérisseur

« Tous ceux qui le touchèrent étaient sauvés »

« Non seulement il confère à sa parole le pouvoir de ressusciter les morts, mais encore, pour montrer que son corps est vivifiant, il touche les morts, et par sa chair il fait passer la vie dans leurs cadavres. Si le seul contact de sa chair sacrée rend la vie à un corps qui se décompose, quel profit ne trouverons-nous pas à son eucharistie vivifiante quand nous ferons d'elle notre nourriture ? Elle transformera totalement en son bien propre, qui est l'immortalité, ceux qui y auront participé » (1)

(1) Saint Cyrille d'Alexandrie, Commentaire sur l'évangile de Jean, 4

11 février 2019

L’amour est en toi - 28 - Sainte Thérèse d’Avila

« c'est un échange d'amour si suave (...) des ravissements si grands, que je ne pouvais y résister même en présence des autres... » (1)

(1) Sainte Thérèse d'Avila, cité par Christophe Gripon, Les portes du ciel, Chemin de vie spirituelle vers la Sagesse, Paris, Médiaspaul, 2018, p. 114

L’amour est en toi - 27 - Sainte Élisabeth de la Trinité

« je sens tant d'amour sur mon âme ! C'est comme un océan en lequel je me plonge, je me perds. (...) Il est en moi, je suis en lui, je n'ai qu'à l'aimer, qu'à me laisser aimer et cela tout le temps, à travers toutes choses s'éveiller dans l'amour, se mouvoir dans l'amour, d'endormir dans l'amour, l'âme en son âme, le coeur en son coeur ». (1)

Un amour sans bornes à contempler.

(1) Sainte Élisabeth de la Trinité, cité dans l'excellent ouvrage de Christophe Gripon, Les portes du ciel, Chemin de vie spirituelle vers la Sagesse, Paris, Médiaspaul, 2018, p. 109

08 février 2019

Au fil de Gn 1, 1-19 et de Marc 6, 53-56 Discerner entre ce qui est de l'ordre du bien et du mal

Pistes de réflexion pour une homélie lundi 11/2/19 à Saint Philippe 

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Introduction 
Comment trouver sa voie au sein du chaos ? Certains d’entre-vous on peut-être entendu la conférence de mercredi dernier dans cette Église. Elle m’a laissé rêveur sur ma capacité à trouver ma voie dans mon univers professionnel. Comment distinguer en effet dans le tourbillon de nos vies le chemin d’un chrétien ?

Plan 
Contemplation de Marc 5
Puis de Gn 1
Cheminement éthique
Discernement 


A - Contemplation de Marc 5
L’Évangile d’aujourd’hui rejoint ce que beaucoup d’entre nous ont fêté hier : la journée des malades. On peut le lire sous l’angle historique et contempler Jésus guérisseur. On peut aussi le lire sous forme de lecture spirituelle comme une invitation à voir comment Jésus nous sauve.  Il y a, en effet, comme une vision du Paradis dans cet Évangile. Jésus à traversé la mort et le voilà qu’il sauve tous ceux qui ont été touchés par lui.
Ne sommes-nous pas là dans une contemplation du Dieu sauveur ? 
Cela fait le lien avec la lecture que nous entamons cette semaine de Gn. la première  lecture introduit en effet deux clés de contemplation :  
  1. L’esprit planait sur les eaux. 
  2. Dieu nous donne la lumière dans les ténèbres 
Peut-être est-ce ce que nous pouvons méditer aujourd’hui 
C’est l’Esprit qui fait la différence entre le bien et le mal. Notre aptitude à sortir du chaos vient de lui. Dieu nous guérit de nos adhérences intérieures au mal par le discernement. Mais Ce discernement ne s’acquiert pas tout seul.

Il demande une prise de distance
Quel discernement ?

B - méditation 
On distingue 3 types de discernement :
  1. Le discernement pratique qui nous permet de choisir le choix le moins mauvais
  2. discernement éthique:, fondement de la morale...
Avec plusieurs variantes : 
  1. éthique à Nicomaque : qui nous conduit à la tempérance au sein de la société 
  2. La recherche du bien commun (st thomas)
  3. Celle d’une plus grande fraternité (Spinoza ?)
  4. Celle qui comme le souligne Emmanuel Lévinas nous interpelle sur autrui
Tout cela doit néanmoins se nourrir d’un discernement spirituel de type ignatien.(1)
Un temps de désert...pour écouter Dieu parler à notre conscience 
L’enjeu c’est l’humain dans nos vies, notre place dans la création et le plan de Dieu, c’est d’être au service de l’humanité.
On en vient à la règle d’or : 
2 versions : 
  1. ne pas faire aux autres...ce que l’on ne veux pas pour nous 
  2. règle d’or positive que l’on trouve dans Mat 7 et Luc 6 : fait aux autres ce que tu voudrais qu’il fasse pour toi...

Quelle activation pratique ?
C’est ce que notre groupe de réflexion cherchera à découvrir chaque mercredi de carême au fond de cette Eglise de Saint Philippe du Roule à 12;30 autour du texte de notre pape Gaudate et exultate. Je vous invite à nous y rejoindre.
Nous ne pouvons avancer seul sur le chemin de la foi  ! 

Pour que ces dons que Dieu nous fait porte des fruits, il nous faut les partager, les mettre en commun, et peut-être les dépenser sans compter au profit de nos Frères. Alors nous deviendrons des véritables instruments du Dieu sauveur.

(1) d'après une Conférence d'Etienne Perrot, s.j. à Notre Dame de Pentecôte le 7/2/19

05 février 2019

Les larmes du Père - 5 - au pied de la Croix

"Plus grandit le sérieux de la participation à la passion du Seigneur plus grandit aussi la conscience de la différence. Le Seigneur souffre comme un innocent; je souffre, mais comme coupable de souffrance" (1)

La vision de la Croix, comme la contemplation des larmes du père ne doit pas conduire pour autant à une culpabilité malsaine qui nous vient du diviseur. Elle est cette épée tranchante qui nous libère de nos adhérences au mal. Elle nous fait grandir et progresser vers l'espérance de notre salut.

Et dans l'accomplissement final de l'incarnation kénotique du Fils, dans la contemplation de cet aboutissement qui devient révélation de l'amour infini de Dieu, je trouve enfin poindre la joie de croire que Dieu est plus grand que la haine, que l'amour me relève et me rend enfin digne, par sa miséricorde, de m'approcher de lui, même si ma tentation toute pétrinienne est de fuir.

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 273

04 février 2019

Au fil de Marc 5 - légion

La guérison du possédé est racontée avec de grandes différences chez les évangélistes synoptiques, ce qui pour l’exegète John P. Meier suscite une difficulté historique et classe le texte dans l’ordre de la méditation spirituelle. Raison de plus pour prendre de la distance et vorace que cela dit pour nous.
Ne sommes nous pas, nous aussi, enchaînés au monde, tiraillés par ces milliers d'adhérences et d'addiction ?
Et pourtant Seigneur, Tu t'agenouilles pour nous relever. Tu t'abaisses pour nous redresser, tu te penches vers nous, nous libère et fait de nous des témoins.
Louange au Dieu sauveur.

03 février 2019

Au fil de Luc 4, 21sq Jésus à Nazareth - Saint Augustin

En guise de corrigé de mon homélie...

« Passant au milieu d'eux, il allait son chemin »
Un médecin est venu parmi nous pour nous rendre la santé : notre Seigneur Jésus Christ. Il a trouvé la cécité dans notre cœur, et il a promis la lumière « que personne n'a vue de ses yeux, que personne n'a entendue de ses oreilles, que le cœur de l'homme n'a pas imaginée » (1Co 2,9).
L'humilité de Jésus Christ est le remède à ton orgueil. Ne te moque pas de ce qui te donnera la guérison ; sois humble, toi pour qui Dieu s'est fait humble. En effet, il savait que le remède de l'humilité te guérirait, lui qui connaît bien ta maladie et sait comment la guérir. Tandis que tu ne pouvais pas courir chez le médecin, le médecin en personne est venu chez toi... Il vient, il veut te secourir, il sait ce dont tu as besoin.
Dieu est venu avec l'humilité pour que l'homme puisse justement l'imiter ; s'il était resté au-dessus de toi, comment aurais-tu pu l'imiter ? Et, sans l'imiter, comment pourrais-tu être guéri ? Il est venu avec humilité, car il connaissait la nature du médicament qu'il devait t'administrer : un peu amère, certes, mais salutaire. Et toi, tu continues à te moquer de lui, lui qui te tend la coupe, et tu te dis : « Mais quel genre de Dieu est-il, mon Dieu ? Il est né, il a souffert, il a été couvert de crachats, couronné d'épines, cloué sur la croix ! » Âme malheureuse ! Tu vois l'humilité du médecin et tu ne vois pas le cancer de ton orgueil, c'est pourquoi l'humilité ne te plaît pas...
Il arrive souvent que les malades mentaux finissent par battre leur médecin. Dans ce cas, le médecin miséricordieux non seulement ne se fâche pas contre celui qui l'a frappé, mais il tente de le soigner... Notre médecin, lui, n'a pas craint d'être tué par des malades atteints de folie : il a fait de sa propre mort un remède pour eux. En effet, il est mort et ressuscité.

(1) Saint Augustin, Sermon Delbeau 61, 14-18 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 2, p. 343 rev.), source Évangile au quotidien 

Création et accomplissement

« La création toute entière et l'homme en particulier ne sont-ils pas créés et disposés en vue du Christ ? Et celui-ci en tant qu'il achève le cosmos, en tant qu'il est la plénitude divine insérée dans le cosmos et remplissant le ciel et la terre, et la tête qui récapitule en lui [l'univers]. »(1)

A l'heure où je prépare mon homélie de Dimanche ce texte me semble un bon résumé sur l'implication de la Parole d'Isaie prononcée par le Christ. « c'est aujourd'hui que cette Parole s'accomplit ».

Le mot accompli est prononcé plusieurs fois par le Christ et notamment au début et à la « fin » de son ministère englobant une vie et une mort pour l'homme. N'est-ce pas ce que nous pouvons contempler ?

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 237

Les larmes du Père - 4

Croire en la souffrance du Père, c'est croire en sa miséricorde. Peut-on oser prononcer pour autant prononcer les phrases du cardinal Bona ? : "En toi, Seigneur, j'ai espéré, dans l'éternité je ne serai pas confondu. Et quand bien même un ange du ciel m'assurerait que je suis chassé de ta présence, je ne le croirais pas. Et quand bien même toi, Dieu suprême, me dirait: je t'ai damné pour l'éternité, je ne voudrais pas entendre tes paroles. Pardonne moi, Seigneur: sur ce point, je ne te croirais pas, car (...) j'espérerais pourtant toujours en Toi" (1)
Il faut pour cela avancer et persévérer dans notre foi.

Précisons pour être objectif qu’Hans Urs von Balthasar ajoute “dans la foi vivante, je ne peux au fond jamais croire qu’a ma propre damnation; pour le prochain, la lumière de la résurrection ne peux pas s’obscurcir à mes yeux, au point que je pourrais ou devrais cesser d’espérer pour lui.” (2)

(1) Cal Bona, Via compendii ad Deum, c. 12, decas 9, cité par Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 271
(2) ibid. p. 271-2

01 février 2019

Les larmes du Père - 3

Si j'avais du temps et de l'énergie je reprendrais la plume sur ce thème.
Même si l'expression est anthropomorphique, il y a sur ce sujet beaucoup à contempler, depuis un Dieu qui se lamente sur Adam, trompé par le serpent, qui pleure la mort d'Abel le Juste et la folie de Caïn, d'un Père qui déplore la violence humaine et sa folie des grandeurs.
Combien de larmes ne cessent-ils de verser depuis qu'il a conçu le monde ? Quand on comprend le temps qu'il a mis pour ciseler une plante, un oiseau ou la fragile rondeur d'une épaule d'enfant, on doit percevoir que ses larmes salées ont remplis déjà les océans et que la neige de ses silences couvrent les hauteurs des monts. Il est souffrance, parce qu'il est amour. Et ses entrailles se serrent encore à chaque fois que la création détourne le projet il y avait du monde.
Si le Christ nous raconte l'histoire du Vigneron et de sa vigne, il nous cache par pudeur les larmes du Père, sans ignorer celle qu'il versera quand il sera en Croix.
On peut même aller jusqu'à contempler dans le sang et l'eau qui jaillit du cœur blessé du Christ, l'excès de larmes que verse le Père malgré le silence qu'il s'impose devant cette amour donné et abandonné.

La tradition n'a pas tort de considérer que cette eau jaillissant n'est autre que le don de l'esprit fait au monde. Mais je me rêve à croire qu'il y a plus qu'un don. Le fleuve jaillissant du cœur du Christ est infini à la hauteur de l'amour du père.

Que dire des larmes qu'Il verse encore à chaque fois que nous refusons d'entendre son cri, que nous passons à côté de sa Parole, que nous négligeons nos frères, que nous oublions d'être amour, à la mesure de son Amour.

Passer à côté de la souffrance de Dieu, c'est négliger une part essentielle de son amour, c'est refuser de voir à quel point il souffre de nos hésitations, de nos renoncements et de tout nos silences.

Au fil de Luc 4, 21-30, le prophète ou les larmes de Dieu - Homélie du 4ème dimanche du Temps Ordinaire

Projet pour le 3/2/19 - version 4
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Avez-vous déjà perçu les larmes de Dieu ? prenons le risque d’une métaphore humaine et poétique : si nous écoutions la pluie, comme le signe d'un Dieu qui pleure ? Ou la neige, comme le silence de Dieu souffrant.
Est-ce que nous entendons la souffrance du Dieu trinitaire (1), depuis le cri qu'il lance à l'homme dans le jardin d'Eden, jusqu'au cri du Christ en croix ? 
« Où es-tu ? », dit-il à Adam (Gn 3) - J’ai soif [de toi] (2), lance-t-il en Croix (Jean 19, 28, (cf. mon livre éponyme)

Les textes que nous avons entendus ce 4ème dimanche du temps ordinaire, nous dévoile la fonction du prophète. Ils font à leur manière résonner la parabole des vignerons homicides qui tuent les envoyés du maître...
Qui est le prophète ? N’est-ce pas celui qui nous fait part de la désolation de Dieu. Dans la première lecture, Dieu lui demande de revêtir sa ceinture (Jérémie 1), une ceinture bien fragile (cf. Jer 13 sq). De la même façon, par une allusion à Élie, Jésus nous conduit dans l'évangile sur les pas du grand prophète jusqu'à Sarepta, (cf. 1 Rois 17, 9 sq) retrouver la veuve qui n'a plus rien et qui s'apprête à mourir avec son fils. 
Quel est l'enjeu, sinon que Dieu as entendu son cri, loin de l'indifférence de son peuple, qui dans son opulence, n'entend plus Ses appels.

Par ce récit (Luc 4) , Jésus nous fait entendre sa désolation et les larmes qu'il verse sur son village natal incapable de reconnaître sa fonction de prophète. 
C'est au sein de cette tension que deux clés se révèlent. Deux clés qui nous conduisent à une contemplation et une méditation.

1ère clé 
Nous avons entendu déjà, la semaine dernière, le début du texte. Il s'est arrêté, sur la notion d'accomplissement, aujourd'hui nous allons un peu plus loin. 

Je vous propose de contempler encore cette notion d'accomplissement, de la « manduquer » dans un premier temps, avant de méditer sur la deuxième lecture et sur ce qu'elle me dit de l'amour de Dieu.

Premier temps - contemplation.
L'accomplissement, ce que le Christ  me dit comme accompli, se tend dans les évangiles entre cette affirmation de Jésus à Nazareth et ce « tout est accompli » qu'il prononce sur sa croix.
Savez vous combien de fois le mot accompli est cité dans l'évangile ?
En fait on le trouve une petite vingtaine de fois dans l'évangile, mais ce qui est frappant, c'est que c'est l'un des premiers mots de Jésus dans Luc et le dernier dans Jean. Tout est accompli. C'est peut-être cela que nous avons à contempler aujourd'hui. Un Dieu qui fait tout pour l’homme, jusqu’à donner son Fils et qui pleure sur son Amour rejeté par l’homme.
C'est néanmoins dans cette tension entre le début et la fin de son ministère, que Jésus va tenter de d’aller plus loin, de révéler la hauteur de l'amour de Dieu et en meme temps sa souffrance de n’être  pas entendu. 

La deuxième clé est enchâssée dans la première : cet amour infini de Dieu qui cherche à se révéler.

C'est cet amour de Dieu que nous avons à méditer et que saint Paul nous révèle dans la deuxième lecture.

« L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil (...) ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; (..) il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. » (1 Cor 13). Ce que Paul nous dit, ce qu'il nous révèle entre les lignes, c'est d'abord l'amour de Dieu avant d'être une exhortation sur ce vers quoi nous devons tendre. Le chemin du prophète, le chemin de Jésus, n'est ce pas finalement de nous révéler l'amour avec un grand A
Ce n'est que lorsque que nous avons découvert cela que nous pouvons passer au deuxième temps et à une méditation sur ce que cela appelle chez nous.

Deuxième temps - Exhortation 
Quel est le but de Paul, quel est le message de Jésus ? N'est-ce pas finalement nous faire goûter la largeur, la profondeur, la grandeur et la hauteur de l'amour de Dieu. Il n'est pas anodin que les fiancés prennent ce texte pour leur mariage. C'est l'amour idéal, c'est l'amour de Dieu, c'est l'amour d'un Dieu qui pleure. Prenons le temps de méditer cela. 

Si Dieu pleure, c'est sur l'aveuglement des hommes. 
Mais après la pluie il y a toujours le signe de l'alliance, le signe d'un dieu qui est espérance, l'arc-en-ciel, ce clin d'œil de Dieu qui précède le soleil, la lumière la chaleur, la vie. Dieu nous fait signe, il me dit qu'au-delà des pleurs, au delà des larmes, vient l'amour. Alors écoute ton Dieu pleurer et cherche au fond de ton cœur comment répondre à son amour infini, comme entendre son cri, comment répondre par l'amour à un amour qui se donne sans chercher son intérêt, jusqu'au bout. 

(1) cf. aussi François Varillon, La souffrance de Dieu
(2) cf. mes travaux évoqués, mais aussi une réflexion de sœur Térésa


31 janvier 2019

Au fil de Marc 4, 26sq - le grain planté en terre

Jésus disait aux foules :
« Il en est du règne de Dieu
comme d'un homme qui jette en terre la semence :
nuit et jour,
qu'il dorme ou qu'il se lève,
la semence germe et grandit,
il ne sait comment.
D'elle-même, la terre produit d'abord l'herbe,
puis l'épi, enfin du blé plein l'épi.
Et dès que le blé est mûr,
il y met la faucille,
puisque le temps de la moisson est arrivé
. » Marc 4, 26sq


Si nous poursuivons sur notre méditation des « larmes de Dieu », nous pouvons contempler Dieu qui arrose la terre de ses larmes pour faire pousser le grain...
Alors nous nous tiendrons comme une petite amphore au milieu du fleuve et boirons sans fin au fleuve de son amour....

"Dieu livré, 
Tu n'as plus d'autre Parole
Que ce corps partagé 
Dans le pain qui te porte à nos lèvres ; 
Tu dis seulement :  La coupe du sang  
Versé pour la nouvelle confiance.
Dieu blessé,  Tu n'as plus d'autre Parole  
Que cet homme humilié 
Sur le bois qui t'expose au calvaire ! 
Tu dis seulement :  L'appel déchirant  
D'un Dieu qui apprendrait la souffrance.
Dieu vaincu,  Tu n'as plus d'autre Parole  
Que ces corps décharnés 
Où la soif a tari la prière ; 
Tu dis seulement :  Je suis l'innocent, 
A qui tous les bourreaux font violence.
Dieu sans voix,  Tu n'as plus d'autre Parole  
Que ce signe levé, Edifié sur ta pierre angulaire ! 
Tu dis seulement :  Mon peuple est vivant,  
Debout, il signifie ma présence.
Dieu secret,  Tu n'as plus d'autre Parole  
Que ce livre scellé D'où l'Agneau fait jaillir ta lumière. 
Tu dis seulement  Ces mots fulgurants :  
Je viens! J'étonnerai vos patiences ! 
Explique-toi par ce lieu-dit :  
Que l'Esprit parle à notre esprit  Dans le silence ! "

Source AELF, Hymne de l’office des lectures 

30 janvier 2019

Au fil de Luc 2 - présentation au Temple - Homélie du 2/2/19

Frères et soeurs, 
Quel est l'enjeu de cette présentation au Temple ? Pourquoi Marie et Joseph accomplissent-ils ce rite ? Qu'est-ce que les prémisses ?

Vous allez me parler de tradition et vous n'aurez pas tort. 
C'est la thèse du Deutéronome... (2)
Et pourtant, il s'agit pour saint Luc de plus que cela. 
La clé de lecture se trouve dans le mot accomplissement. 
Savez vous combien de fois le mot accompli est cité dans l'évangile ?

En fait on le trouve une petite vingtaine de fois dans l'évangile, mais ce qui est frappant, c'est que c'est l'un des premiers mots de Jésus dans Luc et le dernier dans Jean. Tout est accompli. C'est peut-être cela que nous avons à contempler aujourd'hui. 

Ce sera notre premier point avant de méditer ce que cela implique pour nous aujourd'hui...

I - Contemplation 
 «J'ai un baptême à recevoir; comme cela me pèse qu'il soit accompli!» Selon Luc 12:50 NBS
Cette phrase nous pouvons la contempler. Car nous sommes nous aussi baptisés du même baptême.
écoutons ce que nous dit la tradition de l'Église : 
« Pour que l'homme soit un fils à son image, Dieu l'a travaillé au souffle de l'Esprit :
Lorsque nous n'avions ni forme ni visage, Son amour nous voyait libres comme lui."

Ce que reconnaît la prophétesse Anne et le vieux Simeon, c'est que dans l'enfant Jésus, Dieu va accomplir sa promesse. Anne le lit horizontalement, dans le temps : " «Elle louait Dieu et parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la redemption de Jérusalem.» Luc 2:38 
Simeon le lit verticalement dans l'annonce à Marie de la mort.

Les deux forment une croix à contempler et ce n'est pas anodin si la liturgie nous met ce texte après celui de dimanche dernier.
L'accomplissement de la promesse c'est la venue du Messie crucifié.

II - Méditation 
Que faire, deux mille ans plus tard. La liturgie donne à lire ce texte à ses prêtres et religieux tous les soirs. Mais nous pouvons tous redire ce texte le soir en se couchant : Maintenant Seigneur tu peux laisser ton serviteur s'en aller dans la paix, parce que nous avons vu le salut qui se révèle aux nations".

Cette prière devrait être pour chacun le début de notre prière d'alliance, celle que le pape résume en trois mots : "Merci, pardon, s'il te plaît".
Merci parce que tu nous as dévoilé aujourd'hui le salut 
Pardon parce que je ne l'ai pas assez chanté aujourd'hui 
S'il te plaît de me donner un autre jour pour te louer, aide-moi Seigneur...




(1) Hymne de l'office des lectures, source AELF 
(2) Dt 26, 1-19) : "Lorsque tu seras entré dans le pays que te donne en héritage le Seigneur ton Dieu, quand tu le posséderas et y habiteras, tu prendras une part des prémices de tous les fruits de ton sol, les fruits que tu auras tirés de ce pays que te donne le Seigneur ton Dieu, et tu les mettras dans une corbeille. Tu te rendras au lieu que le Seigneur ton Dieu aura choisi pour y faire demeurer son nom. Tu iras trouver le prêtre en fonction ces jours-là et tu lui diras : « Je le déclare aujourd'hui au Seigneur ton Dieu : je suis entré dans le pays que le Seigneur a juré à nos pères de nous donner. »
Le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l'autel du Seigneur ton Dieu."

Au fil de Marc 4, 1-20 - Le semeur et la bonne terre

« ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre :ceux- là entendent la Parole, ils l'accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent, pour un. » (Marc 4, 20)

Aide nous Seigneur à creuser en nous un sillon pour recevoir ta Parole au fond de notre cœur. Débroussaille ce qui en nous empêche cette réception, libère nous de ce qui nous éloigne de toi, viens transformer nos vies, aide-nous à porter tes fruits....
Donne nous accès au sacrement de ta réconciliation....



Nous avons reçu l’accès au ciel (...) par une action et une grâce du Rédempteur “ (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 262