30 décembre 2019

Au fil de Luc 2, 36-38 - Contempler la faiblesse de Dieu

«Il y avait aussi une prophétesse, appelée Anne, qui était la fille de Penouel, de la tribu d'Asser. Elle était très âgée. Elle avait vécu sept ans avec le mari qu'elle avait épousé dans sa jeunesse, puis, demeurée veuve, elle était parvenue à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne quittait pas le temple, mais elle servait Dieu jour et nuit: elle jeûnait et elle priait. Elle arriva à ce même moment et se mit à remercier Dieu. Et elle parla de l'enfant à tous ceux qui attendaient que Dieu délivre Jérusalem.»
‭‭Luc‬ ‭2:36-38‬ ‭
Un thème récurrent dans mes essais, cette contemplation d’un Dieu qui se fait petit devant l’homme (1), qui se met à genoux pour lui faire comprendre que son amour infini n’est pas chemin de puissance mais kénose, c’est-à-dire humilité et miséricorde(2). Il est probable qu’Anne la prophétesse du Temple avait saisi cela...

L’enfant Jésus est le remède du cléricalisme. Il nous fait tomber à genoux.



(1) cf. mon livre éponyme
(2) cf. mon livre éponyme


24 décembre 2019

Corrigé pour mon homélie du 25/12 - Augustin d’Hippone ;-)…

En guise de corrigé pour mon homélie du 25/12 ce beau texte d'Augustin :
 « la Vérité a germé de la terre : le Christ, qui a dit : Moi, je suis la Vérité, est né de la Vierge. Et du ciel s'est penchée la justice, parce que, lorsque l'homme croit en celui qui vient de naître, il reçoit la justice, non pas de lui-même, mais de Dieu.

La Vérité a germé de la terre, parce que le Verbe s'est fait chair. Et du ciel s'est penchée la justice, parce que les présents les meilleurs, les dons parfaits, proviennent tous d'en haut.

La Vérité a germé de la terre : la chair est née de Marie. Et du ciel s'est penchée la justice, parce qu'un homme ne peut rien s'attribuer, sinon ce qui lui est donné du Ciel.~

Nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu parce que justice et paix se sont embrassées. Par notre Seigneur Jésus Christ : car la Vérité a germé de la terre. C'est lui qui nous a donné, par la foi, l'accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l'espérance d'avoir part à la gloire de Dieu. Paul ne dit pas : « à notre gloire » ; mais à la gloire de Dieu parce que la justice n'est pas sortie de nous mais s'est penchée du ciel. Donc, celui qui cherche la gloire, qu'il mette sa gloire non en lui, mais dans le Seigneur.

De là vient que la louange angélique pour le Seigneur né de la Vierge a été : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes comblés de sa bienveillance.

En effet, d'où vient la paix sur la terre, sinon de ce que la Vérité a germé de la terre, autrement dit, que le Christ est né de la chair ? Et c'est lui qui est notre paix : des deux, il a fait une seule réalité, pour que nous soyons des hommes pleins de bienveillance, tendrement attachés les uns aux autres par le lien de l'unité.

En ce jour de grâce, réjouissons-nous, pour trouver notre gloire dans le témoignage de notre conscience ; alors, ce n'est pas en nous, mais en Dieu que nous mettrons notre gloire. C'est pour cela qu'il est dit : Ma gloire, tu tiens haute ma tête. Dieu pouvait-il faire briller sur nous une grâce plus grande que celle-ci : son Fils unique, il en fait un fils d'homme et, en retour, il transforme des fils d'hommes en fils de Dieu ?

Cherche où est le mérite, où est le motif, où est la justice, et vois si tu découvres autre chose que la grâce. » (1)


(1) Saint Augustin, homélie pour Noël
Peinture : Nativité de Gerrit von Honthorst, musée des offices, Florence

23 décembre 2019

Noël - Homélie de la messe du jour - au fil de Jean 1 - kénose 148

Notes pour l'homélie - version 4

Quel est l'enjeu de Noël ?
Il n'est pas uniquement la fête des familles que notre société de consommation entretien, non sans un certain intérêt.
Il n'est pas non plus uniquement dans la naissance d'un enfant il y a deux mille ans. Il nous révèle quelque chose d'immense : le plan de Dieu sur l'homme. C'est ce que les textes d'aujourd'hui nous dévoile et je voudrais prendre le temps de les relire et les commenter avec vous...

Isaïe 52 nous parle d'une annonce toute particulière, de cette joie du salut qui vient. Avons nous cela à cœur, porter la joie d'un Dieu sauveur ?

Dans le début de sa lettre aux hébreux Paul insiste à son tour sur ce chemin de Dieu vers l'homme et il n'est pas anodin de le rapprocher d'une parabole que vous connaissez bien, celle de la vigne (à développer)

Dieu se livre mais il ne le fait pas avec trompette et tremblement de terre, comme le croyait les. Générations passées. Il se livre dans la faiblesse et la fragilité d’un enfant...

C'est dans ce contexte que le début de l'évangile de Jean peut être lu...

« Le Verbe s'est fait chair, une chair que nous puissions voir, afin que soit guéri en nous ce qui pourrait voir le Verbe » nous dit saint Augustin dans son commentaire sur la première lettre de Jean [source AELF]

L'amour vient nous visiter ainsi de l'intérieur et c'est dans la faiblesse et la dépendance de l'Enfant que se révèle en nous ce qu'il y a corriger, ce qui n'est pas digne d'être enfant, ce qui n'est pas empli de confiance et d'amour. 

Qu'est-ce que le Verbe ?
Le logos grec [la raison ou la logique du monde) n'est qu'une partie de la réponse. Est-ce la Sagesse de Dieu ? Non, pas uniquement. N'est-il pas à la fois amour et créateur, désir et action, danse et silence, cercle et triangle, inaccessible et proximité ?
Le mot théologique le plus interpellant est tension.
Car c'est au sein de cette tension entre les opposés égrenés plus haut que se révèle le Dieu chrétien.
Ce que nous dévoile Noël c'est l'amour de Dieu en actes.
Il faut entendre Dieu à la fois comme créateur et amour pour saisir qu'il est infini, mais aussi retenue, silence et humilité (1).

Le grec des premiers versets de Jean 1 reprend et conjugue le mot « pros ». Le Verbe, ce désir de Dieu en actes, ce « dire » qui devient « dit » (2) sans se perdre est tension, tourné vers, pro-jection, pro-position, pro-action de Dieu vers l'homme (3).

Dans ce "pro" se souligne à la fois l'amour in-transitif et ex-tourné de Dieu. Les pères de l'Église parlent de circumincession c'est-à-dire de danse(4) entre les personnes divines. En se "tournant vers", elles ne cessent de se pro-jeter au devant de l'autre et en cela d'être amour.

Que nous dit Noël ?
Alors que Dieu pourrait être pouvoir et gloire, il se fait faiblesse et humilité. « Il n'a pas retenu le rang qui l'égalait à Dieu, mais il s'est dépouillé, prenant la condition de serviteur » (Philippiens 2).

Dans sa faiblesse l'enfant Jésus conjugue grandeur et humilité, pureté et simplicité. Le Verbe qui se fait chair danse pour l'homme sa plus belle création. Il se dévoile amour.

Dans son dépouillement (kénose) (1) le dire devient dit (2) sans perdre son intention. Il est agenouillement (3).

Noël nous révèle le projet de Dieu : « Ce projet de la création de l'univers, non sous forme d'un plan d'organisation de toutes choses, mais d'une semence de liberté et d'amour jetée dans l'univers en formation pour que naisse en son sein une créature spirituelle avec qui Dieu pourrait entrer en communication intime, semence que Dieu confiait au monde (...) un appel, un souhait, une parole, un logos, l'invitation à naître adressée à un Premier-né destiné à ramener à Dieu toute sa famille humaine" (5) tout cela donne du sens à notre aujourd'hui. 

Le don de Dieu est appel... Il s'origine dans un don (Gn 1 et 2) et l'appel d'un "où es-tu ?" (Gn 3) qui est plus qu'un cri, une plainte d'un Dieu qui aime sa création et n'a pour but que de le ramener à lui... 

Et notre chemin ?
Il est aussi agenouillement (3). Non pas avilissement ou négation de nous mêmes mais décentrement et don, imitation et humilité, miséricorde et simplicité.

Ce petit homme, cet enfant fragile est chemin de vérité et d’amour.

Aujourd’hui nous est né un sauveur, verbe et gloire de notre Dieu et pourtant faible semence qui nous invite à aimer.
Que cette lumière et cette vie confiée par le Seigneur vienne inonder vos vies de grâce et de paix.

(1) cf. mon livre Kénose, humilité et miséricorde
(2) cf. Emmanuel Lévinas, Autrement qu'être 
(3) cf. À genoux devant l'homme
(4) cf. La danse trinitaire in L'amphore et le fleuve
(5) Joseph Moingt, L’esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, pages finales

21 décembre 2019

Homélie de la messe de Minuit

Homélie de la messe de Minuit - projet 4

 Les enfants, nous venons de jouer une petite saynète qui nous fait entrer dans le mystère de Noël. Je voudrais vous raconter une petite histoire. C'est celle de Silo, un petit berger(1) du temps de Jésus. Il était tout jeune et le soir de Noël il a perdu sa brebis. Il l’a longtemps cherché, mais quand il l’a trouvé il faisait nuit. Et comme il était un peu perdu, il a été lui aussi à l'auberge, attiré par les lumières et la fête. Mais les bergers, au temps de Jésus, n'étaient pas considérés comme des gens biens. Ils étaient rejetés parce qu'ils sentaient forts, qu'ils avaient les mains sales. il s'est vu interdire la porte de l’auberge.. alors il s’est couché à côté du puits, affamé et apeuré.
Quand les premières étoiles sont arrivées c'est lui a rencontré Marie et Joseph et les a conduit à la crèche.Comme ils avaient soif,  il a confié sa brebis à Joseph puis il a couru plusieurs fois, entre le puits et la crèche.  Lorsque les anges ont appelé ses frères,  il était là, lui aussi, les mains vides. Il était fatigué d’avoir aidé Joseph, d’avoir donné à boire à l’âne, d’avoir porté de l’eau à Marie, mais il avait les mains vides. Il est entré tout doucement alors que les autres bergers arrivaient. Ils avaient tous des petits cadeaux pour Joseph et Marie, du fromage, de la laine. Lui n'avait rien, qu'un cœur d'enfant et les mains propres à force d’avoir titré de l’eau. Quand Marie a vu cette foule, elle a cherché à poser le petit Jésus pour recevoir tous ces petits cadeaux et elle lui a confié l'enfant. Il avait les mains vides et c'est lui qui a reçu Jésus.

Pourquoi ? D'après- vous ?

Ce soir, peut-être allez-vous recevoir des cadeaux de vos parents. Peut-être y aura-t-il des lumières de toutes les couleurs au sapin...

N'oubliez pas l'essentiel. Ce n'est pas l'extérieur qui compte. L'essentiel c'est l'amour. C’est l’amour qui/que vous donnera Jésus.

C’est Noël chaque fois que vous serez serviteur, chaque fois que l’amour sera premier pour vous.
C’est aussi l’amour qui conduit votre papa et votre maman qui est l’important. L’essentiel c'est surtout Jésus qui vient et vous rend visite, vous inviter à aimer...
L'essentiel c'est d'avoir un cœur pur... et un cœur qui bat pour ceux qui sont exclus, souffrants.

L'essentiel c'est l'amour de Jésus qui vient vous visiter
L'essentiel c'est d'oublier le superflu
L'essentiel c'est d'avoir un cœur qui bat pour aimer.
L'essentiel c'est l'amour.

Alors vous comprendrez que contempler la crèche, comme la Croix, c’est contempler l’amour qui se donne et vous invite à donner. Ces deux lieux sont les lieux où Dieu se montre faible, où il se met à nu devant l'homme pour l'inviter à aimer.

Petit message pour les parents :
Il y a quelques jours le pape a mis au Vatican un gilet de sauvetage sur un crucifix. Ce gilet appartenait à un disparu en Méditerranée. Pourquoi ce geste ? Parce que pour lui, les nouveaux migrants, ceux qui sont exclus de l’auberge, sont à nos portes et souvent nous restons à l’auberge... Je vous laisse méditer cela, au jour de Noël.

(1) Autre variation d’un conte raconté par le P. Cantalamessa
PS : Silo est le héros de mon livre éponyme (en téléchargement gratuit sur Fnac.com), dont je présente ici une petite variation




Projet 3 - homélie du 4eme dimanche de l’avent

Projet 3
Quel est l'enjeu de ces quatre lectures que la liturgie nous propose à quelques jours de Noël ?

Peut être une interpellation : celle qui nous conduit à recevoir ce Dieu qui sauve...
Puis une contemplation : celle des pas de Dieu vers l'homme
Enfin une méditation : comment Joseph nous montre le chemin

Interpellation donc :
Nous allons fêter Noël. Mais la fête qui se prépare n'est rien si nous n'allons à l'essentiel : accepter ce Dieu qui sauve...

Quel enjeu pour nous ?
Il nous est donné par le psaume, retrouver la pureté intérieure :
L'homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.
obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.

L'enjeu de l'avent est de purifier notre cœur pour accueillir véritablement, je dirais même virginalement la venue de Dieu en nous.

C'est dans l'entretien de Jésus avec Nicodème que nous trouvons la clé de lecture de ces textes.
« personne ne peut voir le Royaume de Dieu s'il ne naît pas de nouveau.»
‭‭Jean‬ ‭3:3

Notre baptême doit être une nouvelle naissance. le renouvellement de ce qui constitue le cœur de notre état de baptisé. Purifier nos cœurs, c'est se laisser interpeler par Dieu, voir ce qui n'est pas amour en nous. Chacun d'entre nous est d'ailleurs invité avant Noël au sacrement de réconciliation qui scelle entre Dieu et nous une alliance nouvelle. Purifions notre vie. Ouvrons nos cœurs à l'esprit.

L'avent est baigné et stimulé par cette démarche d'ouverture du cœur qui naît d'une Contemplation.

Isaïe évoque la naissance d'un fils de roi qui sortira le peuple de l'exil. Mais cette prophétie n'avait jamais été pleinement réalisée car nous le savons bien, le peuple juif n'est, comme nous, rarement digne de la miséricorde divine. C'est pourquoi elle est reprise dans un autre contexte, plus large, celui du salut que Jésus Christ nous apporte.

Christ vient nous sauver.

Plus que la magie enfantine qui s'est forgée autour de Noël, ce qui nous est donné à contempler, le salut véritable n'est pas seulement la magie de Noël mais le changement de nos cœurs qui passe de la morale et le jugement à un amour plus large, celui de Joseph qui passe du jugement à la confiance, celui que nous avons aussi à trouver en nous, le chemin de la confiance au delà du doute.. celui qui est plus grand que Noël, le d'un Christ venu changer nos cœurs, le don de la Passion, d'un Christ mort pour nous et que Dieu a ressuscité.

Dieu nous sauve... Tel est le message donné à Joseph, tel est le message que nous avons à découvrir dans et au delà de Noël. Dieu nous sauve en ouvrant nos cœurs au delà d'une morale étriquée. Joseph est une belle figure à contempler sur ce chemin, vers ces fiançailles à laquelle Dieu nous invite

18 décembre 2019

Au fil de Matthieu 1 - « Dieu-avec-nous »- suite 3

Au fil de Matthieu 1 - « Dieu-avec-nous »- suite 3

En complément du corrigé

« Nous voici conviés à entrer dans l'intimité d'un couple : Marie et Joseph. Alors qu'ils étaient promis l'un à l'autre, leurs projets prennent une autre tournure. Je prends le temps de contempler Marie, sa grossesse surprenante et sa manière d'accueillir tout cela avec confiance. Comment peut-elle m'inspirer dans les situations que je ne maîtrise pas dans ma vie ?
 
Après avoir contemplé Marie, je tourne les yeux vers Joseph. Quelle aventure intérieure pour lui aussi ! Sa décision n'a pas été facile à prendre. Il est même prêt à laisser sa place à un autre car il veut être juste avec Marie et ne pas prendre un rôle qui ne semble pas pour lui. J'imagine ce qui se passe en lui, ses questions, ses déceptions et ses espérances.
 
Comme pour Marie, Joseph a besoin d'une annonciation pour entrer dans le mystère de ce qui vient d'arriver. Ce sont presque les mêmes mots que ceux adressés Marie. Pour Joseph, ce sera durant son sommeil, un moment de "lâcher-prise" pour mieux entendre le message de l'ange. Et moi, comment puis-je me mettre à l'écoute des événements et des anges de ce jour ?  (1)

Donne nous Seigneur cette docilité et cette confiance.

Source : Prie en chemin, une application à découvrir et consommer sans modération
https://prieenchemin.org/p/o/2691



Au fil de Matthieu 1, Les fiançailles éternelles - suite de mon homélie…


Au fil de Matthieu 1, Les fiançailles éternelles - suite de mon homélie ?

« Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph » Mat 1
Pourquoi Dieu a-t-il confié à une fiancée le sort du salut. Ce n'est pas un détail, nous dit saint Pierre Chrysologue apportant ainsi un complément à mon homélie de dimanche prochain...

« Marie, sa mère, était fiancée. » Il aurait suffi de dire : Marie était fiancée. Que signifie une mère fiancée ? Si elle est mère, elle n'est pas fiancée ; si elle est fiancée, elle n'est pas encore mère. « Marie, sa mère, était fiancée » : fiancée par la virginité, mère par la fécondité. C'était une mère ne connaissant point d'homme, et pourtant qui a connu la maternité. Comment ne serait-elle mère avant d'avoir conçu, elle qui, après la naissance, est vierge et mère ? Quand n'était-elle pas mère, celle qui engendra le fondateur des temps qui a donné un commencement aux choses ? (...)
Pourquoi le mystère de l'innocence céleste se destine-t-il à une fiancée, et non une vierge encore libre ? Pourquoi la jalousie d'un fiancé doit-elle mettre en péril la fiancée ? Pourquoi tant de vertu semble-t-elle péché et le salut éternel danger ? (...) Quel mystère étreignons-nous là, mes frères ? Pas un trait de plume, pas une lettre, pas une syllabe, pas un mot, pas un nom, pas un personnage dans l'Évangile n'est vide de sens divin. Une fiancée est choisie, afin que déjà soit désignée l'Église, fiancée du Christ, selon la parole du prophète Osée : « Je te fiancerai à moi dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et dans l'amour, je te fiancerai à moi dans la fidélité » (2,21-22). C'est pourquoi Jean dit : « Celui qui a l'épouse est l'Époux » (Jn 3,29). Et saint Paul : « Je vous ai fiancés au seul Époux comme une vierge pure à présenter au Christ » (2Co 11,2). Ô véritable épouse, l'Église, qui par la naissance virginale [du baptême], engendre une nouvelle enfance du Christ(1)

Si Dieu prépare avec nous des fiançailles, c'est peut-être qu'il ne cesse de rêver d'un amour éternel avec l'humanité et l'amour entre Joseph et Marie est à contempler dans ce sens. Dieu va se faire petit pour envahir notre cœur de sa Grâce.



(1) Saint Pierre Chrysologue (v. 406-450), évêque de Ravenne, docteur de l'Église, Sermon 146, sur Mt 1,18 ; PL 52, 591 (trad. coll. Icthus, vol. 12, p. 295 rev.), source : l'Évangile au Quotidien

15 décembre 2019

Homélie du 22/12/19 - 4eme dimanche de l’avent - Année À - Matthieu 1

Projet 2 - voir plus haut le projet 3
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Quel est l'enjeu de ces quatre lectures que la liturgie nous propose à quelques jours de Noël ?

Peut être une interpellation : celle qui nous conduit à recevoir ce Dieu qui sauve...
Puis une contemplation : celle des pas de Dieu vers l'homme

Interpellation donc :
Nous allons fêter Noël. Mais la fête qui se prépare n'est rien si nous n'allons à l'essentiel : accepter ce Dieu qui sauve...

Quel enjeu pour nous ?
Il nous est donné par le psaume :
L'homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.
obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.


L'enjeu de l'avent est de purifier notre cœur pour accueillir véritablement, je dirais même virginalement la venue de Dieu en nous.

C'est dans l'entretien de Jésus avec Nicodème que nous trouvons la clé de lecture de ces textes.

«Jésus lui répondit: «Oui, je te le déclare, c'est la vérité: personne ne peut voir le Royaume de Dieu s'il ne naît pas de nouveau.» Nicodème lui demanda: «Comment un homme déjà âgé peut-il naître de nouveau? Il ne peut pourtant pas retourner dans le ventre de sa mère et naître une seconde fois?» Jésus répondit: «Oui, je te le déclare, c'est la vérité: personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne naît pas d'eau et de l'Esprit.»
‭‭Jean‬ ‭3:3-5‬

Notre baptême doit être une nouvelle naissance. le renouvellement de ce qui constitue le cœur de notre état de baptisé nous invite à purifier nos cœurs.  C'est pour cela que chacun d'entre nous est invité avant Noël au sacrement de réconciliation qui scelle entre Dieu et nous une alliance nouvelle. Purifions notre vie. Ouvrons nos cœurs à l'esprit.

Mais ce chemin qui est celui de tout l'avent est aussi baigné et stimulé par une Contemplation.

Le texte d'Isaïe fait à l'origine référence à une naissance : celle d'un fils de roi qui sortira le peuple de l'exil. Mais cette prophétie n'avait jamais été pleinement réalisée car nous le savons bien, le peuple juif n'est, comme nous, rarement digne de la miséricorde divine. C'est pourquoi elle est reprise dans un autre contexte, plus large, celui du salut que Jésus Christ nous apporte. e. Plus que la magie enfantine qui s'est forgée autour de Noël, ce qui nous est donné à contempler, le salut véritable n'est pas seulement la magie de Noël mais le don de la Passion (Christ mort pour nous) et de la résurrection.


La voix, le silence et la Parole - saint Augustin - amour en toi, 49…

« La parole est déjà dans mon cœur ; mais lorsque je veux te parler, je cherche comment faire passer dans ton cœur ce qui est déjà dans le mien.

Si je cherche donc comment la parole qui est déjà dans mon cœur pourra te rejoindre et s'établir dans ton cœur, je me sers de la voix, et c'est avec cette voix que je te parle : le son de la voix conduit jusqu'à toi l'idée contenue dans la parole ; alors, il est vrai que le son s'évanouit ; mais la parole que le son a conduite jusqu'à toi est désormais dans ton cœur sans avoir quitté le mien.

Lorsque la parole est passée jusqu'à toi, n'est-ce donc pas le son qui semble dire lui-même : Lui, il faut qu'il grandisse ; et moi, que je diminue ? Le son de la voix a retenti pour accomplir son service, et il a disparu, comme en disant : Moi, j'ai la joie en plénitude. Retenons la parole, ne laissons pas partir la parole conçue au fond de nous.

Tu veux voir comment la voix s'éloigne, tandis que demeure la divinité de la Parole ? Où est maintenant le baptême de Jean ? Il a accompli son service, et il a disparu. Maintenant le baptême du Christ se multiplie. Tous nous croyons au Christ, nous espérons le salut dans le Christ : c'est cela que la voix faisait entendre.

Il est difficile de distinguer la parole de la voix, et c'est pourquoi on a pris Jean pour le Christ. On a pris la voix pour la parole ; mais la voix s'est fait connaître afin de ne pas faire obstacle à la parole. Je ne suis pas le Messie, ni Élie, ni le Prophète. On lui réplique : Qui es-tu donc ? Il répond : Je suis la voix qui crie à travers le désert : Préparez la route pour le Seigneur. La voix qui crie à travers le désert, c'est la voix qui rompt le silence. Préparez la route pour le Seigneur, cela revient à dire : Moi, je retentis pour faire entrer le Seigneur dans le cœur ; mais il ne daignera pas y venir, si vous ne préparez pas la route.

Que signifie : Préparez la route, sinon : Priez comme il faut ? Que signifie : Préparez la route, sinon : Ayez d'humbles pensées ? Jean vous donne un exemple d'humilité. On le prend pour le Messie, il affirme qu'il n'est pas ce qu'on pense, et il ne profite pas de l'erreur d'autrui pour se faire valoir.

S'il avait dit : Je suis le Messie, on l'aurait cru très facilement, puisqu'on le croyait avant même qu'il ne parle. Il l'a nié : il s'est fait connaître, il s'est défini, il s'est abaissé.

Il a vu où se trouvait le salut. Il a compris qu'il n'était que la lampe, et il a craint qu'elle ne soit éteinte par le vent de l'orgueil. » (1)



Il est au milieu de vous,                    
celui que vous ne connaissez pas ;
préparez le chemin du Seigneur,
écoutez sa voix, amis de l'Époux,
pour que votre joie soit parfaite.

℟ Réjouissez-vous dans le Seigneur !
Réjouissez-vous, car il est proche

(1) Saint Augustin, homélie pour la nativité de Jean Baptiste, source : office des lectures du troisième dimanche de l'avent

14 décembre 2019

L’amour est en Christ - 48 - Saint Jean de La Croix



Parfois Dieu nous fait la grâce de manifester sa tendresse et sa miséricorde d'une manière extra-ordinaire (extase ou don des larmes). L'âme peut se contenter de cela et poursuivre son chemin sans comprendre que cet amour est la première marche d'un chemin où Dieu a « besoin de nos mains (1) » pour participer à l'extension de son « Royaume ». Quel est la nature de son appel ? Où veut-il nous conduire ? Plusieurs écueils se présentent, en lien avec la Parabole du semeur :

  • La paresse qui nous fait oublier l'appel, quand nous sommes repris par le chant des sirènes du monde,
  • La fuite, quand nous courrons après l'extase mystique sans accepter l'appel parfois douloureux à la charité qui va suivre.
  • Le fait de tomber face aux agissements du malin qui cherche souvent une faille dans  nos vies
Quelle va être la terre qui accueillera cette semence de la grâce ? 
La voie est étroite. Est-on forcé ensuite à passer par le désert(2) ou par la Croix ? C'est un peu ce que suggère saint Jean de la Croix que nous fêtons aujourd'hui dans ce beau texte que je découvre ce matin dans l'office des lectures :

« Ce qui est dans le Christ est inépuisable ! C'est comme une mine abondante remplie d'une infinité de filons avec des richesses sans nombre ; on a beau y puiser, on n'en voit jamais le terme ; bien plus, chaque repli renferme ici et là de nouveaux filons à richesses nouvelles ; ce qui faisait dire à saint Paul du Christ : Dans le Christ se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance de Dieu. Mais l'âme ne peut y pénétrer ni les atteindre, si, comme nous l'avons dit, elle ne passe pas d'abord et n'entre pas dans la profondeur des souffrances extérieures et intérieures ; il faut, de plus, qu'elle ait reçu de Dieu une foule de faveurs intellectuelles et sensibles, et qu'elle ne soit exercée longtemps dans la spiritualité ; ces faveurs sont en effet d'un ordre inférieur : ce sont des dispositions pour arriver aux cavernes élevées de la connaissance des mystères du Christ, la plus haute sagesse à laquelle on puisse parvenir ici-bas.
Oh ! si l'on finissait enfin par comprendre qu'il est impossible de parvenir à la profondeur de la sagesse et des richesses de Dieu sans pénétrer dans la profondeur de la souffrance de mille manières, l'âme y mettant sa joie et ses désirs (afin de comprendre avec tous les saints quelle en est la largeur et la longueur, la hauteur et la profondeur) ! L'âme qui désire vraiment la sagesse désire aussi vraiment entrer plus avant dans les profondeurs de la Croix qui est le chemin de la vie ; mais peu y entrent. Tous veulent entrer dans les profondeurs de la sagesse, des richesses et des délices de Dieu, mais peu désirent entrer dans la profondeur des souffrances et des douleurs endurées par le Fils de Dieu : on dirait que beaucoup voudraient être déjà parvenus au terme sans prendre le chemin et le moyen qui y conduit. »(3)

Il faut peut-être relire François Marxer dans son beau livre, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, (Paris, Cerf, 2017) pour voir où cela nous conduit.

(1) cf. Etty Hillesum, lettre à Westenbrock
(2) cf. mon essai Chemins du désert 
(3)Cantique spirituel, source : office des lectures, AELF


05 décembre 2019

Hommage à Johann Baptist Metz

Un grand théologien est parti. A défaut de ces deux ouvrages commentés ici(1), on lira avec intérêt l’article de La Croix en hommage à ce qu’il appelait la « mémoire douloureuse »...
——
Mort du théologien allemand Johann Baptist Metz
http://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/Pape/Mort-theologien-allemand-Johann-Baptist-Metz-2019-12-03-1201064269

(1) liste des ouvrages commentés dans ce blog :
  1. Metz, Johann-Baptist, Memoria passionis, un souvenir provoquant dans une société pluraliste, Paris, Cerf, Cogitatio Fidei, Tr. fr. Jean-Pierre Bagot, 2009.
  2. Metz, Johann-Baptist, La foi dans l’histoire et dans la société, , Essai de théologie fondamentale pratique Paris, Cerf, Cogitatio fidei, 1979.

22 novembre 2019

création et liberté - 8 - Joseph Moingt

Si l'on considère le récit de la genèse dans son sens spirituel en effaçant toute propension à lui donner une valeur biologique ou historique, on peut concevoir alors que le plan d'un Dieu créateur est plus vaste et plus fécond.

Joseph Moingt en fait un chemin de liberté qui englobe toute l'histoire du salut et lui donne une direction :
"La foi au Dieu créateur ne veut nullement s'imposer comme une explication de l'origine de l'univers, mais seulement exprimer la confiance mise en Dieu pour avoir créé l'humanité dans l'intention de former sa propre famille de tous les hommes qui deviendrait ses fils en se reconnaissant dans l'un d'entre eux, Jésus, dépositaire de l'image de Dieu et révélateur de sa présence parmi nous. Cette foi ne vise donc pas formellement la constitution de l'univers (comme il en est dans la théorie du créationnisme), mais le projet salutaire de Dieu concernant l'homme, projet qui enveloppe sa dignité spécifique, la liberté de chacun d'orienter son destin, l'amour fraternel les uns des autres, (...) Ce projet de la création de l'univers, non sous forme d'un plan d'organisation de toutes choses, mais d'une semence de liberté et d'amour jetée dans l'univers en formation pour que naisse en son sein une créature spirituelle avec qui Dieu pourrait entrer en communication intime, semence que Dieu confiait au monde naissant comme un appel, un souhait, une parole, un logos, l'invitation à naître adressée à un Premier-né destiné à ramener à Dieu toute sa famille humaine" (1), tout cela donne du sens à notre aujourd'hui. Le don de Dieu est appel... Il s'origine dans un don (Gn 1 et 2) et l'appel d'un "où es-tu ?" (Gn 3) qui est plus qu'un cri, une plainte d'un Dieu qui aime sa création et n'a pour but que de le ramener à lui...

(1) Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p. 228


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20 novembre 2019

Au fil de Jean 17 - Danse trinitaire 46

La prière de Jésus postule la même réciprocité d'unité et d'amour entre les disciples qu'entre lui et le Père dans une parfaite réversibilité du présent dans le futur et de l'avenir dans le passé le plus lointain (...) adorer en esprit et en vérité, parce que nous sommes esprit, nous aussi, ayant été faits à sa ressemblance, et nous pouvons vérifier sa présence en Jésus à l'amour que Dieu met entre ceux qui croient en Jésus comme il en est entre Dieu et lui" (1)
Il y a chez Moignt des accents concordants avec ce que je décris souvent comme cette invitation à la danse trinitaire (2) faite à l'homme.

“Puisque la foi en lui nous fait communier à la vie de Dieu qui est en lui, notre résurrection est déjà commencée dans le temps où nous vivons et s’achève en lui en vie éternelle, dans “la communion des saints”, sans interruption dans le temps ni éloignement dans l’espace ; l’intimité réciproque du Père et du fils s’étant à l’union des élus entre et avec Jésus en Dieu, dans la continuité d’une même histoire qui s’éternise sans s’aliéner”(3).

(1) Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p. 215
(2) cf. mon livre éponyme repris dans Sur les pas de Jean
(3) Moingt p. 216

19 novembre 2019

Homélie du 24/11 - Christ Roi - sur les pas de Luc 23 - kénose 147

Projet 3
Qu'est-ce que la royauté du Christ ?
Quel est le roi que nous présente ces deux textes ?
Où sont leurs signes de pouvoir ?
Quel est le fils qu'a choisi Samuel ?
Rappelons nous ce récit.
«Samuel ajouta: «Sont-ils tous là?» – «Non, répondit Jessé; il y a encore le plus jeune, David, qui garde les moutons.» – «Envoie-le chercher, ordonna Samuel. Nous ne commencerons pas le repas sacrificiel avant qu'il soit là.» Jessé le fit donc venir. Le jeune homme avait le teint clair, un regard franc et une mine agréable. Le Seigneur dit alors à Samuel: «C'est lui, consacre-le comme roi.»»
‭‭1 Samuel‬ ‭16:11-12‬
Samuel ne prend pas le plus fort. L’élection se fait par le regard du prophète qui, grâce à Dieu , lit le cœur de l’homme.
Christ est roi. D’où vient sa royauté ?
Où sont les pouvoirs de Jésus ?
Il semble important de contempler cela avant de méditer où cela nous conduit
La liturgie nous invite à un déplacement.
Le Christ est rayonnant de gloire alors même qu’il est « élevé » sur un instrument de malédiction.
Jean 3,14 rappelle d’ailleurs le lien entre cette élévation et celle du serpent au désert. Moise le mettait au bon d’un bâton pour guérir le peuple.
Qu’est-ce qui est élevé ? Le bon larron voit ce que l’autre ne voit pas.
La violence n’est pas le chemin.
Et nous ?
« Tu n'aurais pas de pouvoir/autorité si elle ne t'avais été donnée... » (Jn 19,11) dit Jésus à Pilate
Où est notre vocation ?
Que veut dire être prêtre prophète et roi ?
N'est ce pas marcher sur les pas du Christ
Entrer dans l'humilité (la kénose)
« Le Christ n'a pas retint jalousement le rang qui l'égalait à Dieu.. mais il s'est anéanti ». (Ph 2)
Le royaume est à venir
Il est don de Dieu.
Tout à l’heure il va se faire tout petit pour entrer en nous. Laissons lui une place...
L’humilité de Dieu nous conduit à un autre royaume, celui de l’amour. Il nécessite de mourir à tout désir de puissance pour ce laisser porter par une seule puissance : « l'amour est ta force. Écoutez le Cantique des Cantiques : « L'amour est fort comme la mort » (8,6). (...) En effet, l'amour détruit ce que nous avons été, pour nous permettre, par une sorte de mort, de devenir ce que nous n'étions pas. (...) C'est cette mort qui était à l'œuvre en celui qui disait : « Le monde est crucifié pour moi, et je suis crucifié pour le monde » (Ga 6,14). C'est de cette mort que parle ce même apôtre quand il dit : « Vous êtes morts et votre vie est désormais caché avec le Christ en Dieu » (Col 3,3). Oui, « l'amour est fort comme la mort ». Si l'amour est fort, il est puissant, il est de grande force, il est la force même. (...) Que ta paix soit donc dans ta force, Jérusalem ; que ta paix soit dans ton amour »(1)

(1) Saint Augustin Les Discours sur les Psaumes, Ps 121, §3,12

11 novembre 2019

Justice, amour, miséricorde et salut - Hans Urs von Balthasar

L'expression Sèdèq que nous traduisons par justice "n'est pas seulement insuffisante, mais souvent trompeuse comme traduction. (...)
Le Dieu de l'Alliance est le gardien du droit des pauvres, des opprimés, de faible, des le début et encore davantage dans le Deutéronome (1).
On rejoint le concept de miséricorde cité plus haut (p. 142).
"Dieu lui-même dit qu'il ressent cette miséricorde compatissante à l'égard de Jérusalem (cf. Za 1, 16) (...) le mot justice est énoncé de Dieu comme celui qui a pitié d'Israël et surtout des pauvres, des veuves et des orphelins".
De fait Hans Urs von Balthasar note une forte intrication entre hèsèd, sèdèq et ramamim (amour, justice et miséricorde) soulignant que "La justice de Dieu est toujours salvifique" (2).

Articuler justice et salut est essentiel.



Cette précision est intéressante à l'aune des avancées récentes sur la miséricorde (3). Elle permet de mieux articuler les deux et de sortir d'une logique purement moralisatrice ou étriquée pour entrer dans une dynamique plus apostolique et salvatrice.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3, Théologie, Ancienne Alliance, Paris, Aubier, 1974 p. 143
(2) ibid. p. 146
(3) cf. notamment les travaux de Kasper et mes trois tomes : Humilité et miséricorde.

10 novembre 2019

Homélie du 32eme dimanche - Résurrection - version finale ?


De quel côté sommes-nous ?
Du côté de la vie, de la foi, de l’espérance et de la charité
Ou du côté de la mort, de la haine et du jugement ?
Il n’y a pas d’entre deux et saint Luc depuis le récit du Fils prodigue nous conduit vers ce choix.
Un petit mot sur le contexte... avant de voir l'enjeu pour nous.Le cœur de ces trois textes s’ordonne autour de la résurrection.
La première lecture est pratiquement le seul texte de l’Ancien Testament où ce concept effleure et la question posée par les Saducéens montre que le sujet n’était pas partagé par la plupart des Juifs. S’il n’y a pas de résurrection tout s’arrête. Et l’on peut percevoir le désespoir des Juifs qui sont face aux premiers martyrs.
Et nous que pensons-nous du sujet ?
J’ai vu passer une étude qui affirmait qu’une tranche importante des catholiques ne croyait pas à la résurrection. Comment est-ce possible ? Si le Christ est mort sans ressusciter que croire ?
Si Jésus fait allusion à Abraham, Isaac et Jacob comme des vivants et non des morts, c’est pour nous entraîner au-delà de notre vision étriquée du monde. Croire en Dieu c’est croire que l’amour dépasse les limites de la mort. C’est croire qu’en dépit de nos erreurs, Dieu continue à crier vers nous.
La question de Dieu au jardin d'Eden dans Gn 3 : «  où es-tu ? ». traduit cette bienveillance de Dieu au-delà de nos erreurs. Rappelons-nous : L'homme était nu et devant le mal commis, Dieu l'interpellait alors pour le ramener à lui
Depuis Adam, Dieu ne cesse de courir à nous...
Et la Bible n’est qu’un long récit de nos manières de ne pas entendre l’appel... La résurrection est le cadeau final, ce qui nous inscrit dans l’espérance...
Christ est mort par la faute des hommes, mais Dieu est plus grand que nos erreurs. Dieu ne cesse de nous tendre la main... Croire que tous ceux qui nous ont précédé dans la vie, nous précède auprès du Père.
Dans les icônes orthodoxes on voit même le Christ relever Adam et Ève des ténèbres de la nuit, signe que Christ est venu pour sauver l’humanité passée et future, alors n’ayons pas peur. Il est vivant !
Croire c’est aussi avancer. Nous  pouvons le faire de deux manières ; une extérieure qui consiste à louer Dieu pour ceux qui ont fait ce choix ultime de le suivre dans une vie totalement consacrée, ceux qu’il appelle « les anges »...
La deuxième est plus essentielle : elle consiste à faire intérieurement ce choix ultime de se dégager du monde pour mettre sa vie au service de Dieu.
Et pour cela, tout baptisé a un chemin à entreprendre : il s'agit de discerner où est notre priorité...

Prendre le temps dans la prière de discerner l'essentiel. Combien de temps prions nous vraiment ? Non pas par des formules toutes faites mais en vérité ?
Laissons-nous la « Parole suivre sa course » en nous ? comme le dit Paul dans la deuxième lecture (cf. 2 Th 2).

L'évangile en mettant côte à côte la loi dite du lévirat et le choix de la consécration nous interpelle : sous quelle axe organisons-nous notre vie ? Sous l'axe du monde ou sous l'axe de Dieu ? 
Déjà la première lecture à une vision plus exigeante du lévirat puisque les sept frères choisissent la voie du martyre. Cf. 2 M 7, 1-2.9-14)
Choisir le chemin de Dieu, la voix unique dont parle saint Jean de La Croix, c'est voir d'abord nos addictions au matériel, à ce qui nous éloigne de la charité. 
« Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l'amour de Dieu et l'endurance du Christ. » (2 Th 3,5)

09 novembre 2019

De l’alliance à la danse - Hans Urs von Balthasar 47

De l'alliance à la danse - Hans Urs von Balthasar 47

Le danger est de considérer l'alliance comme une loi, comme un contrat, comme quelque chose qui est de l'ordre de l'obéissance. Il n'en est rien dans la conception biblique des choses : « sur le plan des relations interhumaines, hèsèd constitue la substance proprement dite de l'alliance. Mais il y a différents degrés d'intensité dans la signification du mot. Tout d'abord c'est le Seigneur transcendant, fondateur de l'alliance, qui possède hèsèd, et en ce sens la signification du mot est voisine de bienveillance, de grâce, amour ; mais, en conséquence" (1) nous dit Hans Urs von Balthasar cela induit une forme de réciprocité qui peut être entendue comme obligation et donc entrer dans une logique législative et stérile ou comme appel intérieur, "un libre don du coeur" (2)
L'enjeu est celui de cette danse dont je ne cesse de parler : entrer et faire corps avec la bienveillance divine, y contribuer pleinement.
Il faut alors conjuguer le mot avec rahamim (sein, entrailles au pluriel) que l'on traduit soit par une notion maternelle de Dieu, soit par miséricorde. Un autre écueil apparaît : celui de croire dans l'automatisme de la miséricorde en oubliant qu'elle s'obtient par une conversion intérieure et j'oserai dire une médiation.

Entrer dans la grâce est le chemin d'une vie.



(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3, Théologie, Ancienne Alliance, Paris, Aubier, 1974, p. 139sq
(2) p. 140
(3) cf. Sur les pas de Jean

Dédicace 2


"Jésus Christ, pierre de faîte,
Où convergent à l'infini
Et s'embrassent tous les êtres,
Que déjà l'amour unit,
L'Esprit Saint à ta louange
De ces pierres tire un chant
Qui jaillit secrètement
Et s'accorde aux voix des anges."(1)

"C'est nous qui devons être le temple de Dieu, son temple véritable et vivant. Les peuples chrétiens ont bien raison de célébrer avec foi cette solennité de la Mère Église, car ils savent qu'ils sont renés spirituellement par elle. Si, par notre première naissance, nous étions pour Dieu des objets de colère, par la seconde naissance, nous sommes devenus les objets de sa miséricorde. La première naissance nous a engendrés à la mort, la seconde nous a rappelés à la vie. (...) nous réfléchissons attentivement au salut de notre âme, nous savons que nous sommes le temple véritable et vivant de Dieu. Dieu n'habite pas seulement dans des temples faits de la main de l'homme, ni dans une demeure de bois et de pierres, mais principalement dans l'âme créée à l'image de Dieu, par la main du Créateur lui-même. C'est ainsi que saint Paul a dit : Le temple de Dieu est saint, et ce temple, c'est vous." (2)

(1) Hymne du 9/11,source Aelf
(2) saint Césaire d'Arles, Homélie pour la dédicace d'une église, source Textes liturgiques © AELF.


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Notre Dame de Paris, une cathédrale vivante ? - Dédicace

Après avoir fêté hier les saints du diocèse le fait que nous fêtions la dédicace du Latran et à travers elle celle de nos églises interpelle à l'aune de ce que nous dit le pape François sur la dimension polyédrique de notre Église et en écho à l'expression petrinienne de "pierres vivantes".

"Vous-mêmes, comme des pierres vivantes, construisez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d'offrir des sacrifices spirituels, agréés de Dieu, par Jésus-Christ; car voici ce qu'on trouve dans l'Ecriture: Je vais poser en Sion une pierre angulaire, choisie, précieuse" (cf. 1P2, 4sq)

Une cathédrale est signe efficace de la présence du Christ incarné reposant sur sa pierre angulaire.



Du temple coule un fleuve immense nous dit Ezékiel 47.

Les propos du cardinal Newman nous invitent à entrer dans cette contemplation :
"Une cathédrale est-elle le fruit d'un désir passager ou quelque chose qu'on puisse réaliser à volonté ? À coup sûr, les églises dont nous héritons ne sont pas une simple affaire de capitaux, ni une pure création du génie ; elles sont le fruit du martyre, de hauts faits et de souffrances. Leurs fondations sont très profondes ; elles reposent sur la prédication des apôtres, sur la confession de la foi par les saints, et sur les premières conquêtes de l'Évangile dans notre pays. Tout ce qui est si noble dans leur architecture, qui captive l'œil et va au cœur, n'est pas le pur effet de l'imagination des hommes, c'est un don de Dieu, c'est une œuvre spirituelle.
La croix est toujours plantée dans le risque et dans la souffrance, arrosée de larmes et de sang. Nulle part elle ne prend racine et ne porte de fruit si sa prédication n'est accompagnée de renoncement. Les détenteurs du pouvoir peuvent porter un décret, favoriser une religion, mais ils ne peuvent pas la planter, ils ne peuvent que l'imposer. Seule l'Église peut planter l'Église. Personne d'autre que les saints, des hommes mortifiés, prédicateurs de la droiture, confesseurs de la vérité, ne peut créer une vraie maison pour la vérité.
C'est pourquoi les temples de Dieu sont aussi les monuments de ses saints. (...) Leur simplicité, leur grandeur, leur solidité, leur grâce et leur beauté ne font que rappeler la patience et la pureté, le courage et la douceur, la charité et la foi de ceux qui, eux, n'ont adoré Dieu que dans les montagnes et les déserts ; ils ont peiné, mais non en vain, puisque d'autres ont hérité des fruits de leur peine (cf Jn 4,38). À la longue, en effet, leur parole a porté fruit ; elle s'est faite Église, cette cathédrale où la Parole vit depuis si longtemps. Heureux ceux qui entrent dans ce lien de communion avec les saints du passé et avec l'Église universelle. Heureux ceux qui, en entrant dans cette église, pénètrent de cœur dans le ciel" (1)

C'est dans cet axe que nous pouvons alors entrer dans la dynamique donnée par Paul en 1 Cor 3 : "j'ai posé la pierre de fondation. Un autre construit dessus. Mais que chacun prenne garde à la façon dont il contribue à la construction.
La pierre de fondation, personne ne peut en poser d'autre que celle qui s'y trouve : Jésus Christ.
Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l'Esprit de Dieu habite en vous ?
Si quelqu'un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c'est vous.(2)

(1) Bienheureux John Henry Newman PPS, vol 6, n° 19 , source : l'Évangile au Quotidien
(2) cf. 1 Co 3, 9c sq


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06 novembre 2019

Au fil de Luc 14 et Luc 20, Homélie du 32ème dimanche du Temps Ordinaire - année C

Projet 3
De quel côté sommes-nous ?
Du côté de la vie, de la foi, de l’espérance et de la charité
Ou du côté de la mort, de la haine et du jugement ?

Il n’y a pas d’entre deux et saint Luc depuis le récit du Fils prodigue nous conduit vers ce choix.

Un petit mot sur le contexte...
Le cœur de ces trois textes s’ordonne en effet autour de la résurrection.
La première lecture est pratiquement le seul texte de l’Ancien Testament où ce concept effleure et la question posée par les Saducéens montre que le sujet n’était pas partagé par la plupart des Juifs.

S’il n’y a pas de résurrection tout s’arrête. Et l’on peut percevoir le désespoir des Juifs qui sont face aux premiers martyrs.

Et nous que pensons nous du sujet ?
J’ai vu passer une étude qui affirmait qu’une tranche importante des catholiques ne croyait pas à la résurrection. Comment est-ce possible ? Si le Christ est mort sans ressusciter que croire ?

Si Jésus fait allusion à Abraham, Isaac et Jacob comme des vivants et non des morts, c’est pour nous entraîner au delà de notre vision étriquée du monde. Croire en Dieu c’est croire que l’amour dépasse les limites de la mort. C’est croire qu’en dépit de nos erreurs, il continue à crier vers nous.

La question de Dieu au jardin d'Eden dans Gn 3 : «  où es-tu ? ». traduit cette bienveillance de Dieu au delà de nos erreurs. Rappelons nous : L'homme était nu et devant le mal commis, Dieu l'interpellait alors pour le ramener à lui(1)

Depuis Adam, Dieu ne cesse de courir à nous...
Et la Bible n’est qu’un long récit de nos manières de ne pas entendre l’appel...
La résurrection est le cadeau final, ce qui nous inscrit dans l’espérance...

Christ est mort par la faute des hommes, mais Dieu est plus grand que nos erreurs. Dieu ne cesse de nous tendre la main...

Dans les icônes orthodoxes on voit même le Christ relever Adam et Ève des ténèbres de la nuit, signe que Christ est venu pour sauver l’humanité passée et future, alors n’ayons pas peur. Il est vivant !

Croire c’est aussi avancer. Nous  pouvons le fair de deux manières ; une extérieure qui consiste à louer Dieu pour ceux qui ont fait ce choix ultime de le suivre dans une vie totalement consacrée, ce qu’il appelle les anges...
La deuxième est plus essentielle : elle consiste à faire intérieurement ce choix ultime de se dégager du monde pour mettre sa vie au service de Dieu.
Et pour cela, tout baptisé a un chemin à entreprendre : il s'agit de discerner où est notre priorité...

Prendre le temps dans la prière de discerner l'essentiel. Combien de temps prions nous vraiment ? Non pas par des formules toutes faites mais en vérité ?

Laissons nous la « Parole suivre sa course » en nous ? comme le dit Paul dans la deuxième lecture (cf. 2 Th 2).

L'évangile en mettant côte à côte la loi dite du levirat et le choix de la consécration nous interpelle : sous quelle axe organisons-nous notre vie ? Sous l'axe du monde ou sous l'axe de Dieu ? 

Déjà la première lecture à une vision plus exigeante du lévirat puisque les sept frères choisissent la voie du martyre. Cf. 2 M 7, 1-2.9-14)
Choisir le chemin de Dieu, la voix unique dont parle saint Jean de La Croix, c'est voir d'abord nos addictions au matériel, à ce qui nous éloigne de la charité. 

« Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l'amour de Dieu
et l'endurance du Christ. » (2 Th 3,5)

Annexe

Mon projet 1, bien hors sujet... comme quoi l’art de l’homélie reste difficile

Où sont vos priorités ?
C'est la troisième fois que je pose la question dans une de mes homélies depuis septembre, et cela n'est pas anodin. Cela rejoint en effet la question de Dieu au jardin d'Eden dans Gn 3 : «  où es-tu ? ». L'homme était nu et devant le mal commis, Dieu l'interpellait alors pour le ramener à lui(1)

Déjà en Luc 14, que nous venons de relire mercredi, le chemin tracé par Jésus est exigeant ; « celui d'entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »

Sur cette voie Saint Macaire à cette exhortation qui dérange : « Comment est-il possible que, malgré de tels encouragements et de telles promesses de la part du Seigneur, nous refusions de nous livrer à lui totalement et sans réserve, de renoncer à toutes choses et même à notre propre vie, conformément à l'Évangile (Lc 14,26), pour n'aimer que lui seul, et rien d'autre avec lui ?
Considère tout ce qui a été fait pour nous : quelle gloire nous a été donnée, que de dispositions en vue de l'histoire du salut faites par le Seigneur depuis les pères et les prophètes, que de promesses, que d'exhortations, quelle compassion de la part du Maître dès les origines ! À la fin, il a manifesté son indicible bienveillance envers nous en venant demeurer lui-même avec nous et en mourant sur la croix pour nous convertir et nous ramener à la vie. Et nous, nous ne laissons pas de côté nos volontés propres, notre amour du monde, nos prédispositions et nos habitudes mauvaises, apparaissant en cela comme des hommes de peu de foi, ou même sans foi aucune.
Et cependant, vois comment, malgré tout cela, Dieu se montre plein d'une douce bonté. Il nous protège et nous soigne invisiblement ; malgré nos fautes, il ne nous livre pas définitivement à la méchanceté et aux illusions du monde ; dans sa grande patience, il nous empêche de périr et guette de loin le moment où nous nous tournerons vers lui »(2)

Nous arrivons aujourd'hui à la fin de la lecture de Luc dans l'année liturgique C, avant dernier dimanche avant le Christ Roi et c'est sur la pointe des pieds que nous pouvons contempler une dernière fois cette demande de tout quitter pour suivre l'appel du Christ. Nous pouvons le faire de deux manières ; une extérieure qui consiste à louer Dieu pour ceux qui ont fait ce choix ultime de dans une vie totalement consacrée.
La deuxième est plus essentielle : elle consiste à faire intérieurement ce choix ultime de se dégager du monde pour mettre sa vie au service de Dieu.
Et pour cela, tout baptisé a un chemin à entreprendre : il s'agit de discerner où est notre priorité...

Prendre le temps dans la prière de discerner l'essentiel. Combien de temps prions nous vraiment ? Non pas par des formules toutes faites mais en vérité ?

Laissons nous la « Parole suivre sa course » en nous ? comme le dit Paul dans la deuxième lecture (cf. 2 Th 2).

L'évangile en mettant côte à côte la loi dite du levirat et le choix de la consécration nous interpelle : sous quelle axe organisons-nous notre vie ? Sous l'axe du monde ou sous l'axe de Dieu ?

Déjà la première lecture à une vision plus exigeante du lévirat puisque les sept frères choisissent la voie du martyre. Cf. 2 M 7, 1-2.9-14)
Choisir le chemin de Dieu, la voix unique dont parle saint Jean de La Croix, c'est voir d'abord nos addictions au matériel, à ce qui nous éloigne de la charité.

« Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l'amour de Dieu
et l'endurance du Christ. » (2 Th 3,5)

(1) cf. mon livre éponyme « où es-tu ?+  mais surtout https://www.amazon.fr/Lire-lAncien-Testament-lecture-pastorale/dp/1533408610
(2) saint Macaire d'Égypte, Homélies spirituelles (trad. Deseille, Coll. Spi.Or. 40, Bellefontaine 1984, p. 114) , source : l'Évangile au Quotidien