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08 mars 2020

Parole, proximité et silence


Je découvre dans La Croix du 5 mars ce très bel extrait de la règle des diaconesses de Reuilly : « [La Parole] t'est offerte et cependant te résiste. Elle est forte et cependant s'estompe, fragile sous l'afflux de tes mots. Elle est limpide et cependant cachée, elle se cherche comme à tâtons. Elle t'éclaire et cependant ne brille qu'au-devant de ton pas. Elle est tout près de toi et cependant son immensité occupe les siècles. Cherche, scrute, patiente, demande. Ne te laisse pas rebuter car c'est Dieu lui-même qui veut t'apprendre Dieu. Aime assez l'Écriture pour qu'elle te délivre ses secrets. Ses accents sont toujours nouveaux. Imprègne-toi d'elle, fais-en ton étude, écris-la, raconte-la… Mais si t'enflammait une seule parole, fais silence et ne désire rien d'autre : le Seigneur t'a parlé comme l'ami parle à son ami. »

On retrouve ici une belle composition spirituelle qui fait entrer en résonance plusieurs médiations comme le texte célèbre d'Augustin extrait des Confessions sur la proximité et distance de Dieu et ce beau texte teilhardien de La custode que je rêve de retrouver.

Belle contemplation.

15 décembre 2019

La voix, le silence et la Parole - saint Augustin - amour en toi, 49…

« La parole est déjà dans mon cœur ; mais lorsque je veux te parler, je cherche comment faire passer dans ton cœur ce qui est déjà dans le mien.

Si je cherche donc comment la parole qui est déjà dans mon cœur pourra te rejoindre et s'établir dans ton cœur, je me sers de la voix, et c'est avec cette voix que je te parle : le son de la voix conduit jusqu'à toi l'idée contenue dans la parole ; alors, il est vrai que le son s'évanouit ; mais la parole que le son a conduite jusqu'à toi est désormais dans ton cœur sans avoir quitté le mien.

Lorsque la parole est passée jusqu'à toi, n'est-ce donc pas le son qui semble dire lui-même : Lui, il faut qu'il grandisse ; et moi, que je diminue ? Le son de la voix a retenti pour accomplir son service, et il a disparu, comme en disant : Moi, j'ai la joie en plénitude. Retenons la parole, ne laissons pas partir la parole conçue au fond de nous.

Tu veux voir comment la voix s'éloigne, tandis que demeure la divinité de la Parole ? Où est maintenant le baptême de Jean ? Il a accompli son service, et il a disparu. Maintenant le baptême du Christ se multiplie. Tous nous croyons au Christ, nous espérons le salut dans le Christ : c'est cela que la voix faisait entendre.

Il est difficile de distinguer la parole de la voix, et c'est pourquoi on a pris Jean pour le Christ. On a pris la voix pour la parole ; mais la voix s'est fait connaître afin de ne pas faire obstacle à la parole. Je ne suis pas le Messie, ni Élie, ni le Prophète. On lui réplique : Qui es-tu donc ? Il répond : Je suis la voix qui crie à travers le désert : Préparez la route pour le Seigneur. La voix qui crie à travers le désert, c'est la voix qui rompt le silence. Préparez la route pour le Seigneur, cela revient à dire : Moi, je retentis pour faire entrer le Seigneur dans le cœur ; mais il ne daignera pas y venir, si vous ne préparez pas la route.

Que signifie : Préparez la route, sinon : Priez comme il faut ? Que signifie : Préparez la route, sinon : Ayez d'humbles pensées ? Jean vous donne un exemple d'humilité. On le prend pour le Messie, il affirme qu'il n'est pas ce qu'on pense, et il ne profite pas de l'erreur d'autrui pour se faire valoir.

S'il avait dit : Je suis le Messie, on l'aurait cru très facilement, puisqu'on le croyait avant même qu'il ne parle. Il l'a nié : il s'est fait connaître, il s'est défini, il s'est abaissé.

Il a vu où se trouvait le salut. Il a compris qu'il n'était que la lampe, et il a craint qu'elle ne soit éteinte par le vent de l'orgueil. » (1)



Il est au milieu de vous,                    
celui que vous ne connaissez pas ;
préparez le chemin du Seigneur,
écoutez sa voix, amis de l'Époux,
pour que votre joie soit parfaite.

℟ Réjouissez-vous dans le Seigneur !
Réjouissez-vous, car il est proche

(1) Saint Augustin, homélie pour la nativité de Jean Baptiste, source : office des lectures du troisième dimanche de l'avent

06 juin 2019

Paroles humaines, parole de Dieu - 2 - Joseph Moingt - Esprit du christianisme

Surprenante correspondance dans mes lectures aujourd'hui entre Joseph Moingt et Christoph Théobald.
Mais est-ce un vrai hasard ? où le résultat d'une quête ?

« La révélation n'est pas une parole soudain tombé du ciel dans l'oreille d'un prophète ou d'un scribe inspiré, cela, c'est le mythe qui enveloppe toute religion ; non, elle est réminiscence et dévoilement d'une vérité depuis toujours déposée par Dieu dans l'esprit des hommes, car il est à la recherche de tout le temps mais ils apprennent à leur recherche de tout temps mais ils apprennent à le chercher dans le déploiement infini des temps. (1)

(1) Joseph Moingt, L'esprit du christianisme, Paris, Temps présent, 2018, p. 23

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Paroles humaines, parole de Dieu - Christoph Théobald

Paroles humaines, parole de Dieu

Qu'est-ce que la parole humaine si on ne remonte à sa source, à Dieu ?Jésus lui-même fait toujours allusion père. Il n'est pas en soi la vraie parole de Dieu, même s'il est médiateur. Il dit des paroles par sa vie, par sa mort et sa résurrection.
L'Ecriture en soi n'est pas Parole de Dieu, la tradition non plus.
« il n'y a pas d'accès à Dieu en dehors d'un acte d'interprétation » (1)
Tout nécessite une interprétation et en même temps doit être traversé par une volonté permanente d'écoute et d'interpellation qui se nourrit de prière et de discernement. (1)

(1) Christoph Théobald, Paroles humaines, parole de Dieu, Salvator, 2015, p.22



Envoyé de mon iPhone

21 décembre 2018

Une Parole qui dérange

"En face de la Parole de Dieu, le chrétien se trouve profondément déchiré" (1). Une contradiction [s'installe] entre son "exigence" et sa propre vie. (...) "elle exige l'amour de Dieu et du prochain" et donc une cohérence. Le risque est de l'ignorer, de laisser de côté toute contemplation, de peur qu’elle mette à jour notre démission.

A méditer...

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 196-7

11 octobre 2018

Une argile dans la main de Dieu

« Une argile dans la main de Dieu ». Cette expression d'Hans Urs von Balthasar (1) me laisse rêveur. Son propos vient d'une médiation de l'œuvre de la Parole en nous et de cette interaction salvatrice du Verbe qui nous empêche toujours de sombrer dans l'autosuffisance.
Elle est en nous et n'est pas nous. Plus intérieure que notre raison et nos émotions, plus essentielle et libre aussi. Elle réveille en nous le coeur, frappe à notre porte dans le silence, courant d'air disait François Cassingena-Trévédy. Nous ne pouvons l'enfermer dans nos concepts. Et en même temps elle nous modèle, nous malaxe à la mesure de notre manducation.

(1) in La prière contemplative, op. cit. p. 35

12 avril 2016

Présence absence - 3

"Il est bien que je m'en aille" Jn 16,7.
"Un seuil que nous avons du mal à passer, car beaucoup occupent la place du Christ. (...) [Celui-ci] s'efface (...) tout en renvoyant à quelqu'un d'autre, à notre origine, à la Parole de Dieu, au Père." nous dit Christoph Théobald. Il appelle cela "une expérience d'inversion  (...) seuil essentiel de l'expérience d'écoute (...) on ne regarde plus vers Dieu mais on se voit regardé par lui" (1).
C'est peut-être le point ultime de l'humilité. S'arrêter de parler à Dieu ou de Dieu et le laisser nous regarder, plonger au fond du coeur, nous aimer, tels que nous sommes et tels que nous pouvons devenir sous son regard, éclairés par sa lumière, portés par ses grâces et conduits à aimer en actes, comme nous le sommes...

(1) Christoph Théobald, Paroles humaines et Parole de Dieu, op. Cit p. 25.

07 avril 2016

Paroles humaines et Parole de Dieu -2

Qu'est-ce qui fait la différence nous dit Théobald ? Il cite pour cela ce texte de Paul (1) :

"C'est pourquoi nous aussi, nous ne cessons de rendre grâces à Dieu, de ce qu'ayant reçu la divine parole que nous avons fait entendre, vous l'avez reçue, non comme parole des hommes, mais, ainsi qu'elle l'est véritablement, comme une parole de Dieu. C'est elle qui déploie sa puissance en vous qui croyez".

1 Thessaloniciens 2:13

Dans ma lecture cursive de Genèse,  je tombe sur la même irruption de bienveillance dans Gn 33. Or ce texte est le fruit direct de Gn 32,  le combat de Jacob avec l'ange.  Jacob passe d'un homme ordinaire à celui qui est touché par Dieu...
Et Gn 33 est une vision inversée des deux frères de Luc 15. A contempler dans ces temps où la bienveillance n'a plus bonne presse (2)

(1) Ibid p. 16
(2) Contre la bienveillance,  paru récemment.

03 avril 2016

paroles humaines et Parole de Dieu

Qu'est-ce qui rend la parole humaine Parole de Dieu ? Une vraie question pour ceux qui scrutent l'Écriture. Souvent, on se rend compte que certains textes restent emplis de leurs "adhérences", qu'elles ne sont pas dignes d'être dans la Bible. On en a presque honte... Jusqu'à cette violence de certains passages de Luc qui parlent d'égorgement...(Lc 19, 27). Et pourtant, parfois, certaines paroles nous échappent. 
"Il y a des paroles exorbitantes" nous dit Theobald,"dont aucun homme ne peut porter le poids, une parole dont Dieu seul peut être l'origine" (1). Alors on pose le livre et on se dit Dieu est là. Et cette quête rebondit avec nos vies, devient souffle...

(1) Christophe Theobald, Paroles humaines, Parole de Dieu, Paris, Salvator, 2015, p. 16