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16 mars 2020

Leçon d’humilité - saint Basile


« Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le vaillant ne se glorifie pas de sa vaillance, que le riche ne se glorifie de sa richesse ! Alors, où est la vraie gloire et en quoi l'homme est-il vraiment grand ? Le prophète répond : Celui qui veut se glorifier trouvera sa gloire s'il reconnaît et comprend que je suis le Seigneur.

Voilà quelle est la noblesse de l'homme, voilà quelle est sa gloire et sa grandeur : connaître vraiment ce qui est grand et s'y unir, et rechercher sa gloire dans la gloire de Dieu. L'Apôtre dit en effet : Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur, après avoir dit : Le Christ a été envoyé pour être notre sagesse, pour être notre justice, notre sanctification, notre rédemption. ~

Voilà quelle est en Dieu notre fierté parfaite et exacte : ne pas se flatter de sa propre justice, mais savoir qu'on est dépourvu de vraie justice et ne trouver sa justice que dans la foi au Christ. Et c'est en cela que Paul se glorifie, car il méprise sa propre justice : il recherche cette justice qui est donnée par le Christ, qui vient de Dieu et qui consiste en la foi, pour connaître le Christ, éprouver la puissance de sa résurrection, et communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant sa mort dans l'espoir de parvenir à ressusciter d'entre les morts.

Alors, toute la prétention de l'orgueil s'écroule. Il ne te reste plus rien, pauvre homme, dont tu puisses te vanter, où tu puisses mettre ta fierté et ton espérance. Il ne te reste qu'à mortifier tout ce que tu possèdes, qu'à chercher dans le Christ ta vie future. Nous l'avons par avance, nous y sommes déjà, puisque nous vivons entièrement par la grâce que Dieu nous donne.

Et certes, c'est l'action de Dieu qui produit en nous la volonté et l'action, parce qu'il veut notre bien. En outre Dieu nous révèle par son Esprit sa sagesse qui a préparé notre gloire. Et c'est Dieu qui nous donne la force dont nous avons besoin dans nos labeurs. J'ai travaillé plus qu'eux tous, dit saint Paul ; non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi.

Dieu nous a délivrés de tout danger au-delà de toute espérance humaine. Nous avions reçu en nous-mêmes notre arrêt de mort, dit saint Paul. Ainsi notre confiance ne pouvait plus se fonder sur nous-mêmes, mais sur Dieu qui ressuscite les morts. C'est lui qui nous a arrachés à une telle mort et nous en arrachera ; en lui nous avons mis notre espérance : il nous en arrachera encore. » (1)

Si l'on croit bien faire, un seul remède : considérer notre faiblesse et accepter que ce qui est bien à travers nous vient de Dieu seul, cet amour déposé en nous, miette vivante non consumée de la Parole et de l'Eucharistie partagée qui subsiste à nos adhérences et devient grâce parce qu'elle est germe de Dieu.

C'est peut-être cela qui nous fait considérer que Dieu plante dans nos jardins mal cultivés des graines qui dépasse notre terre pour jaillir vers le ciel.


C'est au nom de cela que je continue d'écrire en dépit de l'orgueil qui m'étouffe.
C'est au nom de cela que je pense qu'un misérable comme celui tant blâmé dans le passé récent a pu faire naître une grande œuvre qui l'a dépassé et fait jaillir de la fragilité une lueur d'espoir et de charité.
La charité, l'espérance et la foi restent théologales, c'est-à-dire don de Dieu, prêchent avec raison notre Église.

(1) Basile de Césarée - Homelie sur l'humilité, source Office des lectures du 3eme lundi de carême

30 janvier 2020

Distance comme devenir - Bernard Sesboué

Par rapport à l'affirmation aux multiples traductions d'Exode 3,14 : « Je suis celui qui suit » sainte Catherine attribue au Christ ce commentaire : « Je suis celui qui suis, tu es celle qui n'est pas », nous rapporte Bernard Sesboué(1) en soulignant « cette différence absolue (...) [la] finitude crée (...) [le] devenir » de l'homme où se joue la prise de « distance par rapport à soi-même », ce que Grégoire de Nysse appelle la diastasis, Basile de Césarée le diastèma et Augustin la distensio, un passage du néant à l'être. (1)

Quel est l'enjeu ? Est-ce « l'autrement qu'être » de Levinas, le décentrement, la fission du cœur dont parlait Ratzinger au JMJ de Cologne ?

Tout passe probablement d'abord par une contemplation, celle du créateur qui se donne et s'efface pour conserver notre liberté, première théophanie du buisson ardent qui précède le don et la nudité du Christ à une distance infinie de lui-même...

(1) Bernard Sesboué, L'homme, merveille de Dieu, Paris, Salvator, 2015 p. 52ss

08 mai 2017

De la beauté à la grâce -Saint Basile

"SI les prémices sont aussi belles, qu'en sera-t-il de la plénitude totale ?" (1)

(1) Saint Basile,  traité sur l'Esprit Saint,  source AELF

21 août 2015

Liturgie des heures - À propos du bréviaire.

‎"Le prêtre [qui] dit son bréviaire tout seul (...) est invité à cette forme de dépouillement où, pour sa prière personnelle, il choisira la prière de l'Église. (...) Une pratique qui n'entre pas en concurrence avec l'oraison (...) mais (...)] le met] réellement en communion avec toute l'Église" (1). L'auteur qui commente ici les instructions préliminaires de la liturgie des heures n'insiste pas tant sur l'obligation du bréviaire que sur la gratuité du geste. A méditer.

On y retrouve les accents de saint Pie X dans divino afflatu (2) : «  ce que saint Basile appelle « la voix de l'Église », cette psalmodie définie par notre prédécesseur Urbain VIII comme « la fille de cette louange qui se chante sans relâche devant le trône de Dieu et de l'Agneau » (...) selon saint Athanase, elle enseigne aux hommes (...)  « comment ils doivent louer Dieu et quelles paroles il leur faut employer pour le célébrer. » (...) Les psaumes possèdent en outre une étonnante efficacité pour éveiller dans les cœurs le désir de toutes les vertus.  saint Augustin [dit aussi]: « Combien j'ai pleuré, en chantant tes hymnes et tes cantiques, tant j'étais remué par les douces mélodies que chantait ton Église ! Ces chants pénétraient dans mes oreilles, la vérité s'infiltrait dans mon cœur que la ferveur transportait, mes larmes coulaient, et cela me faisait du bien.(3) »(...)  le livre des Psaumes [est], comme un paradis contenant tous les fruits des autres livres, propose ses chants et ajoute ses propres fruits aux autres dans la psalmodie. » Ces paroles sont encore de saint Athanase, qui ajoute très justement : « Je pense que, pour celui qui chante les psaumes, ils sont comparables à un miroir où il peut se contempler lui-même ainsi que les mouvements de son âme, et psalmodier dans ces dispositions. » (...)  Peut-on ne pas être embrasé d'amour par cette image du Christ rédempteur esquissée avec persévérance ? Car saint Augustin « entendait dans tous les psaumes la voix du Christ soit qu'elle chante ou qu'elle gémisse, qu'elle se réjouisse dans l'espérance ou qu'elle soupire dans la situation présente. »

(1) Marcel Devers, PSS, La liturgie des heures dans la spiritualité du prêtre diocésain, in Bulletin de Saint-Sulpice, n. 37-38. 2011-2012
(2) Constitution apostolique « Divino Afflatu » de saint PIE X (1911), source Bréviaire
(3) Confessions, source D.A.

23 mai 2015

À la lumière de Pâques, en chemin vers la Pentecôte

Vivre en Christ

À l'ombre de la Croix et de la Résurrection,  il est bon de contempler l'inaccessible rêve auquel nous sommes appelés en Dieu. 
La première lettre de Jean nous en donne une première clé : " Dieu nous a donne la vie éternelle, (...) cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie (...). Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle (...) [Si] nous avons auprès de Dieu cette pleine confiance, que, si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu'il nous écoute, quelque chose que nous lui demandions, nous savons que nous obtenons ce que nous avons demandé. (1 Jean 5, 11-15)
Quel est l'enjeu : "Si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l’Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous". (Rm 8, 10-11)
Vivre en Christ paraît comme l'aboutissement de notre chemin, une vie où la paix et l'unité se mêle à la danse. « Si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous », nous confie Jésus dans son testament spirituel (Jean 14-16) qu'il faudrait méditer dans son ensemble.  À ce sujet, saint Cyrille d'Alexandrie(1) le commente ainsi : "Tout ce que le Christ avait à faire sur la terre était maintenant accompli ; mais il fallait absolument que nous devenions participants de la nature divine du Verbe, c'est-à-dire que nous abandonnions notre vie propre pour qu'elle se transforme en une autre, qu'elle se transfigure pour atteindre la nouveauté d'une vie aimée de Dieu. Et cela ne pouvait se faire autrement que par union et participation à l'Esprit Saint. Le moment le plus indiqué et le plus opportun pour l'envoi de l'Esprit et sa venue en nous était celui où le Christ notre Sauveur nous quitterait. En effet, aussi longtemps qu'il demeurait dans la chair auprès des croyants, il leur apparaissait, je crois, comme le donateur de tout bien. Mais lorsque viendrait le moment où il devrait monter vers son Père des cieux, il faudrait bien qu'il soit présent par son Esprit auprès de ses fidèles, qu'il habite par la foi dans nos cœurs. Ainsi, le possédant en nous-mêmes, nous pourrions crier avec confiance : Abba, Père ; nous porter facilement vers toutes les vertus et, en outre, montrer notre force invincible contre tous les pièges du démon et toutes les attaques des hommes, puisque nous posséderions l'Esprit tout-puissant. Les hommes en qui l'Esprit est venu et a fait sa demeure sont transformés ; ils reçoivent de lui une vie nouvelle comme on peut facilement le voir par des exemples pris dans l'Ancien et le Nouveau Testament. Samuel, après avoir adressé tout un discours à Saül, lui dit :L'Esprit du Seigneur fondra sur toi et tu seras changé en un autre homme. Quant à saint Paul : Nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, de gloire en gloire, comme il convient au Seigneur qui est Esprit. Car le Seigneur, c'est l'Esprit. Vous voyez comment l'Esprit transforme pour ainsi dire en une autre image ceux en qui on le voit demeurer. Il fait passer facilement de la considération des choses terrestres à un regard exclusivement dirigé vers les réalités célestes (...). Nous constatons que ce changement s'est produit chez les disciples : fortifiés ainsi par l'Esprit, les assauts des persécuteurs ne les ont pas paralysés ; au contraire, ils se sont attachés au Christ par un amour invincible. (...) Elle est donc bien vraie, la parole du Sauveur : C'est votre intérêt que je retourne au ciel. Car, c'est le moment de la descente de l'Esprit. "
Quels sont les fruits de l'Esprit.  Il nous faudrait relire Paul et les contempler à nouveau.  Mais nous le sentons bien,  l'issue du chemin est la vie en Christ,  c'est à dire sentir à la fois sa présence en nous par le mystère de l'eucharistie et en même temps contempler son absence, son caractère insaisissable qui fait naître en nous le désir de la danse.
"Tous ensemble ils dansent, et ils chantent : « En toi, toutes nos sources ! » nous dit le Psaume 86, 7.
Redisons le : Si l'on écoute saint Basile (2) les dons de l'Esprit sont une invitation à danser :" les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres.  De là viennent (...) la distribution des dons spirituels (...), la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu."


L'enjeu est aussi pastorale,  comme le clame  Zacharie à son fils, il nous faut,  à la suite du Baptiste devenir nous aussi "prophète du Très-Haut,  marcher devant, à la face du Seigneur, et préparer ses chemins 77 pour donner à son peuple de connaître le salut(...) [dévoiler la] "78grâce [et] la tendresse, (...) l'amour de notre Dieu, (..) 79 pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort, [et] conduire (...) au chemin de la paix. (Luc 1, 76-78).

"Il nous a rendus participants de sa divinité et il nous incorpore tous à lui. D'ailleurs la divinité à laquelle nous participons par cette communion n'est pas divisible en parties séparées ; il s'ensuit nécessairement que nous aussi, une fois que nous avons participé à elle en vérité, nous sommes inséparables de l'Esprit unique, formant un seul corps avec le Christ." (3). Nous parvenons alors "en Christ"
(1) saint Cyrille d'Alexandrie,  commentaire de Jean
(2) Saint Basile, traité sur les dons de l'Esprit
(3) Syméon le Nouveau Théologien, Éthique 1, 6-8 (trad. Prière mystique, Cerf 1979, p. 75 rev.) 

Pour aller plus loin cf. ci dessous les libellés "danse" et "En Christ"



19 mai 2015

La danse avec les anges

Si l'on écoute saint Basile (1) les dons de l'Esprit sont une invitation à danser : "les âmes qui portent l'Esprit, illuminées par l'Esprit, deviennent elles-mêmes spirituelles et renvoient la grâce sur les autres. 


De là viennent (...) la distribution des dons spirituels (...), la danse avec les anges, la joie sans fin, la demeure en Dieu, la ressemblance avec Dieu".


 À la veille de la Pentecôte,  confions au Seigneur cette envie de danser. Qu'elle embrase l'Église d'un brin de folie pour son Dieu...



(1) Saint Basile, traité sur les dons de l'Esprit

31 mars 2015

Sur les pas de Thérèse d'Avila

‎Nous reprenons une lecture longtemps ignorée et mise de côté :  La vie de Thérèse d'Avila de Marcelle Auclair et arrivons au début de sa conversion première sur cette phrase qui fait écho au "tout est vanité" de l'Ancien ‎Testament : "tout est rien". (1)
Ce matin je contemplais la mort du grain de blé qui en mourant explose de la vie de Dieu, et cette phrase de saint Basile dans son traité sur la Trinité qui parle d'imiter le Christ en mourant pour renaître. Alors ce que dit Thérèse prend sens : "Dieu a créé l'homme libre de choisir la perfection. Ce qu'il veut c'est cette décision"‎ (2).
Si tout est rien, autant mourir pour renaître...
Mais quelle mort ? : "Débarrasse ton coeur, vide le de toute créature (...) extrait l'amour de toute chose, (...) en Dieu et par Dieu" (3)

(1) La vie de Thérèse d'Avila de Marcelle Auclair, Seuil, 1960 p. 48
(2) p. 49
(3) ibid. p. 68

09 octobre 2007

Kénose de l’Esprit

C’est peut-être un paradoxe puisque l’Esprit est ce qui nous reste depuis le départ du Fils, mais pour moi sa présence reste foncièrement kénotique. Elle est même en soi la quintessence de la kénose puisqu’il n’apparaît jamais en personne mais « nous permet de voir le Père » comme l’affirme saint Basile (1)

Et de fait sa présence agit comme un révélateur : « Il veut seulement nous animer de son souffle et non s’objectiver devant nous. « il est la lumière que l’on ne saurait voir ». N’en arrive-t-on pas à en conclure que le décentrement pourrait être simplement se laisser habiter par le souffle – le pneuma – le vent, ce qui en soi n’est pas incompatible mais interpelle sur le plan du discernement (nous y reviendrons)…

(1) cité par Hans Urs von Balthasar, La Théologique, III – L’Esprit de Vérité p. 19
(2) Hans Urs von Balthasar, ibid p. 20