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21 décembre 2021

Chute et frémissement ? 2-21

Il y a peut-être une leçon à tirer de cette situation particulière qui voit l'effondrement de nos babylones anciennes. Au delà du style particulier du message de Jean, de ses exhortations datées, il nous faut peut-être transposer ce qui interpelle l’aujourd’hui dénoter Église, non pour dire que tout est accompli, mais parce qu’il reste un chemin. Écoutons d’abord le cri sous ce prisme : « Malheur ! Malheur ! la grande ville, Babylone, ville puissante : en une heure, ton jugement est arrivé ! (...) les marchands de la terre pleurent et prennent le deuil à cause d'elle, puisque personne n'achète plus leur cargaison : cargaison d'or, d'argent, (...) « Les fruits mûrs de tes convoitises sont partis loin de toi, tout ce qui était brillance et splendeur est perdu pour toi, et cela plus jamais ne se retrouvera. » (...) « Malheur ! Malheur ! La grande ville, vêtue de lin fin, (...) toute parée d'or, (...) , car, en une heure, tant de richesses furent dévastées ! » Ap 18, 10 sq




De quoi parle l'apôtre Jean si ce n'est peut-être de nos constructions humaines, notre monde financier, certes, mais peut-être aussi nos églises de pierre maintenant vidées de leur peuple. Face à ce désert et ce dépouillement, il nous faut revisiter ce qui est essentiel, ce qui compte vraiment, au delà des « cymbales retentissantes »(1Co 13).

Ce qui demeure est peut-être ce qui est dépouillé du faste. C'est ce qui est de l'ordre de l'amour. 

Le rideau s’est déchiré (1) et seule la croix nue et décharnée sur un ciel sombre luit de vérité. « je suis le chemin, la vérité et la vie ». (Jn 14).

La croix est loin de tout faste et de tout or, elle est cet amour désintéressé d'un donateur qui s'efface et meurt après avoir tout donné.

Christ est humilité et kénose...loin de nos splendeurs factices et peut-être même du faste ancien de nos liturgies.

Abandonnons l'or et contemplons le bois transpercé, la chair meurtrie de ceux qui donnent et se taisent, de nos soignants épuisés et vidés. 

Ils brlllent d'un amour plus essentiel que nos ors et nos paroles humaines, voire de certains de nos discours ou de nos prières machinales qui oublient ce qui est voilé et silencieux au fond de nous-mêmes : l'appel à l'humilité et à l'agenouillement.


« Le Christ Jésus, +

ayant la condition de Dieu, *

ne retint pas jalousement

le rang qui l'égalait à Dieu.

7 Mais il s'est anéanti, *

prenant la condition de serviteur.

Devenu semblable aux hommes, +

reconnu homme à son aspect, *

8 il s'est abaissé,

devenant obéissant jusqu'à la mort, *

et la mort de la croix.

9 C'est pourquoi Dieu l'a exalté : *

il l'a doté du Nom

qui est au-dessus de tout nom,

10 afin qu'au nom de Jésus

tout genou fléchisse *

au ciel, sur terre et aux enfers,

11  et que toute langue proclame :

« Jésus Christ est Seigneur » *

à la gloire de Dieu le Père.(Ph 2, 5-11)


Le suis le chemin...

Et quel chemin ?

Peut-être l’humilité de Dieu, la kénose du Père puis du Fils qui se répand ensuite silencieusement dans nos cœurs et loin de tout discours surfait.

Il est vérité et vie.

À quelle vie nous appelle le Christ sinon de tenter cette voie ardue, presqu’inacessible de l’amour donné et partagé ? 

Je suis...

Il est chemin, il est présent.

Présent dans le cri du frère, blessé, abandonné ou, comble de l’horreur, abusé. Il est dans l’appel ténu que nous ne savons pas entendre, dans cette main que nous refusons et ignorons sans cesse...


Déposer son vêtement pour le lavement des pieds c'est aussi, pour le Christ, commencer le dépouillement final. 

On pourrait faire une lecture spirituelle qui voit le dénuement du Christ suivi de son action de verser l'eau dans le bassin puis de s'agenouiller devant l'homme comme une symbolique de la soumission finale et du sang versé. 

C'est comme on le verra plus loin sous la plume de Xavier Léon-Dufour (2), comme un premier « mime symbolique » de la croix qui se déroule ici. 

Il y a alors dans cet axe de lecture une dimension que Pierre ne comprend pas encore, faute d'en avoir la clé ultime. Le lavement des pieds, c'est déjà la Passion, le don final, le sang versé, c'est le jusqu'au bout de l'amour... 

Le refus de Pierre prend alors une autre ampleur : au delà du refus de la kénose c'est le refus de la souffrance et de la mort qui est en jeu. 


La deuxième piste à méditer est peut-être celle du signe, du sacrement et de la distance qui peut se créer entre le rite et l'agir. 

Le rite du jeudi saint n'est rien s'il demeure un mime, un discours en geste au lieu d'être un amour en actes... 

On dit que le lavement des pieds n'est pas un sacrement parce que la vie et la mission de l'Église doit être un éternel lavement des pieds... cela reste à prouver dans l'aujourd'hui de nos vies, de nos agir... 

À méditer 


(1) cf. mon livre éponyme

(2) Xavier Léon-Dufour, Évangile selon saint Jean, tome 3, p. 26 & 60.


PS : je revisite ici des textes déjà parus il y a 18 mois, mais qui me semblent plus pertinents que jamais…

« Hâtez-vous lentement et, sans perdre courage, Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage : Polissez-le sans cesse et le repolissez… ». Ce cher Boileau avait du bon. Comme l’argile que traverse à nouveau la charrue, nos cœurs en cet hiver ont des espoirs à faire renaître, pour que grandisse en nous le germe de l’Esprit, si bien enterré dans nos cailloux profonds…

09 mai 2020

Dépouillement - 2 - méditation du 5eme dimanche de Pâques


Projet 2
Il y a une leçon à tirer de cette situation particulière qui voit l'effondrement de nos babylones anciennes : « Malheur ! Malheur ! la grande ville, Babylone, ville puissante : en une heure, ton jugement est arrivé ! » Et les marchands de la terre pleurent et prennent le deuil à cause d'elle, puisque personne n'achète plus leur cargaison : cargaison d'or, d'argent, (...) « Les fruits mûrs de tes convoitises sont partis loin de toi, tout ce qui était brillance et splendeur est perdu pour toi, et cela plus jamais ne se retrouvera. » (...) « Malheur ! Malheur ! La grande ville, vêtue de lin fin, (...) toute parée d'or, (...) , car, en une heure, tant de richesses furent dévastées ! » Ap 18, 10 sq
De quoi parle l'apôtre Jean si ce n'est toute nos constructions humaines, notre monde financier certes mais peut-être aussi nos églises de pierre maintenant vidées de son peuple. Face à ce désert et ce dépouillement il nous faut revisiter ce qui est essentiel, ce qui compte vraiment, au delà des « cymbales retentissantes »(1Co 13).
Ce qui demeure est ce qui dépouillé du faste. C'est ce qui est de l'ordre de l'amour. Le rideau est déchiré (1) et seule la croix nue et décharnée sur un ciel sombre luit de vérité. « je suis le chemin, la vérité et la vie ». (Jn 14).
La croix est loin de tout faste et de tout or, elle est cet amour désintéressé d'un donateur qui s'efface et meurt après avoir tout donné.
Christ est humilité et kénose...loin de nos splendeurs factices et peut-être même du faste ancien de nos liturgies. Abandonnons l'or et contemplons le bois transpercé, la chair meurtrie de ceux qui donnent et se taisent, de nos soignants épuisés et vidés. Ils brlllent d'un amour plus essentiel que nos ors et nos paroles humaines, voire de certains de nos discours ou de nos prières machinales qui oublient ce qui est voilé et silencieux au fond de nous-mêmes : l'appel à l'humilité et à l'agenouillement.

« Le Christ Jésus, +
ayant la condition de Dieu, *
ne retint pas jalousement
le rang qui l'égalait à Dieu.
7 Mais il s'est anéanti, *
prenant la condition de serviteur.
Devenu semblable aux hommes, +
reconnu homme à son aspect, *
8 il s'est abaissé,
devenant obéissant jusqu'à la mort, *
et la mort de la croix.
9 C'est pourquoi Dieu l'a exalté : *
il l'a doté du Nom
qui est au-dessus de tout nom,
10 afin qu'au nom de Jésus
tout genou fléchisse *
au ciel, sur terre et aux enfers,
11  et que toute langue proclame :
« Jésus Christ est Seigneur » *
à la gloire de Dieu le Père.(Ph 2, 5-11)

Le suis le chemin...
Et quel chemin. L’humilité de Dieu, la kénose du Père puis du Fils qui se répand ensuite silencieusement dans nos cœurs et loin de tout discours surfait.
Il est vérité et vie.
À quelle vie nous appelle le Christ sinon de tenter cette voie ardue, presqu’inacessible de l’amour donné et partager.
Je suis...
Il est chemin, il est présent.
Présent dans le cri du frère, dans l’appel ténu que nous ne savons pas entendre, dans cette main que nous refusons et ignorons sans cesse...

(1) cf. mon livre éponyme



18 mai 2019

Au fil d’Apocalypse 18, 1-20 - La chute de Babylone - inversion 3

« 01 Moi Jean, j'ai vu descendre du ciel un autre ange, ayant un grande pouvoir, et la terre fut illuminée de sa gloire.
02 Il s'écria d'une voix puissante : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande ! (..) 
07 À la mesure de la gloire et du luxe qu'elle a étalés, donnez-lui torture et deuil. Car elle dit dans son cœur : "Je trône, je suis reine, je ne suis pas veuve, je ne verrai jamais le deuil."
08 C'est pourquoi des fléaux, en un seul jour, viendront sur elle : mort, deuil, famine, et elle sera brûlée au feu, car il est fort, le Seigneur Dieu qui l'a jugée. »
09 Alors, ils pleureront et se lamenteront sur elle, les rois de la terre qui se sont prostitués avec elle et qui ont partagé son luxe, quand ils verront la fumée de son incendie.
10 Ils se tiendront à distance par peur de ses tortures, et ils diront : « Malheur ! Malheur ! la grande ville, Babylone, ville puissante : en une heure, ton jugement est arrivé ! »
(...) 19 Et jetant de la poussière sur leur tête, ils criaient dans les pleurs et le deuil. Ils disaient : « Malheur ! Malheur ! La grande ville, dont l'opulence enrichissait tous ceux qui avaient des bateaux sur la mer : en une heure, elle a été dévastée ! »
20 Ciel, sois dans la joie à cause d'elle, ainsi que vous, les saints, les apôtres et les prophètes, car Dieu, en la jugeant, vous a rendu justice. » (Ap 18, 1-20 source AELF)

En paraphrasant mon homélie de ce week-end : Quelle est la leçon de ce texte ? c'est peut-être de regarder les choses à l'envers. Le petit, le faible, le rejeté, le fêlé nous donnes accès à Dieu. Comme le diacre Philippe pendu par les pieds laissons nous retourner. La gloire des hommes du verset 7 ne conduis qu'à la mort....

Celle de Dieu, c'est de voir le monde à l'envers des hommes : comme Jean Vanier, comme Jésus aimer le petit et le faible. 

C'est le chemin du Christ, la kénose, Écoutons ce que nous dit Paul en Ph. 2. Il s'est abaissé, c'est fait esclave, c'est pourquoi Dieu l'a relevé et lui a donné la gloire. 

« Il est venu en ce monde en s'incarnant non pour être servi, mais, comme il le dit lui-même, pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.
Il le reconnaissait bien : il est venu évidemment pour accomplir les promesses faites à Israël, puisqu'il disait : Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'lsraël. C'est pourquoi saint Paul ne ment pas lorsqu'il dit que le Christ s'est fait le serviteur des Juifs pour garantir les promesses faites à leurs pères. Mais il dit aussi que le Christ a été chargé par Dieu le Père de faire obtenir miséricorde aux païens, afin qu'eux aussi le glorifient comme le Créateur et l'Artisan de toutes choses, le Sauveur et le Rédempteur. ~ Ainsi, la clémence divine s'est étendue à tous, les païens ont été accueillis, et le mystère de la sagesse accompli dans le Christ n'a pas dévié de son but de miséricorde. Pour remplacer ceux qui sont tombés, c'est le monde entier qui a été sauvé par la compassion de Dieu. » (1)

Notre salut est dans le Christ serviteur. 

(1) Saint Cyrille d’Alexandrie, commentaire de la lettre aux Romains, source AELF, office des lectures du samedi de la 4eme semaine de Pâques