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19 septembre 2019

Homélie du 25ème dimanche ordinaire - Am 8, Ps 112, 1 Tm 2 et Luc 16 - Dieu et l'argent

Projet 5
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Où sont nos priorités ?
Je vous posais déjà cette question il y a 15 jours et vous allez trouver que je radote un peu.
Pourtant cette apparente rengaine n'est que la suite du message de Jésus rapporté par Luc,
qu'il développe patiemment depuis le chapitre 14. Rappelez-vous déjà les mouvements auxquels il nous appelait :
- l'abaissement
- le choix de Dieu d'abord
- l'attention à Dieu et au véritable prochain.
A plus court terme, dans l'évangile lu dimanche dernier, avec le récit du fils prodigue, notre curé nous interpellait sur la miséricorde de Dieu, mais aussi sur l'attitude du deuxième frère, notre propension au jugement et notre attachement au matériel... Que vaut un veau gras par rapport au frère
retrouvé, à l'amour...
Aujourd'hui Luc va plus loin. Il nous conduit à voir ce qui en nous nous sépare de Dieu et notamment de deux des trois écueils principaux de l'homme : le pouvoir et l'argent. Combien d’enferment sur nous mêmes, de portes que nous fermons, de porte monnaies qui ne laissent échapper que des pieces jaunes. Tout cela nous empêche d’ouvrir nos mains à ceux qui pleurent et qui crient à notre porte... !

Déjà Amos insistait sur ce point : "vous écrasez les malheureux, anéantissez les humbles"...
Le pouvoir, l'avoir (et le valoir) sont les trois failles de l'homme.
Par notre désir de prendre pouvoir sur l'autre, d'opprimer ou de juger les faibles (comme le deuxième frère du fils prodigue) nous éloigne de Dieu...

L'avoir, l'amour de l'argent est la deuxième faille. Elle pollue nos relations...
Et l'épisode du gérant malhonnête montre comment nous rusons avec lui.
Mais Luc dénonce cela avec force : se détacher de l'argent... devenir
généreux non pour acheter l'autre mais pour aimer en vérité. Voici à
quoi Dieu nous appelle...
Renoncer...
------- (supplément pour dimanche)
C’est ce que vont faire aujourd’hui parents, parrains et marraines de ces trois enfants, baptisés aujourd’hui...
Les jeunes enfants ne sont pas encore pollués par cela. En cela, ils nous précèdent dans le royaume. En contemplant ces 3 enfants que nous allons baptiser aujourd'hui je vous invite, à la suite de Jésus, à retrouver la candeur de votre enfance, à devenir des dépendants de Dieu, loin du pouvoir et de l'avoir...
Et vous parents, parrains et marraines, je vous invite à conduire ces enfants loin de ces chemins qui nous détournent de Dieu... Non pas en les gâtant de cadeaux et en les rendant dépendants à l’argent, mais bien en les conduisant à l’essentiel,
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L’enjeu est d’aller à l’inverse de ce qui nous attire. Loin de l’argent et du pouvoir, il y a l’humilité et le don. Un amour désintéressé et débordant, l’amour qui nous vient de Dieu. Cet amour là s’est manifesté en Christ. Il est le chemin...
J’en viens à 1 Timothée 2 « le Christ s’est donné lui-même en rançon pour tous ». L’erreur serait de croire que la rançon est payée à un dieu jaloux. Le prix payé par le Christ est le prix payé du don de soi pour nous inviter au même don et ainsi nous libérer de la tentation du pouvoir et de l’argent. C’est un agenouillement devant l’homme. La rançon au temps de Jésus était le prix payé pour libérer l’esclave. En offrant sa vie, Christ nous aide à nous libérer du mal. En communiant à son Corps nous participons à cela. Méditons le dans le silence.

10 novembre 2018

Au fil de Luc 16,9-15. - l’amour de l’argent - Clément d’Alexandrie

« Faites-vous des amis avec l'argent malhonnête » Luc 16, 10
Il ne s'agit pas pour Luc de nous pousser à la malhonnêteté, mais bien à une générosité féconde, à nous servir pour autrui d'une mesure pleine et débordante.
Il ne s'agit pas d'acheter autrui et le royaume, mais de transformer notre cœur pour aimer au sens de l'agape. Un amour large, profond, élevé et durable. 

« Celui qui donnera à boire à l'un de mes disciples, même un simple verre d'eau fraîche, ne perdra pas sa récompense » (Mt 10,42)... 

 Écoutons saint Clément d'Alexandrie : « Les richesses dont nous disposons ne doivent pas ne servir qu'à nous ; avec des biens injustes on peut faire une œuvre juste et salutaire, et soulager l'un de ceux que le Père a destinés à ses demeures éternelles... Qu'elle est admirable, cette parole de l'apôtre Paul : « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2 Co 9,7), celui qui fait l'aumône de bon cœur, qui sème sans compter afin de moissonner aussi abondamment, et qui partage sans murmure, hésitation ou réticence... Et il est encore plus grand, ce mot que le Seigneur dit ailleurs : « Donne à quiconque te demande » (Lc 6,30)... (...). 
Réfléchis alors à la récompense magnifique promise à ta générosité : les demeures éternelles. Quel beau commerce ! Quelle affaire extraordinaire ! On achète l'immortalité pour de l'argent ; on échange les biens caducs de ce monde contre une demeure éternelle dans les cieux ! Si donc, vous les riches, vous avez de la sagesse, appliquez-vous à ce commerce... Pourquoi vous laissez fasciner par des diamants et des émeraudes, par des maisons que le feu dévore, que le temps écroule, qu'un tremblement de terre renverse ? N'aspirez qu'à vivre dans les cieux et à régner avec Dieu. Un homme, un pauvre, vous donnera ce royaume... D'ailleurs, le Seigneur n'a pas dit : « Donnez, soyez généreux et larges, secourez vos frères », mais « Faites-vous des amis ». L'amitié ne naît pas d'un seul don, mais d'une longue familiarité. Ni la foi, ni la charité, ni la patience ne sont l'œuvre d'un jour : « mais celui qui aura persévéré jusqu'au bout sera sauvé » (Mt 10,22). (1)

L'agape n'est pas la simple philia de l'amitié des hommes. Même si Luc évoque la philia au verset 9, il vise l’agape au verset 13. On découvre la distinction dans l'échange de Pierre et de Jésus dans Jean 21. M'aimes-tu d'Agape, demande deux fois Jésus à Pierre, avant de passer à la philia. Là est l'enjeu final. 

Prenons de la distance et contemplons le chemin tracé par Luc : « Lorsque tu donnes un déjeuner ou un dîner, ne convie pas tes amis, ni tes frères, ni les gens de ta parenté, ni des voisins riches, de peur qu'ils ne te rendent ton invitation et qu'ainsi tu sois payé de retour. Mais lorsque tu donnes un banquet, invite des pauvres, des estropiés, des infirmes, des aveugles. Heureux seras-tu, parce qu'ils n'ont pas de quoi te payer de retour! En effet, tu seras payé de retour à la résurrection des justes.» Luc 14:12-14 NBS 

L'agape est déjà entre les lignes au chapitre 14. Elle se transforme en miséricorde au chapitre 15, prends de l'ampleur dans l'histoire du gérant malhonnête... (Luc 16, 1-8) et nous voici grimper une nouvelle marche, course en avant qui nous conduit dans la dynamique de Philippiens 3 (cf. Post de jeudi). Il y a là un chemin hyperbolique à contempler...
Le point ultime n'est-il pas Jésus sur la Croix ?

(1) Saint Clément d'Alexandrie, Sermon « Quel riche peut être sauvé ? », § 31 (trad. coll. Icthus, t. 6, p. 45 rev.), source Evangelizo 


04 novembre 2016

Le gérant malhonnête - Luc 16


Paul nous le souligne dans la première lecture : "Ils ne pensent qu’aux choses de la terre. Mais nous, nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ". ( Ph. 3). On pourrait y voir un élitisme.  Ne s'agit il pas plutôt d'une exhortation,  car en nous réside bien les deux extrêmes,  cette adhérence au monde et l'appel divin ?

Cette interprétation prépare une clé de lecture de ce texte difficile du gérant malhonnête (Luc 16, 1-10). Elle est donné par la petite Thérèse (1) : si les gens de ce monde sont habiles en générosité,  combien plus devrions nous faire oeuvre de charité,  nous qui avons reçu de Dieu des biens en abondance.  "Donne nous un double Amour", demande-telle, soulignant qu'il nous viendra de Dieu. Reste ensuite à agir.

(1) Thérèse de Lisieux, Manuscrit autobiographique B, 4r°