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07 janvier 2021

Danse avec tout homme - 26

« Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. » La méditation liturgique de la première lettre de Jean nous ramène à l’essentiel, à ces béatitudes qui contemple en chaque homme, cette capacité théophorique, d’être porteur de Dieu. 


Μακάριοι ο πτωχο τ πνεύματι - bienheureux les pauvres en Esprit. La distinction de Mt 5,3 interpelle.


Ce n’est pas rien de contempler dans la kénose du Fils l’appel continu de Dieu à révéler ce qu’il a mis en nous.

L’agenouillement du Fils qui veut demeurer chez Zachée, crie son « j’ai soif » à la Samaritaine ou se laisse toucher en Marc 7 par cette femme étrangère qui lui réclame des miettes est contemplation, d’une certaine manière de ce Dieu en « manque » de l’homme déjà mentionné par Arnold en « danse n. 9 et n.10 », non qu’il soit dépourvu d’infinité, mais parce que l’amour même est « extase »(Fratelli Tutti, ch. 3), tout tourné vers autrui, vers le « visage » d’autrui au sens Lévinassien.


La contemplation de cet foi des petits enfants, de cette amour sans faille, de cette confiance aveugle est toujours pour l’homme lieu de danse et s’inscrit bien dans la symphonie kénotique de l’homme et de Dieu.


C’est à l’Arche que l’on découvre que la foi des touts petits est lumière qui fait éclater nos incertitudes et nos de-espérance. C’est dans le chant et la prière de mes quatre petits enfants que je vibre le plus avec l’amour reçu et partagé. Dieu donne nous l’amour des « simples », ceux qui ne s’encombrent pas des rites et des dogmes, mais demeurent en toi comme tu demeurent en eux. 





On est bien là au cœur de cet agenouillement qui fait le centre de ma trilogie trop souvent citée.

11 août 2020

Le premier lavement des pieds - Gen 18, 4

Tradition culturelle d'hospitalité, le lavement des pieds proposé par Abraham, n'est pas à la hauteur du lavement des pieds proposé par Jésus en Jean 13.
Pourtant...
Pourtant il s'inscrit dans cette dynamique même de dépouillement en dépouillement, d'agenouillement en et agenouillement qui conduira Jésus à prendre la place, à la suite des femmes de Galilée à celle qui revient à l'esclave, pour nous montrer la voie de l'amour humble de Dieu.
C'est ce que nous avons peut-être à méditer dans le silence et dans l'attente d'Abram au chêne de Mambré.
Sur le sable fragile d'un homme et d'une femme stérile malgré leur union, Dieu veux construire un peuple, une descendance.
Leçon d'humilité s'il en est que cette stérilité de Sarah qui va jusqu'à rire du projet de Dieu et découvrir pourtant en sa chair que Dieu peut faire germer une graine sur un terrain aride.
Dieu a besoin de nous.
Si nous prêtons nos corps stériles et voués à la ruine à la construction d'un Corps, nous devenons participants, malgré notre indignité à l'édification du Temple.
Il ne s'agit pas d'une Babel éphémère si notre dépouillement reste entier. Il faut accepter de mourir à nos rêves humains pour que le grain prenne corps. C'est dans l'argile de nos échecs que le Seigneur dessine un chemin amoureux...
C'est dans le terreau de nos échecs que Dieu fait jaillir le grain du Verbe.
C'est sur le reniement d'Abram que jaillira la descendance.
C'est sur le reniement de Pierre que se construit l'Église.
Nous ne sommes que des pêcheurs pardonnés.
De nos échecs Dieu fera des victoires.
Sur l'argile du potier, Dieu modèle des amphores.
De la quête attentive de l'homme, de l'accueil humble d'autrui jaillit le signe ultime, l'agenouillement de Dieu devant l'homme qui crie que l'amour est possible.
Si tu veux...
Laisse Dieu agir.
Laisse le te dépouiller de tes désirs humains, de ta quête de pouvoir, pour qu'au fond d'un vase brisé, d'un rideau déchiré, d'un corps mutilé, d'un rêve cassé, d'un cœur transpercé, jaillisse une source nouvelle...

20 juillet 2020

La danse des brebis - dépouillement 24

« J'ai joué de la flûte » (Mat 11,17)
Quel écho cela a-t-il pris en nous ?

Tendre l'oreille.
Entendre la musique du Verbe.

« Aussitôt que la voix de ta salutation à atteint mon oreille, voici que l'enfant a tressailli en moi » (Luc 1,42)

Entendre et tressaillir.
Sentir le Verbe en soi...

Entendre la voix de Dieu, en reconnaître les notes.
Reconnaître la voix.
La laisser vibrer en nous.

«Le gardien lui ouvre la porte et les brebis écoutent sa voix. Il appelle ses brebis chacune par son nom et les mène dehors. Quand il les a toutes fait sortir, il marche devant elles et les brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix.» Jean‬ ‭10:3-4‬ ‭

Tressaillir aux échos de Dieu dans les profondeurs intérieures de notre être.
Secouez les résistances, les fausses notes, les contre-temps.
Se dépouiller des ornements (Ex33,5) qui freinent l'écho de Dieu...
Entrer en résonance avec le Verbe.
Entrer dans la danse.
Participer à la symphonie du Verbe.

Quitter nos enclos et nos terres...
Quitter nos enfermements et nos doutes...
Quitter son père et sa mère
Se lever...
Porter le fardeau léger
Prendre son bâton
Se laisser conduire au désert.
N'emporter ni bourse, ni rechange
Marcher dans les pas de Dieu.
Entrer dans sa danse.

Avancer, un pas après l'autre.
Trébucher et se relever.
Se laisser porter.
Découvrir ses chemins de miséricorde
Ne pas se laisser distraire par les bruits alentours.
Se concentrer sur la mélodie.
Danser avec son Dieu...
Se laisser emporter par la danse trinitaire
Quitter son vêtement de fête
Retirer ses sandales.
Aimer et se laisser aimer.
Jusqu’au bout
Mourir à soi même
Espérer contre toute espérance



(1) Variation et hommage au « maître de chant », in François Cassingena-Trévédy, la voix contagieuse, chap. VII, op. cit.

19 juillet 2020

Dépouillement 22 - le bon grain, l’ivraie et La Croix


Il y a une lecture pascale et johannique du texte de Matthieu 13 en Jean 13. Elle illustre et complète la parabole du bon grain et de l'ivraie, dans l'agenouillement du Christ devant Pierre et Judas.
C'est « l'où es-tu ? » final de Dieu devant l'homme, lancé depuis Gn 3....Le Christ a vécu dans sa chair, ce dépouillement. Il s'est mis à genoux devant les deux « graines » qu'était Judas et Pierre, il a lavé les pieds des deux apôtres.
Judas a refusé l'amour et s'est pendu dans la géhenne, la vallée maudite qui jouxte Jérusalem
Pierre a renié le Christ jusqu'au bout, par trois fois, mais le Verbe semé en lui a étouffé l'ivraie de la discorde, le germe de violence qui cohabitait en lui. Pierre n'a pas pris pas l'épée, il accepte de se laisser laver tout entier par les larmes... Au lieu de choisir la mort, il a choisi douloureusement le repentir puis la vie.


Dans la mort du Christ Pierre a entamé son dépouillement ultime. Aux triple questions du Christ qui répondent à son triple reniement, s'amorce la naissance de la plante fragile et immense qui sera l'Eglise (Jn 21).
« Pierre m'aimes-tu ? »
De Jean 13 à  Jean 21 s'étend la clé qui ouvre et met à jour l'amour de Dieu pour l'homme.
Je l'ai compris dans la chair le jour où j'ai senti le Christ à genoux devant moi. Cette révélation, à Penboc'h un jour de retraite ignatienne il y a une dizaine d'années est le germe ultime de ma vocation de diacre.
Ne soyons pas source de discorde, laissons l'Église entamer le dépouillement final...poussé par l'Esprit qui travaille sans cesse en l'homme pour faire jaillir les semences du Verbe.

Nos cathédrales peuvent être réduites en cendres... le germe divin ne sera pas atteint. La moisson vient, le grain semé germe au fond de l'homme. l'Église est le creuset, le Corps de l'espérance de Dieu, le fruit ultime de son agenouillement et de son dépouillement 
Le dépouillement et l'agenouillement de Dieu est la clé cachée de la parabole. Écoutons le Christ à genoux nous demander « m'aimes-tu ? ». « Supportez-vous les uns les autres avec amour. Ayez à cœur de garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix » (Ep 4,2-3). N'y a-t-il rien en toi qu'un autre n'ait à supporter ? (1)

(1) Saint Augustin Commentaire sur le psaume Ps 99, 8-9, PL 37, 1275-1276 (Saint Augustin, maître de vie spirituelle; trad. A. Tissot, S.J.; Éd. X. Mappus 1960, p. 115-116 rev.), source  : l'Évangile au Quotidien 




09 avril 2020

Au fil de Jean 13 - contempler le Christ à genoux - Homélie du jeudi…

Projet 1 à critiquer / commenter

Voyons nous vraiment avec les yeux du cœur ?

Si nous avions le regard plus attentif, au lieu de chercher Dieu dans les étoiles ou dans les manifestations de puissance, nous pourrions saisir qu'il est là, devant nous, à genoux, comme Marie (Jn 11) ou la femme pécheresse, comme l'esclave qui faisait le geste à son époque.
Le voici à genoux devant Pierre comme devant Judas.
Le voici à genoux devant l’homme*, devant nous, en train de prendre nos pieds avec délicatesse et d'apaiser la fatigue de nos marches, affermir nos hésitations et, surtout pleurer sur le fait que nous ignorons son geste.

Comme le fils qui oublie la peine de sa mère pendant de longues années, comme l'ingrat qui ignore les dons reçus et les considèrent comme propres, nous avons à contempler cet abaissement divin, comme le sommet de toute révélation. C'est devant ce geste de faiblesse, cet agneau immolé, élevé  suite sur la croix, que nous sommes appelés à prendre de la distance par rapport à ce qui nous éloigne de l'essentiel.

Dieu n'est pas dans le tonnerre ou le feu ( cf. 1Rois 19) il est dans ce repas partagé évoqué par Paul (1 Co 6), dans ce geste d'humilité retracé en Jean 13, dans le jusqu'au bout qui donne sens à une vie...

« Ceci est mon corps, qui est pour vous.
Faites cela en mémoire de moi. »



En ce temps de jeûne eucharistique, prenons le temps de contempler que ce n'est pas tant la consommation physique du Corps qui est l'essentiel mais ce Christ qui se donne et se répand comme un fleuve spirituel immense (Jn 19, Ez 47) et à la fois comme la brise légère et insaisissable qui pénètre notre être au delà de toute corporéité. Le Christ se répand de manière plus essentielle que l'eucharistie dans cette réception toute intérieure qui se joue au delà de la présence réelle dans l'intimité d'un cœur à cœur. La liturgie est au service de la révélation, écrin sublime et fragile d'une réalité insaisissable. C'est pourquoi ceux qui ne peuvent communier ne sont pas privés de l'essentiel. Car l'essentiel est ailleurs, il est dans ce désir immense qu’à Dieu de nous habiter et de nous convertir à l'amour. Le moyen est au delà du geste, du lavement des pieds, du pain, de l'eucharistie et du rite, il ne vise que notre réceptivité toute intérieure et fragile de quelque chose qui nous dépasse et nous transcende...

« Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. »
(...) Vous m'appelez "Maître" et "Seigneur",
et vous avez raison, car vraiment je le suis.
Si donc moi, le Seigneur et le Maître,
je vous ai lavé les pieds,
vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.
C'est un exemple que je vous ai donné
afin que vous fassiez, vous aussi,
comme j'ai fait pour vous. » (Jn 13)

L'interpellation est plus vaste que mon discours, que tout discours.

« Faites ceci en mémoire de moi » n'est-ce pas plus que le geste qui est en jeu. La dynamique sacramentelle (*) dépasse le sacrement.

L'enjeu c'est l'agenouillement, l'enjeu c'est le don...
Ne sacralisons pas l'accessoire.
En nous privant du rite, réalisons que l'essentiel est l'acte d'aimer...

Et contemplons celui qui est là à genoux quand nous courrons vers l’inutile.
« Marthe tu t’agites... » ta sœur a perçu l’essentiel : l’humilité, l’agenouillement, l’amour du faible et du pécheur.

* cf mes essais éponymes.

07 novembre 2018

Tu es unique à mes yeux

Étonnante insistance de Balthasar : « c'est pour moi que le Christ est né, pour moi qu'il meurt sur la Croix. (...) tout recevoir la marque de cette unicité (...) tu es l'homme (...) tu tournes vers moi ton visage rayonnant ». (1)
Mais n'est-ce pas cela l'amour véritable, infini, d'un Dieu qui s'agenouille devant l'homme.

(1) Hans Urs von Balthasar, la prière contemplative, op. cit. p. 84

05 février 2018

Une théologie à genoux - Veritatis Gaudium

Le monde est devenu complexe. Il nous faut « comprendre la vie, le monde et les hommes ; non pas une synthèse, mais une atmosphère spirituelle de recherche et de certitude basée sur les vérités de la raison et de la foi. La philosophie et la théologie permettent d'acquérir les convictions qui structurent et fortifient l'intelligence et éclairent la volonté... mais tout ceci n'est fécond que si on le fait dans un esprit ouvert et à genoux. Le théologien qui se satisfait de sa pensée complète et achevée est un médiocre. Le bon théologien et philosophe a une pensée ouverte, c'est-à- dire incomplète, toujours ouverte au maius de Dieu et de la vérité, toujours en développement(1)

L'expression « théologien à genoux » a été utilisée à ma connaissance par Ratzinger (Benoît XVI) lors de son Homélie à l'occasion des obsèques de Hans Urs von Balthasar. Elle ne me surprend pas dans la bouche du pape. Elle résonne avec ce que j'ai cherché à exprimer dans « à genoux devant l'homme ». Une théologie qui suit la théologie de Jn 13...

On la retouve chez Bonaventure « pour que nous parvenions à ce fruit et à ce terme directement en progressant par la route étroite des Écritures, il faut commencer par le commencement, c’est à dire accéder à une foi pure au Père des lumières en fléchissant les genoux de notre coeur afin que par son Fils, dans son Esprit-Saint, il nous donne la vraie la vraie connaissance de Jésus-Christ et, avec sa connnaissance son amour » (2).

(1) Pape François, Veritatis Gaudium n.3
(2) Bonaventure, Breviloqium, source Aelf, LDH, tome 4 p. 532

21 février 2017

Quand l'Incréé fait l'imparfait

Un petit bémol et non des moindres à ma vision utopique de l'humain. Dire que Dieu se met "à genoux devant l'homme" n'implique pas que l'homme est parfait, mais qu'il en est capable avec l'aide de la grâce.

Saint Irénée, donné aujourd'hui en commentaire de l’Évangile  me conduit à cette nuance : "Dieu n'aurait-il pas pu faire l'homme parfait dès le commencement ? Pour Dieu, qui est depuis toujours identique à Lui-même et qui est incréé, tout est possible. Mais les êtres créés, parce que leur existence a commencé après la sienne, sont nécessairement inférieurs à Celui qui les a faits... Créés, ils ne sont donc pas parfaits ; venant d'être mis au monde, ils sont de petits enfants, et comme des petits enfants, ils ne sont ni accoutumés ni exercés à la conduite parfaite... Dieu donc pouvait donner dès le commencement la perfection à l'homme ; mais l'homme était incapable de la recevoir, car il n'était qu'un petit enfant." (1) Il lui faut donc quelque chose de plus et ce plus est la grâce qui se révèle en Jésus Christ.
"Le Verbe de Dieu, alors qu'il était parfait, s'est fait petit enfant avec l'homme, non pour lui-même, mais à cause de l'état d'enfance où était l'homme." (2) Et cette abaissement (kénose) est chemin de Dieu pour notre humanisation.


(1) Irénée de Lyon, Contre les hérésies, IV 38, 1-2
(2) ibid.

10 février 2016

Humilité et vérité -2

Cette prière de soeur Térésa nous conduit aussi au décentrement véritable : "Laisser l'amour de Dieu prendre entière et absolue possession d'un cœur ; que cela devienne pour ce cœur comme une seconde nature ; que ce cœur ne laisse rien entrer en lui qui lui soit contraire" 

Si l'on suit ses propos, la contemplation de Dieu "produit l'amour, et la connaissance de soi produit l'humilité.
L'humilité n'est rien d'autre que la vérité. « Qu'avons-nous que nous n'ayons reçu ? » demande saint Paul (1Co 4,7). Si j'ai tout reçu, quel bien ai-je par moi-même ? Si nous en sommes convaincus, nous ne relèverons jamais la tête avec orgueil. Si vous êtes humble, rien ne vous touchera, ni louange ni opprobre, car vous savez ce que vous êtes. Si l'on vous blâme, vous n'en serez pas découragé. Si l'on vous proclame saint, vous ne vous placerez pas sur un piédestal. La connaissance de nous-mêmes nous met à genoux." (1)

(1) Mère Teresa et Frère Roger, La prière, fraîcheur d'une source,  Bayard, 2003, p. 81