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08 avril 2020

Au fil de Matthieu 26 - Celui qui l’a livré - homélie et méditation…


Projet 2 à commenter...

Jusqu'où allons-nous dans le jugement ?
N'avons nous pas entendu l'évocation de la paille et la poutre ?
La phrase citée par Matthieu 26 tombe comme un couperet apparent : « Malheureux celui par qui le Fils de l'homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu'il ne soit pas né, cet homme-là ! »

Malheureux pour lui... pour lui..

Le psaume 68 nous donne une piste : « L'insulte m'a broyé le cœur, le mal est incurable »

Il y a une pointe de tristesse et de désespoir dans la phrase de Jésus... il a été jusqu'au bout de l'amour et pourtant rien n'a pu changer son cœur.

Jean renchérît à sa manière discrète en insistant sur deux points : le Christ a lavé les pieds de Judas, il lui a réservé la première bouchée... A la différence de Matthieu qui évoque le fait que Judas se sert en même temps que Jésus, Jean note un acte volontaire du Christ : «Je vais tremper un morceau de pain dans le plat: celui à qui je le donnerai, c'est lui.» Jésus prit alors un morceau de pain, le trempa et le donna à Judas, fils de Simon Iscariote
‭‭Jean‬ ‭13:26‬ ‭

Le Christ va jusqu'au bout de l'amour et pourtant nous détournons souvent le regard.

Le Christ s'est mis à genoux devant nous et nous avons détourné la tête...



Quand nous passons à côté d'une main tendue, entendons-nous la tristesse de Jésus à Gethsemani qui pleure sur toute les fois où son amour ne fait pas jaillir en nous l'amour...

Cessons de chercher Judas hors de nous...
Nous sommes Judas.
Je suis Judas à chaque fois que mes pas prennent un autre chemin que le don...
Et je pleure de larmes amères sur ma faute qui reviens sans cesse et que je n'ose présenter à nouveau à Dieu une nouvelle fois.
Orgueil, vanité, etc. Avoir, pouvoir valoir. Les tentations de Judas, mes tentations...

Laissons nous relever par le Dieu qui est toute miséricorde. Ne choisissons pas la voie de la culpabilité morbide. Entre Judas et Pierre, prenons le chemin de Pierre. Pleurons sur nos reniements et écoutons le Christ par trois fois nous dire m'aimes-tu ? (Jean 21)

Écoutons à nouveau le psaume 68 :
« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
Car le Seigneur écoute les humbles,
il n'oublie pas les siens emprisonnés. »

Notre prison, c'est cette culpabilité maladive qui nous empêche de demander le pardon de Dieu. C'est le tentateur qui nous rend aveugle sur nous-mêmes et sur la miséricorde de Dieu, c'est cette poutre enfin qui nous conduit à juger autrui au lieu de nous concentrer sur ce qu'il y a changer et retourner en nous pour nous conduire à l'amour.

12 avril 2017

Judas et le mal

Difficile de commenter le choix de Judas par Jésus ex ante.  Le commentaire d'Augustin donne une piste qui ne satisfait pas totalement la victime du mal. Écoutons le néanmoins : "N'est-ce pas moi qui vous ai choisi tous les douze ? Et l'un de vous est un démon » (Jn 6,70). Le Seigneur devait dire : « J'en ai choisi onze » ; est-ce qu'il a choisi un démon, un démon est-il parmi les élus ?... Dirons-nous qu'en choisissant Judas, le Sauveur a voulu accomplir par lui, contre sa volonté, sans qu'il le sache, une œuvre si grande et si bonne ? C'est là le propre de Dieu... : faire servir au bien les œuvres mauvaises des méchants... Le méchant fait servir au mal toutes les bonnes œuvres de Dieu ; l'homme de bien au contraire fait servir au bien les méfaits des méchants. Et qui est aussi bon que le Dieu unique ? Le Seigneur le dit lui-même : « Personne n'est bon, sinon Dieu seul » (Mc 10,18)... Qui est pire que Judas ? Parmi tous les disciples du Maître, parmi les Douze, c'est lui qui a été choisi pour tenir la bourse et prendre soin des pauvres (Jn 13,19). Mais après un tel bienfait, c'est lui qui perçoit de l'argent pour livrer celui qui est la Vie (Mt 26,15) ; il a persécuté comme ennemi celui qu'il avait suivi comme disciple... Mais le Seigneur a fait servir au bien un si grand crime.
 Il a accepté d'être trahi pour nous racheter : voilà que le crime de Judas est changé en bien. Combien de martyrs est-ce que Satan a persécuté ? Mais s'il ne l'avait pas fait, nous ne célébrerions pas aujourd'hui leur triomphe... Le méchant ne peut pas contrarier la bonté de Dieu. Il a beau être artisan du mal, le suprême Artisan ne permettrait pas l'existence du mal s'il ne savait pas s'en servir pour que tout concoure au bien." (1) il accepté d'être la victime du mal pour un plus grand bien.

Pourquoi ? La question mérite de rester en suspens, car nous n'avons pas toutes les clés du mystère sauf à contempler que de ce mal est venu notre salut,  mais aussi que le malheur de Judas a contribué à la tristesse du Sauveur,  lui qui jusqu'au bout à tenté la miséricorde. 

( 1)  Saint Augustin, Sermons sur l'évangile de Jean, n°27 p. 10, source evangileauquotidien.org

06 juillet 2016

Le choix de Judas

" Il a voulu l'abandon, il a voulu la trahison, il a voulu être livré par son apôtre, pour que toi, si un compagnon t'abandonne, si un compagnon te trahit, tu prennes avec calme cette erreur de jugement et la dilapidation de ta bonté" (1)

À contempler

(1) Saint Ambroise, Commentaire sur l'évangile de Luc, V, 44-45 (trad. cf SC 45, p. 199)

20 juin 2007

De Caïn à Judas

De Caïn à Judas, le regard bienveillant de Dieu devant l’homme pécheur n’a pas changé. On entend résonner comme un « qu’as-tu fais de mon Fils » en écho au « qu’as-tu fais de ton frère ». Mais un espérance transparaît, une lueur perce les nuages de notre humanité et dans cette brèche rayonne la pâle lueur d’un Dieu crucifié. Dernier appel d’une dramatique divine et nous ne l’entends pas…

06 juin 2007

La spirale infernale

On s’engage dans le péché au point de ne plus éprouver même le sursaut qui permettrait de nous libérer. C’est bien ce qui arrive quand Judas demande « serait-ce moi, Rabbi ? » et que Jésus réponds « tu l’as dit » (Mat 26,25). A ce moment la porte du tribunal se referme nous dit Hans Urs von Balthasar. (1)

Cela contredit pour moi ce qu’il avait dit précédemment, sur le fait que cela se poursuivait au-delà de la croix, même si je comprends ce que cela signifie sur le plan du refus de Dieu…

Mais je note au-delà du mystère du jugement de Dieu sur Judas, que nous nous trouvons sans cesse dans cette spirale infernale qui nous fait trahir ce qui nous est le plus cher. Pierre a suivi d’une certaine manière la même voie avant de se ressaisir. Son péché était-il moins lourd. Ce qui compte, c’est peut-être ce sursaut d’humanité qui nous relève, quel que soit la profondeur de notre chute et surtout cette espérance d’un Dieu qui continue de croire en notre humanité, jusqu’à se s’agenouiller à nos pieds pour couvrir nos pieds de ses larmes d’amour. La réponse du Christ à Marie de Béthanie est plus grande, plus infinie et c’est en cela que je veux croire… Même s’il est possible que par mon péché, je ne puisse franchir la marche…

En effet l’œuvre d’une vie ne correspond pas à ce que le Père a prévu dès l’origine. « Eloigne toi de moi car je suis pécheur » (Luc 5,18) C’est ce que je pourrais dire à la suite de Sören Kierkegaard : « je n’ai jamais été aussi loin de ma vie et je ne dépasserais sans doute jamais ce point que l’on nomme « crainte et tremblement » (…) Dire aux autres vous êtes perdus, je ne m’en donne pas le droit (...) tous les autres sont sur la voie, moi seul je manquerai le coche » (2)

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 263

(2) cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 267