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16 février 2022

Ode à la grâce - Danse 2.34

Qui sommes-nous pour revendiquer une part du Royaume..

Nous sommes des serviteurs bien inutiles.

C’est ce que nous glisse la liturgie d’aujourd’hui…

Entre Isaïe, Paul ou Pierre, les trois lectures invitent à déceler ce que Bernanos dévoile à la fin de son chef d’œuvre  « tout est grâce ».

Pierre en fait l’expérience dans l’évangile… « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre » Luc 5 

Et cependant cette impuissance peut-être un chemin pour nous quand nous percevons que Dieu travaille au sein même de nos incompétences pour faire de nous des passeurs… 

A condition bien sur de ne pas oublier qu’il est la source unique de ce fleuve immense dont nous sommes comblés… 

Le fleuve d’Ezéchiel est bien large par rapport à nos petites amphores, soulignait Bonaventure.

«Ce n’est pas celui qui plante qui importe, ni celui qui arrose, mais Dieu, qui fait croître.»

‭‭Première aux Corinthiens‬ ‭3:7‬

À méditer

21 juillet 2019

Grâce et Gloire 4 - Exode 33

Nous évoquions Exode 33, au sujet de la nudité. C'est au début du chapitre que Dieu invite l'homme à enlever ses habits de fête pour se (re)mettre à nu devant lui..

Il n'est pas inintéressant d'entendre Urs von Balthazar développer tout le thème de la gloire dans la fin du même chapitre. « Moïse ayant prié Dieu de lui faire voir sa gloire, Dieu le cacha dans la fente du rocher et passa devant lui en criant : « Yahvé, Yahvé, Dieu de tendresse (rahum, du mot rèhèm) et de pitié (hanumm, de hun, hén), lent à la colère, riche en grâce (hèsèd) et en fidélité (emet).
Faisant cette expérience Moïse obtint de voir la gloire de Dieu de dos (Ex 33,23) à son passage devant l'homme. Toute la révélation de Dieu fait de lui-même est grâce ; la formule « lent à la colère » exprime que la grâce n'est pas un côté d'une révélation à deux faces, mais plutôt que la colère est fonction de la grâce » (1)

Voilà un thème à creuser.
La colère (même si j'ai du mal à l'entendre, croyant, à la suite de Varillon que Dieu n'est qu'amour), la colère donc serait fonction de la grâce. Est-ce à dire que plus Dieu nous fait grâce plus il devient exigeant ? Une remarque qui ne doit pas devenir morale pour les autres, mais interpellation toute intérieure.
Si l'on résume, en se mettant à nu, c'est-à-dire en vérité devant le Seigneur on peut se laisser appeler à le contempler. Mais voir Dieu, c'est-à-dire participer à sa gloire nous engage plus qu'avant à répondre à son appel, faute de subir sa « colère », qui est d'abord sa peine, sa tristesse (puisqu'il est « lent à la colère ».
Cette interpellation est datée et masque une partie de la miséricorde (même si on la trouve déjà en Exode et Osée (2). Il faut attendre le Christ et un texte comme le fils prodigue (Luc 15) pour percevoir que ce que la colère du Premier Testament cache, c'est le dévoilement d'un Dieu qui va jusqu'à mourir pour l'homme...

(1) Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 131
(2) cf. notamment mon livre « Dieu n'est pas violent »

20 juillet 2019

Grâce et Gloire 2

Quand le Créateur, une fois son travail achevé, contemple son œuvre et la trouve très bonne (tob) - et dans le bon est inclus le beau - le caractère bon et beau du cosmos n'est certainement pas séparable de l'acte et de la vision du Créateur puisque c'est dans la lumière rayonnante que baigne le monde ; malgré tout, ces biens de la grâce sont réellement donnés par Dieu au monde et il peut les garder légitimement aussi longtemps qu'il les restitue au Créateur en le louant et en lui rendant hommage. Cette transcendance et cette immanence du bon et du beau sont  (...) [rayonnement et resplendissement ] divins. Ce ne serait pas la grâce si elle ne faisait que rayonner au-dehors sans affecter intérieurement l'être doué de grâce. Si la grâce est sans cesse comparée avec la source d'eau vive jaillissant de Dieu (Isaïe 12,3 ; 55,1 Jérémie 2,13, Ezéchiel 47, 1 ; Psaume 36,9-10 ;  46,5 ; Zacharie 14,8 ;  Jean 4,14 7,37 ; Apocalypse 7, 17 ; 22, 17), ce n'est pas seulement pour que l'homme s'y baigne extérieurement, mais pour qu'il la boive et étanche sa soif. La grâce avec sa suavité peut devenir intérieure et propre à la créature dans la mesure même où celle-ci est prête à restituer le don divin : Ainsi Abraham n'a jamais possédé plus intimement son fils qu'après avoir passé par le suprême renoncement. (1)

Que retenir de ce long passage ? Balthasar insiste beaucoup sur la restitution. A méditer à l'aune des dons que Dieu nous fait...

(1) Hans Urs von Balthasar, ibid p. 129

Grâce et Gloire - Urs von Balthasar

La gloire et la grâce se conjuguent dans l'Ancien testament. La gloire est "sans aucun doute beaucoup plus qu'une certaine forme sensible d'apparition, elle est la manifestation totale du Dieu de la grâce, qui a ouvert ses biens divins aux hommes et les leur a rendu accessibles. Cela ne signifie pas que les contenus des concepts de gloire (kabod) et de grâce coïncident, mais la grâce à sa beauté propre qui s'ajoute essentiellement à la gloire divine. Le mot grec karis n'est pas seul à posséder le fameux double sens éthique et esthétique  : faveur bienfaisante et aspect gracieux ; d'autres termes hébreux (hén, hèsèd, gedula, ton, raham, rason) ont tous, avec une intensité diverse, leur aspect esthétique" (1).

Il nous reste à les conjuguer nous aussi dans le présent pour retrouver le goût de Dieu. Parmi ces termes bibliques on notera la délicatesse (hèsèd) qui n'est pas le vent cité plus haut (hèbèl) mais la délicatesse des œuvres divines (cf. Is 40, 6).

(1) Urs von Balthasar, GC3AT ibis p. 128

29 avril 2019

Proverbes - Hans Urs von Balthasar - Liberté et grâce 3

"Plus clairement que partout ailleurs dans l'Écriture, on voit ici [dans les Proverbes] que le Dieu créateur ne contredit pas ou ne rejette pas l'effort de sa créature pour comprendre la vie et pour s'établir dans un rapport juste avec le principe divin, mais qu'il achève cette effort en le dépassant (gratia non destruit naturam, sed elevat et perficit), même si les pressentiments ils essayent de nature à la sagesse doivent devenir folie pour être introduit dans la sagesse tout aux autres de Dieu"(1)

Cette élévation par Dieu correspond en quelque sorte à ce que j'exprima plus haut sur la danse. En effet le travail de l'Esprit en nous nous élève et nous fait grandir. Que la grâce ne détruit pas la nature mais l'élève et nous rend perfectible faites entrer notre chemin de liberté dans une dimension plus immense, plus sublime, celle qui nous fait correspondre à la volonté de Dieu. En cela le Christ, plus que jamais, nous conduit par son oui "me voici" sur le chemin où déjà sa mère par son fiat de liberté nous appelle.

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3, Théologie, Ancienne Alliance, Paris, Aubier, 1974, p. 115

18 avril 2019

La grâce d’être libres - Jean Duchesne


Je découvre dans le dernier livre de mon ami Jean Duchesne un point de vue qui mérite d'être approfondi : "La liberté [des chrétiens], héritée de Dieu selon la gratuité qui le caractérise, est une grâce - un don gracieux qui ne se conquiert pas, parce que c'est une dynamique dans laquelle on est emporté et qui dope littéralement les ressources naturelles. On peut dire que, si la liberté est une grâce, elle n'est pas le fruit du désir et de la volonté, mais qu'à l'inverse cette grâce aiguise le désir et fortifie la volonté"(1)


Au delà de mes travaux sur le don de Dieu in l'Amphore et le Fleuve(2), percevoir la liberté comme une grâce divine a bien des atouts. Elle ouvre une piste pastorale au delà d'une morale excessive. 
Cela rejoint la tension kénotique exprimée dans ma courbe en V (Dieu se fait chair pour nous conduire à lui) (3). 

Au cœur de l'incarnation, contempler un Dieu qui s'agenouille pour nous emporter sur son chemin fait du  "Me voici" que l'on prononce à la suite de "l'où es-tu ?" (Gn 3) et du psaume 39 un acte libre. Choisir la vie. 
En suivant Duchesne, ce choix devient une grâce, c'est-à-dire que Dieu nous fait ce don, nous y conduit et nous y accompagne. A nous de nous laisser porter par ce fleuve...

(1) Jean Duchesne, Chrétiens, La Grâce d'être libre, Par delà les conformismes et les peurs, Paris, Artege, 2019, p. 9
(2) cf. mon livre éponyme
(3) cf. Au fil de Jn 18 et 19, homélie du vendredi Saint

26 février 2018

Dynamique 10 - la grâce reçue du Christ -Saint Jean Chrysostome

"Tu as vu le Christ dans sa gloire. Et Paul s'écrie : Nous, à visage découvert, nous reflétons, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur. (...) vous, ce n'est pas seulement par la grâce du nouveau Moïse mais par votre obéissance.(...) nous avons, nous, un autre Moïse, Dieu lui-même, qui nous guide et nous commande.Quelle était, en effet, la caractéristique de ce Moïse ? Moïse, dit l'Écriture, était le plus doux de tous les hommes qui sont sur la terre. On peut sans erreur en dire autant de notre Moïse. En effet, il est assisté de l'Esprit très doux, qui lui est intimement consubstantiel. Alors Moïse a levé les mains vers le ciel et en a fait descendre le pain des anges, la manne ; notre Moïse lève les mains vers le ciel et nous apporte la nourriture éternelle. Celui-là frappa la pierre et fit couler des fleuves d'eau ; celui-ci touche la table, frappe la table spirituelle et fait jaillir les sources de l'Esprit. C'est pourquoi, comme une source, la table de l'autel est placée au milieu de l'église afin que, de toutes parts, les troupeaux des fidèles affluent à la source pour s'abreuver à ses flots qui nous sauvent.Puisque nous avons là une telle source, une telle vie, que la table regorge de mille bienfaits et que, de toutes parts, elle nous comble de dons spirituels, approchons avec un cœur sincère et une conscience pure pour obtenir grâce et miséricorde et recevoir du secours en temps voulu."(1)

(1) Saint Jean Chrysostome,  catéchèse baptismale,  source AELF,  office des lectures,  lundi semaine 1

14 août 2017

Instruments de la grâce - Saint Maximilien Kolbe

Si Dieu se manifeste en nous dans un tressaillement ineffable,  c'est pour nous conduire à sa manière vers la prise de conscience progressive que les pas de Dieu vers l'homme ne sont qu'une invitation à danser les pas de Dieu. 
Le chemin ultime est de percevoir,  à l'image du dialogue de Pierre en Jn 21, que notre amour n'est que philen face à l'agape et que la ceinture que notre Seigneur prépare pour nous est le joug facile à porter de l'amour véritable,  celui où Dieu nous conduit pour manifester sa grâce et in fine sa gloire.
Nous sommes les signes imparfaits du don parfait.
" Si nous nous consacrons à Dieu, nous devenons entre ses mains des instruments de la miséricorde divine, tout comme elle-même entre les mains de Dieu. Laissons-nous donc diriger par elle, laissons-nous conduire par sa main, soyons sous sa conduite tranquilles et confiants : elle s’occupera de tout pour nous, elle pourvoira à tout, elle subviendra promptement aux besoins du corps et de l’âme, elle écartera elle-même les difficultés et les angoisses." (1)

(1) Saint Maximilien Kolbe,  lettre, source AELF

08 mai 2017

De la beauté à la grâce -Saint Basile

"SI les prémices sont aussi belles, qu'en sera-t-il de la plénitude totale ?" (1)

(1) Saint Basile,  traité sur l'Esprit Saint,  source AELF

16 février 2017

Le chemin de la grâce - Concile de Trente

Beau résumé du décret sur la justification du concile de Trente par John W. 0'Malley : "Le commencement, le milieu et la fin de tout mouvement vers la grâce est aussi un effet de la grâce qui accompagne le mouvement, le fait progresser et accompagne et le mène à son accomplissement" (1)
On pense en écho au "tout est grâce" de Bernanos, mais aussi à ce que je tente de décrire maladroitement dans "La dynamique sacramentelle" en contemplant le chemin de Dieu en l'homme, au delà et en dépit de ses adhérences.

O'Malley précise : "si la foi était au commencement de la justification, ce n'est pas par la foi seule que celle-ci s'accomplissait, mais par la foi conjointe à l'espérance et à la charité, ce qui rendait efficace en vue du salut la coopération à la grâce" (2)

(1) op. Cit p. 142
(2) p. 144

03 février 2017

La grâce à bon marché - Dietrich Bonhoeffer

Je dois être un grand naïf avec ma conception miséricordieuse d'un Dieu à genoux devant l'homme. Naïveté de croire que l'homme peut se laisser toucher par l'infinie bonté de Dieu, que la bouchée donnée à Judas va le faire changer d'avis...
Dietrich Bonhoeffer nous interpelle contre cette grâce à bon marché dans des termes qui m'interpellent : "la grâce à bon marché, c'est la grâce comme marchandise à brader, le pardon au rabais" (1). Claude Flipo renchérit "la grâce à bon marché, c'est la grâce sans l'obéissance, c'est la grâce sans la croix(2)". Bonhoeffer précise "la grâce coûte cher d'abord parce qu'elle a coûté cher à Dieu, parce que Dieu n'a pas trouvé que son Fils fut trop cher pour notre vie, mais qu'il l'a donné pour nous(3)".

À contempler peut-être pas comme une opposition mais comme une tension entre Croix et miséricorde, don et réception, morale et pastorale, Baptiste et le joueur de flûte ?

(1) Dietrich Bonhoeffer, Le prix de la grâce, Paris, Delachaux et Niestlé, 1962, cité par Flipo, ibid.
(2) Claude Flipo, ibid p. 211
(3) Dietrich Bonhoeffer, ibid.

28 décembre 2016

Contempler la grâce - Dante

"Ouvrez vos yeux et regardez : car avant que vous fussiez elle vous aima, préparant et ordonnant votre venue". (1)

On peut contempler en écho cette phrase de Dante sur la grâce et l'idée de prédestination chez Paul (cf notamment Eph. 1, 7), non au sens d'une perte de liberté mais dans celui du rêve de Dieu pour nous. Car s'il ne veut agir contre notre liberté, on peut penser qu'il rêve sans cesse de nous voir prendre le chemin de vie qu'il trace devant nos pas.

Certes les souffrants auront du mal à entendre cela. C'est ignorer que Dieu souffre à nos côtés ou prépare pour nous le creuset d'une tendresse qui nous permettra dans ce temps ou dans l'autre de comprendre l'inacceptable.

(1) Dante, Conv. 3, 15, (Le Banquet) cité par Hans Urs von Balthasar in GC2 p. 359

16 juin 2016

De la trace à la grâce

Ce qui compte, in fine, est de comprendre l'Ancien Testament comme un écrin qui prépare à la grâce.‎
Cet écrin n'est pas qu'une histoire humaine, c'est aussi les premiers pas d'un chemin entre Dieu et l'homme, un sentier où Dieu est apparu par petites touches successives, théophanies fragiles voir silencieuses (1)‎, mais a aussi lancé un cadre, ce que l'on traduit maladroitement par loi(2), dont le sens final sera révélé in fine dans un seul mot : amour.
Comme l'a si bien montré C. Gripon, à la suite d'Aletti, le chemin de l'AT se résume en Pr. 8, 27 dans un "j'étais là" sublime entre Dieu et l'homme, où la Sagesse se penche vers l'humain (3).

Cette présence du Verbe dans l'AT n'est pas fortuite, même si elle reste marquée par ce cacher / dévoiler qui prépare le déchirement final.

Dans la figure qui émerge, souffrante, humble et décriée se révèle, en effet, comme le souligne si bien Marc 15,38, l'au-delà du voile, le Christ, sacrement unique de la révélation divine.‎ C'est cette dynamique que nous poursuivons dans ces lignes.


(1) voir mes études des théophanies in l'Amphore et le fleuve
(2) cf. John P. Meier, Un certain juif Jésus, Les données de l'histoire, IV La loi et l'amour, Paris, Cerf, 2009, p. 34
(3) Christophe Gripon, Éros, un chemin vers Christ-Sophia, Paris, Médiaspaul 2016, ch. 3.

14 août 2015

Mystique chrétienne

‎J'aime cette définition large de Balthasar :
"Depuis saint Augustin et saint Bernard ont à coutume de décrire cette dimension à l'aide des catégories du volontaire et de l'affectif [ce qui‎ est pour Thomas d'Aquin] (...) le déploiement de l'Esprit vivant de Dieu dans l'esprit de l'homme : les dons du Saint-Esprit, radicalement donnés avec la grâce [qui] mènent le croyant à une expérience toujours plus profonde aussi bien de la présence divine en lui que de la profondeur de la vérité, de la bonté et de la beauté divines dans le mystère de Dieu."

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la croix, Op. Cit. GC1 p. 140  

06 juillet 2015

Dynamique chez Scheeben

Retour chez Balthasar où je reprends ma lecture de La gloire et la Croix tome 1.
Il y résume(1) le travail de Scheeben et notamment sa dogmatique.
Je tombe sur une phrase qui fait écho à mon dernier livre sur la dynamique sacramentelle.
La grâce chez Scheeben serait ce que saint Thomas et saint Augustin désigne sous le nom de pondus : "une influence dynamique et énergétique ou drastique et élastique" (2)‎ qui meut "la volonté comme une énergie fécondante, immanente à son fond le plus intime, comme sa forma, virtutis volontatis émanant de l'intérieur(3)"

J'aime cette image qui épouse ce que je décris de la dynamique sacramentelle, cette puissance intérieure qui, si on la laisse agir en nous, devient fleuve de vie, force vivifiante, nourriture, sang du Christ actif et irradiant.

Balthasar va dans ce sens en évoquant une "influence éthico-génétique‎ qui renvoie à l'analogie de la génération et invite à comprendre dès l'abord les affections inspirées ou plutôt toute la disposition intérieure du libre arbitre d'après l'analogie de la semence fécondante ou de l'étincelle qui met le feu" (4)

La grâce est donc cette étincelle qui met le feu à nos vies, la féconde de l'intérieur, irradie ses rayons jusqu'à ce que Benoît XVI appelle la fission nucléaire du coeur.

Pour Scheeben, se tourner et accueillir la grâce, c'est être "touché et stimulé de l'intérieur  (...) dans une attitude féminine et prête à concevoir..." (5)

(1) Hans Urs von Balthasar, la Gloire et la Croix, Apparition, tome 1, Cerf DDB 1965, 1990, p. 93
‎Que nous citerons plus loin sous le signe GC1.
(2) Scheeben, Dogmatique III, trad. P. Belet, Paris, 1877-1882, ¤ 288, n. 135
(3) ibid, n. 139
(4) GC1 p. 93
(5) Scheeben n. 155

08 juillet 2014

Moingt - Lévinas - Tu te dois à autrui



A partir de cette phrase [Tu te dois à autrui] qui serait pour Lévinas un résumé de la Bible, Joseph Moingt conclu, dans la même veine qu'il faut voir dans tout autrui un autre soi-même. *
Il y a là un chemin éthique qui se nourrit de l'évangile et nous conduit toujours plus loin. J'ai longuement commenté dans mes livres cette problématique lévinassienne de l'appel à la responsabilité, mais aussi de ses limites, notamment telles que soulevées par D. Sibony sur la culpabilité de Lévinas. Mais le débat éthique ne peut fermer cette tension.

Moingt va plus loin en mettant à la fois Dieu dans l'origine du "tu" et dans l'origine de la grâce qui nous permet d'y répondre. Si Dieu nous appelle depuis Gn 3 dans un "où es tu ?" déjà longuement commenté ici, il met aussi en nous cet amour que l'on appelle Esprit, source immense et cachée qui nous fait bondir vers l'autre.


* Ibid. p. 35

07 mars 2008

Source et grâce


« une grâce réside en toute beauté : quelque chose de plus se montre que ce que j’avais le droit d’en attendre. De la vient surprise et l’admiration : n’est-ce pas déjà chose étrange qu’il y aît de l’être en un flux incessant et sans mesure, mais qui se déverse en des essences pour parvenir à sa réalisation parfaite ? Et cela aussi bien en moi, car je ne suis pas parfait moi-même dans l’existence ; je la lui dois et ce sera même la toujours un sujet de tourment jusqu’à l’éternité (...) grâce au sens fort qui fait transparaître non plus seulement la beauté mais la Gloire ; et quand on en est touché ce n’est plus uniquement l’étonnement et le ravissement qui s’imposent, mais l’adoration» (1)

(1) Hans Urs von Balthasar, Epilogue, ibid, p. 46

18 juillet 2007

La vérité unique

« La vérité unique - explicitation du Père par le Fils - elle-même explicitée par l’Esprit est finalement vérité trinitaire, mais en tant que a-lêtheia (dévoilement), révélée dans le monde et pour le monde ». (1)

Balthasar souligne ainsi à la suite de Jn 1,14 que la grâce-charité (Charis) et (la vérité dévoilée) l’alêtheia ont atteint leur plénitude (plêrês) dans le Fils incarné du Père.(2)

Le théologien ajoute non sans raison que cette vérité devient plénitude « seulement lorsque le Père se dévoile intégralement dans le Fils devenu pleinement homme pour en être l’interprète et lorsque cette plénitude est susceptible d’être « reçue » par l’homme grâce à l’Esprit Saint ».

(1) Hans Urs von Balthasar, Théologique II, ibid p. 13ss

(2) Je note d’ailleurs que la traduction de ce verset par la nouvelle Bible de Bayard parle tendresse et de fidélité. Il me semble que traduire grâce-charité en tendresse est intéressant mais que par contre le transfert qui va de vérité à fidélité est peut-être un raccourci pastoral intéressant mais qui en limite le sens. La Tob, quant à elle se contente de parler de grâce et de vérité.