Affichage des articles dont le libellé est Croix. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Croix. Afficher tous les articles

02 avril 2021

Homélie du vendredi saint... - La Croix 12.0 - la danse finale (n.45)

Projet 2

Qu’est-ce que nous contemplons ce soir ?

Peut-on épuiser le mystère ? Il y a au moins douze dimensions dans la Croix que notre entrée en semaine sainte nous permet de manduquer lentement :

  1. La dimension verticale et descendante qui est celle de l’abandon trinitaire. Triple kénose où :
    • Le Père renonce à toute puissance pour laisser l’homme Jésus révéler l’amour.
    • Le Fils renonce à toute divinité pour se dépouiller d’abord de son vêtement par le mime kénotique tout symbolique d’un lavement des pieds (Jn 13) puis « forcé » sur la croix pour prendre la condition finale d’un esclave, d’un rejeté...(1)
    • L’Esprit sera déposé au fond de nos cœurs de pierre pour faire danser en nous l’amour(2)
  2. La dimension horizontale où les bras ouverts d’un Dieu transpercé nous invitent à sa danse pour l’humanité toute entière 
  3. La dimension « inversée » où le serpent moqueur qui nous empêche d’aimer et nous pousse à la violence, la jalousie, l’orgueil ou la cupidité est transpercé et dressé (Nb 11) par le feu d’un amour qui se révèle derrière un rideau déchiré (3)
  4. L’appel mystique d’un fin silence qui pèse sur le bruit du monde avant que bruisse le chant des anges à la sortie de nos carêmes...(4). Chant discret qui apparaît au terme de nos chemins de désert (5) et se prépare à l’Alleluia pascal...
  5. Un homme au paroxysme de la souffrance, agneau innocent qui révèle l’amour d’un Dieu avec nous.
  6. La déréliction de celui qui va jusqu’à connaître l’abandon du Père et rejoint ainsi les assoiffés du monde qui crie leurs « où es-tu ? » solitaires et souffrant.(6)
  7. La nudité révélée de l’Epoux déchiré sur le bois et qui n’en a plus honte, nouvel Adam au sens transcendé de Gn 2,25 (7) 
  8. La soif d’un Dieu qui crie pour la énième fois un « où es-tu ? » à l’homme depuis l’appel du premier jardin, le « donne moi à boire » de Jean 4 au « j’ai soif » de toi final d’un Dieu mourant de son désir d’amour (8).
  9. La joie cachée d’un Dieu qui en criant « tout est accompli » révèle qu’au delà de la souffrance et de l’abandon du Père se cache le mystère d’un chemin trinitaire.(3)
  10. L’Alliance ultime de l’homme Dieu qui épouse l’humanité par une danse ultime 
  11. Le don inouï d’un Dieu qui meurt et entre dans le silence du samedi saint dans l’attente fragile que le murmure d’une femme, devenue fidèle par une danse aimante(9), révèle à des hommes incrédules le bruissement du ressuscité qui déjà les précède en Galilée 
  12. La petite espérance où la soif de l’homme-Dieu se change en don et transforme un corps transpercé et « livré pour nous » en source jaillissante d’eau et de sang mêlés(10)


Je suis sûr que j’en oublie. 

Le chiffre 12 est révélateur mais on pourrait parler aussi de  l’Église fondée par un « Mère voici ton Fils » ou d’un « m’aimes tu ? » qui encadre le mystère. Je vous laisse compléter ;-). On n’épuisa jamais la révélation de la Croix. 


Jean nous conduit aussi à une interrogation particulière. Nous l’avons vu, quand Jésus, au jardin, affirme par trois fois Je suis, c’est à la fois une révélation du mystère même de l’homme Dieu et un écho aux trois « je ne suis pas » de Pierre. 

Ego eimi / ouk eimi


Et nous qu’allons nous dire. Je suis ? Je te suis ? Ou je ne suis pas, je ne te suis pas.


Laissons la question résonner dans le silence. Est-ce que Jésus est mort en vain... est-ce que notre marche vers Pâques est stérile ou sommes-nous prêts à avancer, à répondre enfin à l’où es-tu de Dieu, aidé par la contemplation de la croix et sa miséricorde ? 



Pour aller plus loin :

(1) relire Philippiens 2 ou ma « danse trinitaire » et « Serviteur de l’homme » en téléchargement libre sur Kobo

(2) Ezechiel 36, 26 et mon « Dieu dépouillé »

(3) voir Marc 15, 38 ou mon « Rideau déchiré »

(4) 1 Rois 19

(5) cf. mon livre éponyme 

(6) voir Hans Urs von Balthasar - Dramatique divine.  les travaux d’Adrienne von Speyr, Jurgen Moltmann et son Dieu crucifié ou mes deux livres sur ce thème dont « où es-tu ? »

(7) cf. « Le Dieu est nu » d’Arnold longuement commenté dans mes billets précédents...

(8) cf. À genoux devant l’homme 

(9) cf mon billet précédent 

(10) Ezeckiel 47 ou mon  livre « L’amphore et le fleuve »


27 mars 2021

La Croix 12.0 - danse finale ? (Billet n.45)


Peut-on épuiser le mystère ? Il y a au moins douze dimensions dans la Croix que notre entrée en semaine sainte nous permet de manduquer lentement :

 1. La dimension verticale et descendante qui est celle de l’abandon trinitaire. Triple kénose où :

 • Le Père renonce à toute puissance pour laisser l’homme Jésus révéler l’amour.

 • Le Fils renonce à toute divinité pour se dépouiller d’abord de son vêtement par le mime kénotique tout symbolique d’un lavement des pieds (Jn 13) puis « forcé » sur la croix pour prendre la condition finale d’un esclave, d’un rejeté...(1)

 • L’Esprit sera déposé au fond de nos cœurs de pierre pour faire danser en nous l’amour(2)

 2. La dimension horizontale où les bras ouverts d’un Dieu transpercé nous invitent à sa danse pour l’humanité toute entière 

 3. La dimension « inversée » où le serpent moqueur qui nous empêche d’aimer et nous pousse à la violence, la jalousie, l’orgueil ou la cupidité est transpercé et dressé (Nb 11) par le feu d’un amour qui se révèle derrière un rideau déchiré (3)

 4. L’appel mystique d’un fin silence qui pèse sur le bruit du monde avant que bruisse le chant des anges à la sortie de nos carêmes...(4). Chant discret qui apparaît au terme de nos chemins de désert (5) et se prépare à l’Alleluia pascal...

 5. Un homme au paroxysme de la souffrance, agneau innocent qui révèle l’amour d’un Dieu avec nous.

 6. La déréliction de celui qui va jusqu’à connaître l’abandon du Père et rejoint ainsi les assoiffés du monde qui crie leurs « où es-tu ? » solitaires et souffrant.(6)

 7. La nudité révélée de l’Epoux déchiré sur le bois et qui n’en a plus honte, nouvel Adam au sens transcendé de Gn 2,25 (7) 

 8. La soif d’un Dieu qui crie pour la énième fois un « où es-tu ? » à l’homme depuis l’appel du premier jardin, le « donne moi à boire » de Jean 4 au « j’ai soif » de toi final d’un Dieu mourant de son désir d’amour (8).

 9. La joie cachée d’un Dieu qui en criant « tout est accompli » révèle qu’au delà de la souffrance et de l’abandon du Père se cache le mystère d’un chemin trinitaire.(3)

 10. L’Alliance ultime de l’homme Dieu qui épouse l’humanité par une danse ultime 

 11. Le don inouï d’un Dieu qui meurt et entre dans le silence du samedi saint dans l’attente fragile que le murmure d’une femme, devenue fidèle par une danse aimante(9), révèle à des hommes incrédules le bruissement du ressuscité qui déjà les précèdes en Galilée 

 12. La petite espérance où la soif de l’homme-Dieu se change en don et transforme un corps transpercé et « livré pour nous » en source jaillissante d’eau et de sang mêlés(10)


Je suis sûr que j’en oublie. 

Le chiffre 12 est révélateur mais on pourrait parler aussi de  l’Église fondée par un « Mère voici ton Fils » ou d’un « m’aimes tu ? » qui encadre le mystère. Je vous laisse compléter 😉. On n’épuisa jamais la révélation dans un billet sur FB ni d’ailleurs dans les milliers de pages citées ci-dessous.


Pour aller plus loin :

(1) relire Philippiens 2 ou ma « danse trinitaire » et « Serviteur de l’homme » en téléchargement libre sur Kobo

(2) Ezechiel 36, 26 et mon « Dieu dépouillé »

(3) voir Marc 15, 38 ou mon « Rideau déchiré »

(4) 1 Rois 19

(5) cf. mon livre éponyme 

(6) voir Hans Urs von Balthasar - Dramatique divine.  les travaux d’Adrienne von Speyr, Jurgen Moltmann et son Dieu crucifié ou mes deux livres sur ce thème dont « où es-tu ? »

(7) cf. « Le Dieu est nu » d’Arnold longuement commenté dans mes billets précédents...

(8) cf. À genoux devant l’homme 

(9) cf mon billet précédent 

(10) Ezeckiel 47 ou mon  livre « L’amphore et le fleuve »

14 août 2020

Dépouillement final - Jn 13 sq

Dépouillement final - Jn 13 sq
Déposer son vêtement pour le lavement des pieds c'est aussi, pour le Christ, commencer le dépouillement final.
On pourrait faire une lecture spirituelle qui voit le dénuement du Christ suivi de son action de verser l'eau dans le bassin puis de s'agenouiller devant l'homme comme une symbolique de la soumission finale et du sang versé.
C'est comme on le verra plus loin sous la plume de Xavier Léon-Dufour (1), comme un premier « mime symbolique » de la croix qui se déroule ici.
Il y a alors dans cet axe de lecture une dimension que Pierre ne comprend pas encore, faute d'en avoir la clé ultime. Le lavement des pieds, c'est déjà la Passion, le don final, le sang versé, c'est le jusqu'au bout de l'amour...
Le refus de Pierre prend alors une autre ampleur : au delà du refus de la kénose c'est le refus de la souffrance et de la mort qui est en jeu.

La deuxième piste à méditer est peut-être celle du signe, du sacrement et de la distance qui peut se créer entre le rite et l'agir.
Le rite du jeudi saint n'est rien s'il demeure un mime, un discours en geste au lieu d'être un amour en actes...
On dit que le lavement des pieds n'est pas un sacrement parce que la vie et la mission de l'Église doit être un éternel lavement des pieds... cela reste à prouver dans l'aujourd'hui de nos vies, de nos agir...
À méditer


(1) Xavier Léon-Dufour, Évangile selon saint Jean, tome 3, p. 26 & 60.

08 août 2020

Dépouillement et participation - Méditation sur les textes du 19ème…

Il y a dans ces textes une contemplation particulière de Dieu, comme une tension entre plusieurs facettes apparement contradictoires. Dans l'Evangile se révèle un Christ ayant apparemment toute puissance sur les éléments alors qu'1 Rois 19 fait apparaître la caresse discrète de Dieu, loin des éléments violents.

Et pourtant ces deux opposés se rejoignent. Dieu n'est pas dans la colère. Il nous apporte la paix.

Pour comprendre cela il faut probablement aller très loin en arrière dans ce qu'on appelle le cycle d'Élie, le voir égorger les prêtres de Baal en croyant faire la volonté de Dieu puis le suivre dans la fuite, le désespoir et la faim jusqu'à comprendre que la colère ne mène à rien, que Dieu n'est pas dans la violence mais dans le « bruit d'un fin silence (1) », que Dieu est amour. Le chemin d'Élie va être celui des disciples. Il peut être notre chemin.
Loin de nos tentations de puissance la contemplation de la croix conduit au déchirement du voile...
Dieu apparaît vraiment dans la nudité d'un corps défiguré qui nous guérit de toute violence.

Paul, comme souvent, apporte une touche finale. Il souffre de voir ses frères juifs « qui ont l'adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu ; (...) les patriarches,
» ne pas comprendre ce que Jésus révèle par la Croix.

Dans cette croix offerte, dans cette « maison » fragile d'un Dieu dépouillé qui n'a plus d'endroit où reposer sa tête, se dévoile, derrière le déchirement du voile, l'invitation finale d'un Dieu qui nous invite à participer à notre manière à la vie divine, à la « danse amoureuse » de Dieu. Il s'agit bien, comme le souligne saint Jean de la Croix de devenir participants de cette unité fragile et amoureuse qui s'offre à nous.
La danse des personnes divines, circumincession des amours divins et trines, nous invitent à une symphonie qui dépassent l'illusion des tempêtes extérieures.
Dieu nous invitent à la danse. « Les âmes possèdent donc par participation les mêmes biens que lui par nature : d'où elles sont véritablement dieux par participation, égales à Dieu et ses compagnes. C'est ce que dit saint Pierre par ces paroles : Que la grâce et la paix vous soient accordées en abondance par la véritable connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur. En effet, sa puissance divine nous a fait don de tout ce qu'il faut pour vivre en hommes religieux, grâce à la véritable connaissance de Celui qui nous a appelés par la gloire et la force qui lui appartiennent. Ainsi, Dieu nous a fait don des grandes richesses promises et vous deviendrez participants de la nature divine. Ces paroles montrent que l'âme participe à la nature de Dieu, en accomplissant en lui et avec lui l'œuvre de la Très Sainte Trinité, de la manière dont nous avons parlé, à cause de l'union substantielle qu'il y a entre l'âme et Dieu. »(2)

(1) 1 Rois 19, la traduction est d'Emmanuel Lévinas. Voir sur ce thème mon essai éponyme.
(2) saint Jean de la Croix, cantique spirituel, source office des lectures du 7/8.

19 juillet 2020

Dépouillement 22 - le bon grain, l’ivraie et La Croix


Il y a une lecture pascale et johannique du texte de Matthieu 13 en Jean 13. Elle illustre et complète la parabole du bon grain et de l'ivraie, dans l'agenouillement du Christ devant Pierre et Judas.
C'est « l'où es-tu ? » final de Dieu devant l'homme, lancé depuis Gn 3....Le Christ a vécu dans sa chair, ce dépouillement. Il s'est mis à genoux devant les deux « graines » qu'était Judas et Pierre, il a lavé les pieds des deux apôtres.
Judas a refusé l'amour et s'est pendu dans la géhenne, la vallée maudite qui jouxte Jérusalem
Pierre a renié le Christ jusqu'au bout, par trois fois, mais le Verbe semé en lui a étouffé l'ivraie de la discorde, le germe de violence qui cohabitait en lui. Pierre n'a pas pris pas l'épée, il accepte de se laisser laver tout entier par les larmes... Au lieu de choisir la mort, il a choisi douloureusement le repentir puis la vie.


Dans la mort du Christ Pierre a entamé son dépouillement ultime. Aux triple questions du Christ qui répondent à son triple reniement, s'amorce la naissance de la plante fragile et immense qui sera l'Eglise (Jn 21).
« Pierre m'aimes-tu ? »
De Jean 13 à  Jean 21 s'étend la clé qui ouvre et met à jour l'amour de Dieu pour l'homme.
Je l'ai compris dans la chair le jour où j'ai senti le Christ à genoux devant moi. Cette révélation, à Penboc'h un jour de retraite ignatienne il y a une dizaine d'années est le germe ultime de ma vocation de diacre.
Ne soyons pas source de discorde, laissons l'Église entamer le dépouillement final...poussé par l'Esprit qui travaille sans cesse en l'homme pour faire jaillir les semences du Verbe.

Nos cathédrales peuvent être réduites en cendres... le germe divin ne sera pas atteint. La moisson vient, le grain semé germe au fond de l'homme. l'Église est le creuset, le Corps de l'espérance de Dieu, le fruit ultime de son agenouillement et de son dépouillement 
Le dépouillement et l'agenouillement de Dieu est la clé cachée de la parabole. Écoutons le Christ à genoux nous demander « m'aimes-tu ? ». « Supportez-vous les uns les autres avec amour. Ayez à cœur de garder l'unité dans l'Esprit par le lien de la paix » (Ep 4,2-3). N'y a-t-il rien en toi qu'un autre n'ait à supporter ? (1)

(1) Saint Augustin Commentaire sur le psaume Ps 99, 8-9, PL 37, 1275-1276 (Saint Augustin, maître de vie spirituelle; trad. A. Tissot, S.J.; Éd. X. Mappus 1960, p. 115-116 rev.), source  : l'Évangile au Quotidien 




03 juillet 2020

Homélie de Baptême du 4/7/20 - Projet



Projet d'Homélie - est-ce que je vais trop loin ? Avis bienvenus

Qu,êtes-vous venus chercher aujourd'hui pour Maēl ?
Une armure, un airbag, un contrat d'assistance comme celui offert par Darty ?

L'église ne procure rien de tout cela. Et le fait que vous portiez un masque aujourd'hui montre que la protection de Dieu est bien fragile.

Tournez vous un instant vers la Croix. Est-ce que Jésus avait l'air protégé par son père ? Non...

Le baptême est autre chose. C'est une invitation à suivre ce même Christ, fragile, transpercé, défiguré qui nous conduit à l'essentiel.

Les textes que vous avez choisi le disent à leur manière. L'important n'est pas la santé, le confort, la richesse. Dieu ne fournit rien de tout cela. L.important c'est l'amour...

«Je verserai sur vous l'eau pure qui vous purifiera; oui, je vous purifierai de toutes vos souillures et de toute votre idolâtrie. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J'enlèverai votre cœur insensible comme une pierre et je le remplacerai par un cœur réceptif. Je mettrai en vous mon Esprit, je vous rendrai ainsi capables d'obéir à mes lois, d'observer et de pratiquer les règles que je vous ai prescrites. Alors vous pourrez habiter dans le pays que j'ai donné à vos ancêtres; vous serez mon peuple et je serai votre Dieu
‭‭Ézékiel‬ ‭36:25-28‬ ‭BFC‬‬

Cette prophétie d'Ezechiel est au cœur du mouvement qui est en jeu dans le baptême. Changer son cœur, aimer, comme le Christ, aimer jusqu'au bout...

Certes, le « Le Seigneur est mon berger, je ne manquerai de rien. Il me met au repos dans des prés d'herbe fraîche, il me conduit au calme près de l'eau. Il ranime mes forces, il me guide sur la bonne voie, parce qu'il est le berger d'Israël. Même si je passe par la vallée obscure, je ne redoute aucun mal, Seigneur, car tu m'accompagnes. Tu me conduis, tu me défends, voilà ce qui me rassure. Face à ceux qui me veulent du mal, tu prépares un banquet pour moi. Tu m'accueilles en versant sur ma tête un peu d'huile parfumée. Tu remplis ma coupe jusqu'au bord. Oui, tous les jours de ma vie, ta bonté, ta générosité me suivront pas à pas. Seigneur, je reviendrai dans ta maison aussi longtemps que je vivrai
‭‭Psaumes‬ ‭(22):1-6‬ ‭BFC‬‬

Mais ce chemin n'est pas un chemin sans ombre...

«personne ne peut voir le Royaume de Dieu s'il ne naît pas de nouveau.» Nicodème lui demanda: «Comment un homme déjà âgé peut-il naître de nouveau? Il ne peut pourtant pas retourner dans le ventre de sa mère et naître une seconde fois?» Jésus répondit: «Oui, je te le déclare, c'est la vérité: personne ne peut entrer dans le Royaume de Dieu s'il ne naît pas d'eau et de l'Esprit. Ce qui naît de parents humains est humain; ce qui naît de l'Esprit de Dieu est esprit.»
‭‭Jean‬ ‭3:5-6‬ ‭BFC‬‬
L'enjeu pour Mael est de trouver l'amour. Si Dieu l'accueille aujourd'hui dans sa maison c'est parce que vous désirez cela. Qu'il meure à ce qui n'est pas l'amour et qu'il se mette en chemin...

Ce chemin il ne peut le faire sans vous, parrain, marraine, parents et vous tous ici rassemblés. Son baptême n'aura de sens que si vous participez tous à ce chemin qui fera de Maēl un prophète de l'amour de Dieu pour l'homme, d'un amour sans limite...

Ce que nous allons vivre aujourd'hui s'inscrit dans cette dynamique...

Ez 36 24-28
Ps 22
Jn 3, 1-6

19 juin 2020

La revanche de Dieu - 2 - saint Bonaventure

En guise de corrigé sur mon homélie de dimanche

« Considère attentivement, toi qui as été racheté, quel est celui qui, pour toi, est suspendu à la Croix, quelle est sa grandeur, quelle est sa sainteté, lui dont la mort rend la vie à ceux qui sont morts, lui dont le trépas met en deuil le ciel et la terre, et fait se briser les pierres les plus dures.

Pour que, du côté du Christ endormi sur la Croix, surgisse l'Église, et pour que soit accomplie la parole de l'Écriture : Ils contempleront celui qu'ils ont transpercé, la sagesse divine a bien voulu que la lance d'un soldat ouvre et transperce ce côté. Il en sortit du sang et de l'eau, et c'était le prix de notre salut qui s'écoulait ainsi. Jailli de sa source, c'est-à-dire du plus profond du cœur du Christ, il donne aux sacrements de l'Église le pouvoir de conférer la vie de la grâce et, à ceux qui ont déjà en eux la vie du Christ, il donne à boire de cette eau vive qui jaillit jusque dans la vie éternelle.

Debout ! toi qui es aimé du Christ, sois donc comme la colombe qui fait son nid sur le bord de l'abîme. Et là, comme l'oiseau qui a trouvé un nid, ne te relâche pas de ta vigilance ; là, comme la tourterelle, viens cacher les enfants de ton amour chaste, et de cette plaie approche tes lèvres pour puiser de l'eau à la source du Sauveur. C'est là qu'on trouve la source qui jaillissait au milieu du Paradis et qui, se partageant en quatre bras puis répandue dans les cœurs aimants, arrose et féconde la terre tout entière.

À cette source de vie et de lumière, accours donc, animé d'un brûlant désir, qui que tu sois, toi qui es donné à Dieu, et de toute ta force, du plus profond de ton cœur, crie vers lui : Ô beauté ineffable du Dieu très-haut, éclat très pur de l'éternelle lumière, vie qui communique la vie à tous les vivants, lumière qui donne son éclat à toute lumière, toi qui conserves dans leur immuable splendeur et leur diversité les astres qui brillent, depuis la première aurore, devant le trône de ta divinité !

Ô jaillissement éternel et inaccessible, plein de lumière et de douceur, de cette source cachée à tous les regards humains ! profondeur sans fond, hauteur sans limite, grandeur incommensurable et pureté inviolable !

C'est de toi que coule ce fleuve qui réjouit la cité de Dieu et c'est grâce à toi qu'aux accents des acclamations et des actions de grâce, nous pouvons te chanter le cantique de louange, car nous pouvons témoigner, par expérience, qu'en toi est la source de la vie, et que par ta lumière, nous verrons la lumière.(1)


J'ai vu la source
devenir un fleuve immense, alléluia !
Les fils de Dieu rassemblés
chantaient leur joie d'être sauvés, alléluia !

℟Alléluia, alléluia, alléluia.

(1) saint Bonaventure, l'arbre de vie, source office des lectures, AELF - fête du sacré cœur

09 août 2019

Au fil de 2 Corinthiens 12, La Croix - Edith Stein - Amour en toi…

Il y a dans les propos de sainte Thérèse-Bénédicte de La Croix, qui part des propos de Paul (cf. notamment 2 Co 12, 9) et les fait résonner, à la fois une exhortation et une exigence intérieure : « Celui qui a opté pour le Christ est mort au monde, et le monde est mort pour lui. Il porte dans son corps les marques de souffrances du Seigneur, il est faible et méprisé devant les hommes, mais précisément en cela, il est fort, car la puissance de Dieu donne toute sa mesure dans la faiblesse(1). Sachant cela, le disciple de Jésus n'accepte pas seulement la croix qui lui est imposée, mais il se crucifie lui-même : Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Ils ont soutenu un dur combat contre leur nature, afin que meure en eux la vie du péché, et qu'advienne un espace pour la vie de l'Esprit. Seule importe cette dernière. »(2)

Qu'advienne un espace pour la vie de l'Esprit... N'est-ce pas tout l'enjeu de cette quête que j'ai nommé « l'amour en toi »...

Mais écoutons encore ses propos : « La croix n'est pas un but en soi. Elle élève et elle dirige le regard vers le haut. (...), elle n'est pas seulement un signe, elle est (...) , le bâton du berger, avec lequel (...) le Christ frappe fortement à la porte du ciel et la pousse. Alors se répandent les flots de la lumière divine qui enveloppent tous ceux qui marchent à la suite du Crucifié ». (2)

Portons notre regard vers celui que Dieu a élevé sur le bois de la Croix, pour qu'à la suite des Hébreux sauvés par le serpent de bronze nous soyons guéris de ce qui nous détourne de Dieu puis illuminés par « les flots de la lumière divine qui enveloppent tous ceux qui marchent à la suite du Crucifié »

(1) Ma grâce te suffit car la puissance de Dieu donne toute sa mesure dans la faiblesse (2 Co 12, 9)
(2) sainte Thérèse-Bénédicte de La Croix (Edith Stein), la science de la Croix, office des lectures du 9/8, source AELF


15 mars 2019

Au fil de Matthieu 5,20-26. - pardon préalable à l’autel

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je vous le dis : Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens : 'Tu ne commettras pas de meurtre', et si quelqu'un commet un meurtre, il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu'un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu'un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande, là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d'accord avec ton adversaire pendant que tu es en chemin avec lui, pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge, le juge au garde, et qu'on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis : tu n'en sortiras pas avant d'avoir payé jusqu'au dernier sou. »

Nous devrions tout contempler à l'aune de la Croix. C'est elle et elle seulement qui donne la mesure de l'amour. Quel est le poids de nos actes en « milligrammes de la Croix ». Nos actes sont fétus de paille et notre miséricorde bien légère sur cette balance. 

Écoutons sur ce point deux pères de l'Église :
« Le Christ a donné sa vie pour toi et tu continues à détester celui qui est un serviteur comme toi ? Comment peux-tu t'avancer vers la table de la paix ? Ton Maître n'a pas hésité à endurer pour toi toutes les souffrances, et tu refuses même de renoncer à ta colère ?... « Un tel m'a gravement offensé, dis-tu, il a été tant de fois injuste envers moi, il m'a même menacé de mort ! » Qu'est-ce que cela ? Il ne t'a pas encore crucifié comme ses ennemis ont crucifié le Seigneur.
Si tu ne pardonnes pas les offenses de ton prochain, ton Père qui est dans les cieux ne te pardonnera pas non plus tes fautes (Mt 6,15). Que dit ta conscience quand tu prononces ces paroles : « Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié » et ce qui suit ? Le Christ n'a pas fait de différence : il l'a versé son sang aussi pour ceux qui ont versé le sien. Pourrais-tu faire quelque chose de semblable ? Lorsque tu refuses de pardonner à ton ennemi, c'est à toi que tu causes du tort, pas à lui... ; ce que tu prépares, c'est un châtiment pour toi-même au jour du jugement...
Écoute ce que dit le Seigneur : « Lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande »... Car le Fils de l'homme est venu dans le monde pour réconcilier l'humanité avec son Père. Comme Paul le dit : « Maintenant Dieu a réconcilié avec lui toutes choses » (Col 1,22) ; « par la croix, en sa personne, il a tué la haine » (Ep 2,16) » (1) 



« Rien ne nous encourage tant à l'amour des ennemis, en lequel consiste la perfection de l'amour fraternel, que de considérer avec gratitude l'admirable patience du plus beau des enfants des hommes. Il a tendu son beau visage aux impies pour qu'ils le couvrent de crachats. Il les a laissés mettre un bandeau sur ces yeux qui d'un signe gouvernent l'univers. Il a exposé son dos au fouet. ~ Il a soumis aux pointes des épines sa tête, devant laquelle doivent trembler princes et puissants. Il s'est livré lui-même aux affronts et aux injures. Et enfin il a supporté patiemment la croix, les clous, la lance, le fiel, le vinaigre, demeurant au milieu de tout cela plein de douceur et de sérénité. Il fut mené comme une brebis à l'abattoir, il s'est tu comme un agneau devant celui qui le tondait, et il n'ouvrit pas la bouche. ~ 

En entendant cette admirable parole, pleine de douceur, d'amour et d'imperturbable sérénité : Père pardonne-leur, que pourrait-on ajouter à la douceur et à la charité de cette prière ?

Et pourtant le Seigneur ajouta quelque chose. Il ne se contenta pas de prier, il voulut aussi excuser ; Père, dit-il, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font. Ils sont sans doute de grands pécheurs, mais ils en ont à peine conscience ; c'est pourquoi, Père, pardonne-leur. Ils crucifient, mais ils ne savent pas qui ils crucifient, car s'ils l'avaient su, ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire. C'est pourquoi, Père, pardonne-leur. Ils pensent qu'il s'agit d'un transgresseur de la Loi, d'un usurpateur de la divinité, d'un séducteur du peuple. Je leur ai dissimulé mon visage. Ils n'ont pas reconnu ma majesté. C'est pourquoi, Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font.

Pour apprendre à aimer, que l'homme ne se laisse donc pas entraîner par les impulsions de la chair. Et afin de n'être pas pris par cette convoitise, qu'il porte toute son affection à la douce patience de la chair du Seigneur. Pour trouver un repos plus parfait et plus heureux dans les délices de la charité fraternelle, qu'il étreigne aussi ses ennemis dans les bras du véritable amour.

Mais afin que ce feu divin ne diminue pas à cause des injures, qu'il fixe toujours les yeux de l'esprit sur la sereine patience de son bien-aimé Seigneur et Sauveur. » (2) 

(1) Saint Jean Chrysostome, Homélie sur la trahison de Judas, 2, 6 ; PG 49, 390 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 95) , source  : l'Évangile au Quotidien 
(2) Aelred de Rievaux, le miroir de la charité, source AELF 


05 février 2019

Les larmes du Père - 5 - au pied de la Croix

"Plus grandit le sérieux de la participation à la passion du Seigneur plus grandit aussi la conscience de la différence. Le Seigneur souffre comme un innocent; je souffre, mais comme coupable de souffrance" (1)

La vision de la Croix, comme la contemplation des larmes du père ne doit pas conduire pour autant à une culpabilité malsaine qui nous vient du diviseur. Elle est cette épée tranchante qui nous libère de nos adhérences au mal. Elle nous fait grandir et progresser vers l'espérance de notre salut.

Et dans l'accomplissement final de l'incarnation kénotique du Fils, dans la contemplation de cet aboutissement qui devient révélation de l'amour infini de Dieu, je trouve enfin poindre la joie de croire que Dieu est plus grand que la haine, que l'amour me relève et me rend enfin digne, par sa miséricorde, de m'approcher de lui, même si ma tentation toute pétrinienne est de fuir.

(1) Hans Urs von Balthasar, La prière contemplative, op. cit. p. 273

17 octobre 2018

Union et déréliction - Saint Jean de la Croix

La nuit de Jean de La Croix interpelle toujours nos vies. « L'Union ne consiste donc point dans les jouissances, dans les consolations, dans les sentiments spirituels, mais dans la mort réelle de la Croix au point de vue sensitif et spirituel, intérieur et extérieur » (1)
Le silence intérieur et l’abandon sont-ils les préludes d’une disponibilité véritable aux souffrants ?
Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Styles 2, De Jean de la Croix à Péguy, Paris, Aubier, 1972 p.60

19 juin 2018

L’amour est en toi - 9 - la solitude

L'Amour est en toi et cependant t'échappe. Par un petit croquis sur le Christ en croix, saint Jean de la croix nous indique « avec un poids presque écrasant, une troisième idée : celle de la solitude de celui qui marche à la suite du Christ et de l'impossibilité de placer cette œuvre d'imitation sur la même ligne que celle du Christ »(1)

(1) Urs von Balthasar,  GC2.2 ibid. p. 63

30 mai 2018

L'amour est en Toi - 1

Dieu mets en nous l'amour comme une source,  un potentiel,  charge à nous de libérer cette force venue de Lui.

"Lorsque je te serai uni par tout moi-même, il n'y aura plus pour moi de douleur ni de fatigue. Ma vie, toute pleine de toi, sera vivante. Celui que tu combles, tu l'allèges, car lorsque je ne suis pas comblé par toi, je me suis à charge à moi-même." (1)

L'amour en nous est comme cette flamme fragile que nous cherchons à allumer alors que le vent de la vie nous harasse. 

Elle ne cesse de s'éteindre en apparence parce que nous prenons pas le temps de rentrer en nous mêmes pour retrouver le feu de l'origine. 

 « Magnifiez le Seigneur avec moi » (Ps 33,4). Le Seigneur est magnifié non parce que la voix humaine lui ajoute quelque chose, mais parce qu'il grandit en nous. Car le Christ est l'image de Dieu (2Co 4,4; Col 1,15), et c'est pourquoi, si quelqu'un agit avec dévotion et justice, il fait grandir en lui cette image de Dieu — à la ressemblance de qui il a été créé (Gn 1,26) — et en la faisant grandir, il est élevé en une sorte de participation à sa grandeur.(2)

La flamme ne peut grandir qu'en contemplant le feu du buisson ardent,  le Christ en Croix et ce qu'il révèle du Pere.

A méditer

(1) Saint Augustin,  Les confessions,  chapitre VIII (?)
(2) Saint Ambroise, Commentaire sur l'évangile de Luc, 2, 19-27 ; PL 15, 1559 ; SC 45 (trad. Orval rev.) 

15 septembre 2017

A l'ombre de la croix - Notre dame des douleurs

Notre dame des douleurs nous rappelle que la Croix n'est glorieuse que parce qu'elle est d'abord lieu de souffrance. Ignorer que la souffrance habite le monde et que le Fils de l'homme s'est vidé de toute divinité pour souffrir à nos côtés,  c'est faire de l'Evangile une illusion. La douleur d'une mère, comme la douleur du Fils nous interpelle. Le signe élevé sur le monde est signe de compassion et de conversion.

14 septembre 2017

Croix glorieuse, croix lumineuse

La coruscation évoquée hier en la fête de saint Jean Chrysostome fait écho avec la croix glorieuse qu'il évoque dans une de ses homélies : " La croix est plus éclatante que le soleil, plus brillante que ses rayons, car, lorsque le soleil s'obscurcit, c'est alors que la croix scintille (Mt 27,45) ; le soleil s'obscurcit non en ce sens qu'il disparaît, mais qu'il est vaincu par la splendeur de la croix. La croix a déchiré l'acte de notre condamnation (Col 2,14), elle a brisé les chaînes de la mort. La croix est la manifestation de l'amour de Dieu : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas ». " (1)
En ce jour de la Croix glorieuse, alors que l'Église nous donne à contempler la kénose (Ph. 2,7) et le signe élevé sur le monde (Nb 21 et Jn 3) regardons celui qui s'est anéanti pour notre salut.
(1) Saint Jean Chrysostome, Homélie sur « Père, si c'est possible » (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 72)

09 septembre 2017

Fuites et croix 2 - Hans Urs von Balthasar

Pour percevoir l'enjeu des propos  précités du Père Georges Njila Jibikilayi, il faut méditer sur la citation qu'il donne de Hans Urs von Balthasar et y percevoir toute la profondeur :"À la croisée de cette fuite vers le haut et de la fuite en avant se dresse la Croix de Jésus-Christ. Et ce n'est qu'en ce point que le hic et nunc du présent, autrement dépourvu de sens, reçoit son approbation, et par Dieu précisément (...) le christianisme constitue donc l'unique conception positive du monde. Toutes les autres commencent par critiquer ce qui existe, elles ont ainsi pour forme la négation de la négation, et portent donc en elle le poison du non et finalement du péché. Mais aimer un monde que Dieu lui-même a aimé jusqu'à en mourir, est-ce que cela ne devrait pas valoir la peine ? (1)
L'enjeu est ici l'incarnation mais plus encore. Hans Urs von Balthasar affirme même qu'à la différence de toutes les religions le christianisme apporte sur la souffrance et la mort un autre regard : "la souffrance et la mort sont la preuve suprême que Dieu est amour"(2).

On conçoit qu'à partir d'ici puisse se dérouler une théologie de la croix qui dans toutes sa dimension anthropologique peut prendre sens. C'est là où Najila nous conduit... Une théologie qui s'orient sur la vie, sur l'homme souffrant, jusqu'à cette kénose du père devant la croix.

Najila nous mène aussi vers une contemplation de la double kénose (3), celle où le Christ et l'Esprit "danse" pour inviter l'homme à la danse.

(1) Hans Urs von Balthasar, A propos de mon œuvre, p. 100-101.
(2) Hans Urs von Balthasar Épilogue p. 25-26.
(3) Georges Njila Jibikilayi, ibid.

30 novembre 2016

Humilité de Dieu chez Bonaventure

"Le Père a tout dans son Fils". Il s'y exprime en descendant dans le néant. C'est là l'humilité de Dieu, sa condescensio(1) que le mot condescendance traduit mal, puisqu'elle exprime littéralement une "descente avec". "Le Dieu éternel s'incline humblement (humiliter se inclinans)". Le plus profond de Dieu se révèle dans la Croix, clef de tout (omnia in cruce manifestantur), non seulement le péché, non seulement l'homme, mais Dieu lui-même.
Cette "sortie dans le néant" fait que son apparition devient son obscurité et se dépouille de sa beauté native. Christus deformis, le bien-aimé est dépouillé, mais sa laideur extérieure conserve en même temps intérieurement la beauté (...) puisque en lui habite toute la plénitude de la divinité" (2).

On pourrait suivre là Philippiens 2 et évoquer le relèvement, mais Hans Urs von Balthasar s'interroge sur la perception de la déréliction chez Bonaventure (sujet sur lequel il reviendra dans sa Dramatique) et nous conduit sur le cœur ouvert, la blessure visible qui rend visible l'invisible de l'âme (3)

(1) Bonaventure notamment dans Brevil. 4,1 (V , 241b), cité par Hans Urs von Balthasar in GC2 p. 315
(2) p. 317
(3) p. 318

16 septembre 2016

La beauté et la gloire

On comprend mieux dans la suite du tome 6 la distinction fragile entre la beauté, transcendantal porté aux nues depuis Platon jusqu'à Hegel, et la Gloire (1) dont nous avons vu dans le tome 7 combien elle ne rayonnait finalement que dans la Croix. C'est ce gouffre qu'il faut combler entre la projection humaine et la révélation fragile de l'amour divin. Nous avons déjà commenté plus haut la tension testamentaire entre le plus bel enfant des hommes et l'ignominie de la Croix. Les chemins de Dieu sont insondables. Dans cette contemplation se joue pourtant la tension même de la foi.

Hans Urs von Balthasar, GC6 p. 18

19 juin 2016

La Croix, source de toute grâce

En ce jour,  contemplons la Croix,  buvons à cette source offerte. Comme nous y invite la première lecture par son "Ils regarderont vers moi. Celui qu’ils ont transpercé" (1), la liturgie nous invite à la fois à percevoir ce qui en nous a rendu possible la mort du Christ et ce qui, de cette mort peut nous sauver. Alors nous pourrons nous lamenter sur ce qui nous éloigne de Dieu : " Ils feront une lamentation sur lui, comme on se lamente sur un fils unique ; ils pleureront sur lui amèrement, comme on pleure sur un premier-né.
Ce jour-là, il y aura grande lamentation dans Jérusalem (...) Ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de leur souillure" (1).
Cette lettre de Zacharie est la clé de notre soif vers Dieu.  Et le psaume du jour (63) n'est qu'une illustration de cette soif qui devrait nous habiter. Goûtons à cette prière,  faisons la nôtre :
"Dieu, tu es mon Dieu,
je te cherche dès l'aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.
Je t'ai contemplé au sanctuaire,
j'ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !
Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.
Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l'ombre de tes ailes.
Mon âme s'attache à toi,
ta main droite me soutient"(2)
Que nous apporte alors la deuxième lecture ?
"Frères, tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi.
En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ;
il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus.
Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d’Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse".
Si nous buvons à la source du Christ,  ni nous croyons vraiment que le sang et l'eau versé est ce fleuve immense décrit par Ézékiel 47, alors nous pouvons réaliser ce à quoi nous sommes appelés : "appartenir au Christ,  non pas sous forme d'esclave,  mais dans la direction de Jean 15, 15, comme des "amis", c'est à dire en chemin vers un amour qui ne cherche pas "son intérêt" (1 Corinthiens 13).
Cette conversion intérieure nous permet d'affirmer à la suite de Pierre (Lc 9, 20) : tu es l'oint de Dieu, le messie. Non pas seulement comme David a été oint (1 Samuel 16) mais par cette double onction du Père et de l'Esprit qui fait de lui le fils unique et nous invite à entrer dans le cercle trinitaire
(1) Livre de Zacharie 12
(2) Psaume 63(62),2.3-4.5-6.8-9.
(3) Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates 3,26-29.
Textez, source AELF

09 décembre 2015

Le voile du temple - Marc 15, 38 et Isaïe 25, 7-9

Une étude cursive de Marc souligne combien la révélation de la nature du Christ culmine dans la croix, avec ce verset qui précède le cri du centurion sur la nature divine du Christ : "Et le voile du sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu'en bas." (1)
La lecture d'Isaïe 25 vient souligner ce trait :
"Et il déchirera sur cette montagne le voile qui voilait tous les peuples, et la couverture qui couvrait toutes les nations,  Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur Yahweh essuiera les larmes sur tous les visages il ôtera l'opprobre de son peuple de dessus toute la terre; car Yahweh a parlé.  On dira en ce jour-là : "Voici notre Dieu ; en qui nous espérions pour être sauvés; c'est Yahweh, en qui nous avons espéré; livrons-nous à l'allégresse et réjouissons-nous en son salut." (2)

Alors le cri du Christ que nous entendons dans l'évangile d'aujourd'hui prend sens : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. 
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » ( Mat 11, 29-30)

(1) Marc 15:38 BCC1923
(2) Isaïe 25:7-9 BCC1923




Envoyé depuis mon appareil mobile Samsung