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30 août 2015

La dynamique sacramentelle


Vivre les sacrements ? C'est peut-être enfoncer une porte ouverte de dire que le sacrement n'est pas celui d'un jour, d'un lieu, d'une prière. Au contraire, il est le lieu d'une vie, d'une dynamique. Affirmer cela, c'est prendre conscience de la manière dont Dieu agit en nous, nous rend signe. Signe fragile, brisé parfois. Signe qu'il faut reconstruire. A travers la lecture de 3 essais de W. Kasper, je viens de revisiter mes propres écrits sur le mariage, allant jusqu'à revoir mes propos sur ces crises conjugales qui brisent le pacte sacramentel et la question des divorcés remariés. De cela est né un livre (encore un) qui, comme toujours, ne vaut que ce que j'ai mis dedans : le meilleur de moi-même et en même temps, probablement encore des failles. L'écriture me façonne. Depuis quelque temps, tout mes écrits "théologiques" sont publiés à prix coûtant. Je ne suis qu'apprenti... Ces livres sont sources de dialogue. J'espère que celui-là, le sera plus que les autres. En ces temps de réflexion intra-synodale, voici un petit caillou dans la construction délicate de la cathédrale...
La dynamique sacramentelle est disponible sous ce lien :
http://www.amazon.fr/dynamique-sacramentelle-recherche-pr%C3%A9-synodal-sacrements/dp/1514660784/ et en téléchargement gratuit sous Kindle KDP

PS : Merci à Phil' Dugué, un ami de l'Avre, pour l'autorisation de reproduire un détail de l'un de ses tableaux en couverture...

16 juin 2015

Dureté du coeur

Je continue bon an mal an, ma lecture de l'oeuvre de Walter Kasper avec un cinquième petit ouvrage(1) rédigé à l'occasion du synode en cours sur la famille. 
Je m'arrête sur un petit passage page 36 qui rejoins ce que j'écrivais déjà dans chemins croisés sur Matthieu 19 :

‎"On ne doit pas comprendre la parole de Jésus de façon isolée, mais dans l'ensemble de son message relatif au règne qui vient. Jésus ramène le divorce à la dureté du coeur (Mat 19, 8) qui se ferme à Dieu et à l'autre. (...) de même que l'adultère commence dans le coeur (Mat 5, 28), ainsi la guérison n'est possible que par la conversion et par le don du coeur nouveau. C'est pourquoi (...) il accorde le pardon à une femme accusée d'adultère (Jn 8, lc 7, 36-50)"

Je souscrit à sa thèse et reviendrai sur ce point dans mon essai sur la dynamique sacramentelle... car c'est bien encore ee cela qu'il s'agit.  

(1) Walter Kasper, l'évangile de la famille, Paris, Cerf, 2014
(2) op. Cit.  P. 36

09 octobre 2014

Divorcés remariés - Synode sur la famille - "Le Vieil Homme et la Perle", Extrait 1

A l'heure où Rome travaille, j'ose vous dévoiler un extrait de mon livre, "le vieil homme et la perle", l'histoire d'un vieux prêtre qui cherche des chemins de pastorale.

"En s’approchant de la chapelle, il aperçut, une trentaine de personnes, dont plusieurs cadres, travaillant dans le quartier, quelques paroissiens « locaux » et au dernier rang, Sophie et Jean-Marie. Alors il n’hésita plus…
Après le psaume, il s’avança vers l’ambon et lut de sa voix grave :
Évangile selon saint Jean, au chapitre 8 :
« Les Scribes et les Pharisiens lui amenèrent une femme surprise en adultère, et l'ayant fait avancer, ils dirent à Jésus : "Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère." Or Moïse, dans la Loi, nous a ordonné de lapider de telles personnes. Vous, donc, que dites-vous ? C'était pour l'éprouver qu'ils l'interrogeaient ainsi, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait sur la terre avec le doigt. Comme ils continuaient à l'interroger, il se releva et leur dit :" Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre." Et s'étant baissé de nouveau, il écrivait sur la terre. Ayant entendu cette parole, et se sentant repris par leur conscience, ils se retirèrent les uns après les autres, les plus âgés d'abord, puis tous les autres, de sorte que Jésus resta seul avec la femme qui était au milieu. Alors Jésus s'étant relevé, et ne voyant plus que la femme, lui dit : "Femme, où sont ceux qui t’accusent ? Est-ce que personne ne t’a condamnée ? Elle répondit : "Personne, Seigneur" ; Jésus lui dit "Je ne te condamne pas non plus. Va, et ne pèche plus." »
Gilbert laissa un long silence s’établir après la lecture, puis, prenant l’ambon à pleine main, il leva les yeux vers l’assemblée et dit :
 "Ils se retirèrent, les uns après les autres, à commencer par les plus vieux". Mes frères, il y a deux façons de lire ce texte. On peut s’arrêter sur le « va, et ne pèche plus » et refaire une fois encore une apologie de la morale. On peut aussi s’interroger, intérieurement sur le sens des gestes et des paroles de Jésus. Si l’on observe bien les mouvements du Christ, il est assis, puis il s’abaisse, par deux fois, se met à la hauteur de la jeune femme, et ce faisant, se rend plus proche d’elle que des « docteurs de la loi », qui eux, restent debout. On sent là comme une présence qui me rappelle le désir d’intimité de Dieu avec l’homme et cet agenouillement que nous célébrerons dans quelques jours, le soir du jeudi saint. Si Jésus s’abaisse peut-on rester, nous aussi, debout ? Dans quelques temps, nous allons, ensemble, célébrer l’eucharistie, invoquer l’Esprit pour qu’Il habite le pain et le vin. Mais je vous le demande,  sommes-nous à la hauteur de ce qui va se jouer sur cette table ? Plus encore, si Jésus s’abaisse devant la femme, peut-on rester debout ? Je vous propose, aujourd’hui, un geste de solidarité particulier. Il y a, parmi vous, dans cette assemblée, des personnes qui, du fait de leur remariage, n’ont pas accès à la sainte eucharistie. Sommes-nous plus dignes qu’eux ? Je ne peux juger dans vos cœurs. Pourtant je vais faire quelque chose que je n’ai jamais encore fait. Peut-être que ce sera un acte limite, au sens du rite catholique, mais je me propose, je vous propose, de ne pas communier, de vous contenter de venir, comme eux, demander la bénédiction de Dieu. Étant l’un des plus âgés, dans cette église, je me sens le devoir de montrer le chemin. Si certains d’entre vous désirent s’unir au Christ, je ne peux le leur refuser. Pourtant, je vous le demande, sommes-nous dignes de porter le Christ, d’être temple de son corps ?
Il s’assit… Laissant résonner dans la petite chapelle, le sens de ce qu’il venait de prononcer… Avait-il tort ? Il n’osait croiser le regard de certains paroissiens. Peut-être que cela serait rapporté au curé, amplifié, déformé. Après tout, il avait parlé avec son cœur.
Quand vint le moment de la communion, il fut surpris de voir Jean-Marie et Sophie s’avancer vers l’autel, jusqu’à ce qu’il aperçoive leurs bras croisés. En signant le front de Sophie, il vit que des larmes baignaient ses joues. Elle avait, pourtant, quand elle lui fit face, un large sourire. Jean-Marie était plus discret. Pourtant, en croisant son regard, il lut une profonde gratitude. Derrière eux, tous les paroissiens se présentèrent à lui. Malgré l’hostie qu’il tenait prête, aucun, ce jour-là, n’osa communier. Au fond de son cœur, il rendit grâce à Dieu…"

Les lecteurs de ce blog y retrouveront la théologie qui sous-tend mes autres ouvrages et notamment cette lecture particulière de Jean, développée dans  "A genoux devant l'homme".

16 avril 2014

Les écueils de l'évangélisation - II - Divorcés remariés

Dans le premier post sur ce sujet, j'évoquais parmi les écueils, la difficile question d'une pastorale des divorcés remariés, mais aussi des homosexuels, deux chemins sur lesquels j'ai déjà commencé des travaux de recherche à travers "Le vieil homme et la perle" (tome 1 à 3) puis tome 4.

J'ai eu la chance de diner la semaine dernière avec trois théologiens dont l'un des plus grands théologiens moralistes actifs et nous avons évoqué ce sujet, cette faille pastorale comme un des enjeux majeurs de notre Eglise. Bien sûr, je ne suis qu'un petit chercheur sur ce chemin. J'aimerai avoir leur science. La mienne n'est qu'une intuition pastorale.

Il y a actuellement deux courants dans l'Eglise qui se croise et une "tension théologique" qui se précise entre les partisans d'une morale autoritaire et ceux qui ont le souci d'une pastorale "de la faiblesse". Ceux qui connaissent mes écrits sur le Dieu de faiblesse (1), savent vers quel côté je penche. On ne peut qu'espérer que les conclusions du synode en cours n'oublieront pas qu'au delà des débats théologiques, il y a une faille qui s'écarte progressivement entre les "biens pensants" et le monde. Certes le sujet est délicat et il convient de travailler les nuances. Mais la contemplation de Jean 8 doit continuer à nous interpeller. Les pharisiens, dans ce récit, sont debout. Jésus, quant à lui, effectue une "danse", celle qui s'abaisse vers la femme, trace des traits qui s'effacent, et en se relevant, relève la femme blessée et l'invite à marcher (2).

A cet égard, je suis touché, par le commentaire d'une lectrice, marquée par son divorce et son remariage : "Le rite du lavement des pieds tel qu'il est raconté par Claude dans son livre "Le vieil homme et la perle" est éblouissant de signification et tire les larmes du corps, ou de l'âme ..." Espérons que ce chemin soit un jour utile à d'autre...

(1) Cf. "A genoux devant l'homme"
(2) voir aussi mon commentaire dans le même ouvrage

17 octobre 2013

Le vieil homme et la perle - Accueil des divorcés remariés

Comment aborder sereinement la question du remariage dans l’Église ? Plusieurs amis paroissiens m'ont demandé comment je pouvais leur répondre. Auteur de plusieurs livres sur le mariage, je ne pouvais esquiver de m'intéresser à la question. J'ai choisi d'articuler cette réponse sous forme de roman. Le vieil homme et la perle est d'abord le récit romancé de ces vieux prêtres qui m'ont fait aimer l’Église. En les mettant en scène dans un roman, en leur faisant aborder la situation de l'accueil d'un couple de divorcés dans une paroisse parisienne, je cherche à traduire, de manière pratique et accessible, les débats actuels sur le sujet. Je repars notamment de la "disputatio" qui en son temps avait tracé une ligne pastorale dans l’Église, entre les cardinaux Kasper et Ratzinger. Ce débat illustre bien deux directions et deux approches, entre celle qui veut protéger le sens de l'indissolubilité du mariage et celui qui traduit la miséricorde de Dieu pour tout homme. Le vieil homme et la perle, en racontant les discussions entre prêtres et paroissiens sur ce thème, cherche à articuler des éléments de réponse sur un sujet qui reste complexe...

Post publié à l'origine en novembre 2012
NB : Dernière mise à jour du 15/3/2014
Le sujet continue de diviser notre Eglise. Espérons qu'un compromis soit accessible.

28 avril 2012

Eglise et sacrements - I

Depuis le concile de Latran IV et la définition du septénaire, l'Eglise s'attache, non sans raisons à son auto-limitation à sept sacrements. Ce choix qui se fonde en partie sur la tradition, n'exclue pas l'existence de ce que l'on appelle les sacramentaux, que peuvent être tout signe expressif au sein ou non d'une liturgie appropriée (prise de voeux, consécration, prière, lavement des pieds). Pour le lavement des pieds, les Pères de l'Eglise s'étaient même interrogés sur le fait que cela puisse être un autre sacrement avant de conclure que c'était de fait, toute l'Eglise qui devait vivre dans cette symbolique... Tout cela nous interpelle sur la place et le centre de ces sacrements dans nos vies. Louis-Marie Chauvet, note dans Symboles et sacrements, combien ces sacrements peuvent aussi constituer un goulet d'étranglement, hors de lequel toute vie ecclésiale semble limitée. Cette trop grande focalisation interpelle, aujourd'hui, ceux qui se sont exclus de certains sacrements et cette exclusion décidée par le Magistère est pour nous tous une question posée. Sommes-nous capables d'apprécier à leur juste mesure ce qui se joue ? Avons-nous pleinement conscience de l'enjeu des sacrements, de ce qu'ils disent des dons de Dieu ? La miséricorde divine se limite-t-elle à cela ? Sont-ils des lieux "liturgiques" où l'Eglise se rassemble et exprime, par ce biais, son désir de participer au corps du Christ ? Ceux qui sont exclus de certains sacrements sont-ils exclus du corps de l'Eglise ? Bref, y a-t-il une vie possible hors des sacrements ? Ces questions, je me les pose depuis quelques semaines, dans le cadre de ma formation à l'ICP. Cela fait naître en moi quelques travaux de recherche, dont le plus original est probablement celui-ci, que je vous laisse découvrir... Nous en reparlerons...