30 avril 2022

corrigé à mon essai d’homélie 2.52: * « M'aimes-tu ? »

 En guise de corrigé à mon essai d’homélie 2.52: *

« M'aimes-tu ? »

« Aimes-tu ? (...) M'aimes-tu ? (...) » Pour toujours, jusqu'à la fin de sa vie, Pierre devait avancer sur le chemin accompagné de cette triple question : « M'aimes-tu ? » Et il mesurait toutes ses activités à la réponse qu'il avait alors donnée. Quand il a été convoqué devant le Sanhédrin. Quand il a été mis en prison à Jérusalem, prison dont il ne devait pas sortir... et dont pourtant il est sorti. Et (...) à Antioche, puis plus loin encore, d'Antioche à Rome. Et lorsqu'à Rome il avait persévéré jusqu'à la fin de ses jours, il a connu la force des paroles selon lesquelles un Autre le conduisait là où il ne voulait pas.... Et il savait aussi que, grâce à la force de ces paroles, l'Église « était assidue à l'enseignement des apôtres et à l'union fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » et que « le Seigneur ajoutait chaque jour à la communauté ceux qui seraient sauvés » (Ac 2,42.48). (...)

Pierre ne peut jamais se détacher de cette question : « M'aimes-tu ? » Il la porte avec lui où qu'il aille. Il la porte à travers les siècles, à travers les générations. Au milieu de nouveaux peuples et de nouvelles nations. Au milieu de langues et de races toujours nouvelles. Il la porte lui seul, et pourtant il n'est plus seul. D'autres la portent avec lui (...). Il y a eu et il y a bien des hommes et des femmes qui ont su et qui savent encore aujourd'hui que toute leur vie a valeur et sens seulement et exclusivement dans la mesure où elle est une réponse à cette même question : « Aimes-tu ? M'aimes-tu ? » Ils ont donné et ils donnent leur réponse de manière totale et parfaite — une réponse héroïque — ou alors de manière commune, ordinaire. Mais en tout cas ils savent que leur vie, que la vie humaine en général, a valeur et sens dans la mesure où elle est la réponse à cette question : « Aimes-tu ? » C'est seulement grâce à cette question que la vie vaut la peine d'être vécue » (1)


D’un certain côté, mon intuition de relier la nudité de Pierre à celle d’Adam est probablement la clé que suggère Jean dans son chapitre 21.


On pourra lire aussi, l’excellent commentaire de Marie-Noēlle Thabut https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/


(1) Jean-Paul II (1920-2005)

Homélie à Paris 30/05/80, 1-3 (trad. DC 1788, p. 556 copyright © Libreria Editrice Vaticana)


* mon homélie : https://www.facebook.com/100003508573620/posts/4849361138524124/

29 avril 2022

Esprit et ouverture - 2.52bis

 

Nous sommes en chemin…

Si l’on prend un peu de recul sur les événements passés qui nous ont conduits de la Passion aux premières manifestations de la résurrection, mais aussi sur notre propre vie, comme de vrais pèlerins pour le Royaume, c’est peut-être à partir de la figure de Pierre que la liturgie nous conduit aujourd’hui vers un nouveau souffle...

Pierre est un homme comme nous, faible, plein de bonne volonté mais fragile et capable de violence.

Il a suivi Jésus

Il l’a renié par trois fois

Il fait des efforts 

Il veut maîtriser sa vie, relancer la pêche 

Mais malgré cela il passe une nuit sans rien prendre….

Jésus revient, le matin, au bord de la mer, au bord de nos efforts et nous appelle. 


Qu’as-tu fais de ta vie ?


Pierre se voit nu, comme Adam au jardin

Pourtant il plonge dans cette eau dangereuse pour se rapprocher de Jésus 

Vient la triple question dont le grec donne une finesse particulière. M'aimes-tu vraiment ?

« Agapas me… » M’aimes tu d'agapè, de cet amour entier, de ce jusqu'au bout qui m’a conduit à la Croix ? 

Deux fois, la question lui est posée mais Pierre se rend compte qu’il n’est pas à la hauteur, qu’il lui reste du chemin. Je t’aime seulement d’amitié « philo te » répond Pierre en grec.

Alors Jésus repose la question en reprenant le même verbe que Pierre « Phileis me », m’aimes tu d’amitié ? 


Veux-tu avancer vers moi ?


Qu’est ce à dire ?


À la lumière de dimanche dernier, n’oublions pas que Dieu est miséricorde, qu’il est conscient de nos faiblesses et qu’il nous rejoint, comme il l’était devant Pierre, par deux fois, à genoux : pour lui laver les pieds, puis à nouveau au bord du lac probablement à genoux à nouveau en train d’attiser le feu d’un repas qui se prépare.


Que va-t'il se passer dans le double mouvement  que nous allons vivre aujourd’hui d’un baptême de l’eucharistie ?


Pas grand chose finalement si ces deux rites restent des gestes creux, des mots, un peu comme cette pêche nocturne de Pierre. Il y a un saut à faire pour consentir à nous laisser guider, habiter par l’Esprit : « jette ton filet ailleurs, suis moi, laisse moi te laver les pieds et le cœur, renonce à croire que tu maîtrises tout, laisse toi revêtir, habiter par l’Esprit… »


Le rite du baptême comme celui de l’Eucharistie sont bien fragiles si nous passons à côté de l’essentiel : Dieu nous invite à genoux à dépasser les gestes du rite pour vivre en actes et en vérité ce que nous célébrons. Le rite n’est rien si nous ne parvenons pas à transformer les symboles en chemins de vie, si nous ne devenons « porte-Christ » comme le suggère cette ancienne catéchèse de Jérusalem.


Le sacrement est vide s’il ne se transforme en mouvement, en « dynamique sacramentelle »


Dans les lectures de mardi dernier Jésus glissait à Nicodème que nous ne sommes rien tant que nous ne sommes pas « nés du souffle de l’Esprit » 

Qu’est-ce que ce souffle ?


Un souffle ténu, le bruit d’un fin silence (1 Rois 19), ce cri intime de Dieu qui nous invite à marcher, chant intérieur qui veut allumer en nous un feu… 

Il nous faut écouter ce que l’Esprit enseigne dans le silence d’un orant.


M'aimes-tu au point de plonger dans la vie en Dieu et renoncer à ton petit confort…


En versant l’eau vive par trois fois sur la tête du petit Côme, un rien va se produire et pourtant une étincelle mystérieuse va se glisser dans le cœur de cet enfant, flamme fragile que la prière conjointe de ceux qui l’entourent et la nourriture spirituelle transformera, par l’action discrète et humble de l’Esprit en lumière.


Nos rites sont inutiles si nous ne choisissons pas d’entrer dans la danse de l’Esprit…


Nos communions sont façades si nos joies intérieures ne deviennent lumières pour le monde, dans la contagion discrète mais joyeuse des danseurs pour le royaume.


L’échange avec Nicodème de mardi nous a permis de contempler la brise fugace et tendre de l’Esprit…


La liturgie nous fait découvrir aujourd’hui que Pierre hésitant et désemparé (Jean 21) peut entendre, comme nous, cet appel fragile d’un Dieu à genoux qui l’invite à choisir une vie nouvelle. 


En nous laissant aimer par Jésus, habités par le souffle c’est une danse nouvelle qui nous appelle.


Qu’est-ce qui explique en effet cette différence entre le Pierre de l’Evangile et celui de la première lecture si ce n’est l’Esprit qui vient transformer l’homme ?

Je renonce, je crois diront les parents de Côme. Et nous ?


Laissons une place à l’Esprit qui veut allumer en nous un feu de joie…


Le baptême est un petit pas en avant, mais l’essentiel est ailleurs : se laisser saisir par ce Dieu qui veut allumer en nous un feu…

28 avril 2022

La danse de l’Esprit - 2.52

 L’échange avec Nicodème qu’évoque partiellement la liturgie d’aujourd’hui (Jn 2) nous permet de contempler la brise fugace et tendre de l’Esprit…


Dimanche nous verrons à la fois un Pierre hésitant et désemparé (Jean 21) et sûr de lui dans les Actes. 

Le premier Pierre a pêché seul sans succès et doit plonger nu pour trouver le chemin du triple pardon de Jésus et comprendre qu’il n’est pas digne, encore de l’agapè. Le second est empli d’un souffle puissant qui convertit les foules.  Qu’est-ce qui explique cette tension apparente si ce n’est l’Esprit qui vient transformer l’homme ?


La liturgie nous prépare à la contemplation du don de l’Esprit… 


Un chemin pour tous ?


Que va-t-il se passer dans le double mouvement sacrementel  que nous allons vivre dimanche prochain dans ma paroisse alors que nous célébrerons coup sur coup un baptême et une eucharistie ?


Pas grand chose finalement si ces deux rituels ne sont  la base d’un double mouvement à la fois théologal et actif au sein des récipiendaires… 


Le rite du baptême comme celui de l’Eucharistie sont bien fragiles si nous passons à côté de l’essentiel : Dieu nous invite à sa danse kénotique et à dépasser les gestes du rite pour vivre en actes et en vérité ce que nous célébrons. Le rite n’est rien si nous ne parvenons pas à transformer les symboles en chemins de vie, si nous ne devenons « porte-Christ » comme le suggère cette ancienne catéchèse de Jérusalem.


Le sacrement est vide s’il ne se transforme en « dynamique sacramentelle » (1).


Jésus glisse aujourd’hui à Nicodeme que nous ne sommes rien tant que nous ne sommes pas « nés du souffle de l’Esprit » 

Qu’est-ce que ce souffle ?


Un souffle ténu, le bruit d’un fin silence (1 Rois 19), le chant ou la danse des priants. Nous vivons souvent dans un balancier fragile entre les excès charismatiques et la pudeur des communautés qui refusent d’écouter ce que l’Esprit enseigne dans le silence d’un orant.


La vie chrétienne consiste finalement à trouver 

le juste équilibre entre kénose et prosélytisme, enfouissement et moralisme, pastorale et ritualismes.

Attention aux excès comme aux extrêmes ! 😉 


Au pharisaïsme hésitant de Nicodème, Jésus rappelle que la guérison de la morsure du mal, de ces « serpents du désert »  ne s’est pas faite dans le combat et la violence mais dans un signe fragile, élevé et suscitant de détourner son regard.


Appel bien mystérieux pour ce chercheur de Dieu que ce serpent de bronze évoqué au chapitre 11 du livre des Nombres qui devient pourtant le prélude et l’annonce de la Croix et du mystère d’un Christ transpercé d’où jaillit l’Esprit.


Ce qui était voilé devient lumière.


En versant l’eau vive par trois fois sur la tête du petit Côme dimanche, un rien va se produire et pourtant une étincelle mystérieuse va se glisser dans le cœur d’un enfant, flamme fragile que la prière conjointe de ceux qui l’entourent et la nourriture spirituelle transformera, par l’action discrète et humble de l’Esprit en lumière.


Nos rites sont inutiles si nous ne choisissons pas d’entrer dans la danse de l’Esprit…


Nos communions sont façades si nos joies intérieures ne deviennent lumières pour le monde, dans la contagion discrète mais joyeuse des danseurs pour le royaume.


(1) cf. mon livre éponyme

23 avril 2022

Chemin d’Emmaüs - Suite

 Il est venu et la trace de sa présence, de son inhabitation n’est pas innocente. 

Quel enjeu ?

La contemplation des pèlerins d’Emmaüs et, à leur suite, de tous les baptisés peut être de comprendre que nous sommes appelés, à notre tour à devenir des « Porte-Christ » (1)

Cette expression très ancienne m’a toujours touchée car elle symbolise notre mission de baptisée, habitée par cette présence fragile et lumineuse qui se révèle en nous, dans notre intime et nous fait marcher.

Être saisi et se laisser saisir (Ph 3)

Transpirer Dieu.

Non dans un discours, mais en actes.

Jusqu’au don

Jusqu’à l’accueil de l’étranger 

Celui qui me dérange.

Danser en Christ…


(1) voir le texte des catéchèses de Jérusalem repris dans l’office des lectures d’aujourd’hui et disponible dans la Maison d’Évangile - La Parole Partagée

20 avril 2022

Sur les chemins d’Emmaüs

Nous sommes invités à le toucher, à le rencontrer, à le manger, à nous nourrir de lui et à entrer dans son mouvement pascal d’effacement rappellait C.Théobald, et pourtant, au moment même où l’on croit le saisir, nous savons qu’il s’effacera, comme il nous invite aussi à le faire. Car, quand bien même nous aurons cru le saisir, il disparaîtra dans un « ne me touche pas » (Jn 20, 17), paradoxe d’un Dieu qui cherche à nous maintenir dans une course infinie, pour que, loin de planter, comme Pierre, une tente sur le mont Thabor, nous restions des coureurs, cherchant sans fin « à le saisir » (cf. Ph. 3) et surtout à en vivre, dans un amour contemplé, reçu puis partagé. 

Le Verbe n’a plus de mots, mais qu’un geste, signe de sa mort, où le Christ se révèle par le don de son corps et disparaît dans le silence pour nous laisser creuser en nous son absence et reprendre son chemin. 

Il nous invite dans le monde, en Galilée….

Extrait de mon « Dieu depouillé »

18 avril 2022

Kénose

 Tout perdre, y compris celui que son cœur aime.

Avancer dans la nuit et le vide.

Ne plus se laisser distraire

Entrer au service 

Se mettre à genoux

Panser les plaies.

Se dépouiller

Kénose 

Impossible chemin ?

Quête inaccessible à l’homme ?

Rejoindre Celui qui nous précède ?

Tâcher de Le saisir et finalement se laisser saisir ?


Écoutons Simon…:


« Femme, qui cherches-tu ? » (Jn 20,15)


Ne te relâche pas, mon âme, dans la poursuite du Maître,

mais comme une âme qui s’est une bonne fois livrée d’elle-même à la mort,

ne tâtonne pas à la recherche de tes aises, ne poursuis pas la gloire,

ni la jouissance du corps, ni l’affection de tes proches,

ne jette pas un coup d’œil à droite, pas un coup d’œil à gauche,

mais, comme tu as commencé, et même de plus belle, cours,

hâte-toi sans répit pour atteindre, pour saisir le Maître !

Quand bien même il disparaîtrait dix mille fois et dix mille fois t’apparaîtrait,

et qu’ainsi l’insaisissable serait pour toi saisissable,

dix mille fois, ou plutôt tant que tu respires,

redouble d’ardeur à sa poursuite et cours vers lui !

Car il ne t’abandonnera pas, il ne t’oubliera pas,

peu à peu, au contraire, de mieux en mieux il se montrera,

plus fréquente se fera pour toi, mon âme, la présence du Maître

et, après t’avoir parfaitement purifié par l’éclat de sa lumière,

lui-même tout entier viendra en toi, lui-même habitera en toi,

lui-même sera avec toi, lui l’auteur du monde,

et tu posséderas la richesse véritable que le monde ne possède pas,

que seuls possèdent le ciel et ceux qui sont inscrits dans les cieux. (…)

Celui qui a fait le ciel, le Maître de la terre

et de tout ce qui est dans le Ciel et de tout ce qui est dans le monde,

le Créateur, lui le seul Juge, lui le seul Roi,

c’est lui qui habite en toi, c’est lui qui se montre en toi,

qui tout entier t’éclaire de sa lumière et te fait voir la beauté

de son visage, qui t’accorde de le voir en personne

plus distinctement, qui te donne part à sa propre gloire.

Dis-moi, qu’existe-t-il de plus grand que cela ? (1)


(1) Syméon le Nouveau Théologien (v. 949-1022)

moine grec

Hymnes 48, SC 196 (Hymnes III ; trad. J. Paramelle et L. Neyrand, éd du Cerf, 2003 ; p. 141-143 ; rev.)

Nouvelle naissance - à l’aube pascale

 Hier nous avons vécu le grand silence du samedi saint, le cœur empli et meurtri du souvenir de cette souffrance des femmes et des hommes de notre temps, des enfants maltraités, de tous ces dénis d’humanité qui nous sautent au visage jusqu’à cette guerre meurtrière maintenant aux portes de l’Europe. Combien notre monde semble aujourd’hui fragile !

Le mal a-t-il gagné sa cause ?

Comment espérer encore…?

Où es-tu mon Dieu ?


Où a-t-on mis notre foi ?

Nous étions dans le noir et pourtant…


Et pourtant, hIer soir, d’un feu de joie a jailli la lumière et en brandissant le cierge pascal, j’ai chanté « lumière du Christ…. »

Quelle est cette flamme fragile qui brille soudain dans nos nuits obscures ? 

Voici que vient une aube nouvelle, un jardin où une fleur mystérieuse et fragile vient de naître.

Au cœur de nos souffrances et de nos doutes, par le mystère encore insaisissable de la croix se révèle à nous un brin d’espérance….

Que nous dit l’Evangile ? 

Ce n’est pas aux disciples qu’il appartient de sentir en premier le bruit d’un doux murmure, mais à une femme, Marie, celle là-même qui probablement (1) a compris à l’avance, à Béthanie, que Jésus allait mourir pour nous et qui le cherche pourtant contre toute espérance dans le jardin du monde…

Le cri de Marie doit rejoindre notre quête…


Il n’est plus là ? L’homme… l’ecce homo broyé par la violence des hommes.

Où es-tu Seigneur ?


La course de Pierre et du disciple bien aimé est d’une certaine manière aussi la nôtre en ce matin de Pâques…


À quoi croyons-nous ?

Y croyons-nous ?

Et nous, le sentons-nous ?

Pouvons nous faire d’une absence une espérance ? 

Le saut de la foi à laquelle nous invite la liturgie est finalement de croire qu’à partir de signes fragiles, un vide, un linceul plié, l’espérance peut naître.

Une bien petite espérance et pourtant…

Christ n’est pas mort en vain…

S’il est parti en silence, s’il semble insaisissable, c’est bien parce qu’il a besoin de nous…

Il a besoin de vous, les parents de Jade pour faire naître dans le cœur de votre enfant, baptisée tout à l’heure, l’envie d’aimer…

L’envie d’aimer.


C’est toujours frustrant d’arrêter là la lecture de Jean car dans la suite du chapitre 20, Marie voit, ce jour-là, l’insaisissable. 


« Allez dire à ses disciples et à Pierre : “Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.” » disait déjà Marc 16,7…


Creusons cela…


Il nous précède en Galilée - c’est à dire dans le monde, auprès des souffrants. Il est absent et pourtant toujours là.

Pourquoi ? 


À chaque fois que nous répondons par l’amour à la violence ou la désespérance, Christ est présent…

Il est ressuscité dès que l’amour surgit…


Cela ne veut dire finalement qu’une chose, c’est par nous, en nous, à chaque fois que nous « entrons dans sa danse », celle du don, que Dieu renaît. 

Il a « besoin de nos mains » (2) et de nos cœurs pour être, pour renaître.

Osons y croire, porté par ce don fragile de l’Esprit qui met en nous la foi…

Chantons et dansons pour notre Dieu, l’alléluia. 

Non dans une danse éphémère, mais parce que cela nous (re)met en route : il est ressuscité. 

Osons y croire, osons le vivre…


Aujourd’hui est venu, en nous, se loger une flamme fragile, transformons là en feu de joie. 

Donne nous Seigneur cette force toute intérieure de croire en cette aube nouvelle qui fait renaître en nous un chemin de vie. 

Donne nous de croire que l’amour est plus fort que la mort, que la lumière va éclairer nos nuits…

Christ est ressuscité.

Il est vraiment ressuscité…

Car en nos cœurs qui s’ouvrent Dieu renaît à la vie.


(1) cf. Sylvaine Landrivon, Les leçons de Béthanie, Cerf 2022.

(2) c’est l’affirmation sublime d’Etty Hillesum, voir ses lettres au camp de Westerbroch in « une vie bouleversée »…

13 avril 2022

Ébauche fragile pour le vendredi saint…

 Ce soir nous arrivons au bout du voyage de Jésus. Isaïe et la lettre aux Hébreux nous présente un Christ conduit dans le tunnel de la mort, comme un agneau que l’on mène à l’abattoir…

D’une certaine manière, il n’y a pas ici, à ce stade, chez ces deux auteurs d’espérance, sauf peut-être entre les lignes d’Isaïe. Le mal est là, il nous entoure, il est à nos portes. Une noirceur qui rejoins notre aujourd’hui.

Le Christ, nous le disions dimanche, ne passe pas au-dessus du réel. Il est à nos côtés dans ce gouffre sordide.


Il faut peut-être commencer par entrer dans le silence, ce silence où résonne la douleur des hommes(1), pour s’ouvrir à autre chose. C’est peut-être finalement cela, cette obéissance du Christ qu’évoque maladroitement la lettre aux Hébreux, [avec les limites de l’auteur évoquées récemment par M. Pochon(2)] : une sorte de libre soumission au projet de Dieu, mais avec cette nuance importante que souligne Jean au chapitre 10. En effet même si la violence est là, Jésus reste en pleine maitrise de sa liberté car l’enjeu est ailleurs : « Ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne… » Jn 10, 18.


Ce n’est qu’à ce stade, après être entré dans le silence, et contemplé ce signe élevé, qu’un mouvement peut être amorcé. Et quel mouvement !


Dans la passion de Jean on peut distinguer au moins trois points / déplacements :  


1. Une certaine assurance qui transparaît déjà dès le chapitre 13 et qui donne un ton différent à cette version de la passion. Le Christ reste maître de lui. Il sait que l’enjeu est crucial , que ce projet du Dieu trinitaire est de révéler le jusqu’au bout de l’amour par l’abaissement même de la Croix. La seule réponse au mal est d’avancer, d’entrer dans ce projet de Dieu, non pour satisfaire à un Dieu pervers, mais parce que Père et Fils ont tracé cette voie particulière qui met l’amour au centre (3)


C’est finalement l’enjeu de cette coexistence entre un Christ qui affirme par 3 fois « Je suis » [qu’on pourrait traduire par un « Me voici, c’est l’heure/mon heure] et qui semble maître de lui et à l’opposé la violence désordonnée du monde, le reniement et la fuite des hommes…


2. Entre le triple « je suis » de Jésus et le « je ne suis pas » de Pierre se trouve tout le drame de notre humanité, la différence entre le discours et les actes. 

Le Christ maintiendra jusqu’au bout son amour pour l’homme, jusqu’au « j’ai soif » final qui est bien plus qu’un cri, car il rejoint toutes les soifs et les agenouillements du Christ. Pour mère Teresa et d’autres mystiques, il s’agit plutôt d’un « j’ai soif de toi »(4) qui nous appelle au plus profond de nous mêmes.


« Si tu veux, va jusqu’au bout de l’amour, quoi qu’il en coûte. Le reste est superflu », semble nous suggérer Jean.

Entre l’agenouillement du lavement des pieds, jusqu’à la Croix, le Christ n’est qu’invitation à l’amour. Et c’est cela qu’il nous faut maintenant contempler dans le silence intérieur, jusqu’à ce que, au fond de nous, naisse la réponse, soufflée par la musique silencieuse des psaumes et d’Isaïe : « Tu ne voulais pas de sacrifices (…) alors j’ai dit, me voici ».


3. Le troisième point est peut-être à lire en filigrane dans l’échange entre l’archétype des disciples (celui que Jean appelle le bien-aimé), Marie et Jésus. Plus qu’un héritage, c’est à nous tous qu’est confié la tâche de faire famille : « Ta mère, ton fils ». 


Quelle mission fragile nous est confiée ici au pied de la Croix ! Non seulement écouter le cri des femmes et des hommes, mais construire une famille, un Corps.


Tâche impossible aux hommes que nous sommes, sans la grâce jaillissante qui surgit de cette « danse » tragique que le Père et le Fils viennent d’exécuter « pour nous ».

C’est dans l’eau vive torrentielle d’un cœur transpercé que jaillit et procède l’amour fragile et immense et se révèle à nous dans ce qui est, pour Jean, le don de l’Esprit ! 

Ici, point de rideau déchiré(5), seul le cœur de Dieu dénudé et transpercé par la violence devient source féconde. 


J’ai soif de toi / voici de l’eau…

Paradoxe (oxymore) de la Croix…


(1) comme le soulignait si bien Joseph Moingt, L’homme qui venait de Dieu, Cerf, 1995, Ed° de 2002, Cogitatio Fidéi n° 176, p.546ss

(2) cf Martin Pochon,  « Lettre aux Hébreux au regard des Évangiles », lectio divina, Cerf 2020, qui avance la thèse que cette lettre provient d’Apollos, cet apôtre de Jean Baptiste à qui l’Evangile n’est pas encore connu et qui de ce fait interprétre maladroitement le sens du rachat.

(3) cf. sur Kobo/Fnac ma «  danse trinitaire « 

(4) cf. notamment sur le triple reniement mon analyse in « À genoux devant l’homme » 

(5) voir mon essai éponyme et « Dieu dépouillé »

10 avril 2022

La passion selon saint Luc - Petite méditation fragile

 Qu’est ce qui distingue la lecture de Luc des autres synoptiques ?  Quelques clés de lecture.

1. Un Dieu à genoux

Sans aller jusqu’au lavement des pieds, Luc insiste sur le renversement de la vision du messie attendu : « Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. »

Cette petite phrase est à contempler à la double lumière d’un Dieu à genoux devant ses disciples y compris Judas (1) et d’un Dieu qui tombera à genoux en « présentant son dos aux outrages » (Isaïe 50).

Kénose, c’est à dire humilité extrême nous dira Paul en Ph 2. Le messie que vous attendez se révèle dans son agenouillement…



 2. Agonie extrême 

« Entré en agonie, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient sur la terre. »

Déjà dans la prière, il va jusqu’à prévoir ce qui l’attend. Devons nous entendre, pouvons nous entendre, comme le fera une mystique (2) que Jésus perçoit que son geste à venir ne servira pas à convertir l’homme, à changer nos cœurs de pierre ?

Sentons nous aussi qu’il va, comme le suggérera A. Von Spyer (3) jusqu’à faire l’expérience du silence du père, ce silence que connaît les grands souffrants et qui est l’extrême de notre condition humaine. Dieu à genoux, à nos côtés, jusqu’au bout…


 3. Le grand silence

« J’ai joué de la flûte et vous n’avez pas dansé » (Luc 7, 32). Si nous contemplons les gestes de la Passion ce qui surprend chez Luc c’est le quasi silence. Plus de grandes affirmations, mais juste une série de renvois «  C’est toi-même qui le dis ». Renvoie à la conscience intérieure.


 4. Miséricorde

« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. »

C’est le Luc du chapitre 15, celui qui nous a donné la parabole du fils prodigue qui rejaillit ici. Christ est ici à l’extrême de son message. Après le silence qui renvoie à nous mêmes vient l’espérance du pardon… :

« Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »


 5. Le rideau du temple 

« Le rideau du Sanctuaire se déchira par le milieu. »

Ce qui était caché de l’indicible se dévoile. Dieu est là. Luc déchire le rideau du centre, quand Marc le fait de haut en bas… (4) mais le signe est le même, moins spectaculaire que chez Matthieu (5), mais qui vise le cœur. Dieu ne se cache plus, il est là, nu, dépouillé, fragile.


 6. Le dernier cri

« Père, entre tes mains je remets mon esprit. »

Ultime abandon, humilité extrême. Ici pas de cri au Père, pas de Ps 21 murmuré dans l’agonie finale, mais un message de soumission à la tendresse paternelle « entre tes mains », dans ta tendresse, je m’abandonne à toi…

   

 7. Le centurion

À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendit gloire à Dieu : « Celui-ci était réellement un homme juste. »

Marc en fait le sommet de la révélation et met dans la bouche du centurion la révélation qu’il est «  Fils de Dieu ». Luc est plus discret, renvoie au chemin intérieur de chacun, dans cette pédagogie qui culminera sur le chemin d’Emmaus puis ds le livre des Actes. Il rejoint cette invitation à un « rentrant en lui même » du fils prodigue (Luc 15).


 8. Conversion intérieure 

« Et toute la foule des gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, observant ce qui se passait, s’en retournaient en se frappant la poitrine ».


Mea culpa…

À la suite de cette lecture, Luc nous invite à retourner en nous mêmes.  À quoi m’invites tu Seigneur pour que ta croix ne soit pas vaine…? 


Parmi la symphonie des évangiles, Luc a sa mélodie particulière…(6)


(1) cf. « À genoux devant l’homme »

(2) Anne-Catherine Emmerich

(3) voir notamment l’excellent commentaire chez Hans Urs von Balthasar dans ses tomes de Dramatique divine

(4) voir aussi chez Kobo / Fnac « Le rideau déchiré »

(5) cf. Chemins d’Evangile

(6) voir « chemins de miséricorde »

08 avril 2022

Essai fragile d’une homélie pour les Rameaux

 À la suite de cette longue lecture nous ne pouvons que rester silencieux… Nous sommes au bout du voyage qui, à travers le carême, nous a conduit vers cette Semaine Sainte particulière où Jésus va marcher vers la mort, agneau silencieux, les mains liées par la violence des hommes, prêtant son dos aux outrages comme l’avait prédit Isaïe. 

Ce silence doit nous interroger. 


Pourquoi ?

Pourquoi est il parvenu à ce stade d’abandon ?

Pourquoi va-t-il jusqu’au bout ? 

Quelle est la force qui l’habite ?


Les lectures qui précèdent apportent des réponses troublantes.


Isaïe et le psaume 21 ont été écrits probablement plusieurs centaines d’années auparavant et décrivent une violence déjà là : « ils ont percé mes mains et mes pieds » (Ps 21). Cette folie va-t-elle s’arrêter ? 


La question qui vient est essentielle…

Sommes-nous complices de cette violence ?

À chaque fois que nous tournons la tête devant un petit qui souffre, un mendiant d’amour, un étranger, ne sommes-nous complices de cette violence ? 

Que faisons-nous pour arrêter cela… ? 

Posons nous peut-être la question jusqu’au bout ? Qui allons-nous soutenir demain ? Ceux qui prônent la violence et l’exclusion ou ceux qui veulent construire un monde plus fraternel ? Je n’irais pas plus loin sur ce thème, bien difficile. 


Contemplons plutôt la deuxième lecture. Jésus ne fait pas le choix de la violence. Il aurait pu être Dieu, « il s’est anéanti (ekenosen), dit le texte, prenant la condition de serviteur », allant jusqu’à laver les pieds de celui qui va le livrer dira Jean 13. Humilité extrême…


Et nous, allons-nous jusque-là ? 

À chaque fois que nous entrons dans la spirale du jugement, de la jalousie et de l’orgueil nous participons à la mort de Jésus, au règne de la violence…

À chaque fois que nous fuyons ou détournons le regard…


Jésus a pris le chemin inverse. Il s’est fait humble, il est monté sur un petit âne fragile. Il est conscient que la gloire est rien, que l’orgueil est violence…


Je vous le dit sur la pointe des pieds…. 

Ne rentrons pas dans le jeu du malin. 

Dieu nous appelle à l’amour, dans les petits gestes de l’aujourd’hui de nos vies. Tout le reste est du vent…


Il a choisi d’aller jusqu’au bout, pour nous conduire à une révélation : 

1. la Croix est le signe de l’amour du Père qui va jusqu’à donner son Fils, 

2. Elle montre le Fils qui va jusqu’à souffrir le silence apparent du Père, jusqu’au cri que pousse tous les souffrants

3. pour que, en nous, s’ouvrent les portes de l’Esprit, remis en nos cœurs pour nous faire choisir l’amour. 

À la croix nous découvrons que la Trinité toute entière est agenouillement devant l’homme pour qu’il quitte le chemin du mal et choisisse l’amour… 


Jésus est amour en actes. Il va jusqu’au pardon inouï d’un « pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’il font… » Et nous que faisons nous pour que l’amour soit vainqueur ? Que fais-tu de ton frère ? 


Les rameaux que nous allons brandir ne servent à rien. Ils nous protègent de rien si nos maisons ne sont pas des lieux habités par l’amour, si notre Dieu n’a pas de place au plus profond de nos cœurs….


Entrons dans cette Semaine Sainte avec cette question essentielle : où est l’amour dans ma vie ?

05 avril 2022

Triangles 2.45


Une amie m’a glissé une belle image de triangle qui complétée à mon concept de danse donnerait quelque chose d’intéressant.


« Au lieu d’opposer homme et femme en vis à vis, il faudrait mettre le Christ dans le triangle pour que cela ne demeure pas une éternelle confrontation » me dit-elle, « mais ce que vous appelez une danse ».

Avec dans une main l’autre et dans l’autre le Christ, ajoute-t-elle. 

Si l’on associe cela à mon concept/image de danse trinitaire nous aurions quelque chose de ce genre : 


Père 


                                 Esprit


                  Fils.   


     femme        homme


Faites tourner cela dans une danse symphonique ou comme une douce série d’engrenages et vous approchez de ce qui me semble « le rêve de Dieu » pour reprendre la métaphore de François…




Avons-nous trop tendance à opposer hommes et femmes ? Cherchons nous l’unité dans son sens symphonique ? Passe-t-il par l’humilité ?Dans mon livre « aimer pour la vie » je développe ce concept de « descente de tours » qui suppose une humilité réciproque devant l’inaccessible de l’autre. Un chemin qui s’approche de l’agenouillement du Christ. Lui seul descend jusqu’à terre. Et son geste est chemin.


Mais sommes-nous prêts à descendre dans la folie d’une nudité et du don jusqu’à ce que signifie la troisième formule du consentement : « je te reçois et je me donne à toi » ?. « Ils étaient nus et n’en n’avaient pas honte… ». Cette nudité qui rejoins celle du don total du Christ en Croix…


« je te reçois… » 

La réception prime… 

Le don, trop mis en avant, serait écrasement ou masochisme. 

La danse ne fonctionne que lorsqu’elle est symphonique et kénose… 

Et cet agapè est ce que Christ nous apprend…

Dieu est la source de tout don. 

A l’aube de la semaine sainte, c’est peut-être ce qu’il nous reste à contempler…


PS : certains diront qu’on peut se passer d’un des éléments du schéma. Peut-être, mais je crois qu’au sein même de chaque personne humaine repose à la fois une part de féminité et de masculinité, comme en germe, la trace fragile d’une semence trinitaire. Cette cohabitation ne se révèle que lorsque nous nous ouvrons à l’autre dans ce cri originel et réciproque qui vient à nos lèvres devant le « visage de l’autre » habité par le souffle qui nous fait sortir d’une auto suffisance.

03 avril 2022

La semence 2.44


Les textes de ce dimanche sont très riches.

Isaïe nous parle de germes qui rejoint ces dons reçus déjà mentionnés dans mes billets précédents (2.23). Nous sommes les fruits de la grâce multiforme d’un Dieu amour. Ce passé, ces dons reçus, qu’en avons nous faits ? Souvent pas grand chose, voir le mal, le jugement ou la jalousie… balayures nous dit Paul, (Ph 3) car le Christ m’a saisi pour autre chose…

Saisi pour une course nouvelle : le saisir, lui l’insaisissable et se laisser saisir, transformer, se laisser « pousser » comme cette semence déjà évoquée pour en faire le bien.

Ce mal que j’ai fait est balayure si Dieu me relève et me glisse à l’oreille, « va, je t’aime, ne pèche plus.. »

À toute morale de condamnation qui rend froid nos discours, la danse du Christ à genoux devant la femme pécheresse, mais plus largement devant notre humanité fragile toute entière est de convertir la loi de pierre en traits fragiles, en chemin d’humilité et d’humanité… « va… ! »

Je sais que certain.e.s refusent de considérer que cette femme puisse être celle qui deviendra la première en chemin, celle qui est première apôtre de la résurrection… mais pourquoi pas ? Car si nous sommes tous enfermés dans notre passé, la danse humble de Dieu, loin des froideurs pharisiennes est une danse vectorielle, un agenouillement qui nous propulse plus haut. C’est cela être « saisi » dans la course à laquelle nous convie Paul. Course infinie nous dit le cappadocien… 

Danse…


Ce qui compte n’est pas notre passé mais de percevoir ce concept de tourbillon amoureux entre trois personnes, ce que j’appelle dans mon livre éponyme « la danse trinitaire ». Non pas un cyclone au dessus de nos têtes, mais, par l’incarnation, une éternelle invitation à la danse.

L’agenouillement de Jésus devant la femme adultère, qui tranche avec la froide raideur des pharisiens est le signe fragile de ces agenouillements qui traversent l’écriture et se répondent d’Abraham à Béthanie jusqu’en Jean 13. Dieu est ici à genoux, comme devant Judas ou moi Claude, qui fait rarement le bien que je voudrais faire. Il est le signe que l’amour est plus grand que ce qui me retient à la terre. Dieu nous aime et sa morale « vectorielle » est de croire qu’en tout homme repose la semence d’un amour à faire « pousser… »