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29 janvier 2021

Homélie du quatrième dimanche du temps ordinaire , année B

Projet d'homélie pour dimanche, version 8
Où sommes-nous ?
Au désert comme dans la première lecture ?
À Corinthe, dans une ville perdue ?
Où à Capharnaüm, ville des nations...
Les textes de ce dimanche interpellent notre discernement intérieur, ce qui se passe au fond de notre cœur, dans ces temps et dans ces lieux d’incertitudes, alors que nous hésitons, nous restons confinés, parfois incapables de bouger ou bloqués par nos peurs.
Je ne sais pas pourquoi mais je pense à la guérison du possédé pris de convulsions comme à celle d’un cocotier qu’il faut secouer pour qu’il libère ses fruits. 
Jésus parle avec autorité... pourquoi ? Peut-être pour secouer nos peurs et nos torpeurs... mais surtout parce qu’il s’adresse au Mal.

La semaine dernière nous célébrions le dimanche de la Parole. Depuis plusieurs textes sont venus nous interpeller (le semeur, la tempête apaisée,...). Aujourd'hui nous sommes appelés à creuser en notre cœur le travail et la place que cette Parole laisse en nous et peut-être à nous laisser nous aussi un peu secouer.

Sors de cet homme...
Jésus veut expulser avec autorité nos peurs, ce Mal qui nous empêche d’avancer.

Bien sûr nous sommes fragiles ! 
Mais laissons nous un peu déranger...
Prenons le temps de relire chaque lecture.
La première lecture, utilise des répétitions, ce qu'on appelle une forme concentrique. Entre chaque répétition il nous faut percevoir ce sur quoi pointe le texte... sur quoi insiste t-il ?

Prenons le temps de le voir ensemble.
Dans la première Moïse disait au peuple :
« Au milieu de vous, parmi vos frères,
le Seigneur votre Dieu
fera se lever un prophète comme moi.
L'expression « se lever un prophète » se répète.
Elle encadre ce qu'on appelle les murmures, typique de la traversée très symbolique du peuple au désert et donc par métaphore de nos propres pas : « Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir !"
Et le Seigneur me dit alors :
"Je ferai se lever au milieu de leurs frères
un prophète comme toi.
je mettrai dans sa bouche mes paroles,
et il leur dira tout ce que je lui prescrirai.
Si quelqu'un n'écoute pas les paroles
que ce prophète prononcera en mon nom,
moi-même je lui en demanderai compte.

De la même manière le psaume insiste...
Aujourd'hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,

Dans sa première lettre aux Corinthiens Paul souligne la différence entre le souci des affaires du Seigneur, et le souci des affaires de ce monde. Il parle de division... il se situe dans un temps et une histoire particulière, persuadé qu’il reste peu de temps, qu’il y a urgence...
Et conclut que ce qui est bien, c'est que vous soyez attachés au Seigneur sans partage.

Le souci des affaires de ce monde .... [ou] s'attacher à Dieu sans partage....

Il y a là ce à nouveau ce qu'on appelle une tension théologique ou un déchirement...
Les textes de ce dimanche sont bien délicats à interpréter... sauf à entendre derrière la trame des textes que nous avons peut-être pu manduquer cette semaine, à contempler cette terre que nous sommes et les graines de moutarde que Dieu sème à tout va...

L’Évangile souligne le contraste entre Celui qui enseigne en homme qui a autorité, et l' esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ?  Es-tu venu pour nous perdre ?
L’autorité du Christ tranche ici avec la miséricorde qui caractérise Jésus, mais elle s’explique par la présence particulière d’un esprit du mal. Celui qui se rebute à la présence de l’Agneau. Es-tu venu nous 
perdre...? Est-ce le diviseur qu’évoque Paul ?
En quoi sommes-nous perdus ?

Nous nous perdons peut-être quand la voix du monde nous fait oublier l'essentiel, quand notre cœur se perd dans des méandres auto-centrés et oublie notre vocation de baptisés. Sommes-nous des âmes isolées ou une communauté joyeuse et aimante ?
A quoi sommes-nous appelés ? N'oubliez pas mon interpellation d'il y a 15 jours... notre vocation de baptisés se nourrit de l'interpellation intérieure... de notre capacité à faire silence.
Laissons la Parole venir nous secouer, nous travailler jusqu'aux jointures de l'âme. Plaire au monde ou à Dieu. Ce déchirement est salutaire. Il nous fait grandir...

Le Verbe semé en nous viendra t-il déranger nos habitudes ? Sommes-nous attentifs ou tellement distraits par les ronces de ce monde que les dons que Dieu nous fait restent des lettres mortes ?
Seigneur, viens nous visiter.
Toi seul peut nous délivrer du Mal.
C’est la guérison dont nous avons besoin. Fais sortir de nous ce mal...



24 novembre 2018

Passé et futur - une tension théologique

Je souligne une tension intéressante entre mes nombreux propos sur la course infinie du chrétien à la suite de Paul dans Philippiens 3 et l'attitude contemplative décrite par Hans Urs von Balthasar : « le Saint-Esprit qui nous introduit dans la plénitude du Christ et nous l'explique jusqu'à la fin du monde, d'une manière toujours plus riche et plus profonde, puise dans une source qui (...) se situe dans le passé. Et le contemplatif lui aussi ne peut faire autrement que de tourner son regard vers le passé. De ce fait, le chrétien va contrairement à la poussée de l'histoire qui court torrentueusement vers l'avant, et sa tendance contemplative ne peut que constituer un scandale pour l'homme qui reste enfermé dans l'histoire » (1)

Cette tension trouve son dénuement dans cette triple composition entre contemplation, méditation et agir.

(1) ibid p. 127

08 mars 2018

Dynamique 14 - engagement en tension

« L'homme n'est homme que par l'engagement. Mais si l'homme n'était que ses engagements, il serait esclave, surtout dans un monde où le réseau collectif se fait de plus en plus serré. (...) il faut [alors] qu'un drame intérieur anime l'engagement. Ce drame atteint son maximum d'intensité et de fécondité quand il résulte de la tension, dans l'impromptu de l'expérience, entre l'exigence inflexible de l'Absolu et l'exigence pressante de la réalisation. La situation d'insécurité et de hardiesse où elle nous introduit est le climat des grandes entreprises » (1)

Sans commentaire

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 96-97

22 janvier 2015

La loi du trop tard

Je reprend mes commentaires de Un certain juif Jésus, tome 2, ou John P. Meier après un long passage de recherche sur les miracles "historiques" commente la résurrection de Lazare. Il a un commentaire qui m'interpelle sur "la loi du trop tard" (p. 601) où il défend, à la lumière de Jn 12, 35-36, qu'à "chaque individu est accordée un temps de grâce déterminé"‎ à l'issue duquel il est trop tard. Une interprétation à mettre en tension avec la parabole des ouvriers de la dernière heure de Mat 20, 1-15 ?
Je pense que ce discours ne peut s'appliquer qu'à nous mêmes. On ne peut juger du travail intérieur d'autrui. Par contre, notre mouvement est toujours trop lent.

04 novembre 2014

Jean Baptiste et Jésus, une tension théologique - John Meier, tome 2

‎Je reprends la lecture de "Un certain juif Jésus" avec l'énorme tome 2 et ses 1340 pages (1). 
On arrive au coeur du sujet, avec l'analyse de l'histoire comparée de Jésus et de Jean-baptiste. Une vision historique permet de mieux comprendre les tensions théologiques entre les deux "cousins"...

Comme il précise plus loin(2), ce n'est pas une confrontation de deux théologies, mais bien une tension, puisque que Jésus se fera baptiser par Jean. Mais la théologie "sinistre" (sic) et eschatologique de Jean aura besoin d'une réinterprétation pastorale de Jésus, pour qu'elle rejoigne et convertisse les coeurs. 

(1) John P. Meier. Un certain juif Jésus, les données de l'histoire, tome 2, les paroles et les gestes. Paris, Cerf, 2010, p. 27ss

(2) p. 36ss


17 août 2014

Moingt VII - Rite et prière

Mes propos sur le primat de la charité sur le rite doivent être d'autant plus tempérés par une réflexion approfondie sur le sens même de la liturgie et au fond de l'acte commun sur notre propre lien avec la prière.  J. Moingt nous aide sur ce plan en insistant sur la prière non pas vue comme un rite mais comme, plus fondamentalement, comme une "interrogation de l'homme sur lui-même,  (...) une recherche du sens, (...) une respiration de l'âme*". 
Vue sous cet angle essentiel, la notion sous-jacente de tension entre liturgie et charité s'entend comme une danse entre amour et prière,  entre action et contemplation,  entre les pas de Marthe et ceux de Marie...

J. Moingt,  op. Cit, p. 99

15 août 2014

Primauté de la diaconie sur la liturgie ? (IV)

L'analyse historique du CTI montre qu'en dépit de certains efforts des Conciles, la hiérarchie entre diacres et presbytres reste difficile à établir : "Les sources nous font voir que même Chrysostome n'a pas réussi à placer, de manière évidente, les trois degrés de l'ordre ecclésial dans une continuité historique. Il y a eu des modèles chez les juifs pour le presbytérat; par contre, l'épiscopat et le diaconat ont été constitués par les apôtres. Il n'est pas clair ce que l'on doit entendre ici par ces notions.[55] Chrysostome a fait remonter le diaconat à une institution par l'Esprit Saint.[56]*"
 N'est ce cas d'une certaine manière le conflit qui oppose Paul et Jacques sur les oeuvres et la grâce. 
Y a-il aujourd'hui une question sur ce point ? Pas vraiment,  depuis que le 4ème siècle a tranché et défini le diaconat comme un degré de la hiérarchie ecclésiale,  "situé après l'évêque et les presbytres, avec un rôle bien défini. Lié à la mission et à la personne de l'évêque, ce rôle englobait trois tâches: le service liturgique, le service de prêcher l'Évangile et d'enseigner la catéchèse, ainsi qu'une vaste activité sociale concernant les oeuvres de charité et une activité administrative selon les directives de l'évêque."
Pour autant, la diaconie elle même a perdu peut être aussi son rang "sacramentel" dans l'église. J'avais noté dans "à genoux devant l'homme" que l'on n'a pas considéré bon de mettre le lavement des pieds dans la liste des 7 sacrements,  parce que toute la vie de l'Église était "lavement des pieds". On peut se poser maintenant la question. Non pas pour modifier à nouveau une hiérarchie établie qui a structuré l'Église,  mais pour réintroduire une tension. 
S'il y a pour moi une solution,  c'est en effet dans l'expression théologique: "tension". En effet toute opposition est stérile.  La tension traduit bien l'intérêt des deux sans mettre une hiérarchie là où il devrait y avoir communion. 


Source principale : CTI, II, III 


Les numéros entre crochets renvoient aux notes suivantes du document de la CTI.

[55] Hom. 14,3 in Act.; PG 60, 116: "Quam ergo dignitatem habuerunt illi (sc. les diacres et les évêques)…Atqui haec in Ecclesiis non erat; sed presbyterorum erat oeconomia. Atqui nullus adhuc episcopus erat, praeterquam apostoli tantum. Unde puto nec diaconorum nec presbyterorum tunc fuisse nomen admissum nec manifestum..."

[56] "Et c'est à juste titre; car ce n'est pas un homme, ni un ange, ni un archange, ni aucune autre puissance creée, mais le Paraclet lui-même qui a institué cet ordre en persuadant à des hommes qui sont encore dans la chair d'imiter le service des anges." De sacerdotio III 4,1-8; SCh 272, 142.

05 juillet 2014

Bonhoeffer - VII - L'image de Jésus

‎Le commentaire qui prolonge le texte de Bonhoeffer nous permet de comprendre son apport dans un contexte de crise sur l'historicité et les thèses du "Jésus historique" qui ont marqué le début du XXème siècle. Si la foi en Christ ne "naît pas de l'image historique de Jésus" elle ne peut naître "sans l'image de Jésus"*. Il faut donc aller vers une théologie de l'histoire de Jésus, c'est à dire dépasser la polémique de la pure historicité pour entrer dans la foi en ce que l'église nous révèle sans cesse sur  Lui.

Comment vivre cela, près d'un siècle plus tard. Nous avons longtemps développé dans ce blog l'idée d'un Dieu qui en s'incarnant se fait "faiblesse" pour mieux rejoindre l'homme dans son humanité. L'image d'un Jésus faible, pauvre parmi les pauvres n'est probablement pas la seule voie. Elle doit être pondérée avec celle que l'Eglise relève souvent : son "autorité", la force de sa Parole. Ignorer cette tension serait mettre trop l'accent sur l'un et oublier l'importance de l'autre. L'incognito souligné par Bonhoeffer à la suite de Luther est peut-être une manière de nous rappeler qu'une pastorale du seuil ne peut se faire par la force. Elle demande un travail intérieur, le réveil au plus profond de l'homme d'une prise de conscience du fait Jésus, non plus le "Jésus historique" inaccessible, mais ce "Jésus pour moi" venu en notre chair pour nous conduire vers le Père. Ce qu'il réveille en nous dans la foi n'est pas communicable autrement que par ce que l'Amour transpire de notre être, plus que tout discours. C'est peut-être cela qu'il faut retenir de cette lecture.

Bonhoeffer, en s'opposant au nazisme a payé ce message de son sang. 

* ibid. p. 146

15 avril 2013

Dieu dans la ville - 2

Mea culpa. C'est d'ailleurs le véritable intérêt d'une lecture. Dans le post précédent, je parlais de tension entre distance et proximité, reprenant un concept cher à Jean Luc Marion (1), mais notre pape François nous appelle à aller plus loin, à marcher à la rencontre de la ville. Il critique ceux qui restent à distance (2), où se réfugie comme moi à cet instant même, dans la distance du virtuel. Il nous demande d'aller dans la ville, de sortir à la rencontre, comme le "Père miséricordieux qui sort chaque matin et chaque soir sur la terrasse de se demeure, guettant le retour du fils prodigue" (cf. Lc 15) et dès qu'il le voit" court à sa rencontre pour l'embrasser. A méditer. (1) Jean Luc Marion, L’idole et la distance,Poche, 2003 (2) Jorge Maria Bergoglio, Seul l'amour nous sauvera, Rome / Paris, librairie Vaticane, Parole et silence, 2013, p. 31

14 avril 2013

Dieu dans la ville

"La foi nous enseigne que Dieu est présent dans la ville (...). Les ombres (...) ne peuvent nous empêcher de chercher et de contempler le Dieu de la vie jusque dans les milieux urbains." (1). A propos de ce texte, notre nouveau pape François,  nous invite, "pour voir la réalité (...) à avoir un regard de foi, un regard de croyant (...) à élargir l'espérance commune que nous partageons avec tous les habitants de notre ville, et (...) susciter une action commune conduite par la charité":. (2)

Il rappelle à ce sujet la marche de l'Exode. Dans un étude exégètique d'Ex. 33, je soulignais que la tente de la rencontre n'était pas dans le campement, mais à l'écart. (3). Il y a là une invitation à une tension entre proximité de la ville et transcendance, qui pour moi ne contredit pas la citation mais la complète. Nous avons à rester écartelé entre proximité et vie spirituelle. Ne pas se contenter d'être une ONG humanitaire, mais nous dit encore le pape dans sa première  homélie,  "confesser Jésus-Christ". (4)

(1) Aparecida, n○ 514, conférence des évêques latino-américains
(2) Jorge Maria Bergoglio, Seul l'amour nous sauvera, Rome / Paris, librairie Vaticane, Parole et silence,  2013, p. 23 à 27
(3) l'amphore et le fleuve
(4) J-M Bergoglio, ibid p. 14