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18 novembre 2014

Un banquet de la Parole : Jn 2, 1-11, Jn 17 de Cana au dernier repas...

‎Suivant le lien donné par John P. Meier (1) j'ai expérimenté avec mon groupe de Saint Philippe la mise en perspective des deux textes suivants :
A - Jn 2, 1-11 : le récit de Cana,
B - Jn 17 : Le dernier discours.

Cette lecture en parallèle renforce la perception théologique de Cana, pour qui "le troisième jour" (Jn 2, 1) n'est finalement qu'une illustration de cette éclosion progressive de la gloire, qui s'étend de la vie à la mort et de la croix à la glorification du Père par le Fils.

A cela, nos 6 jarres incomplètes sont invitées à la noce, et comme le disait Varillon, il ne reste plus à Dieu qu'à " diviniser ce que nous avons [tenté] d humaniser ". Le rêve d'unité qui transparaît de Jn 17 ne souligne que mieux la vision à la fois eucharistique et eschatologique du récit de Jn 2.

(1) op. Cit. Tome 2, p. 725ss

25 juin 2014

Bonhoeffer - III - La clarté de l'Écriture

"En son essence, la Parole s'interprète elle-même. Dans cette clarté et cette signification identique pour tous est fondée sa validité universelle."‎ (op. cit p. 48).

C'est ce qui supporte pour moi ces "banquets de la Parole" collectifs (cf. série de posts précédents) où nous découvrons à plusieurs cette éternelle présence de Dieu qui ne cesse de crier son "Où es-tu ?" à l'homme.

La question que Dieu nous pose dès Gn 3 est cet "où es-tu ?" qui fait face au "Moi je suis [là] présent" de Dieu dans nos vies, y compris et peut-être surtout par cette Parole qui se rend vivante dans nos partages en communauté. La tension entre l'"Où es-tu ?" et le "Je suis" se prolonge jusque dans des détails qui ne sont pas anodins :
- "si vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait." (Mat 25)
- "Je suis" qui fait face au "Je ne suis pas de Pierre... (Jn 18)
Tout cela rebondit en nous... Et c'est dans sa présence dans l'aujourd’hui que la question résonne, écho toujours silencieux de Dieu qui nous appelle.



10 avril 2014

Banquet de la Parole - III - Le Père est en moi (Jean 14)

Nous avons poursuivi notre lecture de Jean. Mardi, nous avons mis en perspective Jean 14 et la fin du chapitre 6. Une méditation sur les liens intra-trinitaires et la kénose. Deux thèmes chers à l'auteur de ce blog.

Florilège :

14.6
Jésus lui dit: Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.
14.7
Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez, et vous l'avez vu.
14.10
Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres.
14.11
Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi; croyez du moins à cause de ces oeuvres.

14.16
Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous,
14.17
l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous, et il sera en vous.
14.18
Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous.
14.26
Mais le consolateur, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit.
14.28
Vous avez entendu que je vous ai dit: Je m'en vais, et je reviens vers vous. Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père; car le Père est plus grand que moi.


6.46
C'est que nul n'a vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu; celui-là a vu le Père.
6.47
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle.
6.48
Je suis le pain de vie.
6.51
Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement; et le pain que je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde.
6.54
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle; et je le ressusciterai au dernier jour.
6.55
Car ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage.
6.56
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui.
6.57
Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi.

18 mars 2014

Banquet de la Parole - II - A propos du lavement des pieds

Au sujet du lavement des pieds, je vous redonne un petit extrait qui me semble bien illustrer l'enjeu :

"On a déjà noté que, dans le récit de la Passion, les similitudes sont multiples au point que Dodd se demande si la tradition orale du récit de la Passion n’était pas si forte et antérieure à tout écrit évangélique, que les 4 recensions n’ont pu déroger à une lecture semblable . Et cependant, le texte du lavement des pieds est unique. Il n’est raconté que par Jean et remplace le récit de l’institution de l’eucharistie. Cette absence donne à penser. Deux hypothèses peuvent être avancées
dans ce cadre.
Soit le lavement des pieds, en particulier dans sa deuxième partie est d’une certaine manière, une autre façon de dire ce à quoi nous invite Jésus : une véritable communion et réciprocité
dans l’amour.
Soit il se surajoute au mémorial eucharistique, déjà présenté entre les lignes en Jn 6, 22-58 et qui, au temps de la rédaction finale du IV° Évangile, devait déjà être bien établie dans la communauté johannique . Dans ce cas, la finalité est la même. Faire des rencontres eucharistiques, non pas un simple rituel, mais un « signe efficace », un sacrement de l’amour de Dieu et de l’amour des
hommes au sein d’une communauté vivante.
Le texte donne cependant une direction particulière, en soulignant l’attention aux frères, aux plus petits et aux plus pauvres, aux esclaves à qui Jésus s’identifie ici.
On se souvient de la remarque de Paul (cf. notamment 1 Co 11, 33) qui déjà notait l’absence de communion véritable dans la jeune église, où les derniers arrivés, les esclaves, n’avaient pas
le même traitement que les premiers, les hôtes du repas. En inversant les rôles, Jean nous conduit aux mêmes conclusions.
Cette tension reste un point sur lequel nous ne devrions pas cesser d’attacher de l’importance. Il est au cœur de ce à quoi nous appelle le message de l’eucharistie : une double tension vers Dieu
et vers autrui...

Pour compléter cette approche centrée sur l’Évangile selon saint Jean, il convient de chercher d’autres références dans les textes du Nouveau Testament.
Le « lavement des pieds » a, chez les Synoptiques, une autre dimension. Chez Luc, c’est une femme pécheresse qui vient laver les pieds de Jésus de ses larmes (Lc 7, 35). Cette mise en perspective confirme notre intuition. À partir de ce geste du pécheur pardonné, Jean nous conduit progressivement sur une autre voie. Il attribue ce geste à Marie de Béthanie puis à Jésus. Cette progression et l’inversion qu’elle sous-entend renforcent l’aspect révolutionnaire de ce geste.
Pour ce qui est de la tension maître-serviteur, elle n’est pas unique à l’Évangile selon Jean. On trouve déjà une allusion au maître qui se fait serviteur dans l’inversion surprenante de la parabole de Luc 12, 37 « Heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant ! Je vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera mettre à table et passera pour les servir ». Nous sommes là dans une continuité avec l’esprit des Synoptiques , à la différence près que Jésus passe aux actes. Il ne s’agit plus d’un discours, mais de gestes.
Enfin, on ne peut ignorer que Luc a mis dans les paroles de Jésus, ce qu’il aurait accompli selon Jean : 1 « Vous, (ne faites) pas ainsi ; mais que le plus grand parmi vous devienne comme le plus jeune, et celui qui gouverne comme celui qui sert. Qui, en effet, est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Or moi, au milieu de vous, je suis comme celui qui
sert. » Lc 22, 26-27
De même, Paul, dans son hymne aux Philippiens insiste sur la kénose du Fils : « il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, mais il s’est vidé de lui-même, prenant la condition de
serviteur, jusqu’à la mort sur une croix » (Ph 2). Ce que nous avons souligné chez Jean demeure au cœur même de la pédagogie de Dieu.
Le lavement des pieds n’est donc pas un épisode anodin dans la révélation du Fils. L’agenouillement de Jésus devant les hommes s’inscrit sur le chemin où le Fils de Dieu va jusqu’au silence de la croix, au cri d’amour lancé à l’humanité tout entière.
Chez les Synoptiques, d’autres textes feront écho à cette faiblesse de Dieu devant l’homme. On en trouvera la trace dans l’attitude de Jésus devant Zachée (Lc 19). « Il est descendu à Jéricho », a souligné le texte. Pour les Pères de l'Église, comme nous l’avons déjà souligné plus haut, cette seule introduction dit tout de l’attitude de Jésus. Jéricho, c’est le domaine des hommes à la différence de la cité de Dieu : Jérusalem. On descend vers l’humanité quand on va vers Jéricho, on monte vers Dieu quand on se dirige vers Jérusalem. Que Jésus veuille habiter dans la maison
du collecteur d’impôts, au cœur même de Jéricho, n’est pas en contradiction avec le lavement des pieds. Bien au contraire, il semble important de souligner là cette pédagogie spéciale du
Christ vers les « brebis perdues ».
Au terme de cette mise en perspective, une autre intuition se confirme. Si Dieu s’agenouille devant l’homme, s’il demande à boire à la Samaritaine, s’il s’invite chez Zachée, alors le « j’ai soif » de Jn 19 pourrait ne pas sonner uniquement comme une évocation du Psaume 22, comme le cri d’un homme assoiffé sur une croix. Il prend une dimension plus vaste plus essentielle.
C’est le cri de Dieu qui résonne encore, depuis l’« Où es-tu » du jardin (Gn 3). Le cri du Christ en Croix peut dépasser chez Jean la seule dimension charnelle de l’homme abandonné qu’il a surtout dans les autres Évangiles, pour résonner aussi de l’appel que Dieu fait à tout homme. Comme nous l’avons esquissé à propos de Judas, c’est un « J’ai soif de toi »"

Extrait de mon essai : "A genoux devant l'homme", p. 52ss


Notes :
Cf. Dodd, , La tradition historique du IV° Evangile, Lectio Divina n° 128, Éditions du
Cerf, 1987, trad° Maurice et Simone Montabrut, Éd. Originale : Historical Tradition in the
Fourth Gospel, Cambridge Press, 1963, p. 38
On parle déjà de la fraction du pain en Act 20, 7

Cf. aussi Mc 9, 35 et 10, 43-45, Mt 20, de Jésus, cf. aussi C.H. Dodd, ibid. p. 89ss
26-27 Sur la tradition pré-paulinienne de l’humilité

13 mars 2014

Saint Philippe I - Un banquet de la parole sur les lavements des pieds

J'aimerais vous rendre compte de la joie de ce petit exercice de lectio divina en groupe, mardi, dans ma paroisse de semaine : Saint Philippe du Roule. Après une mise en condition (bougie) et une prière d'introduction, nous avons lu successivement trois textes, selon la méthode ignatienne (se mettre en condition en imaginant la scène, se faire petit serviteur..., lecture commune, puis silencieuse, puis échange en n'utilisant que des seules phrases du texte) avant une mise en perspective finale. L'originalité de ce jour a été de faire un "banquet de la Parole"* en mettant en lien 3 textes :


Une manière de sentir comment Dieu veut danser avec nous. Étonnante mise en perspective de ces textes où l'on retrouve trois Simon (dont Judas, fils de Simon), trois résistances...
On aurait pu aller plus loin et ajouter Jean 8 : une autre femme adultère.
Il y a une étonnante parenté dans ces trois textes, au point que l'on peut se demander si le lavement des pieds de Jésus par les femmes n'a pas inspiré notre Seigneur quand il se met à genoux devant les apôtres.

Prochaine réunion, ancienne sacristie, prévue pour le 8 avril, à 12h30. Nous continuerons la lecture de Jean 13.

* La lecture synoptique ne m'était pas inconnue. J'ai par contre découvert l'expression lors d'une retraite au Chemin neuf...