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17 juillet 2020

Aride liturgie - dépouillement 20

Aride liturgie - dépouillement 20

Combien de fois la liturgie nous rebute, les symboles nous échappent, les gestes passent à côté de nos réalités humaines.

Je suis un des premiers à la décrier et la conspuer, à avoir en horreur ses fastes et ses excès. Et en même temps je dois avouer que parfois l'aridité de ces répétitions, la profondeur de sens de ce qui est prononcé, la face cachée des gestes et des symboles révèlent autre chose que l'apparence et le rideau se déchire (1). Arrière Satan...!

Dans l'aridité d'un chemin du désert (2), dans le dépouillement attendu d'un carême, dans la symbolique d'une misérable hostie offerte, Dieu se fait signe.

Paradoxe et oxymore que cette liturgie que nous détestons souvent sans en chercher le sens caché. Benoît XVI, avant d'être pape avait cette phrase assassine qui interpelle dans l'esprit du christianisme : « le prêtre peut-être un imbécile, le sacrement reste valide » (3) ce qui tempère nos ardeurs jalouses et notre aptitude fréquente à jeter le cœur du symbole avec l'eau du bain.

« Si ce que tu admires est une ombre, une préfiguration, combien grande est la réalité dont l'ombre excite déjà ton admiration. Écoute bien : ce qui s'est réalisé pour nos ancêtres n'était que l'ombre de la réalité à venir. Ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher, c'était le Christ. Cependant la plupart n'ont fait que déplaire à Dieu, et ils sont tombés au désert. Ces événements se sont réalisés en figure à notre intention. Tu sais maintenant ce qui a le plus de valeur: la lumière l'emporte sur les ténèbres, la vérité sur la figure, le corps du Créateur sur la manne venue du ciel.(4)

Je dois reconnaître qu'il m'a fallu près de 50 ans de pratique brouillonne et revêche avant de découvrir à travers l'enseignement lumineux d'un moine de Lérins à l'ICP (5) le sens caché de cette échange entre les fidèles et le prêtre qui ouvre la consécration et donne à ce dernier le droit temporaire et fragile de monter à l'autel pour célébrer le mystère eucharistique. (6)

Nous passons bien souvent à côté de l'essentiel. Et pourtant, combien de fois, au cœur d'une assemblée brouillonne, malgré mes réticences et mes distractions Dieu soudain m'a fait signe et s'est révélé soudain dans sa fragilité me faisant tomber à genoux devant lui, en dépit de mon orgueil et de ma suffisance.

« Tu étais là et je ne le savais pas » (7) résonne alors en nous les phrases d'Augustin, alors qu'un « Seigneur je ne suis pas digne » traverse notre esprit et nous découvre l'amour et notre faiblesse mêlée.

Le cléricalisme est-il le prix à payer, la pilule amère de ce mystère qui se cache derrière des années de tradition accumulées...?

L’eucharistie est le sommet d’une dynamique qui commence et rejoint l’agir. Elle cristallise en un temps et un lieu un double mouvement de Dieu vers l’homme, agenouillement sans fin et de l’homme vers Dieu, agenouillement rare et fragile, comme celui auquel Etty Hillesum s’est retrouvée conduite à adopter (8) suite au long travail intérieur de Dieu.


L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse,
car nous ne savons pas prier comme il faut. » (Rom 8, 26)

(1) cf. Le rideau déchiré ou mon livre fleuve « pédagogie divine » in « Dieu dépouillé » gratuit sur Fnac.com
(2) cf. Le chemin du désert ibid.
(3) je cite de mémoire
(4) Ambroise de Milan, traité sur les mystères, source office des lectures du 16/7, 15ème semaine du temps ordinaire
(7) confessions, chap. VIII
(8) cf. Une vie bouleversée

Le titre de cet article m’a été partiellement inspiré par la méditation de François Cassingena-Trévédy sur l’aridité in « La voix contagieuse »

12 février 2020

De l'esclavage à la liberté - Pédagogie divine - 8


Trêsor de cette office des lectures d'aujourd'hui qu,il faut déguster lentement à commencer par cet extrait de la lettre aux Galates qui complète bien l'état de mes travaux actuels de recherche sur la pédagogie divine (1) ; « 3.15 Frères, j'emploie ici un langage humain. Quand un homme a fait un testament en bonne et due forme, personne ne peut l'annuler ou lui ajouter des clauses.
3.16 Or, les promesses ont été faites à Abraham ainsi qu'à sa descendance ; l'Écriture ne dit pas « et à tes descendants », comme si c'était pour plusieurs, mais et à ta descendance, comme pour un seul, qui est le Christ.
3.17 Alors je dis ceci : le testament fait par Dieu en bonne et due forme n'est pas révoqué par la Loi intervenue quatre cent trente ans après, ce qui abolirait la promesse.
3.18 Car si l'héritage s'obtient par la Loi, ce n'est plus par une promesse. Or c'est par une promesse que Dieu accorda sa faveur à Abraham.
3.19 Alors pourquoi la Loi ? Elle a été ajoutée, pour que les transgressions soient rendues manifestes, jusqu'à la venue de la descendance à qui ont été faites les promesses, et elle a été établie par des anges par l'entremise d'un médiateur.
3.20 Ce médiateur en représente plus d'un, mais Dieu, lui, est un.
3.21 La Loi est-elle donc contre les promesses de Dieu ? Absolument pas. S'il nous avait été donné une loi capable de nous faire vivre, alors vraiment la Loi rendrait juste.
3.22 Mais l'Écriture a tout enfermé sous la domination du péché, afin que ce soit par la foi en Jésus Christ que la promesse s'accomplisse pour les croyants.
3.23 Avant que vienne la foi en Jésus Christ, nous étions des prisonniers, enfermés sous la domination de la Loi, jusqu'au temps où cette foi devait être révélée.
3.24 Ainsi, la Loi, comme un guide, nous a menés jusqu'au Christ pour que nous obtenions de la foi la justification.
3.25 Et maintenant que la foi est venue, nous ne sommes plus soumis à ce guide.
3.26 Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi.
3.27 En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ;
3.28 il n'y a plus ni juif ni grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus.
3.29 Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d'Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse.
4.01 Je m'explique. Tant que l'héritier est un petit enfant, il ne diffère en rien d'un esclave, alors qu'il est le maître de toute la maison ;
4.02 mais il est soumis aux gérants et aux intendants jusqu'à la date fixée par le père.
4.03 De même nous aussi, quand nous étions des petits enfants, nous étions en situation d'esclaves, soumis aux forces qui régissent le monde.
4.04 Mais lorsqu'est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et soumis à la loi de Moïse,
4.05 afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils.
4.06 Et voici la preuve que vous êtes des fils : Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie « Abba ! », c'est-à-dire : Père !
4.07 Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils, et puisque tu es fils, tu es aussi héritier : c'est l'œuvre de Dieu. » (Ga 3, 15-29; 4, 1-7)

Ressuscités avec le Christ, cherchons les choses d'en haut. Vous qui êtes baptisés dans le Christ,
vous avez revêtu le Christ. Revêtez l'homme nouveau, créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité.
  
Ambroise, dans sa réponse aux questions que pose à Orontien sur le chapitre 8 de la lettre aux Romains, complète bien cette épitre : « D'après saint Paul, celui qui, par l'Esprit, fait mourir le comportement charnel, celui-là vivra. Ce n'est pas étonnant qu'il vive, puisqu'il devient fils de Dieu, ayant l'Esprit de Dieu. Il est fils de Dieu à tel point qu'il ne reçoit pas un esprit d'esclavage mais l'esprit des enfants d'adoption ; et à tel point que le Saint-Esprit de Dieu rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Ce témoignage est bien celui de l'Esprit Saint puisque c'est lui qui crie dans nos cœurs : Abba, Père, comme c'est écrit dans la lettre aux Galates. Mais ce qui témoigne hautement que nous sommes fils de Dieu, c'est que nous sommes héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ. Est héritier avec lui celui qui est glorifié avec lui ; et il est glorifié avec lui, celui qui, en souffrant pour lui, souffre avec lui.

Pour nous encourager à souffrir, saint Paul ajoute que tout ce que nous souffrons est peu de choses, sans proportion avec les biens à venir de cette grande récompense qui rétribuera nos labeurs : récompense qui se révélera en nous lorsque nous serons recréés à l'image de Dieu et que nous pourrons regarder sa gloire en face.

Pour mettre en valeur la grandeur de cette révélation à venir, l'Apôtre ajoute que la création elle-même attend cette révélation des fils de Dieu. Cette création est maintenant livrée malgré elle au pouvoir du néant ; mais elle est dans l'espérance. Car elle espère que le Christ l'aidera par sa grâce à se libérer de l'esclavage de la dégradation inévitable, et à recevoir la liberté glorieuse des fils de Dieu. Ainsi y aura-t-il une seule liberté, pour la création et pour les fils de Dieu, lorsque la gloire de ceux-ci se révélera. Mais maintenant, tant que cette révélation se fait désirer, toute la création gémit en attendant de partager la gloire de notre adoption et de notre rédemption. Elle enfante déjà cet esprit qui la sauve, et elle veut être délivrée de l'esclavage du néant. ~

Il est clair que les créatures qui gémissent en attendant l'adoption des fils ont en elles les premiers dons de l'Esprit. Cette adoption des fils, c'est la rédemption du corps tout entier, lorsque celui-ci, en qualité de fils adoptif de Dieu, verra en face ce bien éternel et divin. Il y a déjà adoption filiale dans l'Église du Seigneur lorsque l'Esprit s'écrie : Abba, Père, selon la lettre aux Galates. Mais cette adoption sera parfaite lorsque ceux qui seront admis à voir la face de Dieu ressusciteront tous dans l'immortalité, l'honneur et la gloire. Alors la condition humaine s'estimera vraiment rachetée. C'est pourquoi l'Apôtre ose dire : Nous avons été sauvés en espérance. L'espérance sauve en effet, comme la foi, dont il est dit : Ta foi t'a sauvé. » (2)

L'Esprit du Seigneur est liberté, parce que Christ nous a libérés pour crier Abba ! Père !
 
Dans ton amour inépuisable, Dieu éternel et tout-puissant, tu combles ceux qui t'implorent, bien au-delà de leurs mérites et de leurs désirs ; répands sur nous ta mésiricorde en délivrant notre conscience de ce qui l'inquiète et en donnant plus que nous n'osons demander.(3)

(1) livre à paraître
(2) Ambroise de Milan, Lettre à Orontien
(3) source : Office des lectures, mercredi de la 5eme semaine ordinaire, AELF

02 novembre 2019

Homélie de la messe des défunts - 2 novembre - 2


En guise de corrigé :

« le Christ est ressuscité d'entre les morts ; alors, comment certains d'entre vous peuvent-ils affirmer qu'il n'y a pas de résurrection des morts ?
13 S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n'est pas ressuscité.
14 Et si le Christ n'est pas ressuscité, notre proclamation est sans contenu, votre foi aussi est sans contenu ;
15 et nous faisons figure de faux témoins de Dieu, pour avoir affirmé, en témoignant au sujet de Dieu, qu'il a ressuscité le Christ, alors qu'il ne l'a pas ressuscité si vraiment les morts ne ressuscitent pas.
16 Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité.
17 Et si le Christ n'est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l'emprise de vos péchés ;
18 et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus.
19 Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes.
20 Mais non ! le Christ est ressuscité d'entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis.
21 Car, la mort étant venue par un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection des morts.
22 En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c'est dans le Christ que tous recevront la vie,
23 mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent.
24 Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance.
25 Car c'est lui qui doit régner jusqu'au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis.
26 Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c'est la mort,
27 car il a tout mis sous ses pieds. Mais quand le Christ dira : « Tout est soumis désormais », c'est évidemment à l'exclusion de Celui qui lui aura soumis toutes choses.
28 Et, quand tout sera mis sous le pouvoir du Fils, lui-même se mettra alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.
29 Autrement, que feront-ils, ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si vraiment les morts ne ressuscitent pas, pourquoi se faire baptiser pour eux ?
30 Et pourquoi nous aussi courons-nous des dangers à chaque instant ?
31 Chaque jour, j'affronte la mort, et cela, frères, est votre fierté, que je partage dans le Christ Jésus notre Seigneur.
32 S'il n'y avait eu que de l'humain dans mon combat contre les bêtes à Éphèse, à quoi cela m'aurait-il servi ? Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons.
33 Ne vous y trompez pas : Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs.
34 Reprenez donc vos esprits, et ne péchez pas : en effet, certains d'entre vous n'ont pas la connaissance de Dieu. Je vous le dis, à votre honte. »(1Co 15, 12-34)(1)

Christ a vaincu la mort,
chantons sa gloire !

Le Dieu que nous avons est le Dieu des victoires,
et les portes de la mort sont à Dieu, le Seigneur.

Le dernier ennemi qu'il détruira, c'est la mort,
car il a tout mis sous ses pieds.
« Nous voyons que la mort est un avantage, et la vie un tourment, si bien que Paul a pu dire : Pour moi, vivre c'est le Christ, et mourir est un avantage. Qu'est-ce que le Christ? Rien d'autre que la mort du corps, et l'esprit qui donne la vie. Aussi mourons avec lui pour vivre avec lui. Nous devons chaque jour nous habituer et nous affectionner à la mort afin que notre âme apprenne, par cette séparation, à se détacher des désirs matériels. Notre âme établie dans les hauteurs, où les sensualités terrestres ne peuvent accéder pour l'engluer, accueillera l'image de la mort pour ne pas encourir le châtiment de la mort. En effet la loi de la chair est en lutte contre la loi de l'âme et cherche à l'entraîner dans l'erreur. ~ Mais quel est le remède ? Qui me délivrera de ce corps de mort ? — La grâce de Dieu, par Jésus Christ, notre Seigneur.

Nous avons le médecin, adoptons le remède. Notre remède, c'est la grâce du Christ, et le corps de mort, c'est notre corps. Alors, soyons étrangers au corps pour ne pas être étrangers au Christ. Si nous sommes dans le corps, ne suivons pas ce qui vient du corps ; n'abandonnons pas les droits de la nature, mais préférons les dons de la grâce.

Qu'ajouter à cela? Le monde a été racheté par la mort d'un seul. Car le Christ aurait pu ne pas mourir, s'il l'avait voulu. Mais il n'a pas jugé qu'il fallait fuir la mort comme inutile, car il ne pouvait mieux nous sauver que par sa mort. C'est pourquoi sa mort donne la vie à tous. Nous portons la marque de sa mort, nous annonçons sa mort par notre prière, nous proclamons sa mort par notre sacrifice. Sa mort est une victoire, sa mort est un mystère, le monde célèbre sa mort chaque année.

Que dire encore de cette mort, puisque l'exemple d'un Dieu nous prouve que la mort seule a recherché l'immortalité et que la mort s'est rachetée elle-même ? II ne faut pas s'attrister de la mort, puisqu'elle produit le salut de tous, il ne faut pas fuir la mort que le Fils de Dieu n'a pas dédaignée et n'a pas voulu fuir. ~

La mort n'était pas naturelle, mais elle l'est devenue ; car, au commencement, Dieu n'a pas créé la mort : il nous l'a donnée comme un remède. ~ L'homme, condamné pour sa désobéissance à un travail continuel et à une désolation insupportable, menait une vie devenue misérable. Il fallait mettre fin à ses malheurs, pour que la mort lui rende ce que sa vie avait perdu. L'immortalité serait un fardeau plutôt qu'un profit, sans le souffle de la grâce. ~

L'âme a donc le pouvoir de quitter le labyrinthe de cette vie et la fange de ce corps, et de tendre vers l'assemblée du ciel, bien qu'il soit réservé aux saints d'y parvenir ; elle peut chanter la louange de Dieu dont le texte prophétique nous apprend qu'elle est chantée par des musiciens : Grandes et merveilleuses sont tes œuvres. Seigneur, Dieu tout-puissant: justes et véritables sont tes chemins. Roi des nations. Qui ne te craindrait, Seigneur, et ne glorifierait ton nom ? Car toi seul es saint. Toutes les nations viendront se prosterner devant toi. Et l'âme peut voir tes noces, Jésus, où ton épouse est conduite de la terre jusqu'aux cieux, sous les acclamations joyeuses de tous — car vers toi vient toute chair — ton épouse qui n'est plus exposée aux dangers du monde, mais unie à ton Esprit. ~

C'est ce que le saint roi David a souhaité, plus que toute autre chose, pour lui-même, c'est ce qu'il a voulu voir et contempler : La seule chose que je demande au Seigneur, la seule que je cherche, c'est d'habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, et de découvrir la douceur du Seigneur.
℟ Grâce et bonheur
à ceux qui s'endorment dans la foi.

Pour les morts est offert le sacrifice d'expiation,
afin qu'ils soient délivrés de leurs péchés.

Le Christ est mort, puis ressuscité,
pour être le Seigneur des morts et des vivants »(2)


Écoute nos prières avec bonté, Seigneur : fais grandir notre foi en ton Fils ressuscité des morts, pour que soit plus vive aussi notre espérance en la résurrection de tous nos frères défunts.
(1) Source : Textes liturgiques © AELF.
(2) Ibid. Ambroise de Milan, Homélie pour l'anniversaire de la mort son frère.


Envoyé de mon iPhone

12 août 2019

Au fil de Matthieu 17, 22-27 - La rançon ? - sainte colère 2 - Ambroise…

En écho à ma note précédente :« Puisque le Christ a réconcilié le monde avec Dieu, lui-même n'a certes pas eu besoin de réconciliation. Pour quel péché aurait-il expié, en effet, lui qui n'a commis aucun péché ? Lorsque les juifs réclamaient les deux drachmes qu'on versait à cause du péché, selon la Loi, il avait dit à Pierre : « Simon, les rois de la terre, de qui reçoivent-ils taxes et impôts : de leurs enfants ou des étrangers ? » Pierre répondit : « Des étrangers ». Le Seigneur lui dit alors : « Donc, les enfants n'y sont pas soumis. Mais pour ne pas les heurter, jette l'hameçon, saisis le premier poisson, et en lui ouvrant la bouche, tu trouveras une pièce d'argent : prends-la et donne-la pour moi et pour toi. »
Il montre ainsi qu'il ne doit pas expier les péchés pour lui-même, parce qu'il n'était pas esclave du péché ; comme Fils de Dieu, il était libre de toute erreur. En effet, le fils libère, tandis que l'esclave est assujetti au péché. Donc celui qui est entièrement libre n'a pas à payer de rançon pour sa vie, et son sang pouvait être une rançon surabondante pour racheter tous les péchés du monde entier. Il est normal qu'il libère les autres, celui qui ne doit rien pour lui-même.
J'irai plus loin. Non seulement le Christ ne doit pas verser la rançon de sa propre rédemption ni expier pour son propre péché, mais encore, si tu considères n'importe quel homme, il est compréhensible que chacun d'eux ne doit pas expier pour lui-même. Car le Christ est l'expiation de tous, la rédemption de tous. (1) »

(1) Saint Ambroise, Commentaire du Ps 48, 14-15 ; CSEL 64, 368-370 (trad. bréviaire 20e sam. rev.)


19 juillet 2019

Le pain de vie - 2 - Ambroise de Milan

Dans ma dernière homélie sur Luc 10, j'évoquais le pain et le vin comme les deux pièces d'argent remises par le Christ à l'Église. Saint Ambroise nous conduit plus loin dans cette méditation :  « C'est une chose merveilleuse, que Dieu ait fait pleuvoir la manne pour nos pères, et qu'ils aient mangé quotidiennement cet aliment du ciel. De là cette parole : L'homme a mangé le pain des anges. Et pourtant, ceux qui ont mangé ce pain au désert sont tous morts. Au contraire, cette nourriture que tu reçois, ce pain vivant qui est descendu du ciel, fournit la substance de la vie éternelle, et celui qui le mange ne mourra jamais, car c'est le corps du Christ.
Examine maintenant ce qui a le plus de valeur : la manne, pain des anges, ou bien la chair du Christ, laquelle est évidemment le corps qui donne la vie ? La manne d'autrefois venait du ciel, celle d'aujourd'hui est supérieure aux cieux ; celle-là appartenait au ciel, celle-ci au maître du ciel. Celle-là était sujette à la corruption si on la gardait pour le lendemain ; celle-ci est indemne de toute corruption, car celui qui la mange avec respect ne peut éprouver la corruption. Pour les Hébreux, l'eau a jailli du rocher ; pour nous, le sang a jailli du Christ. L'eau les a désaltérés pour un moment. Toi, lorsque tu bois, tu ne peux plus avoir soif. Autrefois préfiguration, aujourd'hui réalité.
Si ce que tu admires est une ombre, une préfiguration, combien grande est la réalité dont l'ombre excite déjà ton admiration. Écoute bien : ce qui s'est réalisé pour nos ancêtres n'était que l'ombre de la réalité à venir. Ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher, c'était le Christ. Cependant la plupart n'ont fait que déplaire à Dieu, et ils sont tombés au désert. Ces événements se sont réalisés en figure à notre intention. Tu sais maintenant ce qui a le plus de valeur : la lumière l'emporte sur les ténèbres, la vérité sur la figure, le corps du Créateur sur la manne venue du ciel. » (1)
(1) Ambroise de Milan, traité sur les mystères, source office des lectures de la 15eme semaine, AELF 

17 juillet 2019

Le sang, l'eau et l'Esprit - Saint Ambroise

"L'eau ne purifie pas sans l'Esprit.
On te l'a déjà dit : ne crois pas seulement ce que tu vois, car tu pourrais dire, toi aussi, comme Naaman : C'est cela, ce grand mystère que l'œil n'a pas vu, que l'oreille n'a pas entendu, et qui n 'est pas parvenu à la pensée de l'homme ? Je vois de l'eau comme j'en voyais tous les jours ! Peut-elle me purifier, alors que j'y suis descendu souvent sans être jamais purifié ? Apprends par là que l'eau ne purifie pas sans l'Esprit.Et c'est pour cela que tu as lu qu'il y a dans le baptême trois témoins qui se rejoignent en un seul témoignage : l'eau, le sang et l'Esprit. Car, si tu en retires un seul, le sacrement de baptême disparaît. Qu'est-ce que l'eau, en effet, sans la croix du Christ ? Un élément ordinaire, sans aucune portée sacramentelle. Et de même, sans eau il n'y pas de mystère de la nouvelle naissance, car personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Le catéchumène croit, lui aussi, en la croix du Seigneur Jésus, dont il a reçu le signe, mais s'il n'a pas été baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, il ne peut recevoir le pardon de ses péchés ni accueillir le don de la grâce spirituelle.Le Syrien Naaman s'est plongé sept fois selon la Loi ; mais toi, tu as été baptisé au nom de la Trinité. Tu as confessé ta foi au Père – rappelle-toi ce que tu as fait –, tu as confessé ta foi au Fils, ta foi en l'Esprit Saint. Retiens la succession de ces faits. Dans cette foi, tu es mort au monde, tu es ressuscité pour Dieu ; tu as été comme enseveli dans cet élément du monde ; mort au péché, tu es ressuscité pour la vie éternelle. Crois donc que cette eau n'est pas inutile. ~

Le paralytique de la piscine de Béthesda attendait un homme. Lequel, sinon le Seigneur Jésus, né de la Vierge ? Avec sa venue, il n'y avait plus seulement une préfiguration qui guérissait quelques individus, mais la vérité qui guérissait tous les hommes. C'est donc lui dont on attendait qu'il descende, lui de qui Dieu le Père a dit à Jean Baptiste : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre du ciel et demeurer, c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint. C'est de lui que Jean Baptiste a témoigné en disant : J'ai vu l'Esprit descendre du ciel comme une colombe et demeurer sur lui. Pourquoi l'Esprit est-il descendu alors comme une colombe, sinon pour que tu voies, pour que tu reconnaisses que la colombe envoyée hors de l'arche par Noé le juste était l'image de cette colombe-là, et pour que tu y reconnaisses la préfiguration de ce sacrement ? (...)

Est-ce que tu dois douter encore, alors que le Père le proclame pour toi de façon indubitable dans l'Évangile, lorsqu'il dit : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j'ai mis tout mon amour ; alors que le Fils le proclame, lui sur qui l'Esprit Saint s'est manifesté sous la forme d'une colombe ; alors que l'Esprit Saint le proclame aussi, lui qui est descendu sous la forme d'une colombe ; alors que David le proclame : La voix du Seigneur sur les eaux, le Dieu de gloire a tonné, le Seigneur sur les eaux innombrables ; alors que l'Écriture l'atteste : aux prières de Gédéon, le feu est descendu du ciel et, de nouveau, à la prière d'Élie, le feu fut envoyé pour consacrer le sacrifice.

Ne considère pas le mérite personnel des prêtres, mais leurs fonctions. Et si tu tiens compte du mérite, de même que tu estimes Élie, tiens compte des mérites de Pierre ou de Paul : c'est eux qui nous ont transmis ce mystère qu'ils ont reçu du Seigneur Jésus. Un feu visible leur était envoyé pour qu'ils croient ; pour nous qui croyons, c'est un feu invisible qui agit. Pour ceux-là, c'était une préfiguration ; pour nous, c'est un avertissement. Crois donc que le Seigneur Jésus est là, invoqué par la prière des prêtres, lui qui a dit : Quand deux ou trois sont réunis, je suis là, moi aussi. À plus forte raison, là où est l'Église, là où sont les mystères, c'est là qu'il daigne nous accorder sa présence.Tu es donc descendu dans le baptistère. Rappelle-toi ce que tu as répondu : que tu crois au Père, que tu crois au Fils, que tu crois en l'Esprit Saint. Tu n'as pas à dire : Je crois en un plus grand et en un moins grand et en un dernier. Mais, par un même engagement de ta parole, tu es tenu de croire au Fils de la même manière que tu crois au Père, de croire en l'Esprit Saint de la même manière que tu crois au Fils, avec cette seule différence que tu confesses devoir croire en la croix du seul Seigneur Jésus." (1)

Le texte esr admirable.
En particulier sur les trois éléments du baptême. 

On notera cette distinction très actuelle qui est leçon d'humilité pour le diacre que je suis : "ne tiens pas compte du mérite personnel des prêtres/[diacres] mais leurs fonctions"

A méditer

(1) Saint Ambroise,  traité sur les mystères, source AELF,  office des lectures

23 février 2019

Au fil de Marc 9,2-13 - Transfiguration

« En ce temps-là, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.
Ses vêtements devinrent resplendissants, d'une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.
Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s'entretenaient avec Jésus.
Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.
Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »
Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. » Marc 9, 2-7, Traduction Liturgique de la Bible - © AELF

Commentaire 1 :
Contemplons ce Christ qui se révèle dans sa pureté, lumière de nos vies. N'est-ce pas celui que nous vénérons dans l'Eucharistie ? C'est peut-être ce qui nous est donné le plus beau à voir mais aussi à recevoir. La tentation est de le garder pour nous, de planter notre tente à ses côtés.... Ce n'est pas notre chemin. Notre chemin est d'être porte-Christ.


Commentaire de saint Ambroise :
« Dans l'Évangile aussi, c'est à Pierre, Jacques et Jean, seuls de tous les disciples, qu'il a révélé la gloire de sa résurrection. Ainsi voulait-il que son mystère demeure caché, et il les avertissait fréquemment de ne pas annoncer facilement ce qu'ils avaient vu à n'importe qui, pour qu'un auditeur trop faible ne trouve là un obstacle qui empêcherait son esprit inconstant de recevoir ces mystères dans toute leur force. Car Pierre lui-même « ne savait pas ce qu'il disait », puisqu'il croyait qu'il fallait dresser trois tentes pour le Seigneur et ses compagnons. Ensuite, il n'a pas pu supporter l'éclat de gloire du Seigneur qui se transfigurait, mais il est tombé sur le sol (Mt 17,6), comme sont tombés aussi « les fils du tonnerre » (Mc 3,17), Jacques et Jean, quand la nuée les a recouverts...
Ils sont entrés donc dans la nuée pour connaître ce qui est secret et caché, et c'est là qu'ils ont entendu la voix de Dieu disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour : écoutez-le ». Que signifie : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » ? Cela veut dire — Simon Pierre, ne t'y trompe pas ! — que tu ne dois pas placer le Fils de Dieu sur le même rang que les serviteurs. « Celui-ci est mon Fils : Moïse n'est pas mon Fils, Élie n'est pas mon Fils, bien que l'un ait ouvert le ciel, et que l'autre ait fermé le ciel ». En effet, l'un et l'autre, à la parole du Seigneur, ont vaincu un élément de la nature (Ex 14 ;1R 17,1), mais ils n'ont fait que prêter leur ministère à celui qui a affermi les eaux et fermé par la sécheresse le ciel, qu'il a fait fondre en pluie dès qu'il l'a voulu.
Là où il s'agit d'une simple annonce de la résurrection, on fait appel au ministère des serviteurs, mais là où se montre la gloire du Seigneur qui ressuscite, la gloire des serviteurs tombe dans l'obscurité. Car, en se levant, le soleil obscurcit les étoiles, et toutes leurs lumières disparaissent devant l'éclat de l'éternel Soleil de justice (Ml 3,20). » (1)

(1) Saint Ambroise, Sur le psaume 45, 2; CSEL 64, 6, 330-331 (trad. Delhougne, Les Pères commentent, p. 186 rev.), source Évangile au quotidien.

13 juillet 2018

Il frappe à ta porte - 14 - Saint Ambroise

"Ouvre ta porte à celui qui vient, ouvre ton âme, élargis l'accueil de ton esprit afin qu'il découvre les richesses de la simplicité, les trésors de la paix, la douceur de la grâce. Dilate ton cœur, viens vers le soleil de la lumière éternelle qui éclaire tout homme. Sans doute, la vraie lumière brille pour tous ; mais celui qui ferme ses fenêtres se privera de l'éternelle lumière. Donc, le Christ lui-même est laissé dehors, si tu fermes la porte de ton esprit. Bien qu'il soit capable d'entrer, il ne veut pas s'introduire de force, il ne veut pas contraindre ceux qui le refusent.
Issu de la Vierge, il est sorti de son sein en rayonnant sur tout l'univers, afin de briller pour tous. Ils le reçoivent, ceux qui désirent la clarté d'une lumière perpétuelle que la nuit ne vient jamais interrompre. Car le soleil que nous voyons de nos yeux est supplanté par l'obscurité de la nuit ; mais le soleil de justice ne se couche jamais parce que le mal ne supplante jamais la sagesse.

Heureux donc celui à la porte duquel frappe le Christ. Notre porte, c'est la foi, qui, si elle est solide, défend toute la maison. C'est par cette porte que le Christ fait son entrée. Aussi l'Église dit-elle dans le Cantique : J'entends mon frère qui frappe à la porte. Écoute celui qui frappe, écoute celui qui désire entrer : Ouvre-moi, ma soeur, mon épouse, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est couverte de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit.

Comprends avec quelle force le Dieu Verbe frappe à ta porte lorsque sa tête est couverte de la rosée nocturne. Car il daigne visiter ceux qui sont exposés à l'épreuve et aux tentations, pour qu'ils ne risquent pas d'être vaincus et de succomber à leurs difficultés. Sa tête est donc couverte de rosée ou de pluie quand son corps est dans la peine. C'est alors qu'il faut veiller, de peur que l'Époux, quand il viendra, ne se retire parce que la maison lui sera fermée. Si tu dors, et si ton cœur ne veille pas, il se retire avant d'avoir frappé. Si ton cœur veille, il frappe et il demande qu'on lui ouvre la porte.

Nous savons donc quelle est l'entrée de notre âme, nous savons aussi quelles sont ces portes dont il est dit : Portes, élevez vos linteaux, élevez-vous, portes éternelles, et le Roi de gloire entrera. Si tu veux élever ces portes de ta foi, le Roi de gloire entrera auprès de toi, paré du triomphe de sa passion. La justice aussi a des portes. Car nous lisons à leur sujet ce que Jésus dit par son prophète : Ouvrez-moi les portes de la justice. (..)

C'est donc l'âme qui a une entrée, qui a des portes. Le Christ vient à cette entrée et il frappe, il frappe aux portes. Ouvre-lui donc : il veut entrer, il veut trouver son Épouse éveillée" (1)

Voix de mon Bien-aimé qui frappe à la porte : « Ouvre-moi» ! alléluia !

  • (1) Saint Ambroise,  Sermon sur le psaume 118.

30 mai 2018

L'amour est en Toi - 1

Dieu mets en nous l'amour comme une source,  un potentiel,  charge à nous de libérer cette force venue de Lui.

"Lorsque je te serai uni par tout moi-même, il n'y aura plus pour moi de douleur ni de fatigue. Ma vie, toute pleine de toi, sera vivante. Celui que tu combles, tu l'allèges, car lorsque je ne suis pas comblé par toi, je me suis à charge à moi-même." (1)

L'amour en nous est comme cette flamme fragile que nous cherchons à allumer alors que le vent de la vie nous harasse. 

Elle ne cesse de s'éteindre en apparence parce que nous prenons pas le temps de rentrer en nous mêmes pour retrouver le feu de l'origine. 

 « Magnifiez le Seigneur avec moi » (Ps 33,4). Le Seigneur est magnifié non parce que la voix humaine lui ajoute quelque chose, mais parce qu'il grandit en nous. Car le Christ est l'image de Dieu (2Co 4,4; Col 1,15), et c'est pourquoi, si quelqu'un agit avec dévotion et justice, il fait grandir en lui cette image de Dieu — à la ressemblance de qui il a été créé (Gn 1,26) — et en la faisant grandir, il est élevé en une sorte de participation à sa grandeur.(2)

La flamme ne peut grandir qu'en contemplant le feu du buisson ardent,  le Christ en Croix et ce qu'il révèle du Pere.

A méditer

(1) Saint Augustin,  Les confessions,  chapitre VIII (?)
(2) Saint Ambroise, Commentaire sur l'évangile de Luc, 2, 19-27 ; PL 15, 1559 ; SC 45 (trad. Orval rev.) 

06 janvier 2018

Fragilité et tressaillement -Jean louis Chrétien

Excellent article d'Elodie Maurot dans La Croix de jeudi qui nous invite à goûter le dernier livre de Jean Louis Chrétien, La fragilité aux Éditions de Minuit.
On y découvre que le concept de fragilité est méconnu alors qu'il est plus positif que celui de faiblesse.
Aurais-je dû appeler mon livre éponyme «Un Dieu fragile » au lieu d'un « Dieu de faiblesse » ?
Écoutons Elodie Maurot sur ce thème : « saint Ambroise, [souligne] que « le Seigneur et créateur a assumé la fragilité de notre corps ». « Dans cette lumière neuve, la fragilité, sans être abolie, ce qu'elle ne sera qu'à la résurrection, peut être, non seulement fortifiée, mais véritablement transfigurée », analyse Jean-Louis Chrétien.
Chez Augustin, la fragilité ouvre au dynamisme : « Ayez à l'esprit, mes frères, la fragilité humaine : courez tant que vous vivez, afin de vivre ; courez tant que vous vivez, afin de ne pas mourir vraiment », écrit l'évêque d'Hippone.
Tout l'intérêt de l'ouvrage de Jean-Louis Chrétien est de montrer la richesse de ce thème intemporel, (...) . La fragilité apparaît même plus intéressante que l'idée de faiblesse, terme « négatif »,désignant « un manque, une absence, une privation » (de force). La fragilité a, elle, un « caractère positif ». Porteuse d'une ligne de faille ou de rupture, elle constitue potentiellement une ouverture. » (1)
Chemin d'espérance ? Elle rejoint en tout cas ce que je viens de publier sur le tressaillement dans « Le mendiant et la brise »
(1) La Croix du jeudi 4 janvier 2018 p.14

21 décembre 2017

Danse et tressaillement

"Remarquez les nuances et l'exactitude de chaque mot. Élisabeth fut la première à entendre la parole, mais Jean fut le premier à ressentir la grâce: la mère a entendu selon l'ordre naturel des choses, l'enfant a tressailli en raison du mystère; elle a constaté l'arrivée de Marie, lui, celle du Seigneur; la femme, l'arrivée de la femme, l'enfant, celle de l'enfant; les deux femmes échangent des paroles de grâce, les deux enfants agissent au-dedans d'elles et commencent à réaliser le mystère de la piété en y faisant progresser leurs mères; enfin, par un double miracle, les deux mères prophétisent sous l'inspiration de leur enfant.Jean a tressailli, la mère a été comblée. La mère n'a pas été comblée avant son fils, mais, comme le fils était comblé de l'Esprit Saint, il en a aussi comblé sa mère. Jean a exulté, et l'esprit de Marie a exulté, lui aussi. L'exultation de Jean comble Élisabeth; cependant, pour Marie, on ne nous dit pas que son esprit exulte parce qu'il est comblé, car celui qu'on ne peut comprendre agissait en sa mère d'une manière qu'on ne peut comprendre. Élisabeth est comblée après avoir conçu, Marie, avant d'avoir conçu. Heureuse, lui dit Élisabeth, toi qui as cru."

Il y a comme une danse à contempler entre ces tressaillement et grâce réciproques.


(1) Saint Ambroise,  commentaire sur l'évangile de Luc

10 août 2017

Le ministre du sang

On s'interroge souvent sur la symbolique du geste du diacre lors de l'anamnèse. Pourquoi présente-t-il le calice à la foule ? Une des clés de réponse est à trouver entre les lignes chez Ambroise de Milan dans le récit fu martyre de Laurent,  diacre de l'évêque Sixte : "Lorsque saint Laurent a vu que l'on conduisait l'évêque Sixte au martyre, il s'est mis à pleurer. Ce n'était pas la souffrance de son évêque qui lui arrachait des larmes, mais le fait qu'il parte au martyre sans lui. C'est pourquoi il s'est mis à l'interpeller en ces termes : « Où vas-tu, Père, sans ton fils ? Vers quoi te hâtes-tu, prêtre saint, sans ton diacre ? Tu avais pourtant l'habitude de ne jamais offrir le sacrifice sans ministre ! ... Fais donc la preuve que tu as choisi un bon diacre : celui à qui tu as commis le ministère du sang du Seigneur, celui avec lequel tu partages les sacrements, refuserais-tu de communier avec lui dans le sacrifice du sang ? »... Le pape Sixte a répondu à Laurent : « Je ne t'oublie pas, mon fils, ni ne t'abandonne. Mais je te laisse des combats plus grands à soutenir. Je suis vieux et je ne peux soutenir qu'une lutte légère. Quant à toi, tu es jeune et il te reste un triomphe bien plus glorieux à obtenir contre le tyran. Tu viendras bientôt. Sèche tes larmes. Dans trois jours, tu me suivras... » Trois jours après, Laurent est arrêté. On lui demande d'amener les biens et les trésors de l'Église. Il promet d'obéir. Le lendemain, il revient avec des pauvres. On lui demande où étaient ces trésors qu'il devait amener. Il a montré les pauvres en disant : « Voilà les trésors de l'Église. Quels trésors meilleurs aurait le Christ, que ceux dont il a dit : 'Ce que vous aurez fait à l'un de ces petits, c'est à moi que vous l'avez fait' » (Mt 25,40) ? Laurent a montré ces trésors-là et a été vainqueur car le persécuteur n'a eu aucune envie de les lui ôter. Mais dans sa rage, il l'a fait brûler vif." (1)

(1) Saint Ambroise, Des Offices des ministres I,84 ; II,28 ; PL 16,84 (trad. Bouchet, Lectionnaire, p. 468)

19 juillet 2017

Dynamique sacramentelle chez Ambroise de Milan


Une belle méditation sur la dynamique sacramentelle chez Ambroise de Milan :

"Dans le baptême trois témoins qui se rejoignent en un seul témoignage : eau, le sang et l'Esprit. Car, si tu en retires un seul, le sacrement de baptême disparaît. Qu'est-ce que l'eau, en effet, sans la croix du Christ ? Un élément ordinaire, sans aucune portée sacramentelle. Et de même, sans eau il n'y pas de mystère de la nouvelle naissance, car personne, à moins de naître de l'eau et de l'Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Le catéchumène croit, lui aussi, en la croix du Seigneur Jésus, dont il a reçu le signe, mais s'il n'a pas été baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, il ne peut recevoir le pardon de ses péchés ni accueillir le don de la grâce spirituelle. (...)
Le paralytique de la piscine de Béthesda attendait un homme. Lequel, sinon le Seigneur Jésus, né de la Vierge ? Avec sa venue, il n'y avait plus seulement une préfiguration qui guérissait quelques individus, mais la vérité qui guérissait tous les hommes. (...)
Ne considère pas le mérite personnel des prêtres, mais leurs fonctions. Et si tu tiens compte du mérite, de même que tu estimes Élie, tiens compte des mérites de Pierre ou de Paul : c'est eux qui nous ont transmis ce mystère qu'ils ont reçu du Seigneur Jésus. Un feu visible leur était envoyé pour qu'ils croient pour nous qui croyons, c'est un feu invisible qui agit. (...) Crois donc que le Seigneur Jésus est là, invoqué par la prière des prêtres, lui qui a dit : Quand deux ou trois sont réunis, je suis là, moi aussi. À plus forte raison, là où est l'Église, là où sont les mystères, c'est là qu'il daigne nous accorder sa présence.
Tu es donc descendu dans le baptistère. Rappelle-toi ce que tu as répondu que tu crois au Père, que tu crois au Fils, que tu crois en l'Esprit Saint. Tu n'as pas à dire : Je crois en un plus grand et en un moins grand et en un dernier. Mais, par un même engagement de ta parole, tu es tenu de croire au Fils de la même manière que tu crois au Père, de croire en l'Esprit Saint de la même manière que tu crois au Fils, avec cette seule différence que tu confesses devoir croire en la croix du seul Seigneur Jésus." (1)

(1) Ambroise de Milan, Traité sur les mystère, source AELF

18 juin 2017

Lire les psaumes - Ambroise de Milan

Dans le livre des psaumes, on trouve l'avancement de tous et comme un remède pour la santé du genre humain. Il suffit de les lire pour avoir de quoi guérir les blessures de sa souffrance par un remède approprié. Il suffit de vouloir les considérer pour découvrir, comme dans un gymnase ouvert à toutes les âmes et comme dans un stade consacré à l'exercice des vertus, les différents genres de combats qui nous attendent ; et l'on peut y choisir celui auquel on se juge le plus apte et par lequel on remportera plus facilement la couronne.
Si quelqu'un cherche à récapituler l'histoire des anciens et veut en suivre les exemples, il possède, résumé dans un seul psaume, tout l'enchaînement de cette histoire, afin de garder ce trésor dans sa mémoire grâce au résumé fourni par cette lecture. Si quelqu'un veut découvrir la force de la loi, qui réside tout entière dans ce lien qu'est la charité (car celui qui aime son prochain a parfaitement accompli la loi), qu'il lise dans les psaumes avec quel amour du prochain, pour repousser l'injure faite à tout le peuple, un seul homme s'expose à de grands dangers ; il y découvrira que la gloire de l'amour n'est pas inférieure au triomphe de la bravoure(1)."
Voir sur ce thème mes  "Chemins de Prière" sur https://prierdieu.blogspot.fr
(1) Saint Ambroise de Milan,  commentaire du psaume 1, source AELF

06 juillet 2016

Le choix de Judas

" Il a voulu l'abandon, il a voulu la trahison, il a voulu être livré par son apôtre, pour que toi, si un compagnon t'abandonne, si un compagnon te trahit, tu prennes avec calme cette erreur de jugement et la dilapidation de ta bonté" (1)

À contempler

(1) Saint Ambroise, Commentaire sur l'évangile de Luc, V, 44-45 (trad. cf SC 45, p. 199)

27 février 2016

La source, c'est Dieu - Saint Ambroise

Ce petit commentaire du psaume 42 donne à penser : "Courons comme les cerfs vers la source des eaux ; la soif ressentie par David, que notre âme la ressente aussi. Quelle est cette source ? Écoute David qui le dit : En toi est la source de la joie. Que mon âme dise à cette source : Quand pourrai-je venir et paraître devant ta face ? Car la source, c'est Dieu."

Saint Ambroise,  Sermon là est ton trésor,  source AELF

21 janvier 2016

Église et miséricorde

Poursuite de ma lecture. Cette citation par notre pape d'Ambroise de Milan pourra faire grincer des dents.: "Là où il s'agit de dispenser la grâce, le Christ est présent. Lorsque l'on doit exercer la rigueur, seuls les ministres du culte sont présents, mais le Christ est absent". (1) 

Elle interpelle nos "tentations de frère aîné" selon Luc 15. Le texte cité aujourd'hui entre en écho :"Si Dieu avait été prompt au châtiment, l'Eglise n'aurait pas connu l'apôtre Paul ; elle n'aurait pas reçu un tel homme dans son sein. C'est la miséricorde de Dieu qui transforme le persécuteur en apôtre ; c'est elle qui change le loup en berger, et qui a fait d'un publicain un évangéliste (Mt 9,9). C'est la miséricorde de Dieu qui, touchée de notre sort, nous a tous transformés ; c'est elle qui nous convertit." (2)


(1) Ambroise de Milan, De Abraham, cité par  Pape François, Le nom de Dieu est miséricorde, Paris,Robert laffont et Presses de la renaissance 2016‎, p. 84

(2) Saint Jean Chrysostome,  7eme homélie sur la conversion,  source AELF