31 octobre 2017

Une mystique de la rencontre - Pape François

Un point soulevé par le Pape François dans EG 87 est mis en avant par Christoph Théobald (1) avec insistance : la "mystique du vivre ensemble" Pourquoi Christoph Théobald insiste-t-il sur ce point ? Parce que le mot mystique n'est pas commun sur ce thème. Dans un monde où il s'apparente plus à une fuite d'autrui, il y a une diachronie dans l'utilisation de ce terme par le pape.
L'enjeu est la prise en compte d'autrui dans son rapport à Dieu. On rejoint l'imbrication des deux commandements (cf. Mt 22, 40) et le sens même du vivre ensemble. Il fait résonner l'insistance d'un Basile de Césarée pour la vie en communauté plus que la vie érémitique. Le vivre ensemble est notre condition d'accès à Dieu. Le reste est fuite.
C'est dans notre prise en compte d'autrui, dans la réponse à l'appel du visage (cf. Lévinas) que notre coeur peut s'ouvrir à l'intimité de Dieu qui n'est pas solitude mais danse.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 161

28 octobre 2017

La force de Simon

Quand on voit un pêcheur comme Simon sans instruction, mais assez hardi pour discuter avec les juifs de la foi en Jésus Christ, et pour le prêcher au reste du monde, et y réussir, comment ne pas chercher l'origine de cette force de persuasion ? Comment ne pas avouer que la parole de Jésus : « Venez à ma suite, je vous ferai pêcheurs d'hommes » (Mt 4,19), il l'a réalisée dans ses apôtres par une force qui vient de Dieu ? (1)
En communiant à son corps,  Dieu nous invite à creuser en nous le désir de grandir, à la suite de Simon, pour devenir pierres vivantes de son Église.

Car l'homme seul est incapable mais Dieu fait de nous des instruments de son amour. 

Les voici rassemblés
Dans la maison du Père,
Les compagnons d'épreuve
Qui t'ont vu crucifié.

Tu ouvrais le passage,
Ils marchaient sur tes traces,
O Seigneur des Vivants.
Ils portaient dans leur coeur

Pour éclairer le monde
La mystérieuse image
De ta gloire humiliée.

Messagers d'espérance,
Ils semaient ta parole
Et c'est toi leur moisson.

Ils ont place au festin
Dans le Royaume en fête,
Pour avoir bu la coupe
De l'amour partagé.

Tu leur montres le Père
Et ta joie les habite,
O Jésus, Fils de Dieu ! (2)

"Frères,vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage,vous êtes concitoyens des saints,vous êtes membres de la famille de Dieu,car vous avez été intégrés dans la constructionqui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ;et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même.En lui, toute la construction s’élève harmonieusementpour devenir un temple saint dans le Seigneur.En lui, vous êtes, vous aussi, les éléments d’une même constructionpour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit Saint." (3)

(1) d'après Origène, Contre Celse I, 62 (trad. cf SC 132, p. 247s)
(2) Source AELF
(3) Éphésiens 2, 19-22, ibid

27 octobre 2017

Prophètes de malheur ou d'espérance


Les propos de Jean XXIII en 1962 donnent à penser : "Certains qui, bien qu'enflammés de zèle religieux, manquent de justesse de jugement et de pondération dans leur façon de voir les choses. Dans la situation actuelle de la société, ils ne voient que ruines et calamités ; ils ont coutume de dire que notre époque a profondément empiré par rapport aux siècles passés ; ils se conduisent comme si l'histoire, qui est maîtresse de vie, n'avait rien à leur apprendre et comme si du temps des Conciles d'autrefois tout était parfait en ce qui concerne la doctrine chrétienne, les mœurs et la juste liberté de l'Église.

Il nous semble nécessaire de dire notre complet désaccord avec ces prophètes de malheur, qui annoncent toujours des catastrophes, comme si le monde était près de sa fin.

Dans le cours actuel des événements, alors que la société humaine semble à un tournant, il vaut mieux reconnaître les desseins mystérieux de la Providence divine qui, à travers la succession des temps et les travaux des hommes, la plupart du temps contre toute attente, atteignent leur fin et disposent tout avec sagesse pour le bien de l'Église, même les événements contraires." (1)

Ce texte ne reste-il pas d'actualité ? Il entre en écho en tout cas avec d'autres textes d'espérance cités sur ce blog, dont celui de :
- Saint Jean Chrysostome,  
- les commentaires sur les semences du verbe de saint Justin, y compris par  Jacques Dupuis ou Balthasar, et repris dans Gaudium et spes et plus récemment par le pape François
- la tension évoquée plus récemment par Christoph Théobald,  

L'enjeu,  souligné par Théobald est celui qu'il nomme le dépassement : voir dans l'humanité les traces du chemin de Dieu et de son agenouillement.

( 1) Jean XXIII,  Discours du 11/10/1962, ouverture de Vatican II

26 octobre 2017

Intimité de Dieu - Tressaillement 5

« La foi proprement christique donne accès à l'intimité de Dieu (...) une expérience spirituelle voire mystique » (1)
C'est en effet au coeur de ce tourbillon de la foi que l'homme entre en dialogue avec l'inouï de Dieu. « Dieu ne nous veut pas seulement face à lui, comme dans le Coran (...) Il nous donne accès à Son Intimité, à Son intériorité abyssale, puisqu'il y est déjà »(2)

On entre en écho avec les propos de François Cassingena-Trévédy sur l'intériorité commenté plus haut. Mais Christoph Théobald évoque aussi ce qui est divin en nous. Une manière de nous faire entrer dans la danse...

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 156
(2) ibid.

16 octobre 2017

Prosélytisme ou gratuité

Il existe une tension non résolue par Vatican II entre l'importance de la mission et le respect fondamental de l'altérité d'autrui (1). Avant d'abandonner l'adage de Cyprien (hors de l'Église point de salut), il nous faut entendre cette tension, contempler la gratuité des gestes du Christ et comprendre que la foi qu'il évoque n'est pas nécessairement un embrigadement religieux. « Ta foi t'a sauvé » n'est pas la constatation d'une obédience mais la réalité d'une foi intérieure.
Si notre agir quitte le don pour entrer dans une stratégie de conquête nous oublions que la foi est don.
Il s’agit d’une grâce speciale du Christ, comme le rappelle Christoph Théobald citant LG14, 2

(1) cf. Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 145ss

15 octobre 2017

Une vision polyèdrique du monde

A la différence de la sphère écrasante et nivellante, l'image apportée par François est une contemplation de l'immensité des richesses humaines. Peu importe en effet que l'humain soit de sexe masculin ou féminin, blanc ou noir, chrétien ou musulman, en lui bat un coeur de chair, dont les cellules uniques vibrent sous le vent d'un esprit invisible. Contempler cela c'est voir l'inouï du doigt de Dieu.

Voir sur le polyèdre :

  •  C. Theobald, ibid. p.121
  • Pape François, Cette Eglise que j'espère, Entretien avec le P. Spadaro, p. 27 : 'Un polyèdre, "où tous se complètent, mais où chacun garde sa spécificité qui chacun enrichit les autres" 
  • Pape François : "De toute manière, je dois dire que le parcours synodal a été d’une grande beauté et a offert beaucoup de lumière. Je remercie pour tous les apports qui m’ont aidé à contempler les problèmes des familles du monde dans toute leur ampleur. L’ensemble des interventions des Pères, que j’ai écouté avec une constante attention, m’a paru un magnifique polyèdre, constitué de nombreuses préoccupations légitimes ainsi que de questions honnêtes et sincères." (AL, §4)

14 octobre 2017

Déconstruction et espérance

En réponse à une question soulevée par Henrik Lindell, sur notre position face à ceux qui ne prêchent que la déconstruction, il me semble que Theobald y répond quand il évoque une tension entre la stratégie de l'accommodement et celle du dépassement. Si je comprends bien sa thèse, dans la première on n'entend pas le cri du monde et des déconstructeurs et l'on rêve dans un repli identitaire que le « reste » soit semence nouvelle. Élie lui-même avait l'illusion de se croire le seul juste. Et il a découvert qu'ils étaient 4.000... (cf. 1 Rois 19).
Dans la deuxième (dépassement) on rejoint l'homme dans sa souffrance et dans son cri et l'on cherche à trouver à ses côtés le chemin du dépassement...

Je pense que l'idée qu'apporte Théobald et qui rejoint le concept de polyèdre du pape François (cf. Evangelii Gaudium 235ss, debeloppé aussi chez Spadaro/François in l'Eglise que j'espère ou chez Christoph Theobald, ibid. p.121) est finalement la reprise d'une thèse de Justin sur les semences de l'Esprit. Chaque homme est porteur d'humanité et il nous appartient, comme le dit le titre provocateur d'un de mes livres de se mettre « à genoux devant l'homme ». Il n'y que la kénose qui est théologale, foi, espérance et charité étant l'unique don de Dieu à l'homme face à un monde qui l'ignore.
« Un missionnaire va là où il n’y a rien encore » (2)

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017.
(2)) Godin/Daniel, France pays de mission ?, cité par Christoph Théobald ibid. P. 132

13 octobre 2017

Église et pouvoir

Cela mériterait un livre tant le sujet est historiquement complexe à traiter et source d'autoflagellation constructive. Dès les premiers pas avec Jésus les tentations des fils de Zébèdée (Mc 10, 35) sont nous alertent sur cette faille de l'homme.
Mais j'ai décidé qu'après la publication d'une centaine d'ouvrages je me devais de faire une pause...
Je me réjouis néanmoins de voir Christoph Théobald y faire mention à sa manière : "les prétentions souvent inconscientes de l'Église de posséder les espaces de pouvoir" (1)
Personne n'y échappe et même mes livres peuvent être qualifiés de prétention involontaire de reprendre le pouvoir. Cela étant posé, l'important n'est pas de culpabiliser mais de surmonter cette tentation d'être au centre, alors que notre vie doit être décentrement. La diaconie est l'enjeu !

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 121

12 octobre 2017

Église et ruralité

Refonder notre maison commune passe par "une reformulation de la mission spécifique des Églises dans nos espaces ruraux" (1) où la pauvreté et le désert pastoral est plus criant que dans les zones urbaines et la pauvreté plus évidente. Pourtant l'enjeu n'est pas cantonné au rural. La crise est partout et l'urgence pastorale large. "L'enjeu commun est en effet de changer nos représentations, d'entendre et d'honorer ce que ces églises peuvent apporter de spécifique à l'ensemble du corps ecclésial du pays" (ibid).
Nous avons à creuser sans cesse ces pistes.

Comme je viens de l'écrire dans un échange avec Henrik Lindell, "Il y a un problème qui touche à la sociabilité de nos rencontres. J'ai lu que dans mon village de l'Eure, il y avait jusqu'à 32 cafés au début du XXeme siècle pour une seule église. Les hommes s'y retrouvaient pour parler des cultures, échanger, partager après le travail. L'église n'avait pas cette fonction sociale car peut-être trop pyramidale (...) la crédibilité de notre présence dans le monde et le risque d'une "folklorisation" de nos sacrements loin du réel est ici en jeu. L'intérêt de notre expérience entre foi et vie professionnelle à Saint Philippe du Roule ou à ND de La Défense est de trouver des lieux où social et religieux peuvent se rejoindre... même si ce ne sont que des balbutiements, le côté partage et soucis commun redonne aux hommes des lieux où spirituel et vie peuvent se conjuguer (...) dans une vie de travail, les hommes trouvent là un lieu qui les rejoins. À méditer.



(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 119

11 octobre 2017

Crédibilité du théologal - Theobald 3

La question qu'il pose sur la crédibilité doit être expliquée par une allusion à la définition même du mot théologal qui bien que classique reste à repréciser : "le terme théologal est une référence aux trois vertus théologales, foi, espérance et charité (...) [et vise la]prétention interne de ces actes centraux du christianisme de rencontrer effectivement Dieu en son abyssale intimité au point de situer leur propre racine dans "l'autocommunication même de Dieu" (1)
Cela étant défini, il reste à mesurer la crédibilité(2) de notre Église à l'aune de ces vertus et donc de ne cesser de prendre à coeur la profondeur intrinsèquement théologale de notre être chrétien, son lien intime avec le plan de Dieu, son inhabitation.
On est loin, et c'est là le drame, d'un siècle qui vit dans l'illusion de croire que Dieu ne sert plus à rien, comme entendu la semaine dernière sur RND dans l'analyse pertinente de Frédéric Guillaud, l'auteur de Catholix reloaded qui vient de paraître aux Éditions du Cerf.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p.45, note 2
(2) op. cit. p. 63

10 octobre 2017

Folklorisation de nos traditions

Deuxième allusion de Christoph Théobald à la folklorisation de nos traditions(1). Il faut laisser résonner cette pique à l'aune de nos célébrations communes, sentir le risque qu'elles portent d'être décalées par rapport aux soucis du monde.

Cela fait écho en moi avec cette insistance chez certains curés à forcer les jeunes fiancés à assister à une messe dans le cadre de la préparation au mariage avant de leur avoir donné le temps de goûter à la communauté chrétienne.

Il est certes difficile, quand on perçoit la profondeur du mystère eucharistique de voir qu'il est inaccessible...

Mais l'urgence pastorale n'est elle pas dans la construction d'un pont viable entre une société loin de nos codes et de nos symboles et le folklore si chargé de sens de nos liturgies ?

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 97

09 octobre 2017

Triple contrainte et crédibilité

En fait, Theobald organise sa réflexion dès la page 54 selon une triple contrainte :
1. L'Évangile du règne de Dieu
2. La situation historique de la société
3. La figure de l'Église qu'il appelle à être crédible.

On perçoit bien combien ces trois pôles sont liés et demande en même temps une dynamique d'ajustement. Si l'Evangile nous habite, les changements du monde obligent à une adaptation constante qui influence même l'Eglise dans ses comportements.
C'est dans cet axe que la fidélité à l'aggiornamento prôné par le Concile Vatican II développe son propos jusqu'à deux exigences. Dépasser la tentation du rétroviseur (le passé était mieux, ce qui est un mythe) et adapter avec attention notre manière d'être pour rejoindre le monde dans sa quête, de "manière créatrice" (...) au-delà du "risque de folklorisation ou d'instrumentalisation" (1) pour s'ajuster au mieux au monde, le comprendre, le servir et l'habiter.
C'est l'enjeu d'une pastorale.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 72

08 octobre 2017

Dieu sculpteur - Hans Urs von Balthasar

"Que Dieu dans la Bible, quand il crée, soit représenté comme un artiste sculpteur, cela est théologiquement significatif; car jusqu'à la fin, la créature doit reposer calmement et patiemment entre les mains formatrices de Dieu" nous dit Hans Urs von Balthasar. Une phrase qui entre en écho avec sa contemplation de Gn 2 et de la forme donnée au premier homme "de la glaise du sol [comme] (...) dernière victoire sur la matière et (...) couronnement de toute la construction antérieure (1).
Depuis la création ex nihilo Dieu avance à petit pas jusqu'au premier acte de renoncement kénotique où il se désaisit de lui même dans le don du souffle, où il livre à l'homme le fruit de son Esprit prélude d'une symphonie et d'une danse entre l'amour divin et l'appel fait à l'homme d'une liberté créative.

(1) Hans Urs von Balthasar, La gloire et la croix, théologie 3, Ancienne Alliance, Paris, Aubier, 1974 p. 80

07 octobre 2017

De tressaillement en tressaillement - 4 - Jean-Paul II

Dans la suite de ma web-série sur le tressaillement, je découvre ce beau commentaire de Luc 10 par Jean Paul II : " Jésus tressaillit de joie sous l'action de l'Esprit Saint et dit : 'Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir.' » Jésus exulte à cause de la paternité divine ; il exulte parce qu'il lui est donné de révéler cette paternité ; il exulte, enfin, parce qu'il y a comme un rayonnement particulier de cette paternité divine sur les « petits ». Et l'évangéliste Luc qualifie tout cela de « tressaillement de joie dans l'Esprit Saint »... Ce qui, au cours de la théophanie trinitaire au bord du Jourdain (Lc 3,22), est venu pour ainsi dire « de l'extérieur », d'en haut, provient ici « de l'intérieur », c'est-à-dire du plus profond de ce qu'est Jésus. C'est une autre révélation du Père et du Fils, unis dans l'Esprit Saint. Jésus parle seulement de la paternité de Dieu et de sa propre filiation ; il ne parle pas explicitement de l'Esprit qui est Amour et, par là, union du Père et du Fils. Néanmoins, ce qu'il dit du Père et de lui-même comme Fils résulte de la plénitude de l'Esprit qui est en lui, qui remplit son cœur, pénètre son propre moi, inspire et vivifie en profondeur son action. De là, ce tressaillement de joie dans l'Esprit Saint. L'union du Christ avec l'Esprit Saint, dont il a une parfaite conscience, s'exprime dans ce tressaillement de joie, qui, en un sens, rend perceptible sa source secrète. Il en résulte une manifestation et une exaltation particulières qui sont propres au Fils de l'homme, au Christ-Messie dont l'humanité appartient à la personne du Fils de Dieu, substantiellement un avec l'Esprit Saint dans la divinité." (1)

(1) Saint Jean-Paul II, Encyclique « Dominum et vivificantem », § 20-21 

06 octobre 2017

Dynamique sacramentelle du salut - Théobald

Je poursuis ma lecture de "Urgences pastorales". Une tension intéressante est mise en lumière par Théobald : quitter l'illusion d'une "Église parfaite" pour la concevoir comme "sacrement universel du salut" (1) Il mériterait de préciser le sens du mot universel qui peut exclure les semences du verbe. Mais cette dynamique sacramentelle(2) rejoint mes travaux de recherche. Elle porte une espérance qui touche la nature même de l'Église, sa capacité intérieure à se transformer, à être signe.

(1) Christoph Théobald, Urgences Pastorales, Paris, Bayard, 2017, p. 58
(2) cf. mon livre éponyme

05 octobre 2017

La course infinie - Philippiens 3

L'office des lectures nous donne à contempler aujourd'hui ce beau texte de Philippiens 3,  qui m'habite depuis que je l'ai choisi,  le jour de mon mariage,  il y a 31 ans.  Je ne résiste pas à la joie de vous le partager à nouveau : " 07 Mais tous ces avantages que j’avais, je les ai considérés, à cause du Christ, comme une perte.
08 Oui, je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ,
09 et, en lui, d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ, la justice venant de Dieu, qui est fondée sur la foi.
10 Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en devenant semblable à lui dans sa mort,
11 avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts.
12 Certes, je n’ai pas encore obtenu cela, je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus.
13 Frères, quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant,
14 je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus.(1)"
Il m'a inspiré bien des choses et notamment mon petit commentaire sur Grégoire de Nysse, La course infinie.
(1) Source AELF

04 octobre 2017

La triple humilité - Saint Ignace de Loyola

Les trois sortes d'humilité : La première sorte d'humilité est nécessaire au salut éternel. Elle consiste à m'abaisser et m'humilier autant que cela m'est possible pour que j'obéisse en tout à la Loi de Dieu notre Seigneur. De la sorte, même si on faisait de moi le maître de toutes les choses créées en ce monde ou s'il y allait de ma propre vie temporelle, je n'envisagerais pas de transgresser un commandement, soit divin soit humain...La deuxième sorte d'humilité est une humilité plus parfaite que la première. Elle consiste en ceci : je me trouve à un point tel que je ne veux ni ne m'incline davantage à avoir la richesse plutôt que la pauvreté, à vouloir l'honneur plutôt que le déshonneur, à désirer une vie longue plutôt qu'une vie courte, étant égal le service de Dieu notre Seigneur et le salut de mon âme... La troisième sorte d'humilité est l'humilité la plus parfaite : c'est quand, tout en incluant la première et la deuxième, la louange et la gloire de sa divine majesté étant égales, pour imiter le Christ notre Seigneur et lui ressembler plus effectivement je veux et je choisis davantage la pauvreté avec le Christ pauvre que la richesse, les opprobres avec le Christ couvert d'opprobres que les honneurs ; et que je désire davantage être tenu pour insensé et fou pour le Christ qui, le premier, a été tenu pour tel, plutôt que « sage et prudent » dans ce monde (Mt 11,25).

Saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 2e semaine, 12e jour (trad. DDB 1986, p. 103) Source Évangile au quotidien

03 octobre 2017

Le deux cités - Saint Augustin

« Il y a deux cités : l'une s'appelle Babylone, l'autre Jérusalem. Le nom de Babylone signifie « confusion » Jérusalem signifie « vision de paix ». Regardez bien la cité de confusion pour mieux connaître la vision de paix supportez la première, aspirez à la seconde. 
Qu'est-ce qui permet de distinguer ces deux cités ? Pouvons-nous dès à présent les séparer l'une de l'autre ? (...) Il y a quelque chose qui distingue, même maintenant, les citoyens de Jérusalem des citoyens de Babylone : ce sont deux amours. L'amour de Dieu fait Jérusalem l'amour du monde fait Babylone. Demandez-vous qui vous aimez et vous saurez d'où vous êtes. Si vous vous trouvez citoyen de Babylone, arrachez de votre vie la convoitise, plantez en vous la charité si vous vous trouvez citoyen de Jérusalem, supportez patiemment la captivité, ayez espoir en votre libération. En effet, beaucoup de citoyens de notre sainte mère Jérusalem (Ga 4,26) étaient d'abord captifs de Babylone... Comment peut s'éveiller en nous l'amour de Jérusalem notre patrie, dont les longueurs de l'exil nous ont fait perdre le souvenir ? (cf Ps 13).

(1) Saint Augustin, Les Discours sur les psaumes, Ps. 64 (trad. cf En Calcat) Source Évangile au quotidien

01 octobre 2017

Le prix de l’aujourd’hui

Un beau texte de Rilke retrouvé dans un article de la Croix.  Il évoque pour moi un vieux principe chrétien,  celui de vivre le présent dans toute l'intensité de l'appel et des talents recus. "Parce qu'être ici est beaucoup, et parce qu'apparemment tout ce qui est d'ici a besoin de nous, toute cette évanescence qui étrangement nous concerne. Nous les plus évanescents. Une fois chaque fois, une fois seulement. Une fois et pas plus. Et nous aussi, une fois. Jamais plus. Mais d'avoir été une fois cela, ne fût-ce qu'une fois : d'avoir été terrestre ne semble pas irrévocable. »

Rainer M. Rilke, cité par Nathacha Appanah, in la Croix du 28/9/17