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28 octobre 2016

La liberté comme victoire - Anselme de Cantorbéry

Un deuxième apport d'Anselme peut être de concevoir la liberté non comme un droit mais comme une victoire(1), celle d'accéder à la veritable liberté sur toutes les "adhérences humaines", addictions, tentations, péchés qui nous éloignent de ce à quoi nous sommes destinés (la joie en Dieu) et nous éloignent de Dieu.
Cette distinction conceptuelle est pleine d'intérêt car elle ne voit plus le pêché originel comme un boulet incontournable, mais comme une vision temporaire, anti-pélagienne et incomplète de notre réalité humaine. Nous sommes créés en vue de cette joie à venir... Et tout ce qui nous retient de marcher vers Dieu est chemin, lieu d'effort, de conversion, d'écoute, de décentrement en direction du seul but à atteindre, considérer :
- le passé comme balayure (cf. Ph. 3) et en même temps chemin de conversion et d'apprentissage
- et l'avenir comme appel et joie à venir, celle d'être porté par la grâce et d'être saisi en Christ (Ph 3) pour participer librement au Royaume.

Il reste un point à ajouter. C'est l'insistance sur la grâce, car nos adhérences au mal nous retiennent souvent d'accéder à cette victoire et nos addictions nous empêchent d'avancer. Là plus qu'ailleurs la prière prend du sens car Dieu seul peut nous aider à surmonter cet obstacle qui est de fait de l'ordre de l'originel. Si nous ne pouvons aller seul plus loin, c'est parce que la médiation du Christ est essentielle, point de basculement qui fait de nous des êtres assoiffés de cette grâce qui nous conduira à la victoire finale.

(1) cf. Hans Urs von Balthasar, GC2 p. 217

17 février 2016

Conversions intérieures

Le Fils de Dieu prône une attitude, "signifiée à travers lui, plus grande, plus divine et plus parfaite : dépouiller l'âme elle-même et ses dispositions intérieures de leurs passions cachées, arracher jusqu'à la racine et rejeter les éléments étrangers à l'esprit" nous disait déjà Clément d'Alexandrie au IIème siècle (1) Qu'est-ce à dire ? 
Ce que l'Église appelle péché - même si je trouve le mot trop moralisateur - n'est autre que toutes ces adhérences aux passions intérieures qui viennent du mauvais coeur en nous, celui qui nous détourne de la triple vocation de l'homme : contempler, adhérer et agir en Christ.
Contempler le Christ en ce qu'il a de fondamentalement bon peut nous amener à cette conversion intérieure. Un chemin semé d'embûches mais qui conduit au Père.

(1) Clément d'Alexandrie, Quel riche sera sauvé ? Paris, Cerf, SC 2011, cité in Le livre de la miséricorde, op. Cit p. 36

28 septembre 2014

Rémission des péchés - Sacrifice du Christ, II


Mon ami continue : "Pourquoi la mort du Christ était-t-elle un préalable à la rémission de nos péchés  ?".

Voici ma réponse :

Le premier constat est que nous sommes tous blessés et donc que nous avons une "adhérence" au mal, que l'Eglise nomme péché, mais je n'aime pas le terme désuet. Cette adhérence ne peut être guérie que par la quête d'une voie meilleure. En nous montrant le chemin de l'amour, le Christ nous rend libre et cette libération est ce que l'on appelle bien maladroitement la rémission du péché. Prends le temps de méditer l'histoire du paralytique (Mat 9,1ss) qui est un peu notre histoire à tous. Son adhérence le cloue sur son lit. Jésus lui redonne le chemin pour marcher, loin d'une culpabilité maladive. Lève toi et marche. Sors de tes passions mortifères, laisse toi porter vers l'amour.‎ C'est le message de ce texte.

L'ancien testament est du même ordre. C'est le récit des adhérences multiples des hommes au mal, de leurs violences. Un regard qui prend de la distance sur le texte voit ce chemin. Il comprend les erreurs, les fausses idées de Dieu qu'il véhicule et perçoit que la révélation n'est accessible que dans le déchirement du voile. Or ce dernier n'apparaît qu'en Marc 15, 38 quand le voile laisse place à la Croix, le signe d'un Dieu qui aime l'homme jusqu'à en mourir.

Tu me dis que l'on devrait plus expliquer tout cela. Tu as raison.
Longtemps l'église à considéré que les laïcs n'avaient pas les moyens de comprendre. Il est temps que nous nous prenions en main pour démystifier ce qui reste désuet et chercher l'essentiel, ce que Balthasar appelle un "retour au centre" : Jésus Christ.