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14 mars 2019

L’office pour l’enfant mort - Marie Noël - kénose 148



Il y a des morts que l'on ne peut excuser, des souffrances impossibles à concilier, des silences que l'on ne peut comprendre.
Marie Noël est de ces femmes qui touchent à l'indicible et l'inconnaissable, à ce Dieu qui semble absent. Cette déréliction est celle du Golgotha, celle d'un Dieu qui ne répond plus. Que la kénose du Fils soit allée jusque là ne donne qu'une réponse partielle au mystère. Ce chemin qui laisse Dieu être au delà de nos souffrances nous avons à le trouver, au fond de nous-mêmes. Personne ne peut nous l'imposer, c'est le jeûne du samedi saint, le silence où tout est cri :

« Office pour l'enfant mort"
L'enfant frêle qui m'était né,
Tantôt nous l'avons promené
L'avons sorti de la maison
Au gai soleil de la saison ;
(...) 
A l'église ont pris soin de lui.
C'est le bedeau qui l'a bordé
Dans son drap blanc d'argent brodé.
Le fossoyeur qui l'a couché
Dans un berceau très creux, très bas,
Pour que le vent n'y souffle pas
(...) 
Allez-vous en ! Allez-vous en !
La sombre heure arrive à présent.
(...) 
Rentrez chez vous et grand merci !...
Mais il faut que je reste ici.
Avec le mien j'attends le soir,
J'attends le froid, j'attends le noir.
Car j'ai peur que ce lit profond
Ne soit pas sûr, ne soit pas bon.
Et j'attends dans l'ombre, j'attends
Pour savoir... s'il pleure dedans.

Poème de Marie-Noël

Que peut-on ajouter sans casser ce processus de deuil, ce cri nécessaire qui seul permet à l'homme de traverser le mal et de trouver son chemin intérieur jusqu'à l'amour plus grand que le mal ?

“Pas de théodicée explicative, pas de justification, mais la brutalité des faits, la facticité brute, l’impréhensible énigme : (...) Marie Noël se tient sur le seuil de l’impénétrable Mystère” (1)

(1) François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 129

05 mars 2019

L’amour est en toi - 29 - Marie Noël

Une nouvelle stèle dans ma série sur l'amour en toi que cette petite méditation de la poétesse Marie Noël qui se souvient de sa première communion : « J'avais reçu le pain, j'étais revenu à ma place, j'étais sous mon voile avec Dieu. C'était… C'était ce qui devait être depuis le commencement qui n'avait jamais été… Quelqu'un… Quelqu'un à moi, de plus à moi que tous ceux de ma famille… Quelqu'un qui m'aimait… Quelqu'un que j'aimais. J'avais presque oublié que c'était Dieu. Mais bientôt je m'en souvins et je lui fis ma prière. Il pouvait tout. Il était là. Je lui demandai de mourir ».(1)

La demande, surprenante est liée à cette nuit obscure qui l'habitera. Pourtant à la lumière de Jn 3 elle peut aussi être un appel à une nouvelle naissance.


(1) Marie Noël, citée par François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017, p. 109