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07 juin 2020

Les larmes trinitaires - danse trinitaire 2

En guise de corrigé à mon homélie...

Nous ne pouvons affirmer après Job que tout reste mystère. Qui suis-je pour parler de Dieu ?

« À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
5 qu'est-ce que l'homme pour que tu penses à lui,
le fils d'un homme, que tu en prennes souci ?
6 Tu l'as voulu un peu moindre qu'un dieu,
le couronnant de gloire et d'honneur ;
7 tu l'établis sur les œuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds (Ps 8, 4-7)



« Ce dont nous parlons, c'est de la sagesse du mystère de Dieu, sagesse tenue cachée, établie par lui dès avant les siècles, pour nous donner la gloire.
08 Aucun de ceux qui dirigent ce monde ne l'a connue, car, s'ils l'avaient connue, ils n'auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire.
09 Mais ce que nous proclamons, c'est, comme dit l'Écriture : ce que l'œil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas venu à l'esprit de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. 10 Et c'est à nous que Dieu, par l'Esprit, en a fait la révélation. Car l'Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu.
11 Qui donc, parmi les hommes, sait ce qu'il y a dans l'homme, sinon l'esprit de l'homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît ce qu'il y a en Dieu, sinon l'Esprit de Dieu. 12 Or nous, ce n'est pas l'esprit du monde que nous avons reçu, mais l'Esprit qui vient de Dieu, et ainsi nous avons conscience des dons que Dieu nous a accordés.
13 Nous disons cela avec un langage que nous n'apprenons pas de la sagesse humaine, mais que nous apprenons de l'Esprit ; nous comparons entre elles les réalités spirituelles.
14 L'homme, par ses seules capacités, n'accueille pas ce qui vient de l'Esprit de Dieu ; pour lui ce n'est que folie, et il ne peut pas comprendre, car c'est par l'Esprit qu'on examine toute chose.
15 Celui qui est animé par l'Esprit soumet tout à examen, mais lui, personne ne peut l'y soumettre.
16 Car il est écrit : Qui a connu la pensée du Seigneur et qui pourra l'instruire ? Eh bien nous, nous avons la pensée du Christ ! » 1 Co 2, 7-15)


« Nul n'a jamais vu Dieu,
nul ne sait qu'il est Père,
mais Jésus nous l'a révélé. »

℟ Joie de l'homme sauvé,
monte jusqu'à nos lèvres !

Nul ne connaît le Fils,
nul n'en sait le mystère,
mais les pauvres seront comblés.

Nul ne connaît son cœur,
nul n'en sait la misère,
mais l'Esprit vient pour l'habiter.

Nul ne saurait unir
les enfants de la terre,
mais l'amour veut tout rassembler ».(1)

La contemplation de l'Evangile nous donne juste quelques clés de lecture...

On peut partir, par exemple sur la parabole de la vigne pour contempler les larmes du Père
On peut voir Jésus pleurer devant le tombeau de Lazare (Jn 11)
On peut sentir le jaillissement de l'eau et du sang pour percevoir les larmes de l'Esprit...(Jn 19)

Les larmes trinitaires ne cessent de couler. Ce sont les larmes d'un Dieu qui pleure sur l'homme qui refuse de danser....

J'ai joué de la flûte et vous n'avez pas dansé...(Mat 11)

« Étudions la tradition antique, la doctrine et la foi de l'Église catholique. Le Seigneur l'a donnée, les Apôtres l'ont annoncée, les Pères l'ont gardée. C'est sur elle, en effet, que l'Église a été fondée (...).

Il y a donc une Trinité sainte et parfaite, reconnue comme Dieu dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; elle ne comporte rien d'étranger, rien qui lui soit mêlé de l'extérieur ; elle n'est pas constituée du Créateur et du créé, mais elle est tout entière puissance créatrice et productrice. Elle est semblable à elle-même, indivisible par sa nature, et son activité est unique. En effet, le Père fait toutes choses par le Verbe dans l'Esprit Saint, et c'est ainsi que l'unité de la sainte Trinité est sauvegardée. C'est ainsi que dans l'Église est annoncé un seul Dieu, qui règne au-dessus de tous, par tous et en tous.
 Au-dessus de tous, comme Père, comme principe et source ; par tous, par le Verbe ; en tous, dans l'Esprit Saint. ~

Saint Paul, ~ écrivant aux Corinthiens, à propos des dons spirituels, rapporte toutes choses à un seul Dieu, le Père, comme à un seul chef, lorsqu'il dit : Les dons de la grâce sont variés, mais c'est toujours le même Esprit ; les ministères dans l'Église sont variés, mais c'est toujours le même Seigneur, les activités sont variées, mais c'est toujours le même Dieu, qui fait tout en tous. Car les dons que l'Esprit distribue à chacun sont donnés de la part du Père par le Verbe. En effet, tout ce qui est au Père est au Fils ; c'est pourquoi les biens donnés par le Fils dans l'Esprit sont les dons spirituels du Père. Quand l'Esprit est en nous, le Verbe qui nous le donne est en nous, et dans le Verbe se trouve le Père. Et c'est ainsi que s'accomplit la parole : Nous viendrons chez lui et nous irons demeurer auprès de lui. Là où est la lumière, là aussi est son éclat ; là où est son éclat, là aussi est son activité et sa grâce resplendissante.

C'est cela encore que Paul enseignait dans la seconde lettre aux Corinthiens : Que la grâce de Jésus Christ notre Seigneur, l'amour de Dieu et la communion de l'Esprit Saint soient avec vous tous. En effet, la grâce et le don accordés dans la Trinité sont donnés de la part du Père, par le Fils, dans l'Esprit Saint. De même que la grâce accordée vient du Père par le Fils, ainsi la communion au don ne peut se faire en nous sinon dans l'Esprit Saint. C'est en participant à lui que nous avons l'amour du Père, la grâce du Fils et la communion de l'Esprit Saint.

Nul ne saurait unir les enfants de la terre,
mais l'amour veut tout rassembler. »(2)

« L'Écriture dit que le Père est source et lumière : « Ils m'ont délaissé, moi la source d'eau vive » ; (...) « Tu as abandonné la source de la sagesse », et selon Jean : « Notre Dieu est lumière ». Or, le Fils, en relation avec la source, est appelée fleuve, car « le fleuve de Dieu, selon le psaume, est rempli d'eau ». En relation avec la lumière, il est appelé resplendissement quand Paul dit qu'il est « le resplendissement de sa gloire et l'effigie de sa substance ». Le Père est donc lumière, le Fils son resplendissement (...), et dans le Fils, c'est par l'Esprit que nous sommes illuminés : « Puisse Dieu vous donner, dit Paul, un Esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse vraiment connaître ; puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur ». Mais quand nous sommes illuminés, c'est le Christ qui nous illumine en lui, car l'Écriture dit : « Il était la vraie lumière qui illumine tout homme venant en ce monde ». Et encore, le Père étant source et le Fils appelé fleuve, on dit que nous buvons l'Esprit : « Tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit ». Mais, abreuvés de l'Esprit, nous buvons le Christ car « ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait et ce rocher c'était le Christ ». (...)
Le Père étant « le seul sage », le Fils est sa sagesse, car « le Christ est la force et la sagesse de Dieu ». Or, c'est en recevant l'Esprit de sagesse que nous possédons le Fils et acquérons la sagesse en lui (...). Le Fils est la vie, il a dit : « Je suis la vie » ; mais il est dit que nous sommes vivifiés par l'Esprit, car Paul écrit : « Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d'entre les morts vivifiera aussi nos corps mortels par son Esprit qui habite en nous ». Mais quand nous sommes vivifiés par l'Esprit, c'est le Christ qui est notre vie (...) : « Ce n'est plus moi qui vis, mais c'est le Christ qui vit en moi ».
Quand il existe, dans la sainte Trinité, une telle correspondance et unité, qui pourrait séparer soit le Fils du Père, soit l'Esprit du Fils ou du Père ? (...) Le mystère de Dieu n'est pas livré à notre esprit par des discours démonstratifs, mais dans la foi et dans la prière pleine de respect. »(3)


℟ Joie de l'homme sauvé,
monte jusqu'à nos lèvres


(1) office des lectures du dimanche de la Trinité
(2) Saint Athanase, Lettre à Séraphion, évêque de Thmius, source ibid.
(3) Saint Athanase, ibid. source l'Évangile au Quotidien

25 avril 2020

Méditation pour Pâques et le 3eme dimanche de Pâques - Emmaüs

Projet 2 - reprise d’une méditation précédente 

Qu'est-ce qu'a bien pu dire Jésus aux disciples d'Emmaus sur la route pour expliquer les Écritures ? 
On note qu’il les rejoint, comme il nous rejoint parfois, discrètement dans notre quête. Luc ne le dit pas et pourtant nous avons dans son évangile quelques pistes à commencer par cette belle parabole de la vigne et des vignerons.

Je vous invite à la relire chez vous. On la trouve quelques pages plus haut dans son évangile, au chapitre 20 : «Jésus se mit à dire au peuple la parabole suivante: «Un homme planta une vigne, la loua à des ouvriers vignerons et partit en voyage pour longtemps. Au moment voulu, il envoya un serviteur aux ouvriers vignerons pour qu'ils lui remettent sa part de la récolte. Mais les vignerons battirent le serviteur et le renvoyèrent les mains vides. Le propriétaire envoya encore un autre serviteur, mais les vignerons le battirent aussi, l'insultèrent et le renvoyèrent sans rien lui donner. Il envoya encore un troisième serviteur; celui-là, ils le blessèrent aussi et le jetèrent dehors. Le propriétaire de la vigne dit alors: "Que faire? Je vais envoyer mon fils bien-aimé; ils auront probablement du respect pour lui." Mais quand les vignerons le virent, ils se dirent les uns aux autres: "Voici le futur héritier. Tuons-le, pour que la vigne soit à nous." Et ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. «Eh bien, que leur fera le propriétaire de la vigne? demanda Jésus.»
‭‭Luc‬ ‭20:9-15‬ ‭BFC‬‬

En général les paraboles de Jésus entrent dans une pédagogie particulière et il n'est pas impossible que Jésus ait raconté cette histoire avec une certaine tristesse.

A Emmaus cependant il est peu probable que Jésus ait ajouté la fin mis par Luc au chapitre 20 : «Il viendra, il mettra à mort ces vignerons et confiera la vigne à d'autres.» Quand les gens entendirent ces mots, ils affirmèrent: «Cela n'arrivera certainement pas!» Mais Jésus les regarda et dit: «Que signifie cette parole de l'Écriture: "La pierre que les bâtisseurs avaient rejetée est devenue la pierre principale "?» Luc‬ ‭20:16-17‬

Qu'est-ce qui me permet d'affirmer cela ? Pas grand chose, mais cependant deux pistes m'y autorisent :
  1. Luc écrit cela après la chute de Jérusalem et le massacre violent de bien des juifs et la tentation de « rétribution » est probable. Accuser les Juifs de la mort du Christ ? Elle a néanmoins engendré suffisamment de mal dans l'histoire pour qu'on l'écarte définitivement
  2. Le Christ a d'autres enjeux en tête sur le chemin d'Emmaus : rendre crédible ce qui est difficile à croire ; l'amour a vaincu la mort.
C'est pourquoi ce qui compte est peut-être plus loin, dans cette phrase que le grégorien chante sublimement « cognoverunt fractionem panis », ils le reconnurent à la fraction du pain...

C'est peut-être plus que la miche de pain qui révèle Jésus, c’est ce rideau qui se déchire et révèle un corps brisé et offert que Dieu vient de ressusciter et qui réveille soudain dans deux cœurs brûlants une présence discrète et toute nouvelle. L'amour veille silencieusement dans nos cœurs, ne laissons pas cette flamme s'éteindre, elle est le signe fragile de la petite espérance.

«Il prit le pain et remercia Dieu; puis il rompit le pain et le leur donna. Alors, leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent; mais il disparut de devant eux. Ils se dirent l'un à l'autre: «N'y avait-il pas comme un feu qui brûlait au-dedans de nous quand il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures?» Ils se levèrent aussitôt et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent les onze disciples réunis avec leurs compagnons, qui disaient: «Le Seigneur est vraiment ressuscité! Simon l'a vu!» Et eux-mêmes leur racontèrent ce qui s'était passé en chemin et comment ils avaient reconnu Jésus au moment où il rompait le pain.» Luc‬ ‭24:30-35‬ ‭BFC‬‬