29 octobre 2021

Balbutiements pour la Toussaint

Qui sont les saints d’aujourd’hui ?

Notre pape François parle des saints ordinaires, ceux dont on ne parle pas. Après le rapport de la CIASE, on ne peut ignorer la multitude des personnes touchées par la violence sexuelle des hommes, surtout dans nos églises, victimes souvent d’une bien fausse sainteté, celle de l’apparence extérieure. 

Ne regardons pas avec nos yeux de chair, ne nous laissons pas troubler par les ors et les dentelles, les ornements et les distinctions apparentes qu’elles soient des soutanes bien noires, ou des aubes trop blanches, comme celle que je porte aujourd’hui car si le cœur de l’homme peut être capable du meilleur, il peut, derrière cette apparence, rester fourbe, vil, violent et peut conduire au pire comme nous venons de le découvrir dans le document de la CIASE qui brûle encore nos yeux abasourdis.

Faut-il répéter seulement les paroles de Paul pour trouver un chemin intérieur d’humilité ? «Je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas.» Rom. 7:19‬. 

Au-delà d’une nécessaire introspection intérieure, ne nous laissons pas, pour autant, tenter par ceux qui cherchent à diviser l’Élan qui nous pousse au désert pour réaliser combien les tentations d’avoir et de pouvoir/ ou de valoir nous empêchent d’avancer.

Ne passons pas à côté, n’oublions surtout pas ceux qui souffrent… Car leurs cris serait alors inutiles…


Dans l'évangile d'aujourd'hui, celui des Béatitudes, on entend encore résonner le cri de Jésus « Heureux , les souffrants ». 


C’est du bout des lèvres que nous pouvons espérer qu’ils soient heureux, enfin, ceux que l’on a souvent ignorés, les migrants, les délaissés, les enfants maltraités, meurtris, éliminés. Jésus l’affirme  : ils sont tout aimés de Dieu…


Pouvons nous aujourd'hui entendre cette béatitude sans céder à la colère et à la honte devant tant de vies brisées? 

Le rapport de la CIASE nous  interpelle, chacun à notre niveau, membres d'une même Eglise, Notre Église,  le nous ecclésial prend là tout son sens pour réfléchir à son  fonctionnement actuel,  ses habitudes, de ses petites lâchetés à son silence parfois abyssal... Ne restons pas des  spectateurs muets ou pire, des détracteurs qui divisent sans agir ! 


Notre Église a besoin de nous tous, femmes et hommes, baptisés, laïcs, et clercs  pour se  reconstruire, se guérir des fausses apparences, et rebâtir sur le roc. Dieu a besoin de nos mains, répétait Etty Hillesum… il ne fera pas le travail tout seul…


Relisons la première lecture sous ce prisme : 

« Ne faites pas de mal à la terre,(...)

(...)  voici une foule immense,

que nul ne pouvait dénombrer,

une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.

Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau,

vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main.

    Et ils s’écriaient d’une voix forte :

« Le salut appartient à notre Dieu

qui siège sur le Trône

et à l’Agneau ! »

    (...) 

    L’un des Anciens prit alors la parole et me dit :

« Ces gens vêtus de robes blanches,

qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? »

    Je lui répondis :

« Mon seigneur, toi, tu le sais. »

Il me dit :

« Ceux-là viennent de la grande épreuve ;

ils ont lavé leurs robes,

ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »


Si notre société vit sur l’apparence,

Dieu  seul regarde le cœur de l’homme.

Dieu seul sait où est l’essentiel.

Dieu seul est amour.


Un grand espoir se lève pour répondre présents à l’appel du pape de lancer un synode sur la synodalité ou, pour parler plus clair, pour apprendre à marcher ensemble vers la véritable et inaccessible sainteté, celle qui transpire, fragile, du quotidien, de ces femmes et de ces hommes, réunis  dans une assemblée vivante où tous les chrétiens, décidés à discerner comment doit s'amorcer ce changement. Il nous faut chercher ensemble, afin que cela ne reste pas l’affaire de « sachants », mais celle d'une véritable assemblée de « pierres vivantes », de priants, d’aimants en actes et en vérité. L’Église a besoin d’un profond renouveau, de cet « aggiornamento » véritable qui a conduit déjà à Vatican II. Elle a besoin de vous, de nous.…


Dans notre diocèse, des groupes vont se créer pour vivre le synode en vérité. Ne passez pas à côté de l’appel. Par la foi qui vous habite, par l’espérance que Dieu a mis en vous, peut jaillir l’Église dont rêve le Christ, ce royaume dont il parle, non une réalité déjà là, mais toujours en devenir, toujours en marche. 


La sainteté de l’Église n’est pas une succession de saints passés, mais sa capacité à se laisser toujours à nouveau saisir par le Christ. 


Saint Paul le disait à sa manière, le passé est « balayure », ce qui compte c’est se laisser toujours, à nouveau, traverser par la Parole, « se laisser saisir par Lui, le Christ (Ph. 3), le seul prêtre sans tâche, celui qui marche au devant de la multitude. 


Ne baissons pas les bras, l’Esprit est là, il ne cesse d’être là pour nous relever, nous faire grandir. Il a besoin de chacun de nous. 


* Merci à ma femme et l’amie de la première heure qui m’ont aidé à affiner ma pensée. Libre à vous, amis, de réagir.

19 octobre 2021

Danse dans le noir ? - 13

Sur la pointe des pieds, essai d’homélie pour ce dimanche (v1) 

Sommes nous au fond du trou ?

Dans un texte très ancien, un vieux philosophe grec décrivait le monde enfoui dans une caverne et cherchant à apercevoir la lumière.


Nous y sommes en ce moment pour plusieurs raisons, chacun à notre manière, dans le noir…

Comme cet aveugle de Jéricho qui désespère depuis des années…


Que se passe-t-il ? Est-ce parce que nous manquons d’espérance ? 

Le psaume 125 rappelle le cri des exilés sur les bords du fleuve de Babylone, assis et pleurant… « By the rivers of Babylone » une chanson qui commençait par une note grave avant de nous conduire à la danse…


Jérémie vient allumer une lueur, fragile…


« L’aveugle et le boiteux,

la femme enceinte et la jeune accouchée :

c’est une grande assemblée qui revient.

    Ils avancent dans les pleurs et les supplications,

je les mène, je les conduis vers les cours d’eau

par un droit chemin où ils ne trébucheront pas.

Car je suis un père pour Israël »


Où est notre espérance ?

Dans la lettre aux Hébreux, l’auteur suggère qu’il est venu un prêtre nouveau, différent de ceux qui ont reçu le sacerdoce des hommes. Il ne s’agit pas, comme s’était le cas à l’époque d’une fonction héritée de père en fils, mais d’un don de Dieu. 


Jésus vient d’ailleurs. Il est le don de Dieu… il est notre sauveur. Dans le désespoir, dans le doute, dans le Jéricho qui, pour les Pères de l’Église, symbolise, le plus, la caverne du monde, Jesus est là. Il entend le cri de nos enfermements. Il est notre espérance. Dans son malheur l’aveugle de Jéricho l’a entendu. Il laisse tomber son bien le plus précieux, son manteau, et cours vers Jésus…


Laissons résonner en nous ce dialogue sublime…

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

L’aveugle lui dit :

« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »

    Et Jésus lui dit :

« Va, ta foi t’a sauvé. »

Aussitôt l’homme retrouva la vue,

et il suivait Jésus sur le chemin.


Juste avant, il y a cette phrase que l’on peut aussi entendre pour nous. « Confiance, il t’appelle »

Jésus est là. Il a besoin de nos mains, unies, solidaires, responsables pour nous sortir du trou….


Il a besoin de nos mains disait la jeune Etty Hillesum, dans le camp de la mort de Westerbroch, besoin de nos mains unies, solidaires, sans distinction de race, de couleurs, de genre, il a besoin de nous…


« L’aveugle et le boiteux,

la femme enceinte et la jeune accouchée :

c’est une grande assemblée qui revient.

    Ils avancent dans les pleurs et les supplications,

je les mène, je les conduis vers les cours d’eau

par un droit chemin où ils ne trébucheront pas.

Car je suis un père pour Israël » Jer 31


Saint Augustin avait cette phrase sublime «  Tu étais là et je ne le savais pas ». Laissons nous porter dans le noir par cette certitude : au fond du trou, Dieu nous porte dans ses bras….

18 octobre 2021

Danse avec la Parole - 12

Et si la Parole était ce que l’Invisible nous donne à voir de sa face ? suggère à sa manière Marion (1)

Certes le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.

Certes le Christ n’a écrit que des traits sur le sable.

Certes la Bible est parole humaine parfois mêlée et habitée par le Souffle divin.

Pourtant il reste au travers de tout cela ce que nous appelons sur le bout des lèvres la Parole de Dieu, ce « Dit » de Dieu qui nous permet, comme en Ex 33 & 34 d’apercevoir le dos de son visage, sans en maîtriser la face (2)

Emmanuel Lévinas, dans autrement qu’être (3) a de très belles pages sur la différence entre le Dire et le Dit qui nous appelle à beaucoup d’humilité dans nos interprétations.

La dimension symphonique des Évangiles (4) est, par ses paradoxes et ses apories le chemin d’une théologie négative jusqu’à ce que d’Ailleurs nous vienne l’étincelle de compréhension fugace du mystère.

Laissons la Parole nous atteindre jusqu’au jointures de l’âme (Heb 4), dans le silence propices aux « courants d’air »(5) de la brise légère.


La Parole est notre chemin. Elle a besoin d’être méditée et manduquée à plusieurs, hommes et femmes(6), lentement et sûrement. Nous n’avons pas fini d’en faire le tour, et heureusement car le dos de l’Invisible masque le feu ardent de notre joie et de notre espérance.


(1) Jean Luc Marion, D’ailleurs la Révélation, op. cit. p. 285

(2) cf. Marion, ibid p. 287 et mes travaux dans Pédagogie divine

(3) cf. Emmanuel Lévinas, Autrement qu’être et au delà de l’essence 

(4) je tiens l’image de Hans Urs von Balthasar

(5) François Cassingena-Trévedy, Pour toi quand tu pries.

(6) cf. La Maison d’Évangile - La Parole Partagée et mon billet n.11

17 octobre 2021

Danse avec le Verbe - 10

L’humilité de Dieu va jusqu’à pousser son abaissement à la limite de ce que nous pouvons saisir sans mettre à mal, pour autant notre liberté. 

On pourrait en effet, comme nous le faisions à propos des miracles s’interroger sur le pourquoi de leurs limites, de leur rareté…

C’est ce que j’apprécie à nouveau chez Jean Luc Marion (1). Après sa lecture cursive de Jean 4 où Jésus commence par demander à boire à la Samaritaine avant de parler d’eau vive (une interprétation est très classique (2), mais qui s’intègre bien dans son développement, Marion a cette phrase qui m’interpelle, peut-être parce qu’elle fait écho à mes travaux sur la pédagogie divine : « Dans le décèlement [du mystère], ce qui se donne à voir reste à niveau avec celui qui le voit » (1)


On a là déjà une piste, mais Marion distingue pourtant plus loin décèlement (ou vérité) et découvrement (apokalupsis) qu’il faudrait comprendre, par contre (2), comme le début d’une interaction, de notre capacité à recevoir ou rejeter… à réagir, voire à mettre en actes.

Le decouvrement de Dieu appelle une réponse, un mouvement, une danse… comme cette semence fragile qui fait germer en nous ce que Dieu nous révèle.


On a bien là une trace des enjeux de cet agenouillement de Dieu que je cherche à thématiser depuis des années (3). 

Ce que la théologie appelle kénose est bien cette attitude pastorale de Dieu qui ne nous invite pas à un saut dans l’insissable qu’Il est, mais cherche toujours à rejoindre l’homme jusque dans ses impasses culturelles et les méandres de sa quête, jusqu’à réveiller sans forcer sa conscience.


C’est pour moi ce qui distingue les théophanies de l’Ancien Testament des révélations du NT(4), mais aussi peut justifier que les apparitions de Fatima ou de Lourdes puissent avoir pour nous des colorations culturelles vieillottes alors qu’elles parlaient aux petits bergers de là bas, les rejoignant, comme dit Marion, « à leur niveau » de compréhension. Cela ne dénature ni la profondeur de la rencontre, ni la personne, respectée pour ce qu’elle est.


Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Il s’est fait homme.


En contemplant cet abaissement on peut comprendre toute la tendresse de Dieu qui ne mésestime pas l’homme mais au contraire l’aide à grandir, depuis son état, dans cette logique « vectorielle » que j’évoque souvent.


A cela s’ajoute ce que le regretté B. Sesboué disait dans sa « Pédagogie du Christ », la réalisation par le Christ de l’étendue de sa mission est progressive, ce qui pour nous le rend plus humain.


John P. Meier(5) le soulignait aussi. Il n’est pas sûr que le Christ ait perçu, au début du moins, la dimension universelle de sa venue, ce qui explique l’épisode des petits chiens avec la Syro-Phénicienne , ce qui laisse dire, avec raison, à nos amies, que Jésus avait besoin d’un regard féminin, pour ouvrir son cœur aux dimensions du monde. Elles n’ont pas tort. La dimension ecclésiale doit s’ouvrir au fait que la danse du Verbe est Kononia et non interprétation figée d’un savant ou d’un mystique solitaire. C’est ensemble que nous progressons doucement vers la Révélation. C’est notre espérance…


Les temps actuels, nous rappellent que les frasques de l’Ancien Testament sont aussi nos horreurs présentes comme le soulignait G. Hamman : « c’est notre histoire ! » (6) et que nos églises ont encore besoin de travailler ensemble vers une sainteté toujours inaccessible à l’homme hormis quelques étincelles fragiles. Le grand Pierre pouvait affirmer à la fois à Césarée la réalité du Christ et juste après se planter magistralement sur le sens de la Croix. 

Humilité donc. Nous sommes tous à la fois proches et loins de la Vérité.

Mais celle ci n’est pas lumière vive et aveuglante mais au contraire buisson ardent d’un amour fragile qui se donne dans la nuit et réveille chez nous un feu de braise, pour qu’ensemble brille ce que Dieu veut nous signifier dans le silence.


« Parce que le phénomène se manifeste à fond et se donne en soi à fond, il ne peut pas précisément s’imposer à moi sans moi ; il ne peut que se pro-poser en face de moi, qui peut ne pas en recevoir la survenue, donc décider de ne pas le voir. » (ibid p. 248)


« J’ai joué de la flûte et vous n’avez pas dansé » laisse transparaître le drame du danseur repoussé, de l’amant trahi, les larmes de Dieu qui entend les pleurs de Rama… 


(1) Jean Luc Marion, « D’ailleurs la Révélation », op. cit p. 236

(2) p. 239sq

(3) cf. aussi mon « À genoux devant l’homme », troisième édition.

(4) cf. Dieu dépouillé

(5) John P. Meier, Un certain juif nommé Jésus, tome 1 à 5.

(6) cité par Hans Urs von Balthasar dans le tome 2 ou 3 de sa trilogie

15 octobre 2021

Danse en Eglise - 9

J’aimerais revenir sur la dernière publication de François Cassingena-Trévedy qui ne mâche pas ses mots sans lâcher l’essentiel : cet attachement à l’Église qui nous prend aux tripes en dépit des déceptions et des faillites.

Je vous invite à méditer son denier cri(1).


Oui, notre Église devenue soudain si laide reste à reconstruire, même s’il faut pour cela déboulonner ses lourdeurs et ses impasses, pour assembler à mains nues, avec des pierres vivantes, burinées à l’envie, usées et meurtries, une chapelle ardente plus fragile, mais qui reflète enfin le projet d’un Christ nu, un « Dieu dépouillé »(2)


Nous sommes nous laissés emporter par le succès d’une Église socialement acceptable au point d’oublier l’essentiel ?


Si la lumière de ses ors s’éteint, si ses dogmes s’effritent, si ses monseigneurs en perdent leur titres, notre Église brillera d’un feu plus intérieur mais non moins lumineux. Ce sera une autre lueur, plus fragile, qui n’est autre que la petite espérance du royaume promise et pour autant toujours inaccessible. 


Il y a qui 15 ans j’écrivais « cette Église que je cherche à aimer » (3) paraphasant le titre de Vidal. Elle m’énervait cette Église enfermée dans ses impasses et laissant déjà transparaître ces drames qui éclatent au grand jour aujourd’hui. Et pourtant je l’ai rejoint, car au delà de ses lourdeurs, elle est aussi habitée par des prophètes, souvent maltraités et vilipendés comme ce Congar qui s’est battu pour lui redonner sens. 

Je crois que ce sont ses mémoires du concile, Moingt et Theobald et d’autres prophètes souvent méprisés qui m’ont fait basculer… 

L’Église que j’aime porte l’espérance d’un peuple fragile qu’on ne peut laisser sans lien avec L’unique, le Berger, la Porte.

L’Église reste l’appel et le don d’un Dieu qui s’efface en nous laissant, derrière le voile déchiré du temple(4), un Verbe à déchiffrer ensemble, sans jamais pouvoir prétendre le saisir vraiment…


Pas seul, mais au moins deux ou trois, en Son nom. Il faut voir l’intérêt surprenant à mes yeux de la Maison d’Évangile - La Parole Partagée, créée non sans hésitation, et qui n’a jamais eu autant d’inscriptions que depuis qu’a éclaté le scandale. Qu’est ce qui attire sinon ce partage à la table du Verbe ? 


Refuge, l’Église l’est et demeurera, avant d’être institution, l’espoir d’une Kononia, au sens paulinien, d’une famille humaine qui trouve en son sein le repos annoncé. Prions pour qu’elle écoute ces 45 recommandations du rapport Sauvé, qu’elles soient lues, entendues, et qu’elle avance et redevienne le Corps de celui qui nous précède en Galilée. 


L’Église ne peut plus être comme avant. Elle a besoin comme je l’écrivais samedi d’un chemin au désert(5), mais je crois  qu’en son sein réside l’eklesia originelle, le souffle qui nous échappe dès que nous voulons le dogmatiser ou l’imposer 🙂 


l’Église n’est pas d’abord une institution mais l’espoir réuni d’un peuple qui espère toujours et attend de redécouvrir que nous ne pouvons avancer seul. 


Quand elle aura finie d’être pouvoir et orgueil elle pourra enfin s’agenouiller devant l’homme (6).


Ma plus belle expérience pastorale a été St Séverin, il y a 20 ans, quand après 5 rencontres collective type CPM un jeune homme s’est levé regardant les autres couples (et non moi et ma femme) et a déclaré : « j’ai compris, l’Église c’est nous ! »


C’est cette Koinonia qui me fait vivre.


(1) voir sur sa page

(2) gratuit sur le site de la Fnac https://www.fnac.com/ia9587875/Claude-J-Heriard

(3) voir sous le même lien

(4) voir aussi « Le rideau déchiré »

(5 et 6) voir mes livres éponymes

08 octobre 2021

Sur la pointe des pieds…

Il y a un temps pour parler et un temps pour faire silence.

Aujourd’hui je commencerai à la suite de J.Moingt par un appel au silence. À faire résonner en nous ce vide [du samedi saint] qui seul peut nous laisser entendre les cris… et quels cris… (1)

Après les événements de cette semaine, après la lecture insoutenable de ce rapport, que j’ai loin d’avoir finie, il me semble urgent de faire silence, de se taire devant cet innommable, pour retrouver ensemble un véritable chemin d’humilité et de service, se laisser saisir par le Christ qui est si loin de notre humanité et, seul, est image véritable de Dieu, parce que son don est entier et sans partage.

Qui sommes-nous pour revendiquer d’autres titres que celui de pécheurs en chemin vers le pardon ?


Les lectures de ce dimanche nous conduisent vers cela avec force. Laissons les textes parler d’eux-mêmes plutôt que d’en rajouter…


« Elle est vivante, la parole de Dieu,

énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ;

elle juge des intentions et des pensées du cœur.

Pas une créature n’échappe à ses yeux,

tout est nu devant elle, soumis à son regard ;

nous aurons à lui rendre des comptes. » (Heb 4)


L’auteur d’Hebreux ne mâche pas ses mots. Nous laissons nous traverser par eux ? Qu’allons nous faire pour mettre en actes ce « plus jamais ça » qui vient aux lèvres ?


Laissons Dieu pénétrer dans les recoins les plus sombres pour que jaillissent enfin la lumière 


L’Église ne sera que si elle se laisse totalement traverser jusqu’aux jointures de l’âme, jusqu’à ce que nous cachons de plus sinistre en nous, ce qui se colle à nous et nous empêche d’entrer dans le don véritable. 


« J’ai prié,

et le discernement m’a été donné.

J’ai supplié,

et l’esprit de la Sagesse est venu en moi ». Nous dit la première lecture.


Seigneur viens m’habiter, viens nous habiter…

Viens Seigneur, convertis moi…


Au fond de nous, après ce temps de silence, que nous dit l’Evangile… 

Pourquoi nos richesses nous empêchent-t-elles d’accéder au royaume ? Quels sont ces biens qui nous centrent sur nous et nous empêchent d’entendre le cri de nos frères ? 


Laissons nous pousser au désert, comme Jesus poussé par cet Esprit de Sagesse dont parle la première lecture. Les trois tentations du Christ se résument dans 3 verbes :  l’avoir, le pouvoir et la valoir… 

Que nous dit notre cœur sur cela ?

Quelles sont ces variations subtiles de l’avoir et du pouvoir qui nous empêchent d’etre aimant.

L’amour n’est pas naturel souligne Marion(2). Il ne vient que dans un quitter, dans un abondon. 


C’est le problème du jeune homme de l’Evangile.


Une tradition voit dans Marc ce jeune homme nu au mont des oliviers. Il lui a fallu toute la prédication de Jésus pour comprendre que ses biens l’empêchait d’aimer…


Laissons nous conduire au désert… (3) car c’est là que Dieu nous parle…


Ce n’est que dans le dénuement que reviendra notre soif, que nous pourrons être attentifs aux petits, à ceux qui crient..  quittez vos vêtements de fête, dit le Seigneur en Ex 33 juste après l’épisode du veau d’or… nos apparats et nos apparences ne sont que des manières de masquer cette nudité première de l’homme qui seule nous met en chemin, sans honte vers autrui… laissons nos sandales de rechange, abandonnons nos ors inutiles, la maison de Dieu est une tente bien fragile où Dieu quitte son vêtement pour s’agenouiller devant les souffrants(4), les petits et les pécheurs, pour les amener à l’essentiel… l’amour inconditionnel…

Tout quitter pour le suivre…

Quand on n’a pas tout donné a-t-on donné ? 

dit l’adage. Un chemin difficile…

Le poverollo avait bien raison…

Notre maison est à reconstruire, une fois encore… 

Chacune des recommandations du rapport Sauvé mérite toute notre attention. J’en ajouterai une. Cessons d’appeler maître, ou « mon Seigneur » ceux qui ne sont que des hommes. 


La semaine dernière nous entendions le Christ mettre l’enfant au centre.

C’est à pleurer…


(1) Joseph Moingt, L’homme qui venait de Dieu, Cerf, 1995, Ed° de 2002, Cogitatio Fidéi n° 176, p.546ss

« Quiconque contemple en Jésus l'humanité victime de ses manipulations du divin au point de s'entretuer, se sentant solidairement coupable de cet état de choses et impuissant à s'en libérer, est invité à y écouter le silence du Dieu qui parle en Jésus et à y découvrir l'inconnu d'un Dieu tout différent de ses images, plein d'amour et de respect pour les hommes, qui les appelle à l'aimer et à le respecter par le respect et l'amour les uns des autres, à exister pour les autres comme pour Dieu même. »

(2) Jean Luc Marion, d’ailleurs la Révélation 

(3) cf. mon essai Chemins du désert 

(4) cf. à genoux devant l’homme


PS : Notes pour une homélie dominicale que j’ai eu bien du mal à prononcer

07 octobre 2021

Souffrance et Crucifixion - 8

Où es-tu mon Dieu ?

Une question d’actualité à propos de ce rapport affligeant où les mots nous manquent.

Au delà de la désespérance et de la honte et après un temps de silence, il nous faut chercher la lumière, la seule, celle du Christ nu et exposé qui démonte tous les masques et les volontés de puissance.

Parce que nous restons sans voix, il faut peut-être refaire le chemin de nos pères, comme celui de Jurgen Moltmann, l’auteur du « Dieu crucifié » : « Est-ce que beaucoup ont perdu leur confiance en Dieu après ce crime et le silence du ciel ? » demandait Moltmann dans une conférence à Paris il y’a quelques années à propos d’Auschwitz. Sa réponse est édifiante. 

« Je trouvai de l’aide dans le livre d’Élie Wiesel sur ses expériences à Auschwitz, intitulé Nuit ». Relisons le texte : « Trois condamnés enchainés – et parmi eux, le petit serviteur [pipel], l’ange aux yeux tristes. [...] Tous les yeux étaient fixés sur l’enfant. Il était livide, presque calme, se mordant les lèvres. L’ombre de la potence le recouvrait. [...] Les trois cous furent introduits en même temps dans les nœuds coulants. Vive la liberté ! crièrent les deux adultes. Le petit, lui, se taisait.

Où est le Bon Dieu, où est-il ? demande quelqu’un derrière moi. Sur un signe du chef de camp, les trois chaises basculèrent. [...] Les deux adultes ne vivaient plus. Leur langue pendait, grossie, bleutée. Mais la troisième corde n’était pas immobile : si léger, l’enfant vivait encore. [...] Derrière moi, j’entendis le même homme demander : « Où donc est Dieu ? Et je sentais en moi une voix qui lui répondait : Où il est ? Le voici – il est pendu ici, à cette potence .... »


Moltmann reprend ainsi : « Est-ce que c’est une réponse ? Dieu souffrit-il avec les victimes d’Auschwitz ? Est-ce que Dieu n’était pas […] présent dans les chambres à gaz ? Est-ce que Dieu était pendu là au gibet ? J’eus l’impression que toute autre réponse serait hors de propos. Il ne peut pas y avoir d’autres réponses. Parler à ce moment-là d’un Dieu incapable de souffrir, cela ferait de Dieu un démon. Parler d’un Dieu indifférent nous rendrait indifférents, nous aussi. Renier Dieu et se tourner vers l’athéisme réduirait au silence le cri des victimes. On priait le Shema d’Israël et le Notre Père à Auschwitz, on peut donc prier Dieu après Auschwitz. Dieu était dans leurs prières(1).  »


On peut déboulonner les statues, mais ne déboulonnons pas notre espérance.


Dans ma thèse sur l’incompréhensible souffrance humaine (2) je cherche à tracer un chemin fragile. Peut-on en trouver un aujourd’hui quand la souffrance de 5 millions de victimes d’abus est évoquée ? Et surtout quand plus de 330.000 le sont par ceux qui ont fait voeux d’imiter le Christ ?


Le rapport de la CIASE met en haut d’une perche le mal humain dans son horreur la plus rude. Il nous faut voir ce que disait Jean 3 à propos de cet épisode au désert de Nb 11. :


« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.

Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »


Notre seule espérance c’est de croire que Dieu n’est pas dans le for externe d’une toute puissance affichée, mais dans la toute faiblesse d’un enfant abusé. 


Notre seule espérance est que Dieu est amour…


Dieu souffre triplement disait, à sa manière Hans Urs von Balthasar, comme un Père qui voit souffrir son Fils, comme un Fils déchiré sur le bois, et comme l’Esprit qui pleure de nos refus d’aimer (3)


À la suite d’une conférence donnée à Zagreb un ami m’a conduit dans une Église dont j’ignore le nom. Sur un mur figure des milliers de victimes de leur guerre fratricide et un peu en hauteur, une barque traversée en son milieu par une ligne blanche. Cette barque représente notre Église disait mon ami. Le mal est dans notre barque. Nous venons ici pour nous rappeler que nous sommes tous embarqués dans cette triste galère.


Seigneur pardon…

Tu es là.

Qu’ai-je fait ? 


(1) Elie Wiesel, Nuit, Paris, Éditions de Minuit, 1957, cité par J. Moltmann dans sa conférence de Mars 2010 à l'Église américaine de Paris, texte inédit.

Cf. Aussi Emmanuel Lévinas, « Transcendance et Mal », Dieu qui vient à l’idée, Paris, Vrin, 1982, texte repris dans Philippe Nemo, op. cit. Job et l’excès du mal, Paris, Albin

(2) Quelle espérance pour l'homme souffrant. https://www.fnac.com/livre-numerique/a14819046/Claude-J-Heriard-Quelle-esperance-pour-l-homme-souffrant

(3) Hans Urs von Balthasar, Théologique II, Namur, Éditions Culture et Vérité, 1996, série «Ouvertures», p. 156. Voir aussi J-M. Garrigues, op. cit. p. 107 citant Osée 11, 8 »

03 octobre 2021

L’humour et la danse - 7

Quand Dieu a rêvé que le mariage de l’homme et de la femme puisse être l’image de son alliance pour l’homme, il devait avoir un sacré humour.

C’est en tout cas ce que je peux conclure alors que mon couple s’apprête à fêter le 25 ses 35 ans de mariage, et recevoir en prime tout à l’heure la bénédiction de mon évêque… (*). 

De l’humour car l’aventure est bien cocasse que cette longue vie partagée avec ce vis-à-vis si différent de moi et qui pourtant me comble autant qu’il m’énerve parfois (soyons honnête). 

Dans la version de Marc que nous contemplons aujourd’hui, se trouve caché plus loin ce verset que j’aime citer : « Jésus les regarda et leur dit: «C'est impossible aux hommes, mais non à Dieu, car tout est possible à Dieu.» Marc‬ ‭10:27‬ ‭

L’aventure de l’indissolubilité est elle impossible à l’homme et possible en Dieu ? 

Ce serait croire à la grâce du sacrement, un acte de foi fragile, auquel je n’ose prétendre…


Un pas de danse

Et pourtant, je dois avouer qu’il y a dans la magie d’une rencontre une danse particulière qui n’est pas que la beauté de cet « une seule chair » qui nous unit parfois, mais bien cette dimension symphonique du mot hébreu « basar » que je souligne souvent. Malgré nos différences se jouent une musique où Dieu s’invite parfois, une danse subtile et sublime. 

Dans un de mes livres sur le mariage (1) j’évoque cette dimension triple d’une seule chair avec ces mots que je ne renie pas, même si la barre est bien haute : 


« L'homme peut devenir image quand quittant son égoïsme, il parvient à ne faire qu'une seule "chair" au sens symphonique, c'est-à-dire en atteignant la plénitude d'un "je te reçois et je me donne à toi". Il atteint une communion véritable dans un échange dont "il n'a pas honte". Il s’agit en effet de monter graduellement vers ce qui au fond de nous est "le saint, ou la partie intérieure du tabernacle (…) l'image de la “bienheureuse Trinité (2) rejoignant ainsi le dessein naturel de Dieu sur l'homme. L'homme a reçu en lui une étincelle de l'invisible, une lueur de Dieu. Avec l’aide de la foi et grâce à l'Esprit Saint qui habite en chacun, ce germe d'amour porté au fond de soi, le couple peut devenir plus qu'un simple miroir. Il peut s'orienter pour tendre à devenir, non plus une image blessée par le péché mais une véritable image de l'amour de Dieu, pour tendre à une communion véritable, une représentation véritable de la gloire et de l'amour de Dieu. Cette direction consiste en l'imitation du Christ, qui lui seul est l'image véritable : « Nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur,… »… 


Je vous fait grâce de la suite…

La symphonie du couple va jusqu’à donner parfois chair autre - qu’il faudra accueillir et laisser partir - voire même à participer au Corps….

Mais l’erreur serait de croire que seul le couple marié reflète cela. Ce qui est de l’ordre d’une dynamique sacramentelle (3) ne se limite pas à l’expression particulière d’un homme et d’une femme mais à cette image bien fragile de ceux qui tentent d’entrer dans la danse, qu’ils soient célibataires ou témoins d’un amour fragile, et surtout membres du corps du Christ que nous formons ensemble dans ce que notre pape François appele un grand polyèdre (4). 


Les pierres vivantes de l’Église sont bien fragiles et le rapport à venir mardi montrera les ombres de nos cathédrales, mais je me plais à croire qu’au-delà de ces tristes voires odieuses réalités, l’Église est appelée à signifier que nous sommes tous attendus dans la danse des anges… 


Humour de Dieu donc…

Humour noir ?

Il doit rire jaune parfois en regrettant d’avoir confié à l’homme cette lourde tâche d’être image de son amour.


Prions pour ceux qui se déchirent et ont du mal à se relever.

Prions pour les blessés et les victimes de cette folie humaine qu’est la violence sur autrui.

Prions pour l’Église. 


J’ai joué de la flûte sur la place du marché et vous n’avez pas dansé…


* deux évêques visitent ce week-end ma pauvre paroisse située à cheval sur 2 diocèses à l’occasion de notre fête paroissiale et l’un d’eux bénira 6 couples dont le mien… 😉


 (1) Aimer pour la vie, Essai de spiritualité conjugale cf. https://kobo.com/fr-FR/ebook/aimer-pour-la-vie

(2) “Saint Bonaventure, Itinéraire de l'esprit vers Dieu, Chap III, I.

(3) cf. mon livre éponyme 

(4) utilisation fréquente, cf. notamment AL §4

02 octobre 2021

Présence et danse - 6

Dieu s’invite-t-il à notre table ? 

Je complète ici une réflexion sur Réflexion théologique car elle mérite d’être poursuivie. 

Nous attachons, non sans raison, une importance particulière aux sacrements, qui ont une place privilégiée dans l’Eglise, en faisant passer le jeune baptisé par des étapes d’initiation qui le rende de passif à acteur et « passeur » (1) confirmé. 

Il faut pour moi néanmoins distinguer la construction rituelle, théologique et sacramentelle de l’Église qui garantit conceptuellement une Présence réelle en dépit de la nature du célébrant (ie qu’il soit un  prêtre imbecile ou pas - comme le précise Ratzinger dans un de ses livres) (2) d’un acte non sacramentel mais chargé de sens, qui ne garantit rien, mais reste ouvert à cette insaisissable grâce de la présence. 

À partir de cette distinction se pose deux questions : 


1) est-ce que l’eucharistie valablement célébrée pour un catholique va se traduire par une conversion intérieure et réaliste du récipiendaire (c’est-à-dire la présence réelle au. Récipiendaires, quelque qu’il soit,  bourreau argentin ou nazi qui communie. Sera t il habité/touché et converti par l’amour qui vient le visiter ?)


2) est-ce qu’une célébration non catholique, qu’elle soit une cène protestante, une « ecclesiola domestique » (3) ou une messe sur le toit du monde à la Teilhard, est une récupération et un détournement du sens profond visé par le Christ en instituant le « faire mémoire » ? 


Entre ces deux visions volontairement poussées à l’extrême, le Christ qui est don, trouve probablement sa place, insaisissable, qui relève de l’inhabitation toute intérieure (4) chez l’homme d’un Dieu qui veut danser avec tout homme et y faire sa demeure, comme chez un Zachée pour le rendre aimant… Zachée n’était ni baptisé ni confirmé 😉 et pourtant le Christ est venu chez lui, tout voleur qu’il était, et a transformé sa vie..


« À toute chair, il donne le pain,

éternel est son amour ! » (Ps 135, 25)


Lévinas disait, dans « Difficile liberté », que le monde serait lumineux quand les chrétiens arrêteront de croire qu’ils détiennent seuls la lumière (5). 

Ce qui va s’annoncer le 5/10 va faire s’effondrer nos temples… 


Nos constructions humaines sont bien fragiles et il va nous falloir prouver plus que jamais que nous sommes les pierres vivantes d’une Église universelle et en même temps que nous croyons qu’hors de l’Église le salut peut trouver sa place, fragile, dans ce que Justin appelait les « semences du Verbe ». Une expression probablement reprise par Congar dans Gaudium et Spes et que Hans Urs von Balthasar complète utilement en parlant des semences de l’Esprit.(6)


Nos rites sont limités.

Nos hiérarchies sont fragiles.

Nos sacrements, disait Moingt, réduise la dynamique réelle du christianisme. Il insistait même pour souligner que le lavement des pieds « en actes » (7) dépassent les 7 sacrements car il est le cœur de la diaconie de l’Église. L’Église est amour ou n’est pas (8)

À la suite de Theobald, j’ai longuement montré dans « Dynamique sacramentelle » (9) qu’il est urgent de dépasser cette cristallisation rituelle pour ouvrir et rejoindre le monde dans ce qui fait de lui le signe d’une présence.

Le couple modèle de l’alliance que nous célébrons dimanche est un chemin, soutenu par le cadre fécond du Sacrement de mariage, mais un couple de remariés, des célibataires peuvent être parfois un signe plus lumineux que l’Amour est grand et dépasse les frontières de nos églises (10).


(1) allusion au livre de Ph. Bacq & Chr. Theobald (dir.), Une nouvelle chance pour l'Évangile. Vers une pastorale d'engendrement (coll. Théologies pratiques). 2004 et Passeurs d’engendrement, de 2008.

(2) Les principes de la théologie catholique

(3) je fais allusion à une célébration familiale évoquée par Bruno Amel sur RT

(4) voir sur ce point la thèse de Rahner dans le TFT

(5) je cite de mémoire 

(6) dans la fin de sa trilogie 

(7) c’est-à-dire pas le mime du jeudi saint mais la diaconie d’un agenouillement devant l’homme (cf. mon livre éponyme). 

(8) cf, cette Église que je cherche à aimer

(9) téléchargement libre sur Fnac.com

(10) voir aussi, au même endroit mon roman « Le désir brisé » 

Voir aussi, sur ce même thème : Tressaillement et danse https://www.facebook.com/groups/reflexiongh/permalink/4710458732361907/