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20 juillet 2020

Kénose de l’Eglise - dépouillement 23

La sainteté de l’Église est plus que jamais en question.
Comment y rester fidèle après les révélations récentes ?
Pourquoi et comment évoquer encore le mot de sainteté ?
Quelles sont les pistes d’une réforme ?
Peut on parler d’une nécessaire kénose de l’Église au sens d’un dépouillement salutaire...
Comment interpréter l’incendie de nos cathédrales, la désertion des fidèles...
Autant de sujets brûlants qui nécessitent une prise de hauteur.
Le livre suivant, écrit à partir de 2010, dans la foulée de celui du Père Vidal « Cette église que je cherche à comprendre » ne perd pas sa pertinence.
Reprenant les analyses de J. Moltmann, de H de Lubac ou Y. Congar, il trace aussi un chemin très personnel en tension entre contemplation et révolte.
Il est maintenant disponible gratuitement sous ce lien chez Fnac.com et kobo au format ePub :


La liste des 13 ouvrages déjà mis en ligne gratuitement est disponible plus bas ou sous ce lien...


« De même donc que le Seigneur n'a rien fait, ni par lui-même ni par ses Apôtres, sans son Père, avec qui il ne fait qu'un, ainsi vous-mêmes ne faites rien sans l'évêque et les presbytres. N'essayez pas de donner une apparence de raison à vos activités privées, mais faites tout en commun : une seule prière, une seule supplication, un seul esprit, une seule espérance dans la charité, dans la joie irréprochable ; un seul Jésus Christ, qui est au-dessus de tout. Concourez tous à former comme un seul temple de Dieu, autour d'un seul autel, en l'unique Jésus Christ, qui est sorti du Père unique, qui était auprès du Père unique, et qui est retourné à lui ». (1)

(1) saint Ignace d’Antioche, lettre aux Magnésiens, source : office des lectures de la 16 semaine 

07 février 2020

Créé pour aimer - Claudel et Lubac - 53

« C'est la fin qui est première et qui convoque et recrute les moyens » (1) disait Paul Claudel, renforçant cette thèse que je travaille de pédagogie divine. Dieu nous introduit progressivement à sa gloire, tissant en nous le désir de le suivre.

Pour paraphraser Henri de Lubac, c'est Dieu « qui suscite la nature avant de la mettre en demeure de l'accueillir »(2), de le désirer et de l'aimer en allant jusqu'à cette ressemblance qu’il vise en façonnant à l’image de ce qu’il espère de nous : le sacrement de l’amour qui le résume..

Pour traduire ce que Rahner appelle l'auto-communication, Dieu se fait proche , petit, faible pour que « connaissance et liberté » (...) soit aussi lieu « de proximité et d'immédiateté » (3).

Peut-être touche t-on à ce que j'appelle la danse trinitaire(4), par essence humble (kénotique) ? Au sommet de sa lente pédagogie, Dieu s’est fait homme pour nous conduire à l’amour.

« Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu et l’endurance du Christ » (2Th 3. 5)


(1) Paul Claudel, Introduction au livre de Ruth, DDB, Paris 1940 p. 35
(2) Henri de Lubac, Le mystère du surnaturel, Aubier, Paris, 1965, p.128
(3) Karl Rahner. Traité fondamental de la foi p. 154, cité par Bernard Sesboué, L'homme, merveille de Dieu, Paris, Salvator, 2015 p. 124
(4) cf, Sur les pas de Jean (reprise de À genoux devant l’homme).

15 novembre 2017

Immanence et transcendance

Le sujet lancé par Maurice Blondel en 1893 dans "L'action", un livre condamné à l'époque et dont on vient de me prêter un exemplaire n'est-il pas au coeur des tensions actuelles décrites par Théobald en début de son livre. Si l'homme est "capax dei" quelle place à la grâce ? Le chemin ouvert par Blondel a influencé beaucoup de recherche et il faut attendre Lubac et Rahner pour que les choses se tassent. Pour autant cette tension théologique mérite un détour. 

Quel est l'enjeu ?
Je ne maitirise pas ces sujets. Pour moi le concept d'immanence est une reprise de ce que sous entendait Justin (logos spermatikos) et Diadoque de Photicé ? N'est ce pas ce que suggère aussi Nostra Aetate : l'homme a en soi la capacité de trouver Dieu, il a en lui des rayons de la vérité.  De quel droit ? N'est ce pas au nom du souffle divin évoqué en Gn 1. La transcendance n'ajoute rien d'autre.  Elle fait entrer en résonance.  Entre vie et sacrements,  l'enjeu est la danse. À contempler et approfondir.

06 juin 2017

Une tradition dynamique

"Cette Tradition qui vient des apôtres se poursuit dans l'Église sous l'assistance du Saint-Esprit : en effet, la perception des choses aussi bien que des paroles transmises s'accroît" DV8.

"Selon cette définition, précise John W. O'Malley, la tradition n'est pas inerte, mais dynamique" (1).

Je m'amuse à retrouver chez l'Américain cette expression qui est l'une de mes préférés dans mon essai sur la dynamique sacramentelle. Elle est l'enjeu pour moi d'une remise en question pastorale des conditions d'inculturation de la foi, non pour sombrer dans un relativisme tiède, mais parce qu'un travail à la périphérie nécessite une souplesse qui permet de rejoindre au plus près ceux qui n'ont plus accès à la source, à l'image de Celui qui mangeait avec les prostituées et les pécheurs.

Mais l'enjeu n'est pas pour autant de changer pour changer, mais bien un retour aux sources évangéliques, à ce qui fait le coeur de notre agir chrétien, un mouvement qui est proche de ce ressourcement prôné par Congar et Lubac (2)

(1) John W. O'Malley, Vatican II, p. 61
(2) ibid. p. 66

03 novembre 2016

Trois lectures de l'Écriture - Saint Jérôme

"La science de la loi de Dieu, nul ne peut la recevoir si elle ne lui a été donnée par le Père des lumières qui illumine tout homme venant en ce monde". Jérôme continue plus loin en précisant : "Une triple manière nous est chère pour exposer les Écritures. La première est de les comprendre selon le sens historique, la seconde selon la tropologie [sens éthique], la troisième selon l'intelligence spirituelle". (1) Dans le dernier niveau, il ajoute que "la méditation de la vie courante devient ainsi la figure du bonheur futur". Henri de Lubac, dans ses exégèses médiévales parlera, sur la base d'autres Pères de l'Église de quatre sens. Il distingue la lecture spirituelle de la téléologique qui sont contenues, de fait, dans ce troisième point. Personnellement je travaille notamment à la croisée de ces deux points. Mes 8 tomes de lectures pastorales cherchent pour l'instant à réveiller dans l'aujourd'hui de nos vies, les pas de Dieu vers nous. Les 4 sens sont présents mais ce qui prime, c'est le chemin du Verbe jusqu'au coeur.

(1) Saint Jérôme, Lettre 120 à la veuve Hédypia, cité in Claude Ollivier, Jérôme, Paris, Éditions Ouvrières, 1993, p. 101.

14 avril 2016

Syntonie et Trinité

Lire chez Teilhard que "l'instant du don total coïnciderait  alors avec la rencontre divine" (1), n'est-ce pas rejoindre cette dimension trinitaire du mariage évoquée par le pape François dans la joie de l'amour (2).

C'est ce que j'appelle la symphonie conjugale où l'homme et la femme mettent tout en oeuvre pour conjuguer leurs "instruments de musique" dans une quête qui peut devenir, comme le suggère Jean Paul II une liturgie, c'est à dire que leurs dons s'oublient dans une chair‎ unique (Gn 2) qui les dépassent, véritable fécondité à laquelle ils sont appelés.

Car cette chair unique visée par Gn 2 n'est-ce pas in fine le grand Corps du Christ . "La vraie union est celle qui simplifie, c'est à dire qui spiritualise... la vraie fécondité est celle qui associe les êtres dans la génération de l'Esprit". (3)

Teilhard le dira plus tard : " vous ne serez heureux (...) que si vos deux vies se rencontrent et se propagent, aventureuse ment penchés vers l'avenir dans la passion d'un plus grand que vous" (4)

(1) op. Cit p. 89 Cité par Christophe Gripon, p. 159ss
(2) AL n. 11
(3) Teilhard, Eternel féminin, p. 258
(4) Henri de Lubac,‎ L'éternel féminin, p. 72

23 décembre 2015

Le Verbe s'est fait chair

"Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous". En ces derniers temps de l'avent il nous faut contempler l'immensité de ce qui se joue dans cette phrase de Jn 1 que l'on peut mettre en écho avec cette traduction particulière d'Exode 3 : " Je serai qui je serai". Si notre regard se porte depuis le commencement jusqu'au Royaume à venir, nous percevons ce buisson ardent donné à l'homme : un feu déposé en nous, qui nous brûle sans nous consommer, qui nous réchauffe sans nous perdre, qui éveille notre désir sans nous contraindre. Le Verbe s'est fait chair. A quel prix ? Son humilité et sa miséricorde nous emporte sur un chemin non désiré par notre être attaché au monde, mais tant désiré par ce qui élève en nous la vérité et la vie. Depuis l'incarnation dans la beauté du monde, première trace du Verbe, jusqu'à la venue de l'enfant et le don du Fils de l'homme, se révèle en nous l'immensité de ce pain partagé, rompu pour un monde nouveau.
A cela s'ajoute le cri, qui jaillit depuis Gn 3, 9, cette invitation qui résonne dans nos vallées. Où es-tu‎ ? J'ai besoin de toi pour être corps, non pas morceau mais membre de l'Église vivante, comme le précise de Lubac. (1)

Cf. Jacques Loew op. Cit p. 168ss

13 septembre 2015

Signes et miracles - Cohérence 2


"Pour le croyant qui se tient au centre (1), les miracles du Christ ne sont pas d'abord ce qui rend subjectivement la foi plus facile (car il en a à peine besoin), mais le rayonnement, sur le domaine sensible, de la gloire divine déjà vue spirituellement" (2).

Là encore la finesse de l'analyse de Balthasar nous conduit dans l'axe de ce que nous contemplons dans ce qu'il appelle (à la suite de nombreux exégètes) la "théologie des signes" chez Jean.

Depuis Cana, la guérison du fils, le relèvement (même mot grec que résurrection) du malade de Bethesda , Jean nous conduit en effet à la contemplation de la Passion et de la résurrection...

Toute la vie de Jésus est alors symboliquement organisée vers la révélation du Père. On retrouve ce que je notais plus haut à propos de la cohérence sacramentelle...

Saint Augustin l'exprimait ainsi : "ce que notre Seigneur a fait corporellement, il voulait le savoir compris spirituellement. Il n'acomplissait‎ pas de miracles pour le plaisir d'en faire, mais afin que le fait accompli apparaisse à ceux qui le voyait comme merveilleux, à ceux qui le comprenaient comme vrai. (....) celui qui ne sait pas lire (...) admire la beauté des lettres, mais ce que les lettres veulent dire, il ne sait pas. (...) un autre, au contraire, célèbre l'oeuvre d'art et en comprend le sens (...) c'est de tels disciples que nous devons être à l'école du Christ (3)

On perçoit, à la différence des balbutiements de l'analyse historico-critique que nous avons commenté chez John P. Meier (4), qu'il y a là ce que Jean de Lubac appelle véritablement une lecture spirituelle (5)‎ rejoignant l'esthétique de la gloire que cherche à démontrer Balthasar.

‎(1) cf. le livre éponyme de Balthasar : retour au centre
(2) Hans Urs von Balthasar, GC1 p. 172
(3) Serm. 98, 3 (PL. 38. 592), cité ibid
(4) cf par ailleurs nos travaux sur John P. Meier, Un certain juif...
(5) Henri de Lubac, Exégèse Médiévale, Les quatre sens de l'Écriture. 1, Cerf, DDB, 1993, p. 110ss



09 novembre 2014

Service et édification - Christ serviteur


La diaconie est aussi une manière d'entrer dans l'édification du "temple"

A cet égard, Ephésiens 2 nous invitent à la méditation :
"Vous n'êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu, car vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondations les Apôtres et les prophètes ; et la pierre angulaire, c'est le Christ Jésus lui-même. En lui, toute la construction s'élève harmonieusement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. En lui, vous êtes, vous aussi, des éléments de la construction pour devenir par l'Esprit Saint la demeure de Dieu"  (Ep 2, 19-22)

De même, la liturgie nous fait entrer dans cette contemplation  :

Jésus Christ, pierre angulaire
Méprisée des bâtisseurs,
Mais unique aux yeux du Père,
Nous chantons notre bonheur
D'être, en toi, pierres vivantes
Édifiées dans ta maison :
Mystérieuse communion,
Que l'amour fonde et cimente.

De ces vies que la souffrance
A taillées et martelées,
De ces pierres où l'espérance
A gravé sa nouveauté,
Tu construis le sanctuaire,
Où réside l'Esprit Saint,
Et l'Église est le témoin
Du salut pour notre terre.

Jésus Christ, pierre de faite,
Où convergent à l'infini
Et s'embrassent tous les êtres,
Que déjà l'amour unit,
L'Esprit Saint à ta louange
De ces pierres tire un chant
Qui jaillit secrètement
Et s'accorde aux voix des anges.

Le texte de saint Césaire d'Arles (1) va aussi dans ce sens :

"Tous, frères très chers avant le baptême, nous avons été des temples du diable ; après le baptême, nous sommes devenus des temples de Dieu ; et si nous réfléchissons attentivement au salut de notre âme, nous savons que nous sommes le temple véritable et vivant de Dieu. Dieu n'habite pas seulement dans des temples faits de la main de l'homme, ni dans une demeure de bois et de pierres, mais principalement dans l'âme créée à l'image de Dieu, par la main du Créateur lui-même. C'est ainsi que saint Paul a dit : Le temple de Dieu est saint, et ce temple, c'est vous."  (2)


Ajoutons,  à ce commentaire, les textes que proposent la liturgie pour la fête de la Dédicace de la basilique du Latran.

Livre d'Ézéchiel 47,1-2.8-9.12.

Au cours d'une vision reçue du Seigneur, l'homme qui me guidait me fit revenir à l'entrée du Temple, et voici : sous le seuil du Temple, de l'eau jaillissait en direction de l'orient, puisque la façade du Temple était du côté de l'orient. L'eau descendait du côté droit de la façade du Temple, et passait au sud de l'autel.
L'homme me fit sortir par la porte du nord et me fit faire le tour par l'extérieur, jusqu'à la porte qui regarde vers l'orient, et là encore l'eau coulait du côté droit.
Il me dit : « Cette eau coule vers la région de l'orient, elle descend dans la vallée du Jourdain, et se déverse dans la mer Morte, dont elle assainit les eaux.
En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner. Le poisson sera très abondant, car cette eau assainit tout ce qu'elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent.
Au bord du torrent, sur les deux rives, toutes sortes d'arbres fruitiers pousseront ; leur feuillage ne se flétrira pas et leurs fruits ne manqueront pas. Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. "

Le psaume 46 évoqué le même jour nous invite aussi a percevoir que dans cette course, Dieu est pour nous "refuge et force, secours dans la détresse, toujours offert." Il continue d'ailleurs en ajoutant cette belle image vue chez Ézéchiel

"Fleuve, ses bras réjouissent la ville de Dieu,
la plus sainte des demeures du Très-Haut.
Dieu s'y tient : elle est inébranlable ;
quand renaît le matin, Dieu la secourt.

Il est avec nous, le Seigneur de l'univers ;
citadelle pour nous, le Dieu de Jacob !
Venez et voyez les actes du Seigneur,
Il détruit la guerre jusqu'au bout du monde."

C'est fort de ces deux textes que nous pouvons saisir l'enjeu "personnel" du récit tiré de l'Evangile.
On perçoit alors mieux l'enjeu de ce que de demande Paul.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 2,13-22.

Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem.
Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs.
Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs,
et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »
Ses disciples se rappelèrent cette parole de l'Écriture : L'amour de ta maison fera mon tourment.
Les Juifs l'interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? »
Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »
Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! »
Mais le Temple dont il parlait, c'était son corps.
Aussi, quand il ressuscita d'entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu'il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l'Écriture et à la parole que Jésus avait dite".

Nous pouvons en effet rester en dehors du conflit qui oppose le Christ aux marchands du temple.

Mais une lecture selon les "4 sens" (3)  nous éveillera peut être plus loin. Lorsque  que nous percevrons soudain que le conflit est aussi intérieur.  C'est en nous que Jésus veut chasser les marchands.

 Saint Augustin va aussi dans ce sens :

"Salomon, parce qu'il était prophète, a fait un temple de pierre et de bois…pour le Dieu vivant qui a fait le ciel et la terre, et dont la demeure est aux cieux… Pourquoi Dieu a-t-il demandé qu'un temple soit bâti ? Était-il privé de demeure ? Écoutez le discours d'Étienne, au moment de sa Passion : « Salomon, dit-il, lui construisit une maison, mais le Très-Haut n'habite pas les temples faits de main d'homme » (Ac 7,48). Pourquoi dès lors a-t-il bâti ou fait bâtir un temple ? Pour préfigurer le corps du Christ. Le premier temple n'était qu'une ombre (Col 2,17) : quand la lumière vient, l'ombre s'enfuit. Cherches-tu maintenant le temple construit par Salomon ? C'est une ruine que tu trouves. Pourquoi ce temple n'est-il que ruine ? Parce que la réalité qu'il annonçait s'est accomplie. Le vrai temple, le corps du Seigneur, est tombé aussi, mais il s'est relevé, et si bien relevé qu'il ne pourra jamais plus tomber…      Et nos corps à nous ? Ils sont membres du Christ. Écoutez saint Paul : « Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ ? » (1 Co 6,15) Lorsqu'il dit : « Vos corps sont les membres du Christ », qu'est-ce à dire, sinon que nos corps, joints à notre tête qui est le Christ (Col 1,18), font ensemble un temple unique, le temple de Dieu ? Avec le corps du Christ, nos corps sont ce temple… Laissez-vous construire dans l'unité, pour ne pas tomber en ruine en restant séparés." (4)


(1) Homélie de saint Césaire d'Arles pour l'anniversaire d'une dédicace
(2) 1 Corinthiens 3, 17
(3) Henri de Lubac, op. cit.
(4) Saint Augustin, Sermon Morin n°3, 4 ; PLS 2, 664 (trad. Solesmes, Lectionnaire, t. 3, p. 916 rev.)



27 octobre 2014

Les 3 sens liturgiques - Exégèse médiévale

Lubac note aussi chez Sicard de Crémone (1) les 3 sens de la liturgie :
- Le sens historique qui rappelle les faits‎ de l'alliance de Dieu et son peuple, 
- le sens mystique qui rappelle que le Christ est le temple de Dieu, 
- et le sens éthique qui fait de chaque homme un  temple de Dieu. Cette progression qui reprend à sa manière l'histoire de la révélation nous interpelle sur notre manière même de vivre la liturgie.
Elle ne peut exclure le sens anagogique de nos eucharisties : cette réconciliation en Christ que nos assemblées préparent. Plus encore, elle permet de comprendre le rôle même de nos rencontres : nous conduire sur cette marche qui deviendra la "danse des anges".

(1) Henri de Lubac, Op. Cit p. 155

26 octobre 2014

Les trois noces - Exégèse médiévale


‎A la suite de Richard de Saint Victor et Aelred de Rievaulx "qui distingue deux genre‎s de noces mystiques"(1) je me plais à contempler trois noces comme trois danses : celle du Christ "à genoux devant l'homme" (Jn 8 et 13), celle du Christ et de l'Eglise (Eph 5) et celle du monde en Dieu ( sens anagogique ou téléologique). Ces trois lectures de l'évangile, qui reprennent trois des quatre sens décrits par Henri de Lubac me semblent compatibles avec mon idée de danse trinitaire.

(1) Henri de Lubac, op. cit. p. 141

24 octobre 2014

Exégèse médiévale - Henri de Lubac, initiation de lecture

‎Mes vacances théologiques me permettent de replonger dans Lubac et les 4 tomes de son exégèse médiévale publiée chez Desclée de Brouwer à partir de 1993.

Comme à mon habitude, j'en commenterai quelques pépites (1).

Page 62 et suivantes, il nous emmène dans la théologie des premiers siècles ou Écriture et Tradition se mêle dans d'innombrables commentaires de l'Ecriture. Comme je ne fais pas mieux, je ne peux que noter que "la multiplicité des sens offerts par une Écriture, dont le sens ne peut être saisie, (...) [est légitime] "pourvue qu'en fin de compte elle visassent ‎le même objet" (...) [et soit conformes] "aux explications des saints pères" (2). C'est toute la difficulté...
On retrouve ce que l'on demande maintenant sous un triple crible : écriture, tradition et sens des fidèles, même si le dernier doit bien sûr être éclairés des deux autres....

(1) j'ai déjà cité plus haut un court extrait d'Origène
(2) Henri de Lubac, Exégèse médiévale, Desclée de Brouwer, 1993, op. Cit p. 63-64

13 octobre 2014

Suivre l'église

Malgré l'apparence ma fidélité à l'Eglise ne prend pas une tâche, même si bien sûr je me plais à souligner ses fragilités et ses avancées.
A ce titre, je ne renie pas cette sentence d'Origène : "Le vrai disciple de Jésus est celui qui entre dans sa maison (...) en pensant suivant l'Eglise, en vivant suivant l'Eglise" (1)

Entretien avec Héraclite (trad. J Scherer, 155), cité par de Jean de Lubac, in Exégèse médiévale, tome 1, Les quatre sens de l'écriture, Paris, DdB, 1993, p. 58

10 mars 2011

La Confession de Castel Gondolfo

Il n'est jamais trop tard. Après des années de lecture "sérieuse", je m'octroie une pause pour dévorer l'oeuvre de Pietro de Paoli. Après 38 ans curé de campagne et Dans la peau d'un évêque, que j'ai particulièrement apprécié, je viens de terminer La confession de Castel Gondolfo (*). Hasard du calendrier, je viens d'achever un devoir d'ecclésiologie sur "la sainteté de l'Eglise" chez J. Moltmann et H. Küng. Je reste donc au cœur du sujet.

Est-ce l'allusion trop directe à Benoît XVI qui me dérange ? J'ai lu avec intérêt le début du livre, trouvant dans les échanges et les réparties, à la fois de bonnes idées théologiques et une grande complaisance pour les thèses de Küng. Au delà des critiques faciles de notre pape, des lourdeurs de sa fonction, je trouve que parfois, ce discours est sans appel. Il s'agit d'un procès sans défense. Certes, notre homme à ses lourdeurs, mais peut-on aller jusque là ? Je suis déçu par la fin, alors que j'étais emballé par le début.

Je dois être pollué par la lecture parallèle d'un chef d'œuvre d'une autre trempe. Méditations sur l'Eglise d'Henri de Lubac. Ce livre écrit en 1953 est d'une autre volée. Il nous conduit sur les chemins de l'unité dans la diversité et en cela, il est plus dans le ton.

* Plon 2008