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23 mai 2020

Action et contemplation - les deux voies

Action et contemplation - les deux voies
Cela pourrait être une homélie sur Marthe et Marie, où la réponse à l'éternelle question de la préférence entre action et contemplation, régulier ou séculier, laïc ou clerc, mariage ou consécration.
Comme souvent le petit chercheur que je suis, bafouillant dans l'expression de l'invisible, s'efface devant la sagesse d'un Augustin que nous fait découvrir l'office des lectures du samedi qui suit l'ascension (1) : « L'Église connaît deux genres de vie qui lui ont été révélés et recommandés par Dieu. L'une de ces vies est dans la foi, l'autre dans la vision ; l'une pour le temps du voyage, l'autre pour la demeure d'éternité ; l'une dans le labeur, l'autre dans le repos ; l'une sur la route, l'autre dans la patrie ; l'une dans le travail de l'action, l'autre dans la récompense de la contemplation. ~

La première est symbolisée par l'Apôtre Pierre, la seconde par Jean. La première est en action jusqu'à la fin du monde, avec laquelle elle trouvera sa propre fin ; la seconde doit attendre son accomplissement après la fin de ce monde, mais dans le monde futur elle n'a pas de fin. C'est pourquoi il est dit à Pierre : Suis-moi, et au sujet de saint Jean : Si je veux qu'il reste jusqu'à ce que je vienne, est-ce ton affaire ? Mais toi, suis-moi. ~

Suis-moi en supportant les maux temporels, à mon imitation ; lui, qu'il reste jusqu'à ce que je vienne lui donner les biens éternels. Ce qui peut se dire plus clairement ainsi : Que l'action parfaite vienne à ma suite, modelée à l'exemple de ma passion ; que la contemplation, qui ne fait que commencer, reste jusqu'à ce que je vienne, pour obtenir son accomplissement lorsque je viendrai.

Suivre le Christ en allant jusqu'à la mort, c'est la plénitude de la patience ; rester jusqu'à ce que le Christ vienne, c'est la plénitude de science qui doit le faire connaître. Ici, on supporte les maux de ce monde sur la terre des mourants ; là on verra les biens du Seigneur sur la terre des vivants.

Lorsque le Seigneur dit : Je veux qu'il reste jusqu'à ce que je vienne, il ne faut pas l'entendre comme s'il avait dit « rester », au sens de rester en arrière ou de s'installer, mais au sens d'attendre. Car ce que saint Jean symbolise ne doit pas s'accomplir maintenant, mais quand le Christ reviendra. Au contraire ce que symbolise saint Pierre, à qui il est dit : Toi, suis-moi, ne parviendra à l'objet de son attente que s'il agit de maintenant. ~

Mais que personne ne sépare ces glorieux Apôtres. Tous deux se rejoignaient dans ce que Pierre symbolisait ; et en ce que Jean symbolisait, tous deux se rejoindraient plus tard. C'est symboliquement que l'un suivait et que l'autre restait. Par la foi, tous deux supportaient les maux présents de cette vie malheureuse, et tous deux attendaient les biens futurs de la béatitude.

Ce n'est pas eux seulement, c'est toute la sainte Église, l'épouse du Christ, qui agit ainsi : elle doit être délivrée de ces épreuves d'ici-bas, elle doit demeurer dans la félicité d'en haut. Pierre et Jean ont figuré ces deux vies, chacun pour l'une des deux. Mais en réalité, tous deux ont suivi la première, passagèrement, par la foi ; et tous deux jouiront de la seconde, éternellement, par la vision.

Puisque tous les saints appartiennent inséparablement au corps du Christ, afin de gouverner le vaisseau de la vie présente au milieu de tant d'orages, les clés du Royaume des cieux pour lier et délier les péchés ont été confiées à Pierre, le premier des Apôtres : et c'est encore à l'intention de tous les saints, pour qu'ils connaissent l'abri très paisible de la Vie la plus intime, que Jean l'Évangéliste a reposé sur la poitrine du Christ,

Ce n'est donc pas Pierre seul mais toute l'Église qui lie et délie les péchés ; et ce n'est pas Jean seul qui boit à la source qu'est la poitrine du Seigneur. Il a révélé par ses paroles que le Verbe, au commencement, était auprès de Dieu et était Dieu, et bien d'autres vérités sublimes sur la divinité du Christ, la Trinité et l'unité de toute la divinité. Ces vérités, qu'il doit contempler face à face dans le Royaume céleste, maintenant il doit les percevoir dans l'image confuse donnée par un miroir. Aussi est-ce le Seigneur lui-même qui répand sur toute la surface de la terre son Évangile pour que, chacun à la mesure de ses capacités, tous les croyants puissent y boire. »

Relisons bien ce que j'ai mis en italique. On trouve un thème repris par Congar dans sa théologie du laïcat. Il n'y pas de primauté au delà de ce que Jésus disait sur Marie de Béthanie (à contempler dans le contexte précis et daté d'une visite du Sauveur) : chacun à son chemin et sa voie, est part du polyèdre (2) de l'Église et pierres vivantes d'une cathédrale à construire. Le diacre n'est pas plus grand que le laïc ou l'évêque que la personne atteinte d'un handicap, chacun compte dans le mystère d'une église à construire.




(1) Augustin d'Hippone, commentaire sur l'Évangile de Jean, samedi de la sixième semaine de Pâques. Source AELF
(2) expression fréquente chez le pape François, cf. notamment QA §29

14 février 2020

Querida Amazonia - pape François


Un texte d'une grande richesse à découvrir sous ce lien : http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20200202_querida-amazonia.html
On y retrouve la spiritualité particulière du pape, sont attachement aux petits, à l'écologie au sens large, sa vision polyèdrique de l'Église (cf. le mot clé polyèdre dans ce blog) et sur une culture du dialogue.
Si son insistance sur le rôle du prêtre est déjà critiquée par ceux qui attendaient une disruption en faveur des diacres ou des hommes mariés, il faut peut-être méditer le chapitre sur l'inculturation de l'Eucharisrie et notamment le numéro 85 qui me semble caractéristique de l'ensemble de l'approche : « L'inculturation doit aussi se développer et se traduire dans une manière incarnée de mettre en œuvre l'organisation ecclésiale et la ministérialité. Si l'on inculture la spiritualité, si l'on inculture la sainteté, si l'on inculture même l'Évangile, comment ne pas penser à une inculturation de la manière dont les ministères ecclésiaux se structurent et se vivent ? La présence pastorale de l'Église en Amazonie est précaire, en partie à cause de l'immense extension territoriale, avec de nombreux lieux d'accès difficiles, une grande diversité culturelle, de sérieux problèmes sociaux, et avec l'option, propre à certains peuples, de s'isoler. Cela ne peut nous laisser indifférents et exige de l'Église une réponse spécifique et courageuse. »

Construisons cette réponse, non seulement pour l'Amazonie, mais pour toute l'Église qui a besoin que se poursuive l'élan de Gaudium et Spes et ce que j'appelle dans la lignée de Theobald la dynamique sacramentelle (1) qui ne se limite pas aux 7 sacrements mais fait entrer toute la communauté dans une marche salutaire et ecclésiale.

(1) cf. mon essai éponyme