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08 novembre 2016

Anselme et Bonaventure - Convergences

Une phrase de Bonaventure reprise dans le tome 2 de la Gloire et la Croix d'Hans Urs von Balthasar me fait entrer en contemplation : "la créature rendue bienheureuse par Dieu, elle qui ne saisit pas son bonheur, mais est saisie par lui" (1)
Le verbe saisir renvoie à Philippiens 3, mais nous retrouvons aussi cette distinction déjà notée chez Anselme entre un Dieu qui ne fait pas que venir en nous, mais nous tire toujours plus loin. Le bonheur ne peut être intérieur longtemps. S'il n'est pas communion sponsale ou surtout ecclésiale il est une cymbale qui résonne dans le vide (1 Cor 13). Le bonheur se conjugue avec le sens symphonique du "une seule chair" de Gn 2, 24 (2)

(1) Bonaventure citant Anselme in Hans Urs von Balthasar, GC2, p. 239
(2) cf. Lire l'Ancien Testament, tome 1, Genèse et Exode.

26 février 2015

Une rencontre - Jésus et la Samaritaine

Le Christ prend ici une attitude humble de quête intérieure. Il aurait pu se mettre en situation de hauteur et de jugement. Il aurait pu, en tant que juif, ne pas s'abaisser à parler à une samaritaine. Tout au contraire, il commence par lui demander à boire. Lui qui est habité par une source vive, commence par faire état de sa soif d'être humain, incarné. Ce texte est à relire sous le regard de notre chapitre 8 (cf. Tome 1). Il y a en effet dans l'attitude de Jésus quelque chose comme une "descente de tours" : Je ne juge pas d'abord l'autre du haut de ma divinité, mais je la rejoins dans sa soif de la sixième heure, celle où il fait le plus chaud et où personne ne vient en général puiser. Je ne l'agresse pas d'abord sur ses cinq maris mais je partage avec elle, en toute humilité, ma soif d'homme et je lui parle de sa soif intérieure, celle qu'elle n'a pu combler avec ses 6 amants.

Le chiffre six évoque d'ailleurs un manque, à l'inverse du chiffre sept qui est pour les juifs celui de la plénitude…Les commentateurs de l'évangile de Jean font également un parallèle entre la sixième heure et celle de la Croix, l'autre moment où retentira le même cri de Jésus : "J'ai soif". On peut y voir plus encore l'enjeu de cette soif d'humanité qui s'exprime dans cette demande de Jésus à la Samaritaine. Deux personnes se rencontrent, chacun en quête d'amour. La samaritaine qui n'a pu trouver dans ses six amants l'amour qu'elle recherche et Dieu, qui exprime sa soif d'un amour de l'homme
Alors peut commencer un véritable dialogue, un dialogue fait "de tendresse et de bonté, d'humilité, de douceur et de patience." Et cette rencontre qui évoque ensuite une eau vive pourra se lire en écho à la source d'eau et de sang qui jaillira ensuite du cœur de Jésus après sa mort, exprimant à quel point sa soif d'humanité qui l'a conduit jusqu'à la mort peut être chemin vers une source intarissable, celle de l'amour de Dieu qui s'exprime dans le don total du Fils, don qui devient signe de la voie fragile d'un amour véritable. La descente de tours qui s'opère à l'échelle d'une rencontre humaine devient ainsi signe, chemin d'une attitude fondamentale, d'un chemin d'amour que le Christ nous trace, pour notre couple, mais aussi pour l'humanité entière.

Source : Aimer pour la vie, essai de spiritualité conjugale, Bonheur dans le couple, tome  2, chapitre 9, maintenant disponible sur CreateSpace/Amazon