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15 juillet 2020

Dépouillement 18 - baptême du Christ (Matthieu 3, Mc 1, Luc 3)

 S'il y a un dépouillement à contempler, c'est peut-être celui du baptême du Christ. Le voici en effet qui s'avance, se met à nu pour se plonger dans l'eau du monde, se plonger dans le monde. Dénuement total (Kénose) que celui d'un Dieu qui accepte de plonger dans l'eau du Jourdain jusqu'à nous rejoindre dans ce qu'il y a de plus humain. Dénuement premier et symbolique de Celui qui a accepté de mourir à sa nature divine pour rejoindre notre humanité dans ces eaux usées, dans ces eaux de la mort, pour nous permettre de renaître dans l'Esprit (cf. Jn 3) jusqu'au déchirement des cieux...

Plongée jusqu'à l'homme, agenouillement sublime de celui qui préfigure l'agenouillement final qui le portera à la croix.

Il y a dans le déchirement du ciel, la même symbolique que le déchirement du voile du Temple (cf. Mc 15, 38) et le cri divin qui reconnaît dans le nouveau baptisé la filiation première « Celui ci est mon Fils bien aimé en qui j'ai mis tout mon amour » est celui qui annoncera la résurrection et résonne dans le « c'est pourquoi » de l'hymne au Philippiens (cf. 2, 12 sq).

Le baptême du Christ est le prélude symphonique de la Croix. Et la colombe qui étend ses ailes est la symbolique synoptique du jaillissement de l'eau et du sang qui inonde encore le monde de sa grâce.

Symphonie de l'Évangile que cette révélation multiple qui rime avec ce que nous perpétuons dans le baptême de nos enfants.

Entrer dans le Jourdain à la suite du Christ c'est accepter de venir laver ce qui nous empêche d'aimer, c'est renoncer à tout ce qui fait obstacle à notre vocation originelle, c'est nous laisser modeler dans la forme originale et nue de l'homme créé par Dieu et pour Dieu.

Se laisser baptiser à nouveau dans chacun des lavement des pieds que le Christ nous propose au travers du sacrement de la réconciliation c'est accepter de laisser laver « tout entier »(cf. Jn 13), nous séparer de ce qui nous retient par le péché à ce qu'il y a de plus humain pour rentrer enfin dans la danse symphonique de Dieu avec l'homme, pour rentrer dans la vie en Christ, dans l'Esprit.

Renaître est à ce prix...

PS : méditation à la suite de « la voix contagieuse », chapitre 4, de François Cassingena-Trévédy, op. cit.
Dans la foulée et en 17ème complément de mon livre « Dieu dépouillé »

16 décembre 2018

Luc 3 - Gaudete - Homélie du 16 décembre

Frères et sœurs, comme la semaine dernière, c'est le thème de la joie
qui domine dans les lectures et comme elles précèdent l'évangile, il me
semble important de s'y arrêter plus longuement.

Ce dimanche fait en effet une pause pour nous préparer à la visite de Dieu.
La couleur liturgique devrait être le rose. Et l’on appelle ce dimanche le « Gaudete » ( réjouissez vous). Cf. https://liturgie.catholique.fr/ressources/textes-des-papes/296665-benoit-xvi-signification-temps-avent/

Qu'est-ce que la joie de Noël ? Nous l'associons trop souvent à ce
qu'elle est devenue dans notre culture, poussée par une logique de
consommation et de cadeaux entre proches, en oubliant qu'il s'agit
d'autre chose.
Avant de répondre à la triple question de l'Evangile, Il nous faut
prendre le temps de contempler le projet de Dieu.

Contemplation
Si nous courons trop vite dans le faire, nous oublions en effet que tout
est grâce, que Dieu se fait don pour nous rendre amour. Notre faire
n'est pas un simple agir, il est habité en Dieu, il vient de Dieu, il
est participation au don de Dieu.

Notre réponse sera juste si elle ne « cherche pas son intérêt, si elle
prend patience », si elle est vraie et sincère.

Le vrai don est gratuit. Il est icône de ce que Dieu nous donne. Est-ce
ce que nous allons vivre à Noël un don gratuit ?

Je voudrais, à ce sujet vous demander de contempler ces trois bougies
maintenant allumées. Elles ne forment que trois étincelles fragiles,
signe d'un chemin que nous avons entamé il y a trois semaines. Le feu
qu'elle prépare est celui de l'amour venu de Dieu. Dieu vient nous visiter.


La crèche n'est que le début d'un feu plus vaste que Dieu veut allumer en nos coeurs. Le feu
de Dieu, le buisson ardent n'est autre que la Croix, il est celui de
l'amour reçu de Dieu, que nous avons à allumer sur terre. Que devons
nous faire ? Que ces bougies soient les prémisses de l'amour pour nos
frères !

L'enjeu c'est le brasier d'un amour qui nous porte et nous transforme.
Que devons nous faire ? Nous laisser embraser par l'amour qui nous
précède et nous emporte vers l'autre et vers Dieu.

2. Agir ?
Venons en à l'évangile qui nous pose trois fois la question.

Seul le silence, en nous, peut faire porter ces mots jusqu'au cœur. Que
devons-nous faire ?

Peut-être devons-nous, avant de répondre à la question, situer, dans un
premier temps, le contexte de Jean. Jean Baptiste vient du désert et
ceux qui le rejoignent on fait une partie du chemin avec lui. Le temps
du désert est un temps de purification du regard. Il nous conduit hors
des habitudes et du confort. Il ne s'agit pas de sacrifice au Temple,
comme ceux de son père Zacharie. Il nous ouvre à l'autre, à sa
souffrance. Il donne place au cœur. L'avent est un chemin de désert, un
premier jeûne. Quel est l'enjeu ? N'est-ce pas de contempler la manne,
la grâce reçue de Dieu et qu'on ne peut conserver longtemps, qu'il nous
faut transmettre au risque de tout perdre.
La réponse en effet n'est pas dans le seul faire, dans cette agitation
qui différencie les Marthe des Marie, mais dans la contemplation de ce
que Dieu souhaite réaliser véritablement en nous, à travers nous.

J'évoque le dialogue entre Marthe et Marie comme une porte d'entrée à
cette vocation qui nous attend.

Que devons-nous faire ?

Peut-être s'assoir, prier, écouter ce que Dieu veut nous dire dans le
silence.
Ensuite, dans un deuxième temps pouvons-nous mieux entendre et agir
selon les conseils de Jean Baptiste
« Celui qui a deux vêtements,
qu'il partage avec celui qui n'en a pas ;
et celui qui a de quoi manger,
qu'il fasse de même ! »
    « N'exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »
    « Ne faites violence à personne,
n'accusez personne à tort ;
et contentez-vous de votre solde. »

« Celui qui n'a pas la charité est comme une cymbale qui résonne » nous
dit Paul. Mais qu'est-ce que la Charité ? La Croix nous donne seule la
réponse. Elle est le lieu du don véritable. Elle est le chemin de notre
vie entière. Le Christ est le grand donateur, celui qui se donne et
s'efface.
Nous ne pouvons qu'entrer dans cette direction. C'est l'enjeu de ce feu
de l'amour sans retour qui se prépare et qui enflamme nos coeurs.

08 décembre 2018

Au fil de Luc 3, Aplanissez les chemins

               
Homélie du 2ème dimanche avent – Année C
Quelle est cette joie dont nous parle les deux lectures et le psaume ? Qu'est-ce qui peut mettre aujourd'hui notre cœur en joie alors que partout semble régner la tristesse, voire la révolte ?

La réponse, nous la connaissons au fond de nous. C'est celle qui va faire chanter les anges le jour de Noël. Mais pour que notre joie soit parfaite, il reste un grand chantier. Et les textes d'aujourd'hui ressemblent aussi un peu à un appel d'offre pour une entreprise de terrassement. On voit déjà les bulldozers, les camions qui se mettent en route pour aplanir la nouvelle autoroute. Sauf que la géographie de Luc n'est pas celle de notre vallée d'Avre. Elle est toute intérieure.
C'est dans ce sens que je vous invite à une méditation puis une contemplation : une méditation intérieure d'abord, pour trouver les moyens d'accueillir vraiment le Fils en nous, extérieure ensuite pour contempler le don qui nous attend.
  1.     Commençons par le chemin intérieur    
L'enjeu est ici de préparer les chemins du Seigneur, tracer en nous un sillon, de rendre possible la conversion du cœur qui se fait en nous.
Prenons donc le temps de visiter notre propre vallée intérieure, de noter ces escarpements funestes qui nous empêchent d'accueillir en nous le Seigneur. Ce serait présomptueux pour moi de dire ce qui empêche la rivière divine de couler du Temple vers vos cœurs assoiffés. Je sais, par contre, d'expérience qu'il faut peu de chose chez moi pour barrer le lit de la rivière. En ce temps de l'avent, notre chemin est là ! A nous d,accueillir l’eau vive, le don de Dieu, de creuser en nous, de désensabler nos sources. A nous de trouver ce qui fait barrage et de prendre notre pelle, de creuser nos ruisseaux intérieurs. C'est aujourd'hui que nous devons chercher la source qui nous vient de Dieu.
Prenons pour cela le temps de contempler les dons de Dieu puis de méditer en contrepoint ce qui nous éloigne de Dieu.  Laissons Dieu fissurer nos coeurs de pierre, abattre les cloisons de l'indifférence et préparer les chemins du Seigneur.
Une piste, si vous le permettez. l'Église nous donne un sacrement que nous oublions souvent. Celui de la réconciliation. N'avons-nous pas trop tendance à le réserver à l'exceptionnel ? Pour qu'une rivière garde son lit, il faut au contraire ne pas cesser de creuser, dégager les vases qui ralentissent le fleuve et lui font perdre sa force.
Allez ! Prenez rendez-vous avec le curé. Il vous attend parce qu'il porte en lui la miséricorde d'un Dieu amour. Il a pour mission de libérer en vous l'eau vive.
Chaque dimanche, au début de la messe, nous récitons aussi le "je confesse à Dieu". Les deux sont liés. Nous ne pouvons avancer vers le Christ, sans l'accueillir en étant conscient de nos faiblesse. Jésus se fait petit filet d’eau vive pour pénétrer par nos barrages étroits, à nous de les entrouvrir suffisamment.


2. La contemplation


Elle consiste à ouvrir nos coeurs au triple don de la Parole, du Corps et du Sang de Jésus. Notre vie intérieure se nourrit de sacrements : aller à la messe c'est participer à un triple repas.
La première table, c'est celle de la Parole. C'est une table, un festin. Cela demande de s'y préparer, d'avoir faim d'une rencontre, puis de la déguster, phrase après phrase.  Prenons le temps de l'écouter, de la ruminer.
La deuxième table, c'est le don du Corps. Nous portons notre travail à l'autel et Dieu vient l'habiter de son don. A nous de contempler ce don, de contempler la croix, le coeur transpercé du Christ qui vient abreuver le monde de son Amour. Le contempler pour mieux le recevoir en nous.
La troisième table, c'est le monde. Recevoir le Corps, c'est accepter de le porter en nous. Si nous avons creusé notre coeur, nous pouvons devenir porte-Christ.


J'insiste sur cette troisième partie. L'expression "porte-Christ, que l'on trouve dans les catéchèses des premiers siècles est une belle image. Il s'agit de porter le fruit reçu, au bout de notre quête vers le monde. Quand la source est dégagée, l'eau vive reçue de Dieu peut jaillir à travers nous et altérer ceux qui ont soif !
N'ayons pas peur…! Car au bout du voyage, la joie nous attend. Et cette joie mérite tous nos efforts.


Amen.

Homélie des 8 et 9/12/18 Vert en Drouais et Nonancourt