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09 février 2016

De l'humilité à l'Église

Si je suis bien les propos de Balthasar qui part du postulat que l'humanité du Christ est la voie principale, "l'accès ouvert vers le Père" (1), le processus d'expropriation de l'homme, de décentrement, trouve son aboutissement dans une humilité extrême qui conduit l'homme à "renoncer à sa nature individuelle au profit d'une anima ecclesiastica" (2), c'est à dire qu'il n'est plus rien qu'une âme vouée à plus grand que lui-même, cette Église des saints auquel il donne tout.

On entre ici en correspondance avec l'obéissance décrite chez Madeleine Delbrêl par B. Pitaud dans son petit complément à la lettre des Amis de Madeleine Delbrêl sur les prêtres ouvriers où il insiste sur cette fidélité malgré tout à l'Église en 1953, alors même que la crise fait rage. Cette obéissance est chemin, non parce qu'elle serait une forme de soumission aveugle mais bien parce que Madeleine a compris combien l'Église prime ici sur l'individuel.‎ "On ne fait rien de bon en dehors de l'Église. On ne peut annoncer Jésus-Christ que si l'on est soi-même greffé à son Corps".

(1) Hans Urs von Balthasar, La Gloire et la Croix, Apparition, tome 1, Cerf DDB, 1965-1985, (GC1) p. 212
(2) ibid p. 216
(3) Bernard Pitaud, Supplément n. 91 à la Lettre aux Amis de Madeleine Delbrêl, p. 11


23 novembre 2015

Alliance ou salut

Dans la foulée de ses propos sur apostolat et mission, Bern‎ard Pitaud poursuit sur la distinction de Madeleine entre alliance et salut. L'alliance (qui n'est pas à prendre au sens biblique) c'est finalement ne pas se contenter de côtoyer l'incroyant. Le salut, c'est lui ouvrir la porte de la miséricorde et l'accès au divin, qu'il rejette au non d'un "isme" quelconque (qu'il soit marxisme, laïscisme, rationalisme ou autre). 

(1) ibid p. 231

22 novembre 2015

Mission ou apostolat ?

Bernard Pitaud (1) insiste plus que ne l'avait fait Jacques Loew (2) sur la distinction chez Madeleine entre apostolat et mission. A son retour de Rome, il semblerait que Madeleine ait cherché à comprendre pourquoi Pie XII lui avait répété 3 fois ce terme d'apostolat qu'elle semble interpréter comme une urgence à annoncer "la gloire de Dieu"(1)
On pourrait gloser sur cette différence et sur le risque que la mission peut être donnée par soi et non donnée de Dieu. A la suite des propos de Ratzinger (3) sur l'importance du lien apostolique on pourrait aussi souligner que l'apostolat est affaire de prêtre. Mais l'apostolat des laïcs en ligne avec la "théologie du Laïcat" chez Congar n'est pas à prendre à la légère. Se faire témoin de la gloire de Dieu n'est pas annoncer naïvement son existence alors que la mort de Dieu est proclamée. C'est peut-être retrouver le chemin d'une théologie de la Croix où cette dernière est la plus manifeste. C'est aussi le culot de ne pas nier son existence, sans l'imposer, mais en le laissant habiter et transpirer en nous.

(1) Gilles François / Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl Poète, assistante sociale et mystique, Paris, Nouvelle Cité, 2015, p. 228
(2) in Nous autres gens des rues 
(3) Les principes de la théologie catholique

15 novembre 2015

Activisme et agir

Je découvre sous la plume de B. Pitaud cette distinction entre "agis et actifs". Il nous faut, dit-il " nous laisser agir par le Christ. Ou encore : il faut le laisser ‎agir en nous. Il y a au coeur de l'action du chrétien une passivité fondamentale, un abandon nécessaire au dynamisme de l'Esprit". Ce qu'il décrit à propos de Madeleine Delbrêl est pour lui au coeur de l'école française, inspiré par l'ouvrage d'Henri Brémond. Cette tradition sulpicienne rejoint ce que je travaille en ce moment sur le titre déjà esquissé ici de "Chemins d'humilité".
C'est rappelle-t-il aussi une vision très paulinienne et j'ajouterai très kénotique : "ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi" Gal. 2. 20

Gilles François / Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl, Poète, assistante sociale et mystique, op Cit p. 141

10 novembre 2015

Être le Christ - kénose de L’Église -suite

Dans la fondation de son groupe intitulé "la charité" sous la direction spirituelle du P. Lorrenzo, une nuance apparaît sur laquelle il convient de s'arrêter. A la différence d'autres fondations de l'époque qui veulent travailler "pour le Christ"‎, Madeleine Delbrêl préfère "être le Christ, pour faire ce que fait le Christ" (1). Cette nuance qui rejoint l'axe de lecture de Paul depuis Ph. 3, 17 dans l'imitation de Jésus Christ (2) me semble porter sur un refus d'une évangélisation intrusive et surtout "insuffisamment ancrée dans l'être chrétien" (4). L'enjeu est d'abord de se "conformer au Christ", d'en "être", de se retrouver "en Christ", dans une recherche de "spiritualité intérieure plus intense" qui transforme l'action de l'intérieur et permet à cet effacement véritable, cette kénose où ce n'est plus moi qui agit pour transformer l'autre mais Dieu qui trouve en moi sa demeure et fait de moi un instrument de sa grâce.

(1) B. Pitaud, Madeleine Delbrêl‎, Poète assistante sociale et mystique, op. Cit p. 96
(2) cf. mon commentaire dans  Serviteur de l'homme, kénose et diaconie
(3) B. Pitaud, op. Cit p. 91
(4) ibid p. 98 (saluons là l'apport remarquable de l'analyse des pères Gilles François et Bernard Pitaud qui, à travers l'étude des correspondances de Madeleine Delbrêl  mettent en lumière son chemin spirituel).  ‎ 



01 novembre 2015

Chemins d'humilité

Après nous autres gens des rues, nous poursuivons notre approche de Madeleine Delbrêl avec sa biographie par Gilbert François et Bernard Pitaud (1). Un poème de Madeleine y résonne avec ce que nous écrivions sur les chemins d'humilité, mais aussi avec cet agenouillement d'Etty Hillesum. Il retrace le cheminement intérieure de la jeune athée, touchée par un appel à 5 minutes de silence de Sainte Thérèse d'Avila.
"J'ai ployé mes genoux et j'ai tendu mes mains et j'ai l'humilité des pauvres qui demandent. Je me suis prosternée car je ne suis pas digne que tu passes ma porte et que tu t' y reposes" (2)

(1) in Gilbert François et Bernard Pitaud, Madeleine Delbrêl, Poète, assistante sociale et mystique, Nouvelle cité, 2014
(2) 2 février 1924, p. 48