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15 octobre 2021

Danse en Eglise - 9

J’aimerais revenir sur la dernière publication de François Cassingena-Trévedy qui ne mâche pas ses mots sans lâcher l’essentiel : cet attachement à l’Église qui nous prend aux tripes en dépit des déceptions et des faillites.

Je vous invite à méditer son denier cri(1).


Oui, notre Église devenue soudain si laide reste à reconstruire, même s’il faut pour cela déboulonner ses lourdeurs et ses impasses, pour assembler à mains nues, avec des pierres vivantes, burinées à l’envie, usées et meurtries, une chapelle ardente plus fragile, mais qui reflète enfin le projet d’un Christ nu, un « Dieu dépouillé »(2)


Nous sommes nous laissés emporter par le succès d’une Église socialement acceptable au point d’oublier l’essentiel ?


Si la lumière de ses ors s’éteint, si ses dogmes s’effritent, si ses monseigneurs en perdent leur titres, notre Église brillera d’un feu plus intérieur mais non moins lumineux. Ce sera une autre lueur, plus fragile, qui n’est autre que la petite espérance du royaume promise et pour autant toujours inaccessible. 


Il y a qui 15 ans j’écrivais « cette Église que je cherche à aimer » (3) paraphasant le titre de Vidal. Elle m’énervait cette Église enfermée dans ses impasses et laissant déjà transparaître ces drames qui éclatent au grand jour aujourd’hui. Et pourtant je l’ai rejoint, car au delà de ses lourdeurs, elle est aussi habitée par des prophètes, souvent maltraités et vilipendés comme ce Congar qui s’est battu pour lui redonner sens. 

Je crois que ce sont ses mémoires du concile, Moingt et Theobald et d’autres prophètes souvent méprisés qui m’ont fait basculer… 

L’Église que j’aime porte l’espérance d’un peuple fragile qu’on ne peut laisser sans lien avec L’unique, le Berger, la Porte.

L’Église reste l’appel et le don d’un Dieu qui s’efface en nous laissant, derrière le voile déchiré du temple(4), un Verbe à déchiffrer ensemble, sans jamais pouvoir prétendre le saisir vraiment…


Pas seul, mais au moins deux ou trois, en Son nom. Il faut voir l’intérêt surprenant à mes yeux de la Maison d’Évangile - La Parole Partagée, créée non sans hésitation, et qui n’a jamais eu autant d’inscriptions que depuis qu’a éclaté le scandale. Qu’est ce qui attire sinon ce partage à la table du Verbe ? 


Refuge, l’Église l’est et demeurera, avant d’être institution, l’espoir d’une Kononia, au sens paulinien, d’une famille humaine qui trouve en son sein le repos annoncé. Prions pour qu’elle écoute ces 45 recommandations du rapport Sauvé, qu’elles soient lues, entendues, et qu’elle avance et redevienne le Corps de celui qui nous précède en Galilée. 


L’Église ne peut plus être comme avant. Elle a besoin comme je l’écrivais samedi d’un chemin au désert(5), mais je crois  qu’en son sein réside l’eklesia originelle, le souffle qui nous échappe dès que nous voulons le dogmatiser ou l’imposer 🙂 


l’Église n’est pas d’abord une institution mais l’espoir réuni d’un peuple qui espère toujours et attend de redécouvrir que nous ne pouvons avancer seul. 


Quand elle aura finie d’être pouvoir et orgueil elle pourra enfin s’agenouiller devant l’homme (6).


Ma plus belle expérience pastorale a été St Séverin, il y a 20 ans, quand après 5 rencontres collective type CPM un jeune homme s’est levé regardant les autres couples (et non moi et ma femme) et a déclaré : « j’ai compris, l’Église c’est nous ! »


C’est cette Koinonia qui me fait vivre.


(1) voir sur sa page

(2) gratuit sur le site de la Fnac https://www.fnac.com/ia9587875/Claude-J-Heriard

(3) voir sous le même lien

(4) voir aussi « Le rideau déchiré »

(5 et 6) voir mes livres éponymes

28 décembre 2016

Anima ecclesiastica

Dante a cultivé ce qu'Hans Urs von Balthasar appelle à la suite d'Origène et jusque dans les commentaires médiévaux du Cantique des Cantiques l'anima ecclesiastica, cette "âme dont l'expérience et la sensibilité, la pensée et le vouloir, se sont dilatés jusqu'à l'universalité de la Sponsa Christi, l'épouse de l'Agneau, la Jérusalem céleste, jusqu'à la communauté de tous les saints et de tous ceux qui aiment". (1)

On a là une description presque poétique de la Koinonia paulinienne, cette unité à construire en dépit de la nécessaire diversité décrite par lui en 1 Co 12, 14.

Une unité en Christ à construire.

À méditer.

(1) GC2 p. 365

16 juin 2015

Koinonia - la prière de tous

On trouve souvent chez Paul cette notion de Koinonia (1 Cor 10, 16) cet appel à la prière communautaire.  En 1 Cor 11, 18-22 notamment,  il insiste pour que nos assemblées ne doivent pas être des lieux d'égoïsme où on mange sans attendre les autres, où les riches sont repus alors que les esclaves se nourrissent des restes. Ses propos sont durs. "J'apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a des scissions parmi vous, — et je le crois en partie; lors donc que vous vous réunissez ce n'est plus le repas du Seigneur que vous célébrez; car, à table, chacun commence par prendre son propre repas, en sorte que tels ont faim, tandis que d'autres se gorgent. N'avez-vous pas des maisons pour y manger et boire? ou méprisez-vous l'Eglise de Dieu, et voulez-vous faire un affront à ceux qui n'ont rien?"

On retrouve un peu cela chez saint Cyprien (1) que nous donnait à lire le lectionaire d'hier : "Notre prière est publique et communautaire. Avant tout, le Christ, (...) n'a pas voulu que la prière soit individuelle et privée, comme si l'on ne priait que pour soi. Nous ne disons pas : « Mon Père, qui es aux cieux », ni : « Donne-moi aujourd'hui mon pain de ce jour». Chacun ne demande pas pour lui seul, que sa dette lui soit remise (...) Notre prière est publique et communautaire, et quand nous prions, ce n'est pas pour un seul, mais pour tout le peuple, car nous, le peuple entier, nous ne faisons qu'un." Une perspective intéressante.

(1) commentaire de saint Cyprien sur la prière de Notre Seigneur,  source AELF.