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01 mai 2020

Le bon berger... Méditation pour le 4eme dimanche de Pâques


Projet version 5 à discuter (merci à Georges pour sa contribution)

Qui est le bon pasteur ?
Le droit de l'Église qu'on appelle le droit canon distingue fort bien (canon 516sq) celui à qui est donné la tâche de diriger, des autres ministres de l'Église. Cela appelle au moins une double réflexion :
  1. D'où vient ce pouvoir ?
  2. Qu'est-ce que l'autorité ?
Peux-t-on distinguer les deux ?
La réponse à la première question est a priori simple. Elle se trouve directement dans l'évangile de la Passion dans le dialogue avec Pilate : «Tu n'as aucun pouvoir (...) à part celui que Dieu t'a accordé.» Jean‬ ‭19:11‬ ‭
De cette réponse peut dériver celle que l'on peut faire à la deuxième question. L'autorité viendrait de Dieu,. Mais le risque est d’abuser de cette affirmation. En réalité l’enjeu n’est pas  d’imposer une autorité, mais que cette autorité rejoigne l’agapè qui « prend patience, est longanime et ne cherche pas son intérêt » (1 Co 13), c'est-à-dire qu'elle dérive de l'amour, est amour, n'est qu'amour(1)

Toute autorité qui n'est pas pétrie de cela sort de la « porte sainte », ne vient pas de Dieu. Depuis Luc et Matthieu 4, nous savons que le pouvoir est l'une des tentations centrales de l'homme. Elle n'échappe pas à Jésus lui même tenté au désert. Le Christ a dépassé cette tentation en prenant le chemin de l'humilité (kénose) et de l'amour jusqu'à la Croix, c'est pourquoi l'autorité lui est donnée par Dieu, non pour ses mérites et sa connaissance mais parce que l'amour est la véritable autorité, le chemin, la vérité et la vie.

Les épîtres pastorales complètent cette direction : « si quelqu'un souhaite la fonction de dirigeant dans l'Église, il désire une belle tâche. Il faut qu'un dirigeant d'Église soit irréprochable, mari d'une seule femme, sobre, raisonnable et convenable, hospitalier, capable d'enseigner; qu'il ne soit ni buveur ni violent, mais doux et pacifique; qu'il ne soit pas attaché à l'argent; qu'il soit capable de bien diriger sa propre famille et d'obtenir que ses enfants lui obéissent avec un entier respect. En effet, si quelqu'un ne sait pas diriger sa propre famille, comment pourrait-il prendre soin de l'Église de Dieu? Il ne doit pas être récemment converti; sinon, il risquerait de s'enfler d'orgueil et de finir par être condamné comme le diable. Il faut aussi qu'il mérite le respect des non-chrétiens, afin qu'il ne soit pas méprisé et qu'il ne tombe pas dans les pièges du diable.»
‭‭1 Timothée‬ ‭3:1-7‬ ‭BFC‬‬

Nous avons besoin d’une autorité qui reste collégiale et qui surtout demeure un agenouillement (2) devant l’inviolable nature d’autrui.
C’est tout le la difficulté. L’autorité n’a de sens que si elle est au service de l’unité. C’est le projet de l’Église, toujours visé, souvent manqué. Chacun doit travailler à y contribuer.

L’éternel risque est de désirer le pouvoir que nous apporte une éventuelle autorité en oubliant que la kénose (cf. Ph 2) est la porte étroite : le Christ en renonçant à l’autorité nous montre la « porte étroite », celle du bon berger, qui met ses brebis avant lui-même..., s’agenouille pour les soigner, cours après les perdus et les aime plus que lui-même, jusqu’à en mourir. La croix est la porte étroite, comme nous le rappelle la lettre de Pierre de la liturgie d’aujourd’hui (1P2, 20-25). Le Christ est l’unique pasteur, parce qu’il a été jusqu’au bout de l’amour.
Dans l’échange qui précède la consécration, le peuple s’efface devant le prêtre et lui confie le dialogue liturgique, mais cet effacement ne lui enlève rien, car ni le peuple, ni le prêtre n’a autorité pour reproduire le sacrifice unique, célébré par le Christ : « Ceci est mon corps, donné pour la multitude ».

(1) François Varillon, joie de vivre, joie de croire
(2) cf mon livre https://www.amazon.com/genoux-devant-lhomme-French-ebook/dp/B00HKTU838

Annexe :

Ajout tardif : pour Alain Madelin, cf. Heurs et malheurs de l’autorité (Éd. Lessius, 2018), l’autorité se mesure « à la capacité de faire grandir autrui pour lui permettre de donner sa pleine mesure ».

Pour mémoire : Can. 516 - § 1. Sauf autre disposition du droit, la quasi-paroisse est équiparée à la paroisse: elle est une communauté précise de fidèles dans l'Église particulière qui est confiée à un prêtre comme à son pasteur propre, mais n'est pas encore érigée en paroisse à cause de circonstances particulières2. Là où il n'est pas possible d'ériger des communautés en paroisse ou en quasi-paroisse, l'Évêque diocésain pourvoira d'une  autre manière à leur charge pastorale.
Can. 517 - § 1. Là où les circonstances l'exigent, la charge pastorale d'une paroisse ou de plusieurs paroisses ensemble peut être confiée solidairement à plusieurs prêtres, à la condition cependant que l'un d'eux soit le modérateur de l'exercice de la charge pastorale, c'est-à-dire qu'il dirigera l'activité commune et en répondra devant l'Evêque.
§ 2. Si, à cause de la pénurie de prêtres, l'Évêque diocésain croit qu'une participation à l'exercice de la charge pastorale d'une paroisse doit être confiée à un diacre ou à une autre personne non revêtue du caractère sacerdotal, ou encore à une communauté de personnes, il constituera un prêtre pour être muni des pouvoirs et facultés du curé, le modérateur de la charge pastorale.

14 mars 2019

Religieuses abusées - l’autre scandale - kénose 149

Tristesse sans fond que ce dernier (?) constat sur l'Église pécheresse révélée sur Arte.
On ne peut que descendre une fois encore dans l'humilité du pécheur pardonné et peut-être se taire, car que peut on dire, après de telles révélations ?

Quelques réflexions en vrac.

Si le documentaire force pas mal le trait (1) généralise et en profite pour descendre des institutions déjà largement décriées, peut-on espérer que cela servira à débarrasser l'Église de ces fautes abominables ?

L'Église n'a plus de vin disait une amie...

Que doit pleurer la Trinité défigurée par ceux qui ont sali ce qu'ils étaient appelés à signifier.

Cela me rappelle les larmes du Christ révélées par cette mystique allemande qui voyait au Golgotha un Christ désespéré sur les impasses de sa Passion (1). Même cela serait insuffisant. 

Il est temps que le pouvoir de l'homme sur la femme ou sur l'enfant soit dénoncé comme crime.

Le dernier rempart du cléricalisme et de l'hypocrisie machiste est-il en train de se fissurer ? Peut-on espérer que la place des femmes dans l'Église soit enfin mise à sa juste place ? Certes les jeux de pouvoir sont partout mais une égalité mesurée serait probablement nécessaire, pour éviter la sacralisation déplacée et morbide, la fausse sainteté et le silence délétère et ravageur.

En tant que diacre, suis-je meilleur, plus saint ?
Surement pas.
Je connais mes pulsions, sais combien elles peuvent être lieu de chute et de scandale.
Je sais aussi qu'une sexualité conjugale respectueuse, épanouie et partagée est force de vie et d'unité.
Le danger sur ce point est d'abuser de l'autre, d'en faire un objet. La limite est fragile, ténue, toujours latente.

Les lettres pastorales n'avaient pas tort d'exiger que les ministres soient choisis parmi les hommes mûrs et mariés à une seule femme.
A-t-on oublié cette sagesse de base ?  : «Cette parole est certaine. Si quelqu'un aspire à la charge d'épiscope, il désire une belle œuvre. Il faut donc que l'épiscope soit irrépréhensible, qu'il soit l'homme d'une seule femme, qu'il soit sobre, pondéré, décent, hospitalier, apte à l'enseignement, qu'il ne soit pas adonné au vin, ni violent, mais conciliant, pacifique, désintéressé; qu'il dirige bien sa propre maison et qu'il tienne ses enfants dans la soumission, en toute dignité. En effet, si quelqu'un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l'Eglise de Dieu? Que ce ne soit pas un nouveau converti, de peur qu'il ne soit aveuglé par l'orgueil et ne tombe dans le jugement du diable. Il faut aussi que ceux du dehors lui rendent un beau témoignage, pour qu'il ne tombe pas dans le discrédit et dans les pièges du diable. Les ministres, pareillement, doivent être dignes, exempts de duplicité, d'excès de vin et de gains honteux; ils doivent conserver le mystère de la foi dans une conscience pure. Qu'on les mette d'abord à l'épreuve et qu'ils exercent ensuite le ministère, s'ils sont sans reproche
‭‭Première à Timothée‬ ‭3:1-10‬ ‭

La chasteté est un chemin de Croix et comme les disciples tombés le soir de la Passion, il nous faut contempler qu'à la Croix se tenait qu'un seul des douze, alors que plusieurs femmes étaient là...

(1) cf. Notamment la réponse de l’Arche

La kénose de l'Église va jusqu'à reconnaître cela...

Tous pécheurs....

Si le Christ s'est plongé dans l'eau du Jourdain, s'il s'est mis à genoux devant Judas, c'est peut-être pour nous inviter à faire de même encore et toujours. La seule véritable révélation est la kénose. Un Christ nu...dépouillé... déchiré...

Le pouvoir, le valoir, l'avoir sont les plaies de notre humanité. Jeûne et chasteté ne peuvent être exigées d'autrui. Elles sont chemin intérieur « inaccessible à l'homme et possible en Dieu »... (cf. Mat 19)

Je prie pour l'Arche, cette belle école de la fragilité qui a montré qu'en dépit des fautes révélées d'un de ses pasteurs, il demeure toujours en elle une force d'espérance. oublier que le royaume n'est pas encore là c'est nier l'espérance qui nous habite...

(1) Anne Catherine Emmerich (cf. Tag)