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26 décembre 2015

Te voir....

"Ne pas passer un jour sans désirer le voir" (1)
Tout un programme. Et pourtant, n'est-ce pas cela l'amour. Si je peux le dire à propos de ma femme pourquoi ne pourrais-je le dire à propos de Dieu ? Même si Exode 33 affirme que l'on ne peut voir sa face, il nous faut entrenir cette flamme de peur que le feu en nous se meure. 

(1) Paul Xardel, cité par Jacques Loew, Ce Dieu dont je suis sûr, p. 224

23 décembre 2015

Le Verbe s'est fait chair

"Le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous". En ces derniers temps de l'avent il nous faut contempler l'immensité de ce qui se joue dans cette phrase de Jn 1 que l'on peut mettre en écho avec cette traduction particulière d'Exode 3 : " Je serai qui je serai". Si notre regard se porte depuis le commencement jusqu'au Royaume à venir, nous percevons ce buisson ardent donné à l'homme : un feu déposé en nous, qui nous brûle sans nous consommer, qui nous réchauffe sans nous perdre, qui éveille notre désir sans nous contraindre. Le Verbe s'est fait chair. A quel prix ? Son humilité et sa miséricorde nous emporte sur un chemin non désiré par notre être attaché au monde, mais tant désiré par ce qui élève en nous la vérité et la vie. Depuis l'incarnation dans la beauté du monde, première trace du Verbe, jusqu'à la venue de l'enfant et le don du Fils de l'homme, se révèle en nous l'immensité de ce pain partagé, rompu pour un monde nouveau.
A cela s'ajoute le cri, qui jaillit depuis Gn 3, 9, cette invitation qui résonne dans nos vallées. Où es-tu‎ ? J'ai besoin de toi pour être corps, non pas morceau mais membre de l'Église vivante, comme le précise de Lubac. (1)

Cf. Jacques Loew op. Cit p. 168ss

15 décembre 2015

Image et ressemblance - 2

"Comme moi et toi nous sommes uns, ainsi qu'eux aussi soient un avec nous". Comme le suggère Origène, cette phrase du discours d'adieu de Jésus est une invitation à progresser dans la ressemblance, pour que "semblable on devienne un" (1)

Elle rejoint les nombreuses concordances relevées dans ces lignes, depuis les Pères de l'Église jusqu'à Bonaventure et Balthasar...

(1) Origène, traité des Principes, III, 6, 1, cité par Jacques Loew, op Cit p. 88

Tendresse et miséricorde - Rahamin et hesed

Revenir à l'hébreu pour en saisir le sens. Hesed exprime l'amour et la miséricorde, la fidélité et la bienveillance. "Qu'elle est précieuse ta hesed, Seigneur, les fils de l'homme se réfugient à l'ombre de tes ailes" Ps 36, 8
Dieu comme refuge dans la souffrance Dieu de tendresse...
On en arrive à Rahamin que l'ont traduit par entrailles ou par sein. "J'ai été tissé dans le ventre [rehem]de ma mère" Ps 139, 13
"Rahamin est la tendresse de la femme pour le fruit que neuf mois elle a mûri"...(1)
J'ai déjà souvent évoqué les splanchna de Dieu qui ne sont autres que le mot grec qui lui correspond. En cette année de la miséricorde, contemplons le sens profond de cet amour ‎maternel de Dieu qui nous conduit aux verts pâturages du royaume. Laissons toucher par cette image de Rembrand sur le fils prodigue, à ces deux mains paternelles et maternelles de Dieu.

(1) Jacques Loew, ce Dieu dont je suis sûr, op Cit p. 129-131
Voir aussi mon "chemin de la miséricorde"...


Où es-tu ? Gn 3

Les lecteurs de ces pages savent combien j'attache de l'importance à cet "Où es-tu ? " de Gn 3. Jacques Loew résume bien, à sa manière la problématique : les deux milles pages de la Bible qui suivent sont pour lui celle d'un Dieu "qui cherche l'homme pour le combler au delà de tout ce qui peut se dire et comment l'homme en réponse se fait chercheur de Dieu ou se dérobe. La nudité que prétexte Adam signifie le refus de se présenter à Dieu tel que l'on est, sans défense" (1)

Saint Jérôme n'a pas tort de dire qu'il s'agit de notre histoire. Même s'il est parfois ridicule de se cacher devant Celui qui "nous sondes et nous connaîs" (Ps 139), il nous arrive de croire que l'on peut échapper à son regard. C'est peut être parce que l'on ne connaît pas l'ampleur de sa miséricorde et de sa tendresse... Ce n'est qu'en la contemplant qu'on sent l'amour...

La fausse image du Dieu vengeur n'est pas morte...


(1) Jacques Loew, Mon Dieu dont je suis sûr, Fayard / Mame, 1982 p. 109

14 décembre 2015

Chercheur d'humanité

Chercheur d'humanité : C'est un titre que j'ose me donner parfois, dans la lignée de cette contemplation de l'homme avec un grand H découverte chez Mounier, Maritain ou Jean-Paul II. Jacques Loew peut être assurément classé dans cette race là. A partir d'une réflexion du professeur Joyeux, il souligne que l'homme a sur l'animal cette supériorité d'être capable d'admirer. (1)

Cela fait résonner en moi le premier stade de l'Oraison précisée plus haut chez Jean-Jacques Olier : contempler.

L'homme est homme quand il contemple, c'est à dire quand il est capable d'humilité devant le Beau qui se révèle à lui. Et ce faisant, il se dépouille de sa puissance, de même que le Christ dépose son vêtement avant de s'agenouiller devant l'homme...

(1) op Cit p. 75

12 décembre 2015

La théologie du coquelicot

"Inviter l'homme a un certain type de regard (..) à regarder la nature dans son environnement premier" (1), telle est la théologie du coquelicot de Jacques Loew ‎parue dans un Fêtes et Saisons de 1953 sous le titre de "Dieu existe", récit d'une pastorale en milieu urbain et ouvrier. Le prêtre se justifie avec cette phrase de Vatican I, reprise dans Vatican II : "Dieu principe et fin de toutes choses peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées : "depuis la création du monde, ses perfections invisibles se laissent voir à l'intelligence par ses oeuvres" (Rom 1, 20)" ..

On peut toujours objecter à cela l'imperfection de la nature, mais c'est peut être se cacher devant une évidence : derrière ce qui nous est donné de contempler se cache l'amour infini. Y résister est finalement faire preuve d'orgueil. Croire que l'on peut seul trouver une explication au mystère, se substituer à ce que Dieu a écrit entre les lignes et dont nous contemplerons in fine le but ultime (2)
Qui suis-je dit ? Job devant tant de mystère.

(1) Jacques Loew, ce Dieu dont je suis sûr, op. Cit p. ‎70
(2) cf. à ce sujet le post récent de saint Jean Chrysostome




10 décembre 2015

Le mal

Après une longue contemplation sur le coquelicot et la beauté du monde créé, sur les pas de François d'Assise, Loew nous conduit, comme en contraste à envisager le mal comme lancinant et pernicieux. "Le mal m'apparaît comme n'étant pas la réponse définitive (...) Dieu ne peut laisser le dernier mot au mal, Dieu est innocent du mal : la seule définitive certitude est là, mais elle ne peut être dite qu'avec une douloureuse humilité, à genoux en quelque sorte. (...) plus l'un s'abaisse dans les ténèbres, plus nous sommes obligés de placer l'autre dans la lumière. Alors je puis affronter cette idée (...) plus lucidement, plus humblement, sans demander des comptes à Dieu".

A genoux devant l'homme, y compris devant l'homme porteur du mal, comme ce Christ à genoux devant Judas, allant jusqu'à lui laver les pieds, allant jusqu'à chercher à communier avec lui. Tel semble être le chemin tracé par Dieu face au mal dont il reste innocent puisque face à nos pulsions de mort, il se tait et il souffre. Son discours s'arrête sur la Croix, ultime abaissement de Dieu devant le mal, ultime signe aussi du jusqu'au bout de sa miséricorde.

(1) Jacques Loew, Mon Dieu dont je suis sûr, Fayard Mame, 1982, p. 67-68

09 décembre 2015

Jacques Loew - chemin spirituel

Nous poursuivons notre quête avec la lecture de Mon Dieu dont je suis sûr, de Jacques Loew (1) prêtre déjà croisé, car proche de Madeleine Delbrêl‎. Ce livre est avant tout une contemplation de ses 50 ans de vie chrétienne. Les premières pages retracent sa conversion intérieurs ponctuée d\'un verbatim de saint Augustin que l'on peut citer comme un itinéraire : 
1) Tu nous a fait pour Toi mon Dieu ! Et notre coeur est inquiet jusqu'à ce qu'il ne repose en toi (2)
2) Les choses restent muettes pour l'un, tandis qu'elles répondent à l'autre. Ou, pour mieux dire, elles parlent à tous, mais ceux-là seuls qui comparent cette voix venue de dehors avec la vérité qu'ils portent en eux (3)
Maritain se glisse dans cet itinéraire avec cette phrase sublime qui invite à une réceptivité "où nous sommes devenus assez disponibles assez vacants, pour entendre ce que toutes choses murmurent et pour écouter au lieu de fabriquer des réponses" (4)
Viens alors cette dernière citation de Augustin que l'on n'a pas fini de déguster : 'tard je t'ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, tard je t'ai aimée ! Mais quoi ! Tu étais au dedans de moi, et j\'étais, moi, en dehors de moi-même ! Et c'est au dehors que je te cherchais (...) Tu m'as appelé, et ton cri a forcé ma surdité' (5)

Si l'on peut trouver dans la première phrase des accents rahnériens la dernière évoque pour moi Gn 3, ce cri de Dieu vers l'homme : 'où es-tu ?'. Ce cri que l'on ne veut pas entendre, quand nos adhérences nous conduisent loin du chemin, nous éloignent de Dieu.‎
‎(1) Jacques Loew, Mon Dieu dont je suis sûr,‎ fayard Mame 1982
(2) Cité p. 34‎
(3) Confessions X, 10‎
(4) Jacques Maritain, Sept leçons sur l'être. P. 56, 60‎, cité par Loew p. 45
(5) Confessions X, 27