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04 juillet 2020

Homélie de baptême de Célenne du 5/7

Projet de notes pour le baptême de Célenne du 5/7

Vous n'avez pas choisi les textes les plus faciles. La première lecture et le psaume constitue une sorte de cadre. Le psaume rassure : Dieu est avec nous. « Le Seigneur est ma lumière et mon sauveur, je n'ai rien à craindre de personne. Le Seigneur est le protecteur de ma vie, je n'ai rien à redouter.
Je ne demande qu'une chose au Seigneur, mais je la désire vraiment: c'est de rester toute ma vie chez lui, pour jouir de son amitié et guetter sa réponse dans son temple. Alors, quand tout ira mal, il pourra m'abriter sous son toit, il me cachera dans sa maison, il me mettra sur un roc, hors d'atteinte.
Seigneur, montre-moi la voie que tu me traces; à cause de mes adversaires dirige-moi sur un chemin sans obstacle.»
‭‭Psaumes‬ ‭(26):1, 4-5, 11‬ ‭BFC‬‬

Quelle est cette voie.
La première lecture répond même si elle est plus complexe. Elle évoque la mort. Pourquoi mourir, mm ? « pour renaître » dit Jésus à Nicodème (Jn 3)

«Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés pour être unis à Jésus-Christ, nous avons été baptisés en étant associés à sa mort? Par le baptême, donc, nous avons été mis au tombeau avec lui pour être associés à sa mort, afin que, tout comme le Christ a été ramené d'entre les morts par la puissance glorieuse du Père, nous aussi nous vivions d'une vie nouvelle. En effet, si nous avons été unis à lui par une mort semblable à la sienne, nous serons également unis à lui par une résurrection semblable à la sienne. Sachons bien ceci: l'être humain que nous étions auparavant a été mis à mort avec le Christ sur la croix, afin que notre nature pécheresse soit détruite et que nous ne soyons plus les esclaves du péché. Car celui qui est mort est libéré du péché. Si nous sommes morts avec le Christ, nous sommes convaincus que nous vivrons aussi avec lui.» Romains‬ ‭6:3-8‬ ‭BFC‬‬

Le chemin qui fera de Célenne une véritable baptisée passe par une certaine mort. Un renoncement à ce qui la détournera de l'amour...
Un renoncement à l'esclavage, l'addiction sous toute ses formes, tout ce qui nous empêche d'aimer.

Revenons au psaume. Montre moi la vie. Montre moi l'amour chante le psalmiste...

«Alors, Jésus vint de Nazareth, localité de Galilée, et Jean le baptisa dans le Jourdain. Au moment où Jésus sortait de l'eau, il vit le ciel s'ouvrir et l'Esprit Saint descendre sur lui comme une colombe. Et une voix se fit entendre du ciel: «Tu es mon Fils bien-aimé; je mets en toi toute ma joie.» Marc‬ ‭1:9-11‬ ‭BFC‬‬

Le ciel s'ouvre. Dieu déchire le voile. Nous avons là chez Marc une première épiphanie.


Ce Christ que Dieu nous révèle qui est-il ? Marc mettra un évangile entier à le révéler. Ce sera votre tâche à vous parents et parrains que de révéler ce Christ qui ne se dévoile vraiment qu'à la Croix.

L'enjeu pour Célenne sera de trouver l'amour. Si Dieu l'accueille aujourd'hui dans sa maison c'est parce que vous désirez cela. Qu'elle meure à ce qui n'est pas l'amour et qu'elle se mette en chemin...

Ce chemin elle ne pourra le faire sans vous, parrain, marraine, parents et vous tous ici rassemblés. Son baptême n'aura de sens que si vous participez tous à ce chemin qui fera de Célenne une prophète de l'amour de Dieu pour l'homme, d'un amour sans limite...

Ce que nous allons vivre aujourd'hui s'inscrit dans cette dynamique.. Chaque partie du rituel s’inscrit sur ce chemin, mais ce n’est qu’un début...le chemin d’une vie 

27 juin 2020

Dépouillement 13 - prendre sa croix - 13eme dimanche

Projet 3

Les textes de ce treizième dimanche de l’année A nous demande un pas de plus, mais quel pas !
Je regardais cette semaine, faute d'y avoir assisté à l'ordination diaconale d'une dizaine de jésuites à saint Ignace.



Dans le rituel d'ordination des diacres en vue du sacerdoce, on leur demande de s'engager au célibat en avançant d'un pas...
C'est pour eux une vie nouvelle, une belle façon de prendre sa croix, non pas un effort contre nature, mais peut-être une mort à sa nature pour entrer dans une dynamique différente.
A la lumière de cet « impossible à l'homme » de Mathieu 19, que soulignait Pierre Grelot (cf. mon billet précédent) l'enjeu est d'avancer vers cette « vie nouvelle » qu'évoque Paul dans Romains 6... un vrai dépouillement...
Il faut méditer sans cesse ce « non pas ma volonté mais la tienne » de Jésus à Gethsemani pour comprendre qu'à l'impossible humain, nul n'est tenu, mais que nous sommes appelés à nous en remettre à Dieu pour avancer, prendre sa croix et continuer la course au sens donné par Paul en Philippiens 3.
Je suis diacre, non en vue du sacerdoce mais ce qu'on appelle permanent. Je ne suis pas engagé au célibat mais « dans mon état » c'est à dire que si ma tendre épouse me « quittait » je devrais rester alors dans le célibat. J'ai donc fait à ma manière un petit peu ce pas, inouï de m'engager à une vie de dépouillement. Je me sens bien petit...
Ma vie maintenant est d'accueillir - le mot reviens souvent dans l'Evangile d'aujourd'hui...donner un verre d'eau, accueillir le prochain, le migrant, l'étranger. Je trébuche à chaque pas, je recule bien souvent au lieu d'avancer. C'est déjà un chemin impossible à l'homme. Seigneur donne moi la force d'avancer, de prendre, soulever cette croix, à ta suite, de me dépouiller de cette paresse constante, de tout ce qui m'empêche d'aimer.

Revenons à Grelot :  « En  face  de  ce  mystère  du  mal  qui  pèse  sur  notre  liberté  et auquel  nous  participons  à  notre  tour,  deux  attitudes  complémentaires  sont  en  même  temps  nécessaires.  D’une  part,  il  y  a place  pour  la  conversion  (...) d’autre  part,  cette  conversion même  est  affaire  de  grâce.  C’est  pourquoi (...)  l’auteur du  Ps 51  implore  de  Dieu  une purification  intérieure  (51,  3-4.  9), un changement de son cœur,  un don de l’Esprit divin  (51,  12-13), qui  seuls  lui  assureront  la  joie  du  salut  (51,  14-17).  Il  ne  s’agit pas   seulement   d’un   pardon   accordé   au   pécheur   repentant (cf.  Ps  32,  1-5  ;  130),  mais  d’une  recréation  de  son  être  qui  le rendra  capable  de  fidélité  (Ps  51,  12).  La  grâce  ainsi  demandée anticipe  sur  les  dons  rattachés  ailleurs  à  l’économie  eschatologique. » 

Au bout du chemin il y a l’inaccessible... mais sur la route, se trouve les dons de Dieu, la foi, la charité et l’espérance. L’espérance est si petite disait Péguy. On peut le comprendre à la lumière de nos limites humaines. Elle est là pourtant et la première lecture nous laisse, à ce titre, quelque chose à espérer.

(1) P. Grelot, ibid. p.29

11 avril 2020

Homélie de la vigile pascale - année A

NB :  [cette homélie comme la plupart de celles préparées dans les jours derniers n’a pas été prononcée. Elle était pourtant « programmée » depuis février. Elle est comme toute les autres sur ce blog destinée principalement aux « chaises vides » d’hier soir, tous ces visages qui nous apparaissaient dans cette église vide de Nonancourt et que nous ne pouvions saluer, tous ces paroissiens confinés que nous avons porté, mon curé et moi dans la prière, en cette vigile pascale si particulière, mais aussi à toi lecteur inconnu qui cherche un éclair fugace de la présence divine dans un monde ombrageux]...

Version 3 


Quelle est notre espérance ?
Nous avons entendu beaucoup de lectures ce soir, et pourtant je vais faire une allusion à une autre, pour commencer cette méditation.
On la trouve dans le livre de Job, dans les derniers chapitres alors que les amis de ce dernier semblent abandonner tout argumentaire. Job se rend compte que ses questions le dépassent.
Pourquoi le mal ? pourquoi ?
Et Job de s'exclamer comme si le rideau s'était déchiré pour lui aussi : « je sais que tu peux tout. (...) J'ai parlé sans savoir de mystères qui nous dépassent » (Job 42, 1-3)

Ce soir, en cette vigile pascale, nous ne pouvons que nous taire. Dieu a déchiré le voile, pour nous montrer le mal et sa victime. Il nous introduit maintenant dans un éclair fugace et inexprimable : celui de la résurrection...

C'est là où, dans le silence, chacun des textes lus ce soir résonnent à sa manière comme un écho sublime de cette pédagogie divine qui nous a ouvert à l'acte créateur et nous introduit à l'espérance.

« Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance. (...) Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. (...)
Et Dieu vit tout ce qu'il avait fait ; et voici : cela était très bon. » Gn 1, 31

Si vous relisez attentivement le premier texte, vous noterez que le texte de la Genèse dit la création de l'homme et de la femme qu'elle est très bonne - à la différence des autres jours... Le reste de la création est « bonne », la ressemblance est très bonne. L'hébreu me-od est un superlatif courant dans la bible (191 occurrences), mais le plus souvent il est le signe d'un excès de la bonté divine...
C'est peut-être notre première contemplation...

Qu'est-ce qui est si bon en l'homme pour mériter ce superlatif ? L'erreur serait de croire qu'il nous qualifie. C’était l’illusion et en même temps la dynamique ou le rêve que cherchait le psaume 111/112. L’homme bon, parfait. (1). La croix a montré au contraire que nous sommes capables de la plus vile violence. Elle l'expose, la met à nu.

Certes, ce qui est bon en nous vient de Dieu. Cette lueur fragile mise en nous et qui nous conduit à aimer...  Mais ce qui est très bon, nous disent certains pères de l'Église ce n'est pas l'homme ou la femme, c'est la ressemblance avec Dieu et, comme insiste Bonanventure, ce n'est pas l'homme mais l'homme parfait, celui qui a tout abandonné pour se faire esclave, « s'est vidé de lui-même » (kénose) et a gagné le nom qui surpasse tout nom : Dieu sauve - Jésus... » (cf. Ph 2, 11sq)...

Le mystère est là. La résurrection n'est pas un éclair aveuglant qui nous laisserait sans liberté, elle est une brise légère, une petite espérance qui porte notre vie au delà de la mort, au delà de toute incertitude dans un acte de foi qui résume tout.

Dans cette église vide, cette brise légère qui fait vibrer la flamme du cierge Pascal  résonne bizarrement, mais n’est-ce pas, d’une certaine manière une leçon d’humilité pour notre église blessée ?

L’espérance s'inscrit pour nous au bout du chemin comme cette lumière fragile qui nous dit qu'au delà de nos reniements l'amour est plus fort.

Si Abraham croit, c'est en cela. Si l'Exode est signe, c'est bien de cela. Nous devons nous détacher de ce qui nous retient au monde pour nous vider de nous mêmes et de nos ambitions humaines. Le Christ est ressemblance par son humilité, sa kénose, son abandon de toute puissance et là se réalise le dévoilement d'un possible, l'éclat de Dieu, comme amour jusqu'au bout, au delà de toute mort...

    « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui.
Nous le savons en effet : ressuscité d'entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n'a plus de pouvoir sur lui. Car lui qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant. De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ. » Rom 6, 9-11

Quant à vous, « soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité, comme il l'avait dit. » Mat 28.

Soyez sans crainte. En ces temps de troubles, l’affirmation de Jésus est la clé qui introduit à la résurrection à venir. Notre foi, c’est de croire que l’amour est plus fort que la mort. Dans la résurrection de Jésus se révèle une clé : l’amour est vie, communion, unité et espérance. Croire qu’il est le chemin c’est croire en l’amour.



(1) qu’il faut lire en parallèle du psaume précédent nous dit Hans Urs von Balthasar, La Gloire et La Croix, 3, Théologie, Ancienne Alliance, Paris, Aubier, 1974 p 179sq.