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04 janvier 2019

Au fil de Jean 1,35-42 - l’agneau de Dieu

« En ce temps-là, Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l'Agneau de Dieu. »

Hier nous méditions sur le nom de Jésus, Dieu sauve. La tradition nous révèle bien d'autres noms, comme le souligne Grégoire de Naziance : « Jésus est Fils de l'homme, à cause d'Adam et à cause de la Vierge, dont il descend... Il est Christ, l'Oint, le Messie, à cause de sa divinité ; cette divinité est l'onction de son humanité..., présence totale de Celui qui le consacre ainsi... Il est la Voie, parce qu'il nous conduit lui-même. Il est la Porte, parce qu'il nous introduit au Royaume. Il est le Berger, parce qu'il guide son troupeau vers le pâturage et lui fait boire une eau rafraîchissante ; il lui montre la route à suivre et le défend contre les bêtes sauvages ; il ramène la brebis errante, retrouve la brebis perdue, panse la brebis blessée, garde les brebis qui sont en bonne santé et, grâce aux paroles que lui inspire son savoir de pasteur, il les rassemble dans le bercail d'en haut. » (1)

Et pourtant le titre le plus marquant est celui souligné par Jean Baptiste, car il résume et introduit à la Croix : « Il est aussi la Brebis, parce qu'il est victime. Il est l'Agneau, parce qu'il est sans défaut. ». Contempler l'agneau c'est laisser fondre en nous toute tentation de pouvoir, d'avoir et de valoir. C'est laisser résonner en nous la kénose (cf. Ph. 2) et l'abandon du Christ, entendre à nouveau le psaume 39 (40) : « tu ne voulais pas de sacrifice alors j'ai dit me voici je veux faire ta volonté”

C'est pourquoi  « Il est Grand prêtre, parce qu'il offre le sacrifice. Il est Prêtre selon Melchisédech, parce qu'il est sans mère dans le ciel, sans père ici-bas, sans généalogie là-haut car, dit l'Ecriture, « qui racontera sa génération ? » Il est aussi Melchisédech, parce qu'il est Roi de Salem, Roi de la paix, Roi de la justice... Voilà les noms du Fils, Jésus Christ, « hier, aujourd'hui, toujours le même », corporellement et spirituellement, « et il le sera à jamais ». Amen.
(Références bibliques : Mt 24,27 ; Mt 1,16 ; Jn 14,6 ; Jn 10,9 ; Jn 11 ; Ps 22 ; Is 53,7 ; Jn 1,29 ; He 6,20 ; He 6,20 ; He 7,3 ; Is 53,8 ; He 7,2 ; He 13,8) (2)


(1) Saint Grégoire de Nazianze, Discours théologique 4 (trad. coll. Les Pères dans la foi, Migne 1995, p. 125 rev.), source Evangelizo 
(2) ibid.


05 décembre 2018

Kénose - saint Grégoire de Naziance

« Lui qui enrichit les autres s'appauvrit, car il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité. Lui qui est plénitude s'anéantit, il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude.
Quel trésor de bonté ! Quel grand mystère en ma faveur ! J'ai reçu l'image, et je ne l'ai pas gardée. Le Verbe a participé à ma chair afin de sauver l'image et de rendre la chair immortelle ! Il s'unit à nous par une deuxième union, beaucoup plus étonnante que la première. ~
Il fallait que l'homme soit sanctifié par un Dieu devenu homme ; après avoir terrassé notre tyran, il nous délivrerait et nous ramènerait vers lui, par la médiation du Fils, pour l'honneur du Père. C'est ainsi que le Fils se montre obéissant en toutes choses envers lui, pour accomplir son plan de salut. ~
Ce bon Pasteur est venu rechercher la brebis égarée, en donnant sa vie pour ses brebis sur les montagnes et les collines où tu offrais des sacrifices. Il a retrouvé celle qui était égarée, il l'a chargée sur ces épaules qui ont porté aussi le bois de la croix et, après l'avoir saisie, il l'a ramenée à la vie d'en haut. ~
Cette lumière éclatante du Verbe est précédée par la lampe qui brûle et qui éclaire ; la Parole, par la voix qui crie dans le désert ; l'Époux, par l'ami de l'Époux, celui qui prépare pour le Seigneur un peuple choisi en le purifiant dans l'eau en vue de l'Esprit. ~
Il nous a fallu un Dieu qui s'incarne et qui meure pour que nous vivions. Nous sommes morts avec lui pour être purifiés ; morts avec lui, nous sommes ressuscités avec lui ; ressuscités avec lui, avec lui nous sommes glorifiés. (1)

"L'Écriture inspirée nous l'a dit : « Ta miséricorde s'étend à tous, parce que tout t'est possible, parce que tu oublies les péchés des hommes dès qu'ils se tournent vers toi. Tu aimes tout ce qui existe ; tu ne prends en aversion rien de ce que tu as fait... Tu épargnes tous les êtres parce qu'ils sont à toi, Maître qui aimes la vie » (Sg 11,23s). Voilà ce qui le fait descendre du ciel et lui donne le nom de Jésus... : « Tu lui donneras le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1,21). C'est son grand amour pour les hommes, sa compassion pour les pécheurs, voilà ce qui le fait descendre du ciel.

Pourquoi donc consentir à voiler sa gloire dans un corps mortel s'il ne désirait ardemment sauver ceux qui se sont égarés, qui ont perdu tout espoir de salut ? Il le dit lui-même : « Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10). Plutôt que de nous laisser périr, il a fait tout ce qu'un Dieu tout-puissant peut faire selon tous ses divins attributs : il s'est donné lui-même. Et il nous aime tous de telle sorte qu'il veut donner sa vie pour chacun de nous, aussi absolument, aussi pleinement, que s'il n'y avait qu'un seul homme à sauver. Il est notre meilleur ami..., le seul véritable ami, et il déploie tous les moyens possibles pour obtenir que nous l'aimions en retour. Il ne nous refuse rien, si nous consentons à l'aimer... Ô mon Seigneur et mon Sauveur, dans tes bras je suis en sûreté. Si tu me gardes, je n'ai plus rien à craindre ; mais si tu m'abandonnes, je n'ai plus rien à espérer. Je ne sais rien de ce qui m'arrivera d'ici ma mort, je ne sais rien de l'avenir, mais je me confie à toi... Je m'en repose totalement sur toi, parce que tu sais ce qui est bon pour moi, et moi je ne le sais pas »(2)

(1) Grégoire de Naziance, Homélie, source Bréviaire 
(2) John Henri Newman, Twelve méditations for good, Friday

13 avril 2016

L'inconnaissable

À la suite de mes posts sur "l'inconnaissable divin", je tombe sur ce petit extrait de l'apologie de saint Justin  qui entre en résonance : " personne n'est capable d'attribuer un nom au Dieu qui est au-dessus de toute parole, et si quelqu'un ose prétendre qu'il en a un, il est atteint d'une folie mortelle. Ces mots : Père, Dieu, Créateur, Seigneur et Maître ne sont pas des noms, mais des appellations motivées par ses bienfaits et par ses œuvres. Le mot Dieu n'est pas un nom, mais une approximation naturelle à l'homme pour désigner d'une chose inexplicable" (1)

On pourrait aussi rappeler l'hymne de saint Grégoire de Naziance... : A toi l'au delà de tout"...

(1) Saint Justin,  première apologie,  source : office des lectures du jour, AELF

26 janvier 2016

Paternité spirituelle

Je termine la lecture de la biographie de Grégoire de Naziance par Jean Bernardi avec d'autant plus d'intérêt que je découvre Grégoire comme un homme hypersensible et solitaire. 

Son "affectivité frustrée cherche une compensation dans cette écriture qui donne le moyen de se confier à autrui sans être blessé par son contact. Dès lors qu'on a grandi au milieu des livres et appris à se couler dans leur langage, on sera enclin à mettre ses pas dans les pas des grands ancêtres en leur empruntant leurs mots et leurs rythmes" (1)

Je pense que cela me touche, parce que c'est un peu ce que je fais dans ces lignes.

Plus haut, je suis heureux de lire chez ce spécialiste de Grégoire que l'hymne célèbre attribué à Grégoire (À toi, l'au delà de tout...) est bien, pour lui, de l'auteur (2) Il base son analyse sur l'utilisation au verset 9 du mot synthema qui désigne "l'union ‎dans la personne du Christ des deux natures divines et humaines" que Bernardi retrouve chez Grégoire dans ses discours (3), mais aussi chez Basile et Grégoire de Nysse.

(1) Jean Bernardi op. Cit p. 312
(2) ibid p. 305
(3) Grégoire de Naziance, Discours 29, 18 et 19

Contemplata aliis tradere

"Communiquer aux autres les fruits de la contemplation". Je découvre dans la biographie de Grégoire de Naziance de Jean Bern‎ardi, cette devise des frères prêcheurs que je n'ai eu de cesse de mettre en pratique depuis la création de ce blogue. Vanité ? Probablement, parce que nul n'y échappe. Mais aussi "patate chaude" si vous m'excusez l'expression, que ces fruits de la lecture que l'on ne peut garder pour soi parce qu'ils vous conduisent à contempler, derrière les mots, le goût de Dieu.

(1) Jean Bern‎ardi‎, Grégoire de Naziance, introduction aux Pères de l'Église, Cerf, 1995, p. 230

05 décembre 2015

Les trois étapes de l'Oraison

Jean-Jacques Olier nous invite à trois étapes. La première est une contemplation ou une adoration. "Jésus dans les yeux"(1), c'est à dire voir et méditer tous les dons qu'il nous fait à commencer par cette humilité même de Celui "qui enrichit les autres en s'appauvrissant, car Il adopte la pauvreté de ma chair pour que moi je m'enrichisse de sa divinité. Lui qui est plénitude s'anéantit, Il se dépouille de sa propre gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude. : ‎" (2)

La deuxième étape est une étape de communion ‎: "Jésus dans le coeur". Personnellement je garde toujours ces images des saints représentés par la peinture médiévale, à genoux devant la Croix pour recueillir le précieux sang. Elle nous permet d'ouvrir nos coeurs à cette source immense, ce fleuve du don de Dieu qui se donne et nous embrase, sans compter.
Olier invite lui au silence "pour recevoir l'étendue des dons".

La troisième étape est une coopération à l'oeuvre divine : "Jésus dans mes mains" qui nous fait actualiser ces dons reçus, qui nous transforment en "instruments de Dieu" (3) dans cette dynamique sacramentelle (4) souvent évoquée dans ces pages.

Elle est aussi une manière de rendre Dieu présent dans nos vies, en faire le centre, la source et l'horizon...

(1) Cité par Gilles Chaillot, op Cit p. 20-21
(2) Homélie de Grégoire de Naziance, source AELF 
(3) cf Etty Hillesum. ‎"C'est par l'homme que l'homme doit connaître le chemin du salut" disait aussi Léon XIII en 1889, cité par Dom Chautard, L'âme de tout apostolat, 1915. p.5
(4) voir aussi mon livre éponyme