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17 avril 2018

Douceur - Maurice Bellet

Bel hommage à Maurice Bellet dans la Croix du 12 avril (1) avec cette citation qui résume l’homme et fait écho à ce que je citais récemment chez Emmanuel Mounier : «   la puissance de la charité, cette douceur « qui fait à l’autre ce don majeur : qu’il se sente exister, humain parmi les humains, sans que de lui ou d’elle on exige rien » 
(Un chemin sans chemin, Bayard, 2016). (1)

(1) Frédéric Boyer, La Croix du 12 avril 2018

22 mars 2018

Tendresse blessée - Péguy

"Nul chemin ne conduit le chrétien au Domaine qui ne passe au carrefour de la Croix. La joie ne lui est pas retirée : elle est le son même de sa vie. Mais le bonheur tranquille n'est pas la joie. La joie dans les larmes, ou pendant le bon temps, une joie ardente et voilée, voilà l'état naturel du chrétien. Péguy disait que la tendresse, à cause de cela est la moelle du catholicisme. Une tendresse blessée...(1)

Un écho à mon "Dieu de faiblesse" éponyme?

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 175

16 mars 2018

Piétisme et fadeur

« Si le chrétien donne si souvent l'impression dans ses homélies sociales de ne pas avoir prise sur la réalité vivante (...) c'est bien souvent que l'énergie chrétienne qui lui donnerait le mordant (...) s'est affadie en lui dans un piétisme sans âme et sans accent : si bien qu'aux meilleures mêmes l'âpreté et l'indignation apparaissent comme une faute, l'affirmation des déterminismes, des contradictions provisoirement insolubles, des nécessités comme une impiété. » Mounier nous invite ainsi à « l'ascèse des contradictions et des expériences directement débattues »(1).
Qu'est-ce à dire ? Sombrons nous encore aujourd'hui dans un laisser faire au nom d'une miséricorde trop vite accordée. Ses propos sont durs et interpellent. Dans le contexte de 1934 sont ils plus pertinents qu'aujourd'hui ?
Personnellement j'ai peut-être cette fadeur du miséricordieux et le manque de mordant d'une piété exacerbée. Mais je sais qu'un jugement hâtif n'est pas non plus chrétien.
Notons seulement que Mounier dénonce aussitôt le risque de sombrer dans un discours moral, « responsable de la médiocrité de l’action ».
À méditer

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 153

15 mars 2018

La discrétion de Dieu

Une belle évocation chez Mounier qui entre en écho avec « la voix d'un fin silence », mon livre éponyme : « Saint Irénée évoquait la pédagogie divine ; on a parlé depuis de la discrétion de Dieu. Un immense silence qui dure toute l'histoire ; une inspiration par touches intimes qui laissent le champ libre à tout appareil humain ; la patience de tous les détours qui séparent l'inspiration de l'effet : telles apparaissent ces voies qui ne sont pas nos voies ». (1)

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 116

12 mars 2018

Foi et espérance

Peut-on définir le chrétien comme « « pessimiste actif ». Non répond Emmanuel Mounier qui préfère l'expression « d'optimiste tragique » (1). La différence tient aux trois vertus théologales. La foi et l'espérance nous interdisent tout pessimisme, même si le réalisme nous force à considérer le tragique de l'existence.
À méditer

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 110

Dynamique 15 - visibilité ou enfouissement

Il semblerait que les balancements actuels entre visibilité et enfouissement ne datent pas d'aujourd'hui. Entendre Mounier évoquer en 1948 qu'il y a 20 ans « le grand souci des jeunes chrétiens était de se manifester et de conquérir (« Vous êtes chrétiens et cela doit se voir ») » interroge. Je préfère personnellement sa deuxième version, plus inductive : « Vous êtes chrétiens, ça doit se percevoir, mais ça ne doit pas se voir (...) Être chrétien, c'est peut-être s'effacer sous une certaine transparence plus que s'efforcer à trop d'évidence. Se prêter difficilement à laisser agir en soi un Être plus qu'en ses nom et place »(1)

On est là bien sûr au cœur d'un conflit très profond digne de celui de Jn 8 entre les défenseurs de la loi gravée sur le roc et les traits dans le sable de Jésus. Pharisaïsme ou Présence intérieure ? Drapeaux et étendards ou contagion de l'amour ?
La foi ne s'impose pas. Elle est don de Dieu.

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 98

08 mars 2018

Dynamique 14 - engagement en tension

« L'homme n'est homme que par l'engagement. Mais si l'homme n'était que ses engagements, il serait esclave, surtout dans un monde où le réseau collectif se fait de plus en plus serré. (...) il faut [alors] qu'un drame intérieur anime l'engagement. Ce drame atteint son maximum d'intensité et de fécondité quand il résulte de la tension, dans l'impromptu de l'expérience, entre l'exigence inflexible de l'Absolu et l'exigence pressante de la réalisation. La situation d'insécurité et de hardiesse où elle nous introduit est le climat des grandes entreprises » (1)

Sans commentaire

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 96-97

07 mars 2018

Dynamique 13 - engagement

Où nous conduit l'adsum evoqué plus haut. Pour Mounier le chrétien est celui qui s'engage... « non pas seulement ici ou là, mais tout entier dans chaque acte, si bien que chacun de ses actes (...) devrait être comme le ramassement de toute sa vie (...) unité (...). [Être qui ] toujours dit je en pensant moi le moins souvent possible ; car ce je qui s'engage et qui s'affirme (...) s'efface d'un effacement cette fois supérieur, comme un médiateur, un répondant qui serait tout entier sa réponse (...) une parole unique dans un don unique : « cette goutte de sang que j'ai versé pour toi »(1)
Ici on sent l'accent christique du discours, mais n'est-ce pas notre chemin.

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 86

06 mars 2018

Dynamique 12 - Adsum

Après une contemplation de l'événement qui n'est pas sans écho avec « l'irruption du regard » dont parle Emmanuel Lévinas, Emmanuel Mounier nous invite à un pas de plus dans la dynamique sacramentelle : « adsum, dit le jeune diacre qui reçoit les ordres : ´je suis ici et je suis tel' ; j'ai lutté contre le pharisaïsme, les illusions de l'amour propre, les plus subtiles lâchetés ; si je n'ai accepté le compromis, je n'ai pas refusé mes données ; peut-être puis-je commencer à offrir un être consistant au mystère du Christ » (1)

Pas fragile de celui qui médite l'appel de Dieu et ne saisit pas encore où cela va le mener...

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 85


Dynamique 11 - L’engagement chez Mounier

« L'engagement est toujours nécessaire, il est toujours en porte-à-faux. Il oscille entre la répétition éthique et le secret religieux entre le temps qui le nourrit et l'éternité qui l'inspire. Il est dans le monde, sans être jamais tout à fait de ce monde »(1)

C'est dans l'agir chrétien que se vérifie et rayonne le fruit de la grâce reçue dans le sacrement. La dynamique sacramentelle se joue dans cette continuité.

Et sur ce chemin que seul le Christ a parcouru jusqu'au bout nous nous trouvons petit, car nos œuvres sont vaines si elles ne viennent pas de Dieu.

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 81


25 février 2018

Dynamique 8 - la tentation mystique

" Et Pierre répondit à Jésus : Rabbi il est bon que nous soyons ici. » Marc 9, 2-10.
"Quand je lis les Écritures et que je comprends spirituellement quelque enseignement sublime, moi aussi je ne veux pas descendre de là, je ne veux pas descendre à des réalités plus humbles : je veux faire dans mon cœur une tente pour le Christ, la Loi et les prophètes. Mais Jésus qui est venu pour sauver ce qui était perdu, qui n’est pas venu pour sauver ceux qui sont saints mais ceux qui se portent mal, sait que, s’Il reste sur la montagne, s’Il ne redescend sur terre, le genre humain ne sera pas sauvé" (1). 

J'appelle cela la tentation mystique.  Ce que Mounier souligne à sa manière en décrivant le risque bourgeois des bonnes idées qui ne passent pas à l'acte.

A méditer à l'aune de notre agir. Aimer Dieu n'est rien si l'on n'aime son frère dans sa pauvre réalité et sans retour, un chemin autrement plus difficile. 

Dieu en nous donnant son fils unique nous conduit sur les pas d'Abraham (Gn 22) vers le don total.

"Il n’a pas épargné son propre Fils,mais il l’a livré pour nous tous :comment pourrait-il, avec lui,ne pas nous donner tout ?" Rom 8, 31

(1) Saint Jérôme, Homélies sur Marc, n°6, SC 494 (p. 165,167,161,172, trad. SC) 

22 février 2018

Dynamique 7

Mon vis à vis n'est plus ce « néant immobile (...) mais à proprement parler une hostie, un sacrement, un miracle au détour de la rue, une présence inédite de Dieu, un temple de Jésus-Christ (...) sa réalité, ce n'est pas seulement lui fasse à moi, c'est nous deux ; le lien qui nous unit en une seule chair spirituelle dans le Corps mystique du Christ (...) un tu »(1)

Nous approchons une fois de plus de cette dynamique sacramentelle qui fait de nos rencontres des sacrements de la rencontre ultime et eschatologique.
Mounier reprend ici des concepts qui trouveront écho chez Emmanuel Lévinas sur le regard, le visage et la présence à l'autre. Une convergence qui trouve sa source commune chez Jaspers ?
Je retiendrais plus loin la conclusion du chapitre « je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui, et, à la limite : être, c'est aimer » (2)

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 44
(2) ibid p. 53

15 février 2018

Dynamique 4 - du personnalisme sacramentel

« Je ne commence à être une personne que du jour où se révèle à mes yeux [l'appel] (...) les valeurs qui me tirent au-dessus de moi. (...) le jour où chacun des membres a découvert chacun des autres comme une Personne et se met à la traiter comme telle (...) où chacune des personnes particulières s'occupe premièrement de tirer chacune des autres au-Dessus de soi vers les valeurs singulières de sa vocation propre et s'élève avec chacune d'elles. » (1)
Là se crée la deuxième phase de la dynamique sacramentelle que je cherche à décrire.

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p.42

14 février 2018

Dynamique chez Mounier 2

Une distinction apportée par Mounier renforce cette idée. Pour lui, l'homme « n'est pas situé, il est pris dans un corps, dans un temps, dans un lieu, dans un monde, dans une tranche d'histoire (...) en liaison avec une mission singulière, par une attention particulière de Dieu. (...) il est un esprit manifesté dans une chair, s'irradiant en elle (...) vocation »(1)
C'est pour moi le premier pas de cette dynamique sacramentelle qui fait de nos corps des temples de Dieu dans cette dynamique déjà évoquée chez Bonaventure entre vestiges et ressemblances (Hans Urs von Balthasar parle de traces et de miroir)

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 31sq.

Dynamique sacramentelle chez Emmanuel Mounier

Je commence la lecture de « L'engagement de la foi » un recueil de textes d'Emmanuel Mounier paru sous la direction de sa femme chez Parole et Silence.
Outre cette filiation à la pensée de Blondel déjà évoqué dans mes chemins de lecture, je découvre cet auteur longtemps ignoré à tort.
A partir de l'évocation de Gabriel Marcel que je connais mieux, le voici qui évoque la tentation de l'avoir. « Mais l'homme n'est pas créé pour posséder les choses et développer sur elle son instinct de puissance, mais d'abord, dit la Genèse pour les nommer, c'est à dire en introduisant avec elle un dialogue en tu ». Suit chez Mounier une évocation du rapport à la nature de notre frère François et du lien entre vestiges et ressemblances chez Bonaventure, mais la nouveauté est pour moi l'évocation du « caractère sacramentel de l'univers chrétien » d'une « sorte de sacrement naturel qui contribue à le tourner vers Dieu (...) dans un geste d'accueil et de salut ».(1) Il y a des germes de Laudato Si dans ce passage...

(1) Emmanuel Mounier, L'engagement de la foi, Paris, Parole et silence, 2017, p. 30

14 décembre 2015

Chercheur d'humanité

Chercheur d'humanité : C'est un titre que j'ose me donner parfois, dans la lignée de cette contemplation de l'homme avec un grand H découverte chez Mounier, Maritain ou Jean-Paul II. Jacques Loew peut être assurément classé dans cette race là. A partir d'une réflexion du professeur Joyeux, il souligne que l'homme a sur l'animal cette supériorité d'être capable d'admirer. (1)

Cela fait résonner en moi le premier stade de l'Oraison précisée plus haut chez Jean-Jacques Olier : contempler.

L'homme est homme quand il contemple, c'est à dire quand il est capable d'humilité devant le Beau qui se révèle à lui. Et ce faisant, il se dépouille de sa puissance, de même que le Christ dépose son vêtement avant de s'agenouiller devant l'homme...

(1) op Cit p. 75