31 mai 2022

Visitation

 Visitation…

« L'enfant a tressailli... »

Que dire quand on est homme et que jamais l'enfant n’a en nous manifesté sa présence ? Peut-on en être jaloux ?

Il y a pourtant des tressaillements intérieurs, des caresses de Dieu qui nous réveillent et nous font pressentir cela...


Signes discrets d’un Dieu qui vient se révéler

 à nous dans le silence ?

Signes plus tangibles quand la Parole 

fait vibrer en nous le mystère....

Tourbillons intérieurs qui se préparent alors que la Pentecôte approche à grand pas…

Chemins d’espérance ?


On devrait peut-être même aller plus loin et glisser sur la pointe des pieds que lorsqu'il nous a été donné de communier au corps et au sang du Christ, nous devenons à notre tour capables de ces « tressaillements » de Dieu en nous. 

Mais pas seulement, tans les dons de Dieu sont variés et les semences du verbe et de l’Esprit nombreuses.


Capax dei !


Est-ce ce que suggère François Varillon quand il dit que Dieu vient diviniser ce que nous avons humanisé ? (1)


Si j’ai du mal avec le mot diviniser, qui nous vient d’Irenée, peut-être est-ce là qu’il prend chair, dans ce tressaillement intérieur dû à l’inhabitation fugace du Verbe en l’homme...


Alors nous pouvons faire nôtre le magnificat. Car nous entrons à notre tour dans cette danse trinitaire à laquelle le "fiat" marial nous a invités. 


« Heureuse celle qui a cru... » 

On entend déjà résonner à nos oreilles le chant du magnificat qui rejoint soudain celui des béatitudes et notre cœur peut bondir d'allégresse d’une « petite espérance » car, en ce jour de la visitation, l'Église rentre dans la fête et la danse du peuple de Dieu. 


Après des siècles d’attente, après le désert, l'exil et la peine, la bonne nouvelle d'un Dieu parmi nous devrait à nouveau nous envahir. 

Dieu a entendu son peuple et lui a donné un sauveur...



« L'enfant a tressailli... » 

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s'est penché sur son humble servante ».... (Luc 1, 47)


Ce chant m’habite, habite aussi mes joies, même les plus intérieures. Il prend sa source dans les chants de l’AT et devient signe de nos espérances... il relève les humbles...


Que Dieu tressaille en nous à l’aube du mystère...


(1) F. Varillon, Joie de croire, joie de vivre


PS  : Variations sur ma danse 1.20 (cf. mon recueil,  « danse avec ton Dieu » chez Kobo/Fnac

29 mai 2022

Les semences du Verbe et de l’Esprit - 2.61

 

« Vous aussi, maintenant, vous êtes dans la peine, mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira ;et votre joie, personne ne vous l’enlèvera. » Jn 16

Comme le suggère François Varillon, il ne sert à rien de contempler les pieds du Ressuscité et se lamenter sur son absence. Il est parti mais à laissé en nous trois traces discrètes et fragiles que nous devons maintenant faire grandir. [Est-ce ce que Justin appelle les semences du Verbe ou ce que l’Église nomme les vertus théologales] : la foi, l’espérance et la charité…]


De ces dons dérivent trois interpellations dans cet entre-deux…


Avons-nous la foi ? Celle qui déplace les montagnes et nous conduit à tout quitter pour le suivre. 


Avons-nous l’espérance, celle qui nous fait relever la tête et croire en l’Esprit qui vient ?


Avons-nous la charité, cet amour gratuit que nous ne pouvons atteindre que par la grâce de Dieu ? 


Bien heureux ceux qui peuvent répondre oui. 


Heureux sont ceux qui lavent leur vêtements nous dit Jean dans son chapitre 22 de l’Apocalypse. Il fait probablement allusion à ceux qui ont lavé leurs vêtements dans le sang de l’agneau. Étienne en est le premier signe : une foi sans tâche qui lui permet de voir Dieu… voir Dieu alors même que cette danse restait cachée à Moïse (cf. Ex 33-34) ! On comprend le choc pour les juifs qui l’entouraient.


Et nous ? Quelle distance par rapport à nous qui errons dans le noir comme des brebis perdues… ?


Ne soyons pas pourtant de ceux qui abandonnent et quittent le sentier qui monte vers la joie. Descendons au fond de nous-mêmes pour retrouver ces semences déposées au cœur de notre baptême, comme celles qui vont pénétrer chez Chloé que je vais baptiser (demain/à l’instant). 


Si nous voulons être cohérents avec le message de Celui qui nous a précédé, il faudrait que nous tombions à genoux, comme l’a fait le vieux Siméon, devant cette petite fille et ses parents, qui choisissent aujourd’hui en âme et conscience de présenter Chloé à Dieu, car par là nous exprimerions, notre foi vivante, notre espérance et l’amour qui nous habite….


C’est dans ce cadre que nous pouvons entendre la prière du Ressuscité, parti, mais pourtant bien présent jusque dans son corps, bientôt partagé dans ce baptême à venir et dans l’eucharistie qui va suivre.


Montons à l’autel du Seigneur en goûtant à ces paroles du chapitre 17 comme un nectar sans prix, car signé par le don ultime du Christ, manduquons doucement ces paroles jusqu’à creuser en nous le terreau des semences de l’Esprit qui s’annonce…


«  Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. »


Mystère et tendresse de ce rêve de Dieu sur l’homme…. Mais poursuivons…


« Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi.

Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un,

afin que le monde sache que tu m’as envoyé,

et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »


[Dans ce juste au bout de l’amour que je vais manifester [jesus parle juste avant « l’heure »]


« Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis ils soient eux aussi avec moi et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.

Père juste, le monde ne t’a pas connu,

mais moi je t’ai connu,

et ceux-ci ont reconnu

que tu m’as envoyé. 

Je leur ai fait connaître ton nom,

et je le ferai connaître, 

pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux,  et que moi aussi, je sois en eux. » Jn 17


Notre unité est encore à construire. Elle dépend maintenant de chacun de nos gestes, de notre agir et de ces dons divins promis, de ces semences jetées en plein champ dans la démesure de l’amour trinitaire…


Notre unité n’est pas uniformité mais prise de conscience que Dieu nous appelle au meilleur de nous mêmes et surtout à partager ces dons reçus. 


Je ne voudrais pas terminer sans évoquer le fait que nous fêtons aujourd’hui la fête des mères, ces mamans qui depuis la conception et la naissance sont toutes données à leurs enfants. Bien souvent ce sont elles qui portent l’unité de la famille. Quand leur amour est gratuit et sans faille, elles deviennent signes d’autre chose, de Celui qui as tout donné pour l’unité…. 


[Leur risque est parfois de trop étreindre. Prions pour qu’elles trouvent aussi la juste distance, cette chasteté de laisser partir ceux qu’elles ont engendré. Une chasteté plus large que celle que nous évoquons souvent, celle de laisser pousser la semence d’amour qu’elles ont transmis à l’enfant qu’elles ont aimé jusqu’à laisser quitter le nid qu’elles avaient préparé] 😉 


* trame fragile d’une homélie dominicale à commenter…

Ascension, ultime agenouillement ? 2.60

 

D’agenouillements en agenouillements nous contemplons aujourd’hui l’élévation comme l’ultime et grand retrait du Fils, dans la dynamique même décrite par Paul en Ph 2.

Il nous faut probablement prendre du recul et percevoir peut-être la pédagogie divine (1) qui de théophanies en théophanies corrigent nos fausses idées de Dieu (2) jusqu’à prendre conscience qu’après le retrait du Père suit l’effacement du Fils.


Humilité extrême de celui qui après le grand abaissement devant l’homme, mimé dans le lavement des pieds (Jn 13) (3) et accompli et dévoilé sur une croix:(Marc 16) (4) vient l’enlèvement ultime de son corps transfiguré (Actes 1 - Luc 24)  pour que ne demeure plus qu’un souffle fragile et ténu.

 

Comme certaines interprétations le suggèrent, le bruit d’un fin silence n’est plus habité que par le chant des anges (1)  Le retrait de Dieu (5) est le don ultime qui conditionne notre liberté. Dieu se fait discret et fragile pour nous rendre capable d’avancer à notre tour vers l’amour. 

« Encore un peu de temps » et c’est maintenant « l’heure » favorable où nous devons tisser le Royaume de celui qui nous aime au point de livrer son corps pour transformer nos eaux en vin capiteux (cf. cana en Jn 2) ? et nous laisser les clés du Royaume. 

Il s’est retiré sur la point de les pieds. Comme le suggère Varillon, il ne sert à rien de lever la tête. Il nous faut peut-être contempler plutôt Celui qui pleure, probablement à chaque fois que nous refusons de marcher sur Ses pas. 

L’amour trinitaire ne se dévoile jamais autant que dans ce silence qui suit l’élévation ultime. Sommes nous à nouveau dans ce silence du samedi saint qu’évoque si bien Joseph Moingt ? 


La symbolique de Luc reprend ici probablement le schéma du livre des Rois et le départ d’Elie, pour nous faire comprendre que l’élévation du Fils ne se perçoit que dans le retrait et le silence. 

Il faut probablement revenir jusqu’à 1 Rois 19 pour entendre résonner sous une harmonique nouvelle la double question de « l’où es-tu ? » discrète posé dans le jardin originel et lancé à tout homme depuis Gn 3.

Le Fils de l’homme est le signe que l’indicible et l’inaccessible se joue dans le paradoxe du retrait et l’absence d’un Dieu qui s’est totalement révélé « à genoux devant l’homme » (1) agenouillement ultime devant ce que nous pouvons devenir si nous entendons le cri d’amour d’un Dieu qui attend que nous devenions ce à quoi nous sommes appelés. 


Retrait et présence ?

Dieu s’efface pour que nous entrions dans sa danse trinitaire et que nous devenions enfin ce qu’il a rêvé pour nous : des aimants véritables qui dans l’amour vécu et partagé, dans le don gratuit, commence à faire de nous le grand Corps de Celui qui a déjà tout livré pour préparer l’arrivée fragile du Défenseur, ce souffle discret qui après les feux follets de la Pentecôte s’effacera progressivement dans une multitude d’étincelles intérieures où Dieu vient souffler en nos cœurs la force d’avancer. 


Ce matin résonne le chant :

« Entré dans la gloire,

Jésus nous trace le chemin

Et nous conduit vers le matin

De sa victoire.


℟Mais l'amour seul est puissance,

Mystère découvert

Aux yeux de l'espérance.


Vêtu de lumière,

Il transfigure pour toujours

Le fils prodigue de retour

Auprès du Père.


Ouverte est la porte,

En sa demeure il nous reçoit,

Dans son offrande, vers la joie,

Ses mains nous portent.


Soleil de justice,

Il fait mûrir tout l'univers,

Et son Esprit, dans nos déserts,

Est source vive. » (5)


(1) cf. le tome 1 de ma trilogie Pédagogie divine, suivi de « À genoux devant l’homme » gratuits sur Kobo/Fnac

(2) cf. Tomas Rõmer l’invention de Dieu 

(3) Xavier Léon Dufour. 

(4) voir mon « rideau déchiré » et le magnifique « Dieu est nu. Hymne à la divine fragilité » de Simon Pierre Arnold, Lessius 2019 qui précise notamment p. 28  : « La kénose [humilité et dépouillement de Dieu au sens donné par Ph. 2] est une décision, et non une erreur stratégique. Elle est le point de départ de toute véritable nouveauté

(5) voir Dieu qui vient à l’homme de J. Moingt

(6) hymne de l’office des lectures de l’ascension qu’il faut lire tout entier sur AELF.org

Grâce, retrait et unité comme danse…

 « Il vaut mieux pour vous que je m’en aille » (Jn 16,7)

Pourquoi ce départ ?

Pourquoi ce manque ?

Pourquoi cette absence ?

Le chemin de la grâce est toujours inattendu, car il fait partie de cette révélation de l’indicible divin. 

À la suite de mes billets précédents, écoutons ce que dit notre nouveaux saint national 😉 :

« Quand nous voyons que la grâce de Dieu nous soutient moins, qu’elle diminue en nous, nous abandonne presque, gardons-nous de nous décourager. Cette diminution, ce délaissement, sont encore cette grâce, et celle qui nous est le plus utile pour le moment présent. C’est aux yeux de Dieu le moyen le plus efficace pour nous tirer de notre sommeil, de notre langueur, nous faire ouvrir les yeux, nous faire voir que nous avons quitté la bonne voie, que nous marchons à notre perte.

Loin de nous décourager, remercions-le profondément de nous ouvrir ainsi les yeux, et mettons-nous à faire sérieusement notre examen de conscience, à examiner nos infidélités, à voir les moyens de ne plus les commettre, et veillons sur nous, prenons de bonnes résolutions et efforçons-nous de les exécuter. Prions Dieu, demandons-lui de nous rendre ses grâces, promettons-lui d’y être plus fidèles à l’avenir que par le passé, et pleins d’humilité, de vigilance, de bon désir, commençons une nouvelle vie.

Si nous faisons cela, la grâce divine nous sera rendue avec plus d’abondance que par le passé, et cette soustraction momentanée de l’aide de Dieu aura été ce qu’elle devait être dans son intention, une source de plus grands biens, un moyen très efficace de nous convertir » (1)


Un signe fragile de cette délicatesse divine que nous n’avons pas fini de contempler. 


Il rejoint cette contemplation sur la danse trinitaire(2) que je ne cesse de thémathiser. Un Dieu qui s’approche et se retire comme une vague fragile et fraîche et nous laissant la liberté de rejoindre ses flots sans envahir notre liberté tout en cherchant à nous inviter à danser le chemin de l’unité. Ce matin, l’office des lectures nous rappelle cette invitation au rêve d’une véritable unité : « Nous bénéficions d'une union même corporelle avec le Christ, nous qui participons à sa chair sacrée. Saint Paul en témoigne lorsqu'il dit à propos du mystère de la piété :

Ce mystère, Dieu ne l'avait pas fait connaître aux hommes des générations passées comme il l'a révélé maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et à ses prophètes. Ce mystère, c'est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse dans le Christ.


« Si nous formons tous entre nous un même corps dans le Christ, et non pas seulement entre nous, mais avec lui, puisque évidemment il est en nous par sa propre chair, comment donc notre unité entre nous et dans le Christ n'est-elle pas déjà visible ? Car le Christ est le lien de l'unité, étant en lui-même Dieu et homme.


« Quant à l'unité dans l'Esprit, nous suivrons le même chemin et nous dirons encore qu'ayant tous reçu un seul et même Esprit, je veux dire l'Esprit Saint, nous sommes en quelque sorte mêlés intimement les uns avec les autres et avec Dieu. En effet, bien que nous soyons une multitude d'individus, et que le Christ fasse demeurer en chacun de nous l'Esprit de son Père qui est le sien, il n'y a cependant qu'un seul Esprit indivisible, qui rassemble en lui-même des esprits distincts les uns des autres du fait de leur existence individuelle, et qui les fait apparaître pour ainsi dire comme ayant tous une seule existence en lui.


« De même que la vertu de la chair sacrée fait un seul corps de tous ceux en qui elle est venue, de la même manière, à mon avis, l'Esprit de Dieu un et indivisible qui nous habite nous conduit tous à l'unité spirituelle. C'est pourquoi saint Paul nous exhortait ainsi : Supportez-vous les uns les autres avec amour ; rassemblés dans la paix, ayez à cœur de garder l'unité dans un même Esprit, comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance. Il n'y a qu'un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, parmi tous, et en tous. Si l'unique Esprit habite en nous, le Dieu unique, Père de tous, sera en nous, et il conduira par son Fils à l'union mutuelle et à l'union avec lui tout ce qui participe de l'Esprit.


« Que nous soyons unis au Saint-Esprit par une participation, cela aussi est visible, et voici comment. Si nous abandonnons une vie purement naturelle pour obéir une bonne fois aux lois de l'Esprit, ne sera-t-il pas évident pour tous qu'après avoir pour ainsi dire renoncé à notre vie propre, et réalisé l'union avec l'Esprit, nous avons obtenu une condition céleste, si bien que nous avons comme changé de nature ? Nous ne sommes plus seulement des hommes, mais en outre nous sommes des fils de Dieu, des hommes célestes, puisque nous sommes devenus participants de la nature divine.


« Tous, nous sommes donc un seul être dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Un seul être, dis-je, dans une identité d'état, ~ un seul être dans un progrès conforme à la piété, par notre communion à la chair sacrée du Christ, par notre communion à l'unique Esprit Saint. »(3)


Cette unité reste un rêve mais n’est-ce pas celui de Dieu.

« Avance au large… »

Dieu se retire pour nous inviter à sortir de notre zone de confort et plonger dans la mer « déchaînée » de son amour 😉 


Il me faut préparer une homélie sur l’ascension. N’ai-je pas la ma trame ? Que dire de plus ? 


(1) Saint Charles de Foucauld

§ 85, psaume 43 (Méditations sur les psaumes ; éd. Nouvelle Cité, 2002 ; p. 217-218 ; rev.)

source  : l’Évangile au Quotidien

(2) cf. mon dernier opus « danse avec ton Dieu » 

(3) saint Cyrille d’Alexandrie, commentaire de l’Evangile de Jean, source office des lectures du 24/5

22 mai 2022

Retrait et présence 2.59

 

À l’aube de l’Ascension nous nous préparons au départ du Seigneur, tout en sentant sa fragile et délicate Présence

Paradoxe de la distance et d’une proximité toute intérieure.

Cet entre~deux qui se prépare rend plus prégnant certains contrastes :

Deuils et espérance 

Nuit obscure et brûlure du souvenir.

Amertume et douceur dont parle l’apocalypse.

Joie et tristesse.

Souffrance et consolation ?


Pourquoi ?

Où es-tu mon Dieu ?

Dieu prépare, en nous, une demeure discrète et bien fragile…


Vendredi soir j’écoutais une mère me parler de son fils parti à 19 ans après un long cancer..

Que dire ?

Entendre la douleur, compatir à cette souffrance 

Et espérer contre toute espérance que ce manque abyssal trouvera au fond du gouffre la grâce d’un baume réparateur ?


La liturgie de ce dimanche trace dans ce cadre, et à sa manière, un chemin fragile d’espérance à l’aube de l’Ascension. 


    « Si quelqu’un m’aime,

il gardera ma parole ;

mon Père l’aimera,

nous viendrons vers lui

et, chez lui, nous nous ferons une demeure.* jean 14


Garder…

Demeurer…

Viens demeurer en moi Seigneur.


Écoutons le Christ nous prendre par la main, comme il l’a fait pour ses disciples… : 

    

    « Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »


Le défenseur, le souffle..

Celui qui rend toute chose possible malgré l’absence…


« Je vous laisse la paix,

je vous donne ma paix ;

ce n’est pas à la manière du monde

que je vous la donne.

Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais,

et je reviens vers vous. »


Je m’en vais et je reviens… mais comment ?


« Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie

puisque je pars vers le Père,

car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant,

avant qu’elles n’arrivent ;

ainsi, lorsqu’elles arriveront,

vous croirez. » Jn 14


Que dire…

La demeure toute intérieure et en même temps inaccessible de Dieu en nous ne peut être thématisée.


L’amour est plus fort que la mort, 

mais cette force est discrète et parfois insaisissable, 

car Dieu ne peut être contenu et ses dons restent discrets, 

de peur de froisser notre liberté..


Samedi, par mes mains fragiles et le ministère qui m’est confié, une petite L. est entrée dans la famille des enfants de Dieu, alors que sa maman et ceux qui l’entourent étaient touchés par un nombre indécents de deuils. La maman les a tous évoqués, avec délicatesse, tous ces absents qui auraient pu apporter à cette petite fille un peu de présence et de douceur. Elle avait choisi deux textes dont celui  qui parle de pierres vivantes… 


Viens Seigneur habitez en elle, en eux.

Comble les de ta grâce….

Et que les mots qui sont venues à mes lèvres trouvent en leur cœur leur chemin, ton chemin…


Je vous les confie…

Que le Dieu d’amour les portent dans ses bras…


Pour aller plus loin :

1. Anne Dauphine Juliand, Consolation, éditions Les Arènes

2. Lytta Basset Ce lien qui ne meurt jamais 

3. François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017

4. Et mes essais et romans gratuits sur Kobo / Fnac

- Quelle espérance pour l’homme souffrant…

- Où es-tu mon Dieu ?

- D’une perle à l’autre

15 mai 2022

Retraits et testament - 2.58

 

Et si nous entrions dans le rêve de Dieu, comme nous le suggère notre pape François. 

La deuxième lecture de ce dimanche est tirée de l’apocalypse de St Jean. Elle nous introduit à sa manière à ce rêve : « J’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, Car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés Et, de mer, il n’y en a plus. Il essuiera toute larme de leurs yeux..Ap. 21


Comment atteindre ce rêve, cette terre nouvelle ? 

Cela passe peut-être par un premier retrait… Laisser se retirer cette mer envahissante de nos désirs et de nos doutes pour marcher vers « autrui ». Décentrement…


Peut-être est-ce ce qu’a cherché Charles de Foucault dans sa quête au bout du silence. 

Le chemin du désert (1) est le temps où se prépare en nous le royaume.


Jésus. nous invite ailleurs. Il vient déranger nos habitudes Par ses derniers mots, il signe à sa manière son humble retrait.du monde. Dans l’Évangile (Jn13) Jésus le suggère à sa manière :

« Encore un peu de temps… »

Encore un peu de temps avec vous…

À dix jours de l’ascension, nous goûtons déjà ce dimanche aux derniers signes de la présence du ressuscité avant son grand retrait…

 

Jean nous invite à méditer le  contraste saisissant entre la gloire du Fils et son retrait…

Imaginons la scène. Elle se situe après le lavement des pieds et avant la Passion. Déjà le Fils prépare son retrait… Derniers pas de cette danse tragique où Dieu révèle qui IL EST, sans forcer notre liberté.

Vague discrète d’un amour qui a lechè les pieds des disciples avant le don total et silencieux de la croix qui sera lumière pour le monde.

Écoutons le…à nouveau…

Où en sommes-nous ?

Nous avons passé Pâques…

Au Christ lumineux, qui est apparu plusieurs fois pour conforter ceux qui avaient perdu confiance, se prépare un nouveau temps, celui du désert et du manque…

 

Jésus quitte la plage de nos vies.

Il ne reste plus qu’une étendue immense d’où s’évapore les dernières lueurs de sa présence.

Dans ce désert qui se prépare, les disciples n’auront plus que quelques traces fragiles. Des mots, des gestes, le souvenir d’un Christ à genoux, des paraboles, griffonnées en chemin, ce qui va préparer la naissance des quatre évangiles.

 

Pourquoi ce départ ?

Pourquoi ce silence ?

Où es-tu mon Dieu ?, disons-nous souvent ?

 

« Tu m’as répondu », suggère le psaume.

Les fragiles étincelles de la présence du Fils révèlent autre chose.

Dans l’amour reçu, dans la tendresse qui affleure parfois d’un sourire, Dieu nous laisse quelques pâles souvenirs.

Quelques traits sur le sable…

Souvenons-nous de cette belle prière d’Ademar de Barros que je vous invite à relire, à méditer : « j’ai rêvé que je cheminais sur la plage en compagnie du Seigneur »

«  Je ne t’ai pas abandonné : les jours où tu n’as vu qu’une trace sur le sable sont les jours où je t’ai porté… »

Dieu n’est pas où on l’attend.

IL EST, mais dans le surgissement inattendu d’un fin silence, insaisissable et incontrôlable.

Il nous porte dans ses bras même si nous ne le sentons pas pleurer à nos côtés

Il nous relève quand nous n’avons plus la force d’avancer.

Il est lumière,

IL EST.

Alors, Non, notre quête n’est pas vaine.

Car l’indicible se cache pour que nous découvrions ailleurs sa présence.

 

Viens, Esprit de feu !

Nos nuits obscures (2) attendent ta flamme.

Viens redonner courage à ceux qui pleurent dans le silence et la solitude.

Fais de nous des signes de ta présence discrète.

Aide nous à révéler ce feu qui brûle en nous sous le boisseau.

Viens embraser nos cœurs de chair de ta présence silencieuse.

Allume en nous le feu qui déjà réchauffe nos cœurs de pierre.

 

Laisse-nous être remués par ton dernier appel…

« Aimez-vous comme je vous ai aimé. »

Comme…


« Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Une invitation surprenante nous est faite ce dimanche dans la liturgie de la Parole. Une forme de testament que Jésus laisse à chacun d’entre nous.

Invitation peu banale en soi, mais dont le contenu ne peut que nous interroger, nous bousculer : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » et  comme je continue de le faire au-delà de mes silences… oserai je ajouter.


Comment faire ce pas ? 

Si Jésus se retire, c’est pour que l’amour du « comme » devienne lumière.

Si Jésus disparaît c’est pour que nous devenions ses témoins, non par nos propres forces, mais pour que de son absence vienne le manque, cette quête salutaire qui nous conduit à sentir qu’il est DON et à trouver en nous la Force de réaliser ce qu’il nous offre.

 

Fais qu’en nous jaillisse l’Esprit.

Viens Esprit Saint


Pour aller plus loin : 


(1) voir ici le livre en téléchargement gratuit : https://www.kobo.com/fr/fr/search?query=claude%20j%20heriard

(2) cf. François Marxer, Au péril de la Nuit, Femmes mystiques du XXeme siècle, Paris, Cerf, 2017

13 mai 2022

Mystère du retrait…

 

Comme une vague qui, d’un dernier effort, a léché le rivage, Dieu semble avoir quitté la plage de nos vies.

Il ne reste plus qu’une étendue immense d’où s’évaporent les dernières humeurs de la mer.

Dans ce désert se découvre parfois quelques traces fragiles et souvent éphémères. 

Là une puce de mer, là un coquillage qui témoignent que la vie demeure sous le soleil de plomb.

Où es tu mon Dieu ?

Pourquoi ce silence ?


Tu m’as répondu, suggère le psaume.

Fragiles étincelles de ta présence.

Dans le sourire d’un étranger,

Dans la caresse d’une mère,

Dans le chaste baiser d’un amour qui se donne ?

Tu nous a laissé de bien pâles souvenirs.

Quelques traits sur le sable…


Et nous voilà, errants, à chercher dans nos vies ce qui demeure.

Quête fragile que cet indicible qui se cache dans des pages jaunies ou des pierres élimées.


Dieu n’est jamais où on l’attend.

Il est, mais dans le surgissement inattendu d’un fin silence, insaisissable et incontrôlable.

Il nous porte dans ses bras et pourtant nous ne le sentons pas pleurer à nos côtés 

Il nous relève quand nous n’avons plus la force d’avancer.

Il est lumière, 

Il est.


Viens, Esprit de feu !

Nos nuits obscures attendent ta flamme.

Viens redonner courage à ceux qui pleurent dans le silence et la solitude.

Fais de nous des signes de ta présence discrète.

Aide nous à révéler ce feu qui brûle en nous sous le boisseau.

Viens embraser nos cœurs de ta présence silencieuse.


Allume en nous le feu qui déjà réchauffe nos cœurs de pierre.

12 mai 2022

La danse des brebis 2.56

 

La multitude immense de ceux qui ont lavé leurs vêtements dans le sang de l’agneau forment ils ensemble les brebis du Père ? 

La limite des images reprises par les lectures d’aujourd’hui est peut-être d’osciller entre martyre et docilité servile, quand l’enjeu est ailleurs. Sommes-nous des grains à moudre comme je le suggérais dans mon billet précédent avec, là encore, une limite servile ou des semences du Verbe, chacune capable de former une forêt immense d’arbres porteurs de fruits féconds, abreuvés par la source unique d’un Dieu qui se donne.


Entre les images et le sens profond d’un peuple en marche, se trace les limites du discours. 


Le bon berger ne dirige pas son troupeau avec un bâton, mais marche avec lui, se penche vers chacune, espère contre toute espérance que la graine de moutarde semée dans les cœurs portera du fruit. Un pour un ou un pour cent ? 


Peu importe si la graine s’abreuve à la source féconde. 


L’enjeu d’une impossible unité est peut-être dans l’agenouillement du Fils devant chacun…espérance fragile d’un Dieu qui croit en l’homme.


N’arrachez pas l’ivraie. Le champ est immense et l’Esprit fécond.

06 mai 2022

Danse des grains

 Danse des grains 2.55 (v2) - Demeurer et faire corps. La lecture de Jean 6 que nous donne à manduquer la liturgie d’hier et d’aujourd’hui va loin. Comme un appel à danser ensemble vers une communion toujours plus intense et signifier ainsi que Dieu seul est « sacrement de notre unité ».

Il y a peut être là une piste à creuser, à travers cette dimension communautaire de l’eucharistie qui n’est pas individuelle mais collective dans cet « en Christo » qu’évoque Hans Urs von Balthasar, dans la deuxième partie de sa trilogie, à la suite de Paul. 

Vivre « en Christ », qu’est-ce à dire ?


Saint Augustin a une belle image à ce sujet :

« Le pain est formé d'une multitude de grains; (...)« Si nombreux que nous soyons, dit en effet l'Apôtre, nous sommes tous un seul pain, un seul corps ». (...) Ce pain sacré nous apprend donc combien nous devons aimer l'union. 

En effet, est-il formé d'un seul grain? N'est-il pas au contraire composé de plusieurs grains de froment? Ces grains, avant d'être transformés en pain, étaient séparés les uns des autres; l'eau a servi durant ces jours passés vous étiez en quelque sorte écrasés (...) . L'eau du baptême est venue comme vous pénétrer ensuite, afin de faire de vous une espèce de pâte spirituelle. Mais il n'y a pas de pain sans la chaleur du feu. De quoi le feu est-il ici le symbole ? Du saint chrême : car l'huile qui entretient le feu parmi nous

est la figure de l'Esprit saint. » (1)


A cette lecture on voit que le « demeurer » n’est plus seulement un élan mystique individuel(2) comme cette tente que voulait planter Pierre au mont Thabor, mais bien la réponse à cette danse à laquelle nous sommes appelés au delà de l’humilité/kénose/danse trinitaire qui nous y invite notamment dans le « faites ceci en mémoire de moi »…


Cette dimension communautaire est à travailler pour dépasser ce qui, dans le rite, réduit l’enjeu du « faites ceci » en ce que XL Dufour appelait un mime. 


L’eucharistie n’est pas ce que nous en faisons souvent : une succession de rites magiques, mais bien un lieu de transformation fondamentale de notre vie.


La communion de tous les baptisés n’a de sens que si elle transforme la communauté en une véritable solidarité « polyédrique » au sens donné par François, où chacun a sa place active et essentielle. Le prêtre est utile, mais n’a, comme le souligne Benoît XVI lui même(3), qu’un rôle d’intermédiaire dans le mouvement collectif de l’assemblée qui, uni en Christ, devient corps dans sa manière d’être, transformé par le travail intérieur et un interactif entre le don reçu et le don donné, qu’exprime à sa manière aussi le couple chrétien dans son échange sacramentel (et dans sa vie) : « je te reçois et je me donne à toi ».


Ajoutons que le Christ n’est pas mort pour moi, je ne le reçois pas pour moi. Il est mort pour que nous participions ensemble à cette « dynamique sacramentelle » (4) qui dépasse le rite pour devenir l’aujourd’hui d’un royaume à construire. En ce sens ce n’est pas le ministre qui compte mais le Corps qui se construit, pour que cette inhabitation de Dieu en nous nous rende véritablement participants au plan de salut.


Zachée,  descends de ton arbre solitaire. Je veux demeurer chez/en toi… La phrase étonnante de Jésus est transformante et voici que son cœur de publicain éclate en don… 

Seigneur vient demeurer en nous pour que nos cœurs deviennent danse…


(1) SAINT AUGUSTIN, Sermon CCXXVII,

pour le jour de Pâque, aux nouveaux baptisés, cité par Martin Pochon dans son livre sur « la lettre aux hébreux » op. cit. p.188

(2) cf. Bernard SESBOUE dans son livre, Comprendre l'Eucharistie, Paris, Salvator2020, p-39-65, regrette que la tradition liturgique ait quelque peu effacé de sa symbolique cette dynamique unificatrice : la communion est devenue un acte individuel. B. Sesboüé cite encore sur ce thème le sermon 229 de saint Augustin, PL 38, col. 1103, et La Cité de Dieu, X, 6, NBA. Ibid.

(3) in J. Ratzinger, Les principes de la théologie catholique, Paris, Téqui, 1982, p. 315

(4) cf http://chemin.blogspot.com/2020/05/lectures-pastorales-2-livres-en.html

Pain de vie

 « Je suis le pain de la vie. » Jn 6, 46

Je suis…

Je suis celui qui est, qui était et qui vient.

Je suis quand même tu n’es pas.

Je suis l’amour qui s’abaisse et se donne.


Pain rompu, broyé, 

froment réduit à un presque rien 

et pourtant….


Pain donné, distribué, multiplié à l’infini, 

comme un souffle fragile, 

battement d’aile d’un papillon 

qui devient ouragan…


Manduquer ce pain, 

se laisser nourrir par ce Verbe 

qui descend jusque dans nos entrailles 

et y plante sa semence fragile 

jusqu’à saisir en nous le meilleur.


Former à notre tour, ce Corps,

Pour être ensemble signe 

D’un don premier, unique,

Insaisissable, irremplaçable.


Pain de vie.

Vie, chemin, vérité.

Plus fort que la mort.

Ressuscité.


Cf.aussi la Maison d’Évangile - La Parole Partagée

02 mai 2022

Dieu a besoin de nos mains

 Etty Hillesum en cette fête de saint Athanase : Un texte qui m’a toujours inspiré, venu du fond de l’enfer des hommes, emprunté sur RT* : « Ce sont des temps d'effroi, mon Dieu. Cette nuit pour la première fois je suis resté éveillée dans le noir, les yeux brûlants, des images de souffrance humaine défilant sans arrêt devant moi. Je vais te promettre une chose mon, Dieu, oh, une broutille : je me garderai de suspendre au jour présent, comme autant de poids, les angoisses que m'inspire l'avenir; mais cela demande un certain entraînement. Pour l'instant, à chaque jour suffit sa peine.


Je vais t'aider, mon Dieu, à ne pas T'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance. Une chose cependant m'apparaît de plus en plus claire : ce n'est pas Toi qui peut nous aider, mais nous qui pouvons T’aider - et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. C'est tout ce qu'il nous est possible de sauver en cette époque et c'est aussi la seule chose qui compte : un peu de TOI en nous, mon Dieu. Peut-être pourrons-nous aussi contribuer à Te mettre au jour dans les cœurs martyrisés des autres.


(...) Il m'apparaît de plus en plus clairement à chaque pulsation de mon cœur que (...) c'est à nous de T'aider et de défendre jusqu'au bout la demeure qui t'abrite en nous. Il y a des gens - le croirait-on ? - qui au dernier moment tâche de mettre en lieu sûr des aspirateurs, des fourchettes et des cuillers en argent, au lieu de te protéger Toi, mon Dieu. Et il y a des gens qui cherchent à protéger leur propre corps, qui pourtant n'est plus que le réceptacle de mille angoisses et de mille haines. Ils disent : Moi je ne tomberai pas sous leurs griffes ! Ils oublient qu'on est jamais sous les griffes de personne tant qu'on est dans tes bras.


Cette conversation avec Toi, mon Dieu, commence à me redonner un peu de calme. J'en aurai beaucoup d'autres avec Toi dans un avenir proche... (...)  Tu connaîtras sûrement des moments de disette en moi, mon Dieu, où ma confiance ne te nourrira plus aussi richement, mais crois-moi, je continuerai à œuvrer pour Toi, je Te resterai fidèle et ne Te chasserai pas de mon enclos. (...) 


Maintenant je vais me consacrer à cette journée. Je vais me répandre parmi les hommes aujourd'hui et les rumeurs mauvaises, les menaces m'assailliront comme autant de soldats ennemis une forteresse imprenable. »(1) 


(1) Etty Hillesum 

Prière du dimanche matin (12 juillet 1942) 


Esther « Etty » Hillesum, née le 15 janvier 1914 à Middelbourg (Pays-Bas), et morte le 30 novembre 1943 au camp de concentration d’Auschwitz (Pologne), est une jeune femme juive et une mystique connue pour avoir, pendant la Seconde Guerre mondiale, tenu son journal intime (1941-1942) et écrit des lettres (1942-1943) depuis le camp de transit de Westerbork aux Pays-Bas.


À la dernière page de son journal, datée du 12 octobre 1942, elle a écrit : « J’ai rompu mon corps comme le pain et l’ai partagé entre les hommes. »


* Merci Alain Deschenes

01 mai 2022

Un texte fondateur ? 2.52 ter

 

D’une certaine manière le contraste entre Actes et Jean 21 que l’Église nous propose aujourd’hui reste pour moi la piste essentielle pour travailler l’humilité du clerc, mais également de tout homme. Pierre est à lui seul incapable de mener l’Église et ce n’est qu’à travers l’humilité et par la force discrète de l’Esprit qu’il peut être pêcheur d’hommes.

Plus encore,  nos efforts individuels sont vains s’ils ne sont « poussés par l’Esprit ». 


Certaines interprétations de Jn 21 en font un texte tardif ou l’école Johannique fait allégeance à celle de Jérusalem tout en mettant cette distance salutaire entre l’apôtre éclairé et conduit par l’Esprit et l’homme relevé par la miséricorde divine. C’est notre chemin à tous, le contraste souligné par Paul, notamment en Ph. 3 entre nos balayures humaines et ce qui peut nous saisir dans une course infinie pour tâcher de Le saisir, alors même que nous parvenons rarement à faire ce que nous voulons. 


PS : Merci à l’amie fidèle qui m’a aidée à améliorer mon texte et à Claire pour une suggestion dans notre Maison d’Évangile - La Parole Partagée