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24 mars 2019

De quoi avons nous soif ? - 2

D'avoir, de pouvoir, de reconnaissance 
Nos cupidités, notre avarice, c'est notre soif d'avoir...
Nos violences, c'est notre soif de pouvoir
Notre tendance à juger, notre orgueil, c'est notre soif de valoir.

Tout cela est notre lot. Le Seigneur le sait, puisque comme nous, il a été tenté au désert. 

Et pourtant, comme le suggère saint Léon le Grand, « Le seigneur a dit : Je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs. Il n'est donc pas permis à aucun chrétien de haïr qui que ce soit : personne ne peut être sauvé si ce n'est dans le pardon des péchés et, ceux que la sagesse du monde méprise, nous ne savons pas à quel point la grâce de l'Esprit peut leur donner du prix. Que le peuple de Dieu soit saint et qu'il soit bon : saint pour se détourner de ce qui est défendu, bon pour agir selon les commandements. Bien qu'il soit grand d'avoir une foi droite et une saine doctrine, et que soient digne de louange la sobriété, la douceur et la pureté, toutes ces vertus demeurent pourtant vaines sans la charité. Et on ne peut pas dire qu'une conduite excellente soit féconde si elle n'est pas engendrée par l'amour. ~

Que les croyants fassent donc la critique de leur propre état d'esprit et qu'ils examinent attentivement les sentiments intimes de leur cœur. S'ils trouvent au fond de leur conscience quelque fruit de la charité, qu'ils ne doutent pas que Dieu est en eux. Et pour devenir de plus en plus capables d'accueillir un hôte si grand, qu'ils persévèrent et grandissent dans la miséricorde par des actes. Si en effet l'amour est Dieu, la charité ne doit connaître nulle borne, car aucune limite ne peut enfermer la divinité.

Pour traduire en actes ce bien de la charité, mes frères, il est vrai que tous les temps sont bons ; et pourtant, les jours que nous vivons nous y exhortent particulièrement. Ceux qui désirent accueillir la Pâque du Seigneur avec la sainteté de l'esprit et du corps doivent s'efforcer avant tout d'acquérir cette grâce que contient la somme des vertus et couvre une multitude de péchés.

Sur le point donc de célébrer le plus grand de tous les mystères, celui où le sang de Jésus Christ a effacé nos iniquités, préparons tout d'abord le sacrifice de la miséricorde. Ce que la bonté de Dieu nous a donné, nous le rendrons ainsi à ceux qui nous ont offensés. Que les injures soient jetées dans l'oubli, que les fautes ignorent désormais la torture et que toutes les offenses soient libérées de la peur de la vengeance ! Que chacun sache bien que lui-même est pécheur et, pour recevoir le pardon, qu'il se réjouisse d'avoir trouvé à qui pardonner. Ainsi lorsque nous dirons, selon l'enseignement du Seigneur : Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, nous ne douterons pas, en formulant notre prière, d'obtenir le pardon de Dieu.  (1)

(1) Saint Léon le Grand, Sermon sur la Passion

29 décembre 2016

L'Église au XVIème siècle

"La situation religieuse en Europe à la veille de la Réforme protestante (...) est en fait plus complexe, à un degré qui ne permet pas les raccourcis sommaires et qui remet en question les stéréotypes toujours dominants dans les médias populaires" (1)

O'Malley évoque ainsi une réforme spontanée du clergé, surtout dans les ordres religieux.

Si je résume c'est un peu comme dire que l'église actuelle se résume aux crimes et abus de certains. La tentation de l'amalgame ignore le travail de l'Esprit dans le Corps...

Sommes-nous des pécheurs pardonnés ?

La sainteté de l'Eglise est-elle un but à atteindre ici-bas...?

La coexistence entre une Église sainte et pécheresse reste une tension. Affirmer le contraire serait présomptueux, ce que l'on ne peut plus se permettre.

(1) O'Malley, Le concile de Trente ibid. p. 57

28 octobre 2016

La liberté comme victoire - Anselme de Cantorbéry

Un deuxième apport d'Anselme peut être de concevoir la liberté non comme un droit mais comme une victoire(1), celle d'accéder à la veritable liberté sur toutes les "adhérences humaines", addictions, tentations, péchés qui nous éloignent de ce à quoi nous sommes destinés (la joie en Dieu) et nous éloignent de Dieu.
Cette distinction conceptuelle est pleine d'intérêt car elle ne voit plus le pêché originel comme un boulet incontournable, mais comme une vision temporaire, anti-pélagienne et incomplète de notre réalité humaine. Nous sommes créés en vue de cette joie à venir... Et tout ce qui nous retient de marcher vers Dieu est chemin, lieu d'effort, de conversion, d'écoute, de décentrement en direction du seul but à atteindre, considérer :
- le passé comme balayure (cf. Ph. 3) et en même temps chemin de conversion et d'apprentissage
- et l'avenir comme appel et joie à venir, celle d'être porté par la grâce et d'être saisi en Christ (Ph 3) pour participer librement au Royaume.

Il reste un point à ajouter. C'est l'insistance sur la grâce, car nos adhérences au mal nous retiennent souvent d'accéder à cette victoire et nos addictions nous empêchent d'avancer. Là plus qu'ailleurs la prière prend du sens car Dieu seul peut nous aider à surmonter cet obstacle qui est de fait de l'ordre de l'originel. Si nous ne pouvons aller seul plus loin, c'est parce que la médiation du Christ est essentielle, point de basculement qui fait de nous des êtres assoiffés de cette grâce qui nous conduira à la victoire finale.

(1) cf. Hans Urs von Balthasar, GC2 p. 217

28 septembre 2014

Rémission des péchés - Sacrifice du Christ, II


Mon ami continue : "Pourquoi la mort du Christ était-t-elle un préalable à la rémission de nos péchés  ?".

Voici ma réponse :

Le premier constat est que nous sommes tous blessés et donc que nous avons une "adhérence" au mal, que l'Eglise nomme péché, mais je n'aime pas le terme désuet. Cette adhérence ne peut être guérie que par la quête d'une voie meilleure. En nous montrant le chemin de l'amour, le Christ nous rend libre et cette libération est ce que l'on appelle bien maladroitement la rémission du péché. Prends le temps de méditer l'histoire du paralytique (Mat 9,1ss) qui est un peu notre histoire à tous. Son adhérence le cloue sur son lit. Jésus lui redonne le chemin pour marcher, loin d'une culpabilité maladive. Lève toi et marche. Sors de tes passions mortifères, laisse toi porter vers l'amour.‎ C'est le message de ce texte.

L'ancien testament est du même ordre. C'est le récit des adhérences multiples des hommes au mal, de leurs violences. Un regard qui prend de la distance sur le texte voit ce chemin. Il comprend les erreurs, les fausses idées de Dieu qu'il véhicule et perçoit que la révélation n'est accessible que dans le déchirement du voile. Or ce dernier n'apparaît qu'en Marc 15, 38 quand le voile laisse place à la Croix, le signe d'un Dieu qui aime l'homme jusqu'à en mourir.

Tu me dis que l'on devrait plus expliquer tout cela. Tu as raison.
Longtemps l'église à considéré que les laïcs n'avaient pas les moyens de comprendre. Il est temps que nous nous prenions en main pour démystifier ce qui reste désuet et chercher l'essentiel, ce que Balthasar appelle un "retour au centre" : Jésus Christ.