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21 septembre 2007

Orgueil


« Quoi que je fasse, ce sera en porte à faux devant le Seigneur. Supposons que j’ai soif : si je bois, j’allège ma souffrance alors que le Seigneur a eu soif sur la croix. Et si je ne bois pas, c’est pour pouvoir maîtriser la souffrance : d’un côté comme de l’autre, c’est de l’orgueil. Quoi que l’on fasse, ce sera toujours à contretemps : Devant Dieu on est toujours qu’un pécheur. Et c’est précisément lorsque l’on est admis à subir la souffrance du Christ et jusque dans son enfer, qu’on peut échapper à cette contradiction : on souffre avec lui et en même temps, il souffre pour moi. » (1)

Il ne peut y avoir de décentrement véritable que s’il est admis par Dieu. Le reste est pur orgueil… J’ai du chemin à parcourir.

(1) EHI, n° 134, Adrienne von Speyr / Hans Urs von Balthasar p. 402

PS ; Sur ces termes, je fais une pose dans la publication de ce blogue... Les messages seront plus espacés, alors que je commence mes cours d'exégèse...

20 septembre 2007

Traversée de l’enfer

Le sujet de l'enfer est toujours délicat et je ne me prononcerai pas plus que dans la présentation de ce point de vue.

Pour Hans Urs von Balthasar, Adrienne von Speyr est la seule à proposer une lecture théologique de la vision luthérienne de l’enfer. Sa démarche n’est ni amour, ni espérance. C’est seulement la « constatation de cette chose purement objective » dans une sorte de connaissance qui lui est surimposée, qu’il rencontre là à l’instant terrible de tous les péchés, tout ce qui est purement et simplement rejeté et n’a plus la moindre chose à voir avec le Père dont la création est toujours bonne.

Il s’agit d’une constatation objective. Le Christ « traverse l’enfer à la rencontre du Père qui ne s’y trouve sûrement pas, mais le fait qu’il le traverse en étant celui qu’il est réellement, c'est à dire le Fils sans péché » n’est pas neutre. Dans ce samedi saint « il se dirige vers deux directions opposées : d’un côté, il va au paradis avec le bon larron mais avec le mauvais larron qu’il veut aller chercher » il ira au plus loin de l’enfer, porteur des péchés, au plus proche. « Il est ce mouvement qui a perdu son être parole (de là son silence) tout en restant l’attestation la plus forte et la plus manifeste du Père au monde ».(1)

Et la mystique ajoutera que cette démarche est trinitaire. Ce qui tombe sous le sens, du fait même de la nature de la Trinité, mais ce qui mérité d’être souligné trois fois.

De même, « Le Père n’est jamais plus présent que dans cette absence sur la croix ». (2)

« Quand le Fils paraît être le plus abandonné par le Père, c’est alors que la déréliction est utilisée pour faire sauter le verrou de la véritable déréliction, celle de l’enfer, et pour faire entrer le Fils, accompagné du monde libéré, dans le ciel du Père ». (3)

(1) Adrienne von Speyr, Kreuz und Hölle, 26 et 333, cité par Hans Urs von Balthasar, ibid p. 390-393
(2) ibid. 306 cité p. 394
(3) ibid. p. 190s cité p.397

01 juillet 2007

Fécondité spirituelle

C’est avant tout spirituellement que l’homme doit être fécond. Tel est pour lui à la fois le don et le devoir qu’il doit exécuter par obéissance envers Dieu.
Dans l’acte d’amour sexuel authentique, la part de l’homme qui a première vue n’est qu’action devient un réel don, mais seulement s’il comprend la perte de soi comme une manière de se retrouver en se donnant à l’autre. « L’homme ouvre la femme du dehors il l’a pénètre pour donner lieu au processus féminin d’enfantement qui se déroule du dedans au dehors. Les deux sont liés : chacun des deux mouvements est à la fois fin et commencement. On a de plus une dialectique entre solitude et couple : l’homme fait appel à la puissance d’enfantement de la femme pour engendrer en elle (...) dans l’acte même qui le rend agissant comme principe masculin, il manifeste à la femme la puissance qui réside en elle, tandis que la femme, en enfantant, manifeste la force de l’homme : dans l’acte de conception l’homme est actif, la femme contemplative, dans la naissance c’est l’inverse". (1)

Il me semble, même si Balthasar rejette l'intuition de K. Barth de trouver dans cette échange des éléments de comparaison avec la trinité économique semble latents. Il y a, de toute évidence depuis Genèse 2 et le Cantique des Cantiques, une analogie forte entre le mystère conjugal et le mystère divin, que l'on ne peut systhématiser, mais que l'on ne peut non plus oublier. C'est pour moi un chemin de réflexion en termes de pastorale du mariage. Non pour justifier un discours dogmatique mais pour introduire, dans un discours pastoral sur l'amour, une dimension chrétienne qui la dépasse, un sens sacramentel...

(1) Adrienne von Speyr, 80 psaumes, p. 113s cité par Hans Urs von Balthasar DDIV, p. 433

26 juin 2007

Un feu purificateur

Je n'est jamais été très en faveur d'un discours sur l'enfer et le purgatoire qui renforce pour moi à outrance la culpabilité (cf. mes notes anciennes sur le livre de L. Basset). Mais il me semble que les réflexions d'Adrienne von Speyr, appliqué à soi-même ont de l'intérêt ne serait-ce que pour comprendre ces symboles véhiculées par la tradition de l'Eglise.
Pour elle, l’homme face à Dieu est comme mis à nu. Son agir est exposé et « l’amour du Seigneur pour l’homme est devenu du feu ». (1) Peut-être voit-on trop le feu sous l’aspect négatif alors qu’il s’agit en fait de se laisser consumer en Christ dans une purification bienheureuse, certes non sans souffrance, mais pour notre bien. Il s’agit de « vivre mon impureté dans la pureté de Dieu ». C’est pour Adrienne von Speyr, le grand atout du purgatoire… Le moi se dissout de telle sorte que « ce Tu prenne peu à peu des contours précis. Une espérance surgit qui repose finalement sur le Seigneur (...) c’est le commencement de mon abandon ». Il faut pour elle s’arracher « à ce qui me centre sur moi-même car mon je doit être transporté en Dieu » (2). Elle ajoute ne plus souhaiter qu’une chose, « être délivré de moi et pour cela je paierai n’importe quel prix ». (3)

Cela ouvre une nouvelle vision de la Croix : « la connaissance du péché ouvre la perspective sur ce que le Seigneur a fait à la croix, sur la façon dont il a porté sur lui le péché. « Je touche alors, en ce qui me concerne, le nœud où se rencontre l’amour et le châtiment ». (4)

(1) Adrienne von Speyr, Objektive Mystik, 322, cité par Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 333
(2) ibid p. 369, cité par Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 334
(3) ibid. p. 342
(4) ibid. p. 371, cité par Hans Urs von Balthasar, ibid. p. 336

19 juin 2007

Futilité - II

« Il doit y avoir dans le Père une puissance incroyable pour qu’il accepte de regarder comme dans l’impuissance l’entrée de son Fils en sa Passion » bien qu’il ait le pouvoir de le préserver de la mort » (1)

C’est devant la mort que toute futilité perd son sens !

« Les chrétiens sont toujours les plus proches de la perfection de la foi quand ils se trouvent abandonnés, quand tout est devenu parfaitement incroyable, qu’il n’y a plus rien à concevoir, à sentir ni à toucher et qu’il ne leur reste plus que le saut dans la foi » (2)

Mais combien de temps resterons nous au seuil, raisonnant, fier de notre savoir et incapable de faire le saut dans l’inconnu de Dieu. Le dit n’est qu’une pâle image de l’agir et l’agir ne peut se dire…

(1) Adrienne von Speyr, Pa 88, cité par Hans Urs von Balthasar p. 299
(2) Adrienne von Speyr, Johannes 218, ibid p.299

14 juin 2007

Déréliction - V

« Jésus peut donner part, de même qu’il a fait participer les sœurs de Béthanie, à sa passion future. En cela se montre l’intemporalité de sa passion, l’intemporalité de la rédemption et celle de la marche à sa suite (...) on peut y entrer aussi bien jadis que 1000 ans plus tard » (1)

(1) Adrienne von Speyr Johannes, 386 cité par Hans Urs von Balthasar p. 283

11 juin 2007

Jugement dernier

Pour Hans Urs von Balthasar, l’idée du jugement dernier à une origine ancienne que l’on retrouve dans l’Egypte des pharaons avec le Dieu Horus entouré de ses 42 divinités chargées de peser le poids de toute une vie. D’une certaine manière, nous dit le théologien, ce n’est plus l’auto-jugement qui reste subjectif et qui est souvent marqué par une culpabilité maladive, comme nous le montrait récemment Lytta Basset in Je ne juge personne alors qu’il ne s’agit que du poids de la liberté humaine qui n’existe que dans la liberté absolue de Dieu (1)

Peut-être qu’à la suite d’Adrienne von Speyr, il faudrait voir le juge comme celui qui cherche dans toute une vie « un petit grain d’amour en réponse à tout l’amour manifesté par Dieu » (2)

« L’homme ne serait-il pas capable à l’intérieur de son refus d’accepter au moins une parcelle de grâce » (3)

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p.269

(2 et 3) Adrienne von Speyr, Johannes BD II. Die Streitreden 538, cité par Hans Urs von Balthasar, ibid p. 270

02 juin 2007

Victoire - II

Le mal peut aller jusqu’au bout, c'est à dire la destruction et le néant au point où tout est détruit et où Dieu peut reconstruire. D’une certaine manière, cela renforce la thèse déjà longuement évoquée par Hans Urs von Balthasar dans ses tomes précédents sur la liberté finie de l’homme. « Les hommes ne sont pas libres de manière indéfinie, mais ils sont libres à l’intérieur de la liberté infinie de Dieu » (1)

« Nous ne sommes pas sauvés sans qu’on nous demande notre avis » car il ne peut y avoir de salut global contre la dignité des pécheurs (2)

(1) Adrienne von Speyr, Jo 143 cité par Hans Urs von Balthasar, , Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 259
(2) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 263

01 juin 2007

Judas, premier destinataire de la communion

L’amour de Dieu ne peut connaître aucune exception. C’est pourquoi on n’a « jamais le droit de désespérer du sort du pécheur, et cela vaut même pour Judas. (...) il est le seul mentionné dans la communion et il est de ceux pour qui le Christ meurt ». Son cas « n’est réglé qu’au-delà de la mort, c'est à dire dans l’enfer et c’est notamment pour lui que le Christ va jusque là. (1)

« Le jugement de la croix est définitif mais le Seigneur attend le dernier jour pour en révéler le résultat » (2) ajoute Adrienne von Speyr et ce au nom d’une liberté qui demeure.

Le péché devait s’accroître jusqu’à la dernière limite, alors vient la rédemption et celle-ci s’emparera de la victoire, nous dit Grégoire de Nysse (3)

(1) Hans Urs von Balthasar, , Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 256-7
(2) Adrienne von Speyr, Corinther I, 163
(3) Cardinal Jean Daniélou, dans l’Etre et le temps chez Grégoire de Nysse p. 186-204 258

30 mai 2007

La victoire est à Lui…

Si Dieu est pour nous, aucune puissance du monde n’est contre nous. On comprend pourquoi le Seigneur souffre par amour pour nous tous. En effet, Dieu qui dispose de Dieu en son Fils « s’arrange du même coup pour dépasser l’homme, afin que la grâce reçoive plus de poids que pour le péché (...) son triomphe sur le monde, Dieu l’assure depuis la création du monde. S’il n’avait pas déjà, dans sa liberté divine assuré la victoire sur le monde, il n’aurait pu confier aux hommes leurs libertés » (1) dit Adrienne von Speyr . Par ailleurs, elle ajoute que « s’il y a à l’origine amour véritable, le don de la liberté est absolument requis » (2)

(1 et 2) Adrienne von Speyr Ka II, 198 cité par Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 255

27 mai 2007

Colère de Dieu – Suite - II

Le Fils sur la croix a tellement pris sur lui la totalité du péché que Dieu ne peut plus toucher le pécheur sans l’atteindre lui-même. (1) Et c’est pourquoi la colère est d’une certaine manière apaisée par l’amour du Fils souffrant. Rappelons que ce concept même de colère est à concevoir comme l’expression de l’amour qui ne peut supporter la faute.

On conçoit alors que lors du Samedi Saint, le Christ soit, d’après Adrienne von Speyr, qui rejoint ainsi d’autres mystiques, convié au dévoilement du mystère des ténèbres, à l’ultime secret de la personne de Dieu, sa zone de ténèbre, un lieu qui sera visité par le Fils-Homme.

Ce qui est dévoilé est ce péché, permis par Dieu et sa conséquence : « l’enfer ». La rencontre du Fils avec l’enfer est ainsi considérée par Adrienne von Speyr comme la « disponibilité totale » qui permet d’expier le péché. Il s’agit pour elle de l’expérience par l’Homme-Dieu du « brasier de Dieu », ce feu d’amour et de souffrance. Et cette expérience, nous révèle Dieu comme un être de feu et de souffrance, révélant le caractère essentiel du Dieu Trinitaire qui « ne supporte rien que ni soit pur et consume toute impureté… »

(1) Adrienne von Speyr, cité par Hans Urs von Balthasar, , Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 244 et 255

26 mai 2007

Colère de Dieu (suite)

Pour Adrienne von Speyr, même la ténèbre n’échappe pas à la puissance de Dieu. Dieu de bonté peut toujours recouvrir « notre obscurité pécheresse » et « enfouir notre misère dans sa grâce » (1)

La colère est pour elle la bonté divine retournée contre le mal. Le jugement de colère dont parle l’Ancien Testament est comme le visage de Dieu qui affirme la contradiction de notre péché. C’est pour ainsi dire la « croix du Père » que d’être contraint de donner de lui cette image jusqu’à ce que le Fils sur la Croix en dévoile le sens dernier.

Je conçois mieux à travers cela l’expiation, qui ne serait pas le fruit de la vengeance mais l’exposition du dégoût de Dieu face à la violence, de ce déchirement intérieur du cœur de Dieu qui exprime ainsi à travers la mort du Fils le déchirement de son cœur devant l’humanité pécheresse. La mort du Christ serait ainsi désirée pour montrer aux hommes à quelle point Dieu est déchiré dans son amour par nos « non-amours ». La colère de Dieu est une manière d’exprimer l’amour du Fils.

(1) Adrienne von Speyr, Jn II, 127 cité par Hans Urs von Balthasar, p. 242

24 mai 2007

Souffrance et amour

La souffrance de la croix est sans commune mesure avec le monde tout en montrant par là que le monde lui-même est un chaos. C’est pourquoi, elle révèle, pour Hans Urs von Balthasar « à partir du monde ce qu’est le péché devant Dieu ».

Pour rendre témoignage, la séparation entre le Fils et le Père ne doit pas être pour Hans Urs von Balthasar au seul niveau du corps ou du sensible, elle doit l’être aussi « au plan spirituel sans quoi la passion ne serait qu’une épreuve physique, où le Fils aurait à subir la torture comme un stoïcien ou un fakir ». Pour lui, la déréliction personnelle réciproque du Père et du Fils est ce qui permet « la révélation suprême et avec elle la « foi parfaite » comme saut dans l’espace ainsi ouvert ». Il faut pour lui ce paradoxe absolu pour rendre digne de foi ce fait que « le Père n’abandonne le Fils en aucun instant même dans l’extrême déréliction » et que dans cette séparation, le Fils « demeure toujours plus uni au Père, pour n’être finalement rien d’autre que la révélation du Père » (1)

« C’est seulement dans l’offrande consentie dans la séparation que la réalité de l’amour peut de déployer » (...) « par la privation le Père découvre la grandeur de son amour pour le Fils et la grandeur de l’amour du Fils pour lui ». (2)

Sur cette base, je comprends mieux ce qu’Adrienne von Speyr affirme plus loin sur la trinité économique. En effet, il n’y a pas forcément mouvement, puisque la distance trinitaire pré-existe à l’incarnation. Elle est distance par essence. Par contre, ce qui est ici en jeu est sa révélation, la mise en évidence de cette infinie distance et de cet amour infini, qui sur la croix se révèle, tout en restant conçu par Dieu depuis toute éternité, avec la parfaite adhésion du Fils.

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 240
(2) Adrienne von Speyr, Jn II, 127 cité par Hans Urs von Balthasar, p. 241

23 mai 2007

La conscience de Jésus

L’impuissance du Fils est un aspect de l’obéissance : il « veut apprendre à nouveau ce qui est déjà au fond de sa conscience » (...) « être surpris et même effrayé par l’évènement (...) parce que l’on a confiance qu’en Dieu seul ». (1)

Il me semble que cela concorde avec l’exclamation du Fils : « Père, j’ai remis ma vie entre tes mains »…

(1) Adrienne von Speyr, SS, 98 cité par Hans Urs von Balthasar p. 236

22 mai 2007

Souffrance et Joie - VI

« Plus l’amour est plus vrai plus il est joyeux dans toutes les souffrances. Tout amour, même l’amour terrestre et corporel peut être une vraie joie s’il ne se referme pas dans l’égoïsme mais s’ouvre à Dieu » (1)

Le danger serait d’interpréter cela comme une incitation à la souffrance. Il me semble au contraire, que cela ne peut être qu’une relecture, à l’image de ce beau poème brésilien. Au cœur des souffrances qui traverseront notre vie, Dieu est là, il nous porte dans ses bras et ce n’est qu’in fine que nous en percevons la grâce…

(1) Adrienne von Speyr, Jean D II, p. 33

21 mai 2007

La souffrance de l’enfantement – Souffrance et Joie - V

Pour Adrienne von Speyr, « La souffrance est le lot de la femme, mais les douleurs de l’enfantement se situent dans l’intervalle creusé d’un côté par l’amour de l’époux et de l’autre par l’amour de l’enfant. » et ajoute-t-elle, « le Seigneur lui aussi inscrit sa souffrance dans l’amour » pour conclure « Ce n’est pas la passivité, mais une remise active, par laquelle il achève sa mission » (1).

Il me semble que l’on pourrait ajouter sans réduire la puissance de cette métaphore, que la souffrance du Christ est comme la femme, situé à l’intermédiaire entre l’amour du Père et l’amour de l’Eglise qu’il enfante par sa mort. On peut alors concevoir, qu’à l’issue de cette souffrance extrême, il puisse de la même manière ressentir une joie extrême, celle qu’il évoque à demi-mot par l’invocation du psaume 27 sur la Croix, sans pour autant prononcer la fin du psaume, qui résume la rencontre finale en Dieu : « tu m’as répondu »…

Est-ce ce que Lévinas voulait évoquer dans ce qu’il appelle une passivité plus que passive… (2)

(1) Adrienne von Speyr, Passion von innen, p. 102s, cité par Hans Urs von Balthasar, p. 231
(2) E. Lévinas, Autrement qu’être et au-delà de l’essence.

19 mai 2007

Souffrance et Joie - III

« Les mystères du don de soi jusqu’à l’extrême, jusqu’à la nuit de l’impuissance sur la croix, ne sont pour Dieu qu’une forme de sa vie suprême et la plénitude de la vie d’amour. Dans le monde, la mort est la tombée du rideau ; en Dieu, la mort n’est jamais que l’essor d’une vie nouvelle » (1)

Pour Hans Urs von Balthasar, cela implique un second point plus difficile à saisir. Pour lui, « la souffrance de Jésus jusqu’à son caractère excessif est une conséquence et même tout simplement une expression de sa joie trinitaire éternelle ».

Cette image me semble toucher à l’indicible mais au cœur même du mystère de l’incarnation. Je ne l’avais entendu qu’une fois dans le cadre d’une retraite, il y a bien des années, mais je n’ai jamais pu la relire, n’en connaissant pas la source. Je suis heureux d’en saisir la puissance dans ces pages. Elles ouvrent pour moi le rideau du temple et font apercevoir un coin d’espérance dans nos vies. Je crois d’ailleurs que c’est pour cela que l’on ne peut qu’en esquisser la vision.

(1) Adrienne von Speyr, ibid p. 48 cité p. 229
(2) Hans Urs von Balthasar, ibid, p.230

Libellés : Hans Urs von Balthasar, Adrienne von Speyr, Souffrance, Joie

15 mai 2007

Souffrance et Joie - II

Pour Hans Urs von Balthasar, si par la mort on entend le fait de donner sa vie, on saisit alors comment ce don trouve en Dieu son archétype (1) Reprenant les termes d’Adrienne von Speyr, il précise que si « le Père donne sa vie au Fils, le Fils la rend au Père, et l’Esprit est lui-même la vie répandue, c'est à dire donnée » (2)

« Dans la nuite de la croix séparant le Père et le Fils, le Christ et Dieu lui-même ont goutté et éprouvé le don de soi sous la forme de la mort de péché » et par là « ils ont introduit la mort humaine dans la vie éternelle » (3)

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 229
(2) Adrienne von Speyr, Jean V I, 47
(3) Adrienne von Speyr, ibid 47-48, citée par Hans Urs von Balthasar, ibid

14 mai 2007

Souffrance et Joie - I

Pour Hans Urs von Balthasar, la douleur et la peine sont les caractéristiques les plus profondes de l’amour et la vérification authentique en est donnée dans toute l’attitude du Fils. Pour lui, l’obéissance du Fils est l’accomplissement parfait de la volonté du Père Jean 6,38 « Tu ne voulais pas de sacrifice, alors j’ai dit, me voici ».

« Cette mission trinitaire du Fils, acceptée de toute éternité dans l’obéissance et transposée du ciel sur la terre est nous le savons (...) un mission en vue du péché, entrant dans la similitude de la chair du péché, afin de condamner le péché dans cette chair (Rm 8,3). »Mais ajoute-t-il, la « mort n’est pas un mal créé par Dieu, mais au contraire le sceau de la gloire et le terme sans laquelle la vie ne serait pas vie » (1)

A suivre...

(1) Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 228

30 avril 2007

Perdition - V

Pour Hans Urs von Balthasar, "le mystère du destin du diable, une boite de Pandore inabordable". On ne peut combattre les diables avec l'armure de Dieu. Ce sont les armes de Dieu que l'homme est autorisé à utiliser comme le Christ le jour de la tentation au désert (Ep 6, 10 ss) : "Revêtez toutes les armes de Dieu afin de tenir bon contre les armes du diable". (1)

"Il n'y a en face du diable aucune illusion possible de se croire en sécurité" ajoute Adrienne von Speyr

(1) d'après Hans Urs von Balthasar, Dramatique Divine, IV, Le Dénouement, Culture & Vérité, Namur 1993 p. 187

(2) Die Katolische Briefe, I, 399 cité par Hans Urs von Balthasar, DD IV, p. 187